Le Ghetto
Le destin funeste du quartier des fondeurs
Ce n'est probablement pas le legs dont Venise est le plus fière : elle a laissé au monde l'expression «ghetto». À l'origine, c'était un quartier de fonderies, nommé d'après le terme qui désignait le jet de métal en fusion, le geto. Lorsque le gouvernement vénitien décida d'appliquer des mesures discriminatoires au début du XVIe siècle, c'est là que furent confinés les Juifs, un système de chaînes barrant les rues les empêchant de sortir la nuit tombée. En levant les yeux, on observe que les immeubles ont ici sept ou huit étages alors qu'ils n'en comptent habituellement que trois ou quatre dans les autres quartiers. La surpopulation poussa les habitants à multiplier les logements, ce qui ne fut pas toujours suffisant : le repos nocturne devait parfois se prendre à tour de rôle.
Une diaspora d'Europe et d'Orient Bien qu'affranchis en 1797 par Bonaparte, alors généralissime des armées d'Italie, les Juifs ne regagnèrent jamais la position dont ils jouissaient dans la Venise de la Renaissance. Ils ont cependant conservé les cinq synagogues qui illustrent la variété de leurs origines et la vitalité de la communauté d'antan : Canton, Levantine, Espagnole, Allemande, Italienne. Le musée d'art hébraïque conserve d'intéressants objets : rouleaux de la Torah, parements sacrés, contrats de mariage.