Puis il se souvint des enseignements qu'il avait reçus. Nous sommes dans le monde de l'illusion. Toute vie en ce monde n'est qu'illusion. Ici, notre Grand Sur-moi dépêche ses marionnettes afin que nous puissions pénétrer dans les arcanes de la Connaissance, afin que nous apprenions à surmonter les difficultés imaginaires. Plus le matériel est précieux et plus rigoureuses sont les épreuves, car le matériel défectueux ne parvient pas a triompher seul de l’adversité. Nous sommes dans le monde de l'illusion ou l'Homme n’est lui-même qu'une ombre, qu`une extension mentale du Grand Sur-moi qui réside quelque part ailleurs. Et pourtant, se dit-il d’un air maussade, tout ceci pourrait certainement être un peu plus gai. Mais encore... il est écrit que l'on ne peut donner à nul homme plus de choses qu'il n’est capable d'en supporter; que l'Homme choisit lui-même les taches qu'il doit remplir et les épreuves qu'il doit subir. « Je dois être fou, avoua-t-il, si c'est ainsi que je me suis préparé cette série d’avatars ».
Le vieil ermite demeura silencieux. On eût cru qu'à travers ses orbites vides il contemplait une infinité de passés. Il y a longtemps, bien des années auparavant, alors qu'il n'était qu'un jeune lama, il avait été pris à partie par des fonctionnaires chinois, à Lhassa, et on lui avait cruellement crevé les yeux parce qu'il n'avait pas voulu révéler des secrets d'Etat qu'il ne possédait même pas. Torturé, aveugle, couvert de plaies, il avait réussi à se traîner loin de la ville, plein d'amertume et de désillusions. Ne se déplaçant que de nuit, il continuait à marcher. Rendu presque dément par la douleur et la commotion, il évitait tout contact humain. Il pensait, ne faisait que penser.
Le jeune moine assis devant lui pensa à tout cela. Plus un homme s'élevait dans les arcanes du spiritualisme et moins il possédait de biens terrestres. Les grands Abbés, avec leur Linge d'Or, leurs richesses et leurs monceaux de victuailles, se battaient constamment pour obtenir l'hégémonie politique. Ils ne vivaient que pour l'instant, en n'accordant aux Écritures qu'une distraite attention.
Première bande enregistrée par Lobsang Rampa en 1960, sous-titrée en français (traduction tirée du livre "Les apocryphes et autres inédits de Lobsang Rampa" aux éditions lulu.com)