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EAN : 9782012584068
268 pages
Hachette Livre BNF (01/05/2012)
3.25/5   2 notes
Résumé :
L'ombre ardente : poésies / Jean LorrainDate de l'édition originale : 1897Le présent ouvrage s'inscrit dans une politique de conservation patrimoniale des ouvrages de la littérature Française mise en place avec la BNF.HACHETTE LIVRE et la BNF proposent ainsi un catalogue de titres indisponibles, la BNF ayant numérisé ces Œuvres et HACHETTE LIVRE les imprimant à la demande.Certains de ces ouvrages reflètent des courants de pensée caractéristiques de leur époque, mais... >Voir plus
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SOLEIL ÉTEINT

Les récits d'Orient, doux comme des caresses,
Nous montrent appuyés aux rampes de granit
Des temples, leurs bras nus dressés dans l'infini,
Des longs troupeaux rêveurs et voilés de prêtresses.

Des serpents d'Arabie enroulés h leurs tresses,
A l'époque du mois, où la lune jaunit,
Leur douleur en extase implore au ciel Tanit
Et le départ de l'astre augmente leurs détresses.

Prêtresse sans collier et sans voile de gaze,
Ma tristesse incurable est sœur de leur extase.
Car mon âme, elle aussi, pleure un soleil éteint,

Mais moi, les bras tendus entre les hauts pilastres
De mon temple à jamais fermé par le destin,
Moi, je n'assiste pas au bleu réveil des astres.
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Clair de lune.

A l’heure, où les bois d’aubépines,
De combe en combe au loin neigeant,
Apparaîtront dans les ravines
Comme un léger brouillard d’argent,

Nous irons dans la forêt brune,
Dans l’ombre, écouter les récits,
Que fait aux bois le clair de lune,
Ce bleuâtre amant des taillis :

Contes païens, récits épiques,
Dont les combats, tragique enfer,
Surgissent parfois noirs de piques
Au ciel brouillé des nuits d’hiver ;

Quand dans les brumes écroulées
La bise à l’horizon frileux
Entasse de pâles mêlées
D’escadrons d’astres fabuleux…

Mais ta marche hésite et tressaille
En m’écoutant, va, ne crains rien.
Le ciel d’Avril est sans bataille,
Le bois moderne est bon chrétien.

Un chasseur nimbé d’or l’habite ;
Les chênes en Mai sont bénis.
Un souffle innocent y palpite,
Le souffle adorable des nids.

La chasse errante sous la lune
De Diane et du roi païen
S’est perdue au loin sur la dune
Aux sons du cor de saint Julien.

Heureux si dans cette déroute,
Qui fait hélas ! le bois désert,
Il nous reste au bord de la route
Le grand cerf blanc de saint Hubert ;

Pourtant je me suis laissé dire
Que les nains rieurs des talus
Étaient fils du vieux dieu Satyre
Et des faunes aux reins velus.

On veut aussi que la ruine,
Pour garder un ancien trésor,
Ait dans la mousse et la bruine
Des gnomes verts couronnés d’or…

Rêve ou non ! libre à toi d’y croire.
Le bois nocturne a ses rayons
Mêlés de légende et d’histoire
Et des fables pour papillons.

Qui sait ? Dans l’herbe lumineuse
Tramant des encensoirs d’argent,
Verrons-nous passer sous l’yeuse
Le cortège de la Saint-Jean ?

Avec ses basses, ses violes
Fredonnant dans l’air tiède et pur,
Et ses diacres en étoles,
Tachant d’or clair le bois obscur ;

Ses vierges d’iris bleus coiffées,
Portant des rameaux de buis vert,
Dont Shakespeare eût fait des fées,
Platon des nymphes à l’oeil clair.

Écartant sur leurs pas les branches,
Nous verrons leurs manteaux de lin
Et l’ourlet de leurs robes blanches
Se perdre au tournant du chemin,

Et, dans la clairière irisée,
Le long des verts taillis mouillés,
Nous reviendrons dans la rosée,
De notre rêve émerveillés !
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Visionnaire.

C’était au fond d’un rêve obsédant de regrets.
J’errais seul au milieu d’un pays insalubre.
Disque énorme, une lune éclatante et lugubre
Émergeait à demi des herbes d’un marais.

Et j’arrivais ainsi dons un bois de cyprès,
Où des coups de maillet attristaient le silence
Et l’air était avare et plein de violence,
Comme autour d’un billot dont on fait les apprêts.

Un bruit humide et mat de chair et d’os qu’on froisse,
Des propos qu’on étouffe, et puis dans l’air muet
Un râle exténué, qui défaille et se tait,
Y faisaient l’heure atroce et suante d’angoisse !

Une affre d’agonie autour de moi tombait.
J’avançai hardiment entre les herbes sèches,
Et je vis une fosse et, les pieds sur leurs bêches,
Deux aides de bourreau, qui dressaient un gibet.

Les deux bras de la croix étaient encore à terre ;
Des ronces la cachaient : devant elle à genoux
Trois hommes, trois bandits à visage de loups
Achevaient d’y clouer un être de mystère,

Un être enseveli sous de longs cheveux roux
Tout grumelés de pourpre, et dont les cuisses nues,
Entre cet or humide et vivant apparues,
Brillaient d’un pâle éclat d’étoile triste et doux.

Au-dessus des cyprès la lune énorme et rouge
Éclaira tout à coup la face des bourreaux
Et le Crucifié, dont les blancs pectoraux
Devinrent les seins droits et pourprés d’une gouge !

Et, les paumes des mains saignantes, et deux trous
Dans la chair des pieds nus se crispant d’épouvante,
Je vis qu’ils torturaient une Vierge vivante,
Contre la croix pâmée avec des grands yeux fous.

Les hommes, l’oeil sournois allumé de luxures
Devant ce corps de femme à la blême splendeur,
Dont l’atroce agonie aiguisait l’impudeur,
Prolongeaient savamment la lenteur des tortures.

Et dans ces trois bourreaux, sûrs de l’impunité,
Raffinant la souffrance et creusant le supplice,
Je reconnus la Peur, la Force et la Justice,
Torturant à jamais la blême Humanité.
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Les nymphes.

Toi, tu dois les aimer, les grands ciels de septembre,
Profonds, brûlants d'or vierge et trempés d'outremer.
Où dans leurs cheveux roux les naïades d'Henner
Tendent éperdument leur buste qui se cambre.

La saveur d'un fruit mûr et la chaleur de l'ambre
Vivent dans la souplesse et l'éclat de leur chair,
Et le désir de mordre est dans leur regard clair,
Dans l'étirement âpre et lassé de leur membre.

Leur prunelle verdâtre, où nagent assombris
Le reflet de la source et le bleu des iris,
A le calme accablant des lentes attirances.

On rêve des baisers qui seraient des souffrances,
Des hymens énervants et longs, les reins taris...
Ô nymphe, ô source antique aux froides transparences !
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Jardin d'hiver.

Ma vie, où des vols de colombes
Neigeaient autrefois dans l'azur,
Est un jardin rempli de tombes
Avec des hiboux sur son mur.

Les mornes oiseaux d'heure en heure
S'éveillent au fond des cyprès,
Et chacun d'eux ulule et pleure
Sur mes vaeux devenus regrets.

Leur cri lugubre et monotone
Chante les précoces départs
De mes rêves, au vent d'automne
Qui tombent, tombent tous épars.

Leurs débris jonchent les allées
Et, sous le vieux porche jauni,
L'ennui des plaines désolées
Monte et s'enfonce à l'infini.

Sous le ciel rouge et la bise aigre
Serré dans un mince habit noir,
Un petit vieux, propret et maigre,
Y vient parfois rôder le soir.

Baisant de ses lèvres dévotes
Une grêle flûte en tuya,
Il fait succéder aux gavottes
Des vieux refrains d'alléluia.

Au pied du mur qui se lézarde
Le vieux chantonne, et les hiboux,
Hérissant leur plume hagarde,
Ferment lentement leurs yeux roux.

Sous les grands traits d'ocre et d'orange
Des crépuscules jaunissants
Le vieux joue, et sa flûte étrange
Endort les hiboux gémissants.

Le vieux danse, et des violettes
Percent sous son pied leste et sec,
Et sous les vieux arbres squelettes
Répondent des sons de rebec ;

Car ce vieillard est ma jeunesse
Et les chers amours d'autrefois,
Attendant que mon coeur renaisse,
Chantent dans son flûtet de bois.
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