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EAN : 9782491560669
92 pages
Le Realgar (21/09/2023)
4.58/5   6 notes
Résumé :
Jumeaux de mai, Jeanne et Paul grandissent dans les Vosges. Enfants, ils se jurent fidélité par le sang. Le Pair est le lieu favori de leurs jeux, de leurs mystères.

La guerre qui survient les délie, les sépare. Chacun sera désormais prisonnier de ses silences. Jeanne est brisée par une passion interdite, Paul disparaît pour toujours. À la fin de sa vie, Jeanne revient dans le camp du Struthof. Face au Donon, elle livre à l’âme de son frère ses ultime... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Vrai coup de coeur pour l'écriture de Catherine Litique que je ne connaissais pas et sur laquelle je n'ai trouvé aucune information si ce n'est qu'elle a grandi dans les Vosges. Peut-être un premier roman ?
Le Pair est un ruisseau vosgien, c'est surtout le symbole du lien qui unit Jeanne et son frère jumeau Paul. Il coule en elle, charriant sans cesse les souvenirs de leur enfance, de leur amour,de leurs promesses. Celles de ne jamais rien se cacher, et celle de ne jamais se quitter.
Ce boulversant récit est conté à contre courant puisque Jeanne est arrière grand-mère lorsqu'elle prends la parole pour se confier à Paul. Car aucune des deux promesses n'a été tenues!
La quatrième de couverture en dit beaucoup ce qui m'autorise à en dire également plus que je ne l'aurais fait autrement.
En 43 ,Paul est arrêté. Jeanne ne le reverra jamais. Elle va vivre,se marier,devenir maman, grand-mère, arrière grand-mère, mais jamais Paul ne quittera son coeur ni son esprit. Leur amour intense ne permet pas l'oubli ,mais la culpabilité s'ajoute comme une chape de plomb. Elle qui lui en voulait de s'éloigner d'elle...pour une amourette pensait- elle alors!
C'est toute une vie à tenter d'approcher et d'oser visualiser ce que Paul a vécu. Un pas en avant vers l'horreur, trois pas en arrière pour ne pas s'effondrer. C'est attendre cinquante ans pour oser s'avouer que ce n'est que son propre anniversaire et pas celui de Paul. C'est haïr les touristes au Stuthof qui cherchent le meilleur angle pour leurs photographies, alors qu'elle devra y revenir tant et tant avant d'oser fouler ses cailloux, approcher ce qui reste de l'enfer.
Catherine Litique se dévoile aussi à son frère car elle avait promis de ne rien lui cacher,alors,au soir de sa vie, elle lui livre son secret,une bien triste et tragique histoire d'amour.
Ce tout petit roman est immense par sa sensibilité, sa profondeur, sa beauté.
La plume de Catherine litique a l'efficacité des phrases simples et pudiques mais qui atteignent directement le coeur parce que chaque mot traduit la force de souvenirs solaires et exclusifs entre Paul et Jeanne,puis ,se transforment en larmes intérieures. Magnifique !
J'aimerais en apprendre plus sur cette autrice et j'espère découvrir d'autres de ses écrits passés, s'il y en a, ou futurs !
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Quelle belle écriture que celle de Catherine Litique qui m'a par moment fait penser à Geneviève Damas.
C'est une plume qu'il fait bon de lire, un style enchanteresque même si l'histoire, elle, est tristement émouvante et bouleversante.
L'histoire de ces jumeaux Jeanne et Paul est racontée par Jeanne devenue arrière grand-mère, Paul quant à lui sera arrêté en 1943 et ne reviendra jamais des camps.
Leur amour, leur connivence, leur attachement paraissait inébranlable et pourtant Jeanne et Paul gardaient chacun un secret...
Le secret de jeanne sera dévoilé à la fin puisqu'ils s 'étaient promis de tout se dire. On connaitra celui de Paul par ses amis .

Catherine Litique nous offre un roman d'une grande beauté par les émotions, la force du lien fraternel, l'amour mais aussi la barbarie du nazisme.
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Sous le voile d'une fiction « Le Pair » est un ruisseau, fil rouge de ce récit qui va se glisser dans le Rhin, au fur et à mesure de cette histoire intime et inépuisable.
La métamorphose d'un texte bouleversant et singulier.
Les Vosges en apogée, « le bleu-vert de nos Vosges, étiré vertical - Têtes Monts Hauts Roches – vers l'est, vers le Rhin. Tu ne connaissais pas l'Allemagne. Je ne la connais pas non plus ».
la voix est douce, triste, repentante et vacillante. Jeanne conte, son jumeau Paul.
Le lien fusionnel, la connivence, les matins complices, les gestuelles mimétiques, l'effusion de la pureté. Elle clame la famille. Sans père. Une mère battante, qui veille sur les jumeaux, surveille le moindre écart de conduite comme le lait sur le feu. La ruralité qui ordonne la simplicité, le calme. le conformisme comme une nappe des dimanches, tirée à quatre épingles.
Ils sont ici, ces jumeaux grandissants. Dans l'orée des Vosges qui font jaillir les émotions.
Jeanne rassemble l'épars. L'écueil et le vide sans Paul.
« Ce qui a violenté nos existences n'a pas terni nos voix, ni nos gestes d'enfants… maintenant je peux te dire ».
Les miscellanées s'élèvent. Paul a été arrêté. Il était résistant. Elle ne savait pas. Elle le croyait toujours avec Rose dans le creux des nuits et des matins pâles. Dévorée de jalousie. La guerre et ses affres et un village qui s'effondre sous le poids des non-dits. Elle qui ira dix-sept ans, sept mois, dix jours après l'arrestation si près d'elle encore, au-travers des forêts assassines, les barbelés, les miradors, les chiens fous, affronter Struthof. Chercher la réponse et la preuve de l'oeuvre du mal. Jeanne pleure les rêves blessés, son frère, son double, le désespoir du silence. Elle somme l'existence au retour. Elle exulte ses regrets comme un chapelet de lumière prêt au pardon. le crépuscule est la canopée vosgienne. Ce qui s'élève dans les derniers jours d'une vie chahutée de secrets.
Elle conte Marie, sa fille née le 14 juin 1944. Son mari Henri, un homme doux, qui sait et ne dit rien. « Henri a été bon. Toi tu ne l'aimais pas. Tu as été injuste ». Elle pleure les barbelés, les haines et les fours crématoires. Serait-ce cela une vie ?
Là où les drames emmurent immanquablement. le sacre de l'eau , le Pair est le vainqueur du temps. Malgré les noirceurs, les souffrances de Jeanne en deuil infini, il y a l'altitude d'une descendance, ses petits-fils, des jumeaux. Elle écrit une lettre à Paul. La rédemption, la sienne. Les conjugaisons d'une existence. « Et le soupir des peaux crevées, des estomacs béants. le gueulement d'hiver dans le froid de la bise. Tu as fait ce que tu pensais juste. Qu'ai-je fait ? Comment savoir ? Tout est possible ».
Sans renoncer à l'ineffaçable, Jeanne est sur la rive qui se heurte aux voûtes de sa vie.
Ce livre est la prononciation de l'imprévisibilité. Les évènements qui ont toutes les cartes en main. La pesanteur des remords, sans résurrection possible.
« Le Pair » l'incantation de l'amour vrai. La tragédie humaine. Un livre que l'on serre dans nos bras. L'eau pavlovienne et insistante qui murmure la force des délivrances en advenir.
Catherine Litique a grandi dans les Vosges. Elle sait le passage de l'écluse. Elle donne la foi en ses personnages, qui sont ici, le double de tant d'êtres. C'est en cela que ce livre est beau, malgré ses tristesses. Publié par les majeures Éditions le Réalgar.
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Vieille, usée par la vie, Jeanne se retourne et se souvient. Elle était la soeur jumelle de Paul. Encore enfants, ils se sont fait un serment en un lieu qui leur est devenu cher, le Pair, dans les Vosges. Elle se souvient de leur scolarité, eux enfants battus, sans père, éducation catholique. Et l'arrestation de Paul par les nazis, le 4 octobre 1943.

« Notre histoire est intacte ». Cette histoire interrompue, Jeanne part la retrouver au Struthof, ce camp de concentration vosgien où Paul a perdu la vie. Comme pour un pèlerinage, Jeanne fait oeuvre de pénitence et de volonté de résilience. La mémoire pétille, fait mal. Paul travaillant dans une scierie, ce jumeau possessif qui voyait d'un sale oeil la relation toute nouvelle que sa soeur entretenait avec Henri, un brave type dévoué qu'elle épouse fin 1943 alors qu'elle est enceinte de Marie.

Jeanne va alors mener une petite vie tranquille en apparence, besognant dans un atelier de filature. Puis elle va commencer à consigner ses souvenirs dans un carnet intime, pour Paul, son double qu'elle n'a pas oublié, carnet rédigé de décembre 1975 à mars 1979, pour une confession par-delà la mort. Dans ce récit, Jeanne parle à Paul, à lui seul, elle ne dit « tu » qu'à lui, c'est un choix délibéré, il doit, par la mémoire, la soutenir pour qu'elle puisse raconter sans s'écrouler.

« le Pair » est un récit intimiste, poétique, pudique, un testament fait de souvenirs, d'atrocités, de joies, brèves. de morts surtout, celles qui font basculer une vie. C'est aussi un témoignage indirect sur la barbarie nazie. Sur le camp du Strufhof, méconnu même en France. « Des milliers d'hommes sans sépulture », accompagnés par le silence des survivants, des victimes collatérales dont Jeanne fait partie. Ceux qui ont vécu l'enfer par ricochets, tout comme ceux qui en sont revenus vivants mais moribonds, se taisent. Et c'est bien la mort qui accompagne leurs parcours, celle de ceux tombés en temps de guerre, mais aussi celles ultérieures, de la vie civile, les deux se faisant écho.

« Un jour, j'ai su les grilles et baraques, la potence, le crématoire. Je l'ai su sans savoir. Ce qui ne pouvait se penser est venu me plomber les chaussures, couler dans mes semelles un dégoût. Pendant plus de quinze ans la nausée à l'idée de nos bois, de nos montagnes assassinées.

Les barbelés, les miradors. La sauvagerie organisée. Au profond de nos Vosges, il y avait eu cela ».

« le Pair » est un texte sur la passation filiale de la mémoire, l'indicible, par le témoignage, un texte sur la mort, sur les lieux de barbarie. le Strufhof est de ceux-ci, même s'il est en partie tu aujourd'hui. Ce bref roman est aussi un hymne à la fraternité, où deux êtres nés ensemble le même jour sont subitement séparés par la mort. L'un d'eux survivra, devra faire avec. Avec le traumatisme surtout. Et assurer une descendance, qui elle aussi cache de terribles secrets. Magnifique texte subtil qui sait rester d'une pudeur admirable, prenant du recul, mais restant suffisamment proche du passé pour diffuser une grande émotion jusqu'à l'ultime ligne. Il vient tout juste de sortir aux éditions le Réalgar, il est de toute beauté, tout comme la couverture en noir et blanc qui le met en valeur.

https://deslivresrances.blogspot.com/

Lien : https://deslivresrances.blog..
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Le souvenir obsédant, coupable, de la perte de son jumeau, de son enfance, ses ruisseaux et forêts, la mémoire aussi de ce camp de concentration français, la vie aussi qui en découle en ses silences et incompréhensions. Dans ce court roman, saturé de sensations, d'évocations amoureuses de ce qui ne revient pas, Catherine Litique laisse défiler toute une vie, trouve une prose, délicate et précise, pour en dire aspérités et manquements. Jouant sur l'intenable promesse de tout se dire, le pair interroge assez finement ce qui anime nos réminiscences.
Lien : https://viduite.wordpress.co..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Il m'a semblé après la guerre que l'absence de toi avait chiffonné les chemins, posé sur les sentiers une tristesse, un engourdissement.
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