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EAN : 9782322506125
390 pages
Books on Demand (08/12/2023)
5/5   2 notes
Résumé :
Juillet 1996.
Parfois, l’histoire et la géographie se mélangent.
Parfois, les caprices de la Terre affolent le magma et les compteurs Geiger.
Parfois, les rêves de pêche miraculeuse côtoient les quêtes de gloire.
Parfois, de modestes êtres humains font vaciller les États.
Parfois, les grandes puissances se défient de la stratosphère au fond des océans.
Parfois, le présent fait ressurgir un passé disparu pour un futur incerta... >Voir plus
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Fabien se réveilla en sursaut. En urgence. Plus proche de la panique que de la conscience. Sans réfléchir, il rejeta son duvet, fouilla dans son sac, ouvrit précipitamment la tente, enfila ses chaussures sans prendre et perdre le temps de les lacer. Et fuit au hasard devant lui.
Le froid ne le surprit pas. D’autres sensations étaient trop urgentes, trop violentes, trop saisissantes. Un gros rocher lui sembla parfait. De toute manière, il n’avait plus le temps. Il se rua derrière. Le tsunami approchait.
Fabien baissa son caleçon long, s’accroupit et se vida. Une vidange interminable et bruyante. Mélange de honte et de soulagement. Il grimaça. Gastro, tourista, diarrhée, courante, chiasse, foirade, cavalante, tourmente, drouillasse. Des mots différents pour un même résultat.
Quand le flot se tarit, Fabien se sentit mieux. Pas longtemps, car des sensations autres que le fer rouge qui lui fouillait les tripes l’assaillirent. Migraine, fatigue, vertige, faiblesse.
Une seconde vague traîtresse surgit sans prévenir et faillit le surprendre à se rhabiller, à moitié relevé, la main sur son caleçon. Le sol caillouteux reçut sans broncher cette deuxième couche.
Ses jambes finirent par protester d’être pliées, Fabien se redressa enfin. Il n’avait aucune idée du temps passé derrière son rocher, l’esprit aussi vide que ses intestins. La sueur sur son front commençait à geler. Le ciel était bleu, le soleil brillait, mais aucun oiseau ne chantait.
Il s’essuya et remonta son caleçon. Il déposa délicatement une large pierre plate sur la mare marron qu’il laissait. Par miracle, il ne s’en était pas mis partout. L’expérience de la vie en pleine nature.
Ses pas pesaient lourd, marqués par autant de frissons.
— Merde ! Toi aussi ?
La voix rauque le fit sursauter. Trois silhouettes hors des tentes, trois visages pâles, trois rouleaux de papier toilette.
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Samedi 20 juillet 1996, 05h00, Cayenne, Guyane
— Je vais te raconter une histoire…
À l’arrière de l’antique camionnette, Sua, la vieille Guyanaise au large sourire où quelques dents manquaient, attira la petite Ina sur ses genoux maigres. À six décennies et quelques jours près, elles avaient le même âge.
À l’avant de l’antique camionnette, Sylvie Lachan se retourna, attendrie. Autant par la petite fille que par le couple d’agriculteurs qui les accueillaient depuis quelque temps. Le gîte et le couvert contre de l’aide et des travaux. Réciprocité de la charité humaine et de l’assistance matérielle. À sa gauche, Lis, le mari de Sua, conduisait les yeux presque fermés sur la route nationale menant au marché de la capitale de ce département d’outre-mer. Capitale, préfecture, chef-lieu, Sylvie ne savait pas vraiment.
Les fenêtres ouvertes répandaient un air presque frais dans l’habitacle aux multiples odeurs, à moitié organiques, à moitié minérales, entre fruits et légumes, terre et poussière. Avec, peut-être, un soupçon de vieux cuir.
À l’arrière, la voix de Sua déversait un flot lent de paroles que Sylvie n’arrivait pas à saisir. Plus une mélopée qu’un discours. Plus une mélodie qu’une histoire. Ina buvait ses mots, la bouche entrouverte, les yeux comme des billes rondes et brillantes malgré l’obscurité. Fascinée par ce qu’elle voyait et entendait, elle céda à la curiosité et son petit doigt parcourut la peau striée, creusée, sillonnée, tannée de la Guyanaise qui n’en fut ni surprise ni blessée, et qui n’interrompit pas son récit aussi coloré que sa robe.
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— Je le vois ! lança Sylvie, l’index pointé vers l’avant. Pile devant nous, au ras de l’eau !
Ina plissa les yeux. Sylvie se corrigea :
— Ah non, pardon, je les vois ! Ils sont trois…
— Le point noir ? demanda Ina.
— Oui !
— C’est le Transall de Dodo ?
— Non !
Et puis, d’un seul coup, il fut là, ils furent là. Dans un terrible rugissement, un gigantesque quadrimoteur frôla le voilier, plus bas que le haut de ses mâts. Ina se boucha les oreilles. Sylvie ressentit autant qu’elle entendit le hurlement grave des énormes moteurs. Dans ses tripes, dans sa cage thoracique, dans sa tête. Par tous ses sens. L’odeur du kérosène brûlé remplaça l’iode. Un avion trop gros et trop près pour être vu dans son ensemble par un œil humain.
Deux copies conformes passèrent de part et d’autre de l’Aufrédy. Sylvie leva sa main libre et, le temps d’un infime instant, son regard croisa celui du pilote.
— Rhoooo ! Le pied qu’ils doivent prendre à voler aussi bas ! feula-t-elle de plaisir. Ça doit être génial !
Unique sourire sur le voilier.
— Mais merde ! s’écria Soaz. Ce con m’a foutu les j’tons !
Les trois appareils avaient déjà disparu. Leur son s’étiolait. Seules restaient une vague odeur de brûlé et la sensation de puissance de l’être humain.
— Ils s’amusent bien, ces enfoirés de Canadiens ! grogna Loïck.
— Euhhhh…
Sylvie grimaça. Tous les regards se tournèrent vers elle.
— Ce ne sont pas des Canadiens… Des Russes…
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— Une demoiselle avec du caractère, sourit l'ambassadeur en se penchant vers Ina et son index. Ta maman doit être fière de toi.
— Telle mère, telle fille, murmura une nouvelle fois Luiz. Peur de rien ni de personne.
— Oui, mes trois mamans sont fières de moi, annonça Ina, le doigt toujours levé vers le visage du diplomate.
— Euhhhh…
Lèvres pincées et sourcils froncés pour certains, sourires attendris pour d’autres. Ina leva davantage son index, comme une élève en classe, prête à réciter sa leçon, presque sur le nez de l’ambassadeur :
— Oui, mes trois mamans ! Ma première maman, qui est morte et qui est une ange qui veille sur moi. Mama Sy qui est ma deuxième maman. Et ma troisième maman qui est la maman de ma deuxième maman qui est donc aussi ma sœur !
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— Qu’est-ce que tu fais encore ? demanda Erwan.
Sylvie soupesait les deux types de cartouches, l’autre fusil sur les genoux. Elle leva les yeux :
— J’anticipe !
Elle tapota le crâne d’Erwan avec son index :
— Si nounours vient te chatouiller les orteils, tu seras bien content d’avoir une arme déjà prête !
Une capacité de cinq cartouches. Sylvie se décida :
— Deux rouges pour faire peur, une noire pour se défendre, une rouge pour refaire peur, une noire en dernier recours.
Elle fixa Erwan :
— Je le garde, hein ? Des fois qu’un nounours breton ait une petite fringale de grosse vache limousine en plein milieu de la nuit !
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