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3,94

sur 604 notes
livre culte !! même si ce mot se déguste à toutes les sauces aujourd'hui, il reste un de mes livres les plus lus et relus. Il est d'ailleurs nécessaire de le rouvrir et de retrouver Geoffrey Firmin dans sa chute. C'est une histoire d'amour, c'est aussi celle d'une déchéance, de l'alcool (le mescal), du Mexique.Plusieurs niveaux de lecture (d'ou la relecture quasi obligatoire) pour ce roman qui se déroule le jour des morts; Beaucoup de signes, de symboles aussi (les chiffres, les jardins...) Superbement écrit (attention, certaines phrases semblent ne pas finir...), la tension du héros, ses "monologues", ses hallucinations sont parfaitement rendus. On s'extasie sur le travail que M.Lowry a du fournir pour un tel ouvrage (alcoolique de surcroît). Je suis systématiquement pris dans les griffes du consul, et je pense le comprendre et partager avec lui sa fin inéluctable. Bref c'est Magnifique... un livre qui se mérite.
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Le grondement sourd des Enfers s'est fait entendre depuis les profondeurs de la Terre à la lecture de ce chef-d'oeuvre. Dans le vaste univers de la littérature j'avais, de nombreuses fois, rencontré des personnages noyant leur désarroi dans l'alcool, mais jamais depuis le regard et la pensée propres du protagoniste. Malcolm Lowry, dans une langue tantôt rythmée tantôt chaotique, faisant suivre temps calme, montée fiévreuse et crise éthylique, noie le lecteur des vapeurs incessantes de tequila et de mescal. On espère une délivrance ou on craint le pire au fur et à mesure que Lowry dévoile un pan du passé des personnages sous la menace discrète et permanente du volcan Popocatepetl.

Enfin, même si j'admire son talent critique, j'ai regretté de lire la préface de Maurice Nadeau proposée dans l'édition Folio. Elle défriche trop les pistes broussailleuses que Lowry a volontairement élaboré dès le premier chapitre et j'aurais aimé m'y perdre comme on découvre un monde. L'auteur lui-même avait été contraint par son éditeur de rédiger une introduction pour la publication de son roman qui figure aussi dans cette édition. Mais sa malice et sa détermination à ne rien céder aux sirènes du marché ont fait de ce texte introductif un petit bijou d'ironie.

PS : Comme souvent depuis quelques années, les éditions Folio sont chargées de coquilles et d'erreurs. Que le lecteur en rencontre une ou deux, on peut le tolérer, mais au bout d'une petite dizaine cela commence à agacer. Quand on est éditeur, le respect des oeuvres ne devrait-il pas être une règle?
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Comment convaincre de lire le roman de Malcolm Lowry alors qu'il faut bien, sans doute, avertir le lecteur quant à la dimension d'abord rétive du texte, évoquer l'opposition entre le minimalisme de son intrigue et la lenteur inversement proportionnelle avec laquelle elle se déroule ? Comment rendre ne serait-ce qu'une part de son infinie richesse et de sa virtuosité ? Comment exprimer la manière dont il vous prend aux tripes en même temps qu'il vous enlace de la sombre beauté de ses improbables circonvolutions ?
Le premier des douze chapitres (qui compte une centaine de pages), nous emmène dans la ville mexicaine de Quauhnahuac, qui comme chaque année en ce jour de 1939, fête ses morts. Nous y suivons Jacques Laruelle, un producteur de films français, au gré de ses pensées et des réminiscences que suscite le spectacle des festivités. Livrées sur le vif, avec leurs ellipses, leurs interruptions brutales et spontanées, le sens et la logique des événements auxquels il est fait allusion sont d'emblée confus pour le lecteur. Il y est question d'une certaine Yvonne dont Jacques Laruelle a été l'amant, et d'un ami de jeunesse, Geoffrey Firmin, surnommé le Consul, dont on pressent, à sa seule évocation, l'envergure romanesque.

La suite du récit nous ramène exactement un an en arrière, et étire sur les onze chapitres suivants le déroulement d'une unique journée, en égrenant les heures, voire les minutes. En ce "jour de miracles et de visions" de la Fête des Morts 1938, Yvonne, séparée de Geoffrey qui vient d'être démis de ses fonctions de consul, revient à Quauhnahuac, visiblement désireuse de renouer les liens avec cet époux qu'elle n'a jamais cessé d'aimer. Hugh, le demi-frère du Consul, est par hasard présent lui aussi.

Yvonne livre un combat perdu d'avance. L'amour profond qui la lie à Geoffrey est pourtant réciproque, mais elle doit faire face à un adversaire contre lequel elle sait ne pouvoir lutter. le Consul est en train de sombrer, et rien ne pourra le retenir. Il chute dans les abîmes de l'alcoolisme, n'est plus investi que dans les périls et les complications de sa vie d'ivrogne, obnubilé par le nombre de verres qu'il va boire ou qu'il a bus, par le trajet à effectuer pour tomber comme par inadvertance sur une cantina où il pourra l'espace d'un instant assouvir son obsession, se donnant bonne conscience avec une mauvaise foi qui n'abuse même pas lui-même.

C'est une affaire de déambulations, à la fois physiques, psychiques et morales. La promenade matinale du duo Yvonne-Hugh, puis la virée du trio formé avec l'ajout de Geoffrey dans un lieu choisi après quelques tergiversations sont l'occasion de suivre, presque mètre après mètre, les déplacements des protagonistes, en même temps que nous pénétrons leurs labyrinthiques errances intérieures. Les pensées que font naître les situations, les individus et les lieux qui les entourent semblent à la fois diluées et décortiquées, qu'il s'agisse de considérations vénielles ou de douloureux questionnements existentiels. Elles se font aussi parfois extrapolation, imagination d'un avenir dont on sait qu'il n'adviendra jamais.

Celles de Geoffrey sont les plus erratiques et les plus obscures, alternance de logorrhées, de réflexions elliptiques ou tronquées, hallucinations éthyliques qui parent les lieux d'une dimension cauchemardesque et incertaine, donnent aux individus des airs menaçants, tout cela contrastant d'une manière qui serait cocasse, si tout cela n'était pas si pathétique, avec l'air permanent de fraîcheur et de bonne santé qu'affiche le Consul, vierge de tout signe extérieur de débauche.

Il vit là le jour le plus long de sa vie, et c'est comme si c'étaitaussi le jour le plus long de notre vie – et ça, c'est quand même très fort-, qui à la fois se distend et hoquette, comme si certaines de ses séquences devaient se répéter à jamais, c'est du moins l'impression que peuvent donner l'évocation de cette affiche d'un combat de boxe que l'on aperçoit régulièrement sur les murs de la ville, ou le surgissement, à plusieurs reprises, d'un mystérieux et inquiétant cheval marqué au fer rouge d'un sept sur sa croupe. Et comme en contrepoint, l'immuable silhouette du Popocatepetl surplombe cette funeste journée dont les événements sont comme des touffes d'herbe auxquelles Geoffrey se raccroche sans enthousiasme, stoppant ainsi momentanément une dégringolade qu'il sait inéluctable.

C'est un texte magnifique, empreint d'un désespoir profond, qui à la fois accède à une rare amplitude et pénètre au plus près de l'intime. Il a d'ores et déjà acquis une place à part dans ma vie de lectrice, dans la catégorie de ces titres qui, en dépit des -ou grâce aux ?- efforts qu'il requiert, vous donne tout du long la conviction de découvrir une oeuvre exceptionnelle.

Et pour finir un petit conseil, le même que je donne à tout lecteur qui entame "Le bruit et la fureur" de William Faulkner : pour une fois, lisez la préface !

Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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C'est pendant le Jour des Morts, au Mexique en 1938, que se déroulent les événements de Sous le volcan de Malcolm Lowry.
Une atmosphère de difficulté recouvre le livre comme les orages qui cachent les immenses flancs du Popocatepetl, l'un des deux volcans à l'ombre desquels le consul alcoolique condamné, Geoffrey Firmin, son ex-épouse Yvonne, et son demi-frère Hugh affrontent leur destin . Publié pour la première fois en 1947, Sous le volcan a eu la jeunesse difficile typique des livres uniques. Sa réputation grandit au fil des années après la mort de Lowry en 1957, mais il reste un livre qui divise profondément l'opinion. Pas à cause du quoi du livre, qui est assez simple, mais de son comment: des schémas temporels enchevêtrés et un courant de conscience faulknérien ne sont que deux des principaux défis auxquels Lowry soumet les lecteurs.
Un autre obstacle potentiel est un style de prose extrêmement dense et allusif, que les gens trouvent enivrant ou exaspérant. Lowry, avec l'aide de sa seconde épouse, Margerie, a passé près de 10 ans à écrire et à réviser le livre, ne changeant pas vraiment de longueur mais devenant une forêt de symboles de plus en plus épaisse (cette phrase de Baudelaire était d'une importance capitale pour Lowry , qui l'avait fait citer par le consul dans une première ébauche du roman). Lowry était étudiant dans les années 1920, et le caractère allusif de Sous le volcan est clairement une réponse à The Waste Land (T.S.Eliot)et Ulysse de Joyce; il incorpore le mythe grec, la cabale, Shakespeare, Shelley, Coleridge, Blake, le Mahabharata, Marvell, Paracelse et bien d'autres encore. Au-dessus de tous, affirmant l'aspect explicitement faustien du livre, se trouvent Goethe, Marlowe et Dante. Décidément, Lowry n'avait aucun don pour la simplicité.
À bien des égards, Lowry est plus proche de Melville et de Conrad que de Joyce, mais il crée son coin du Mexique d'une manière similaire au Dublin d'Ulysse : non pas en le décrivant qu'en construisant une réalité alternative à partir du langage. La complexité de la construction du livre est stupéfiante.
La ferveur est intrinsèque à la façon dont le livre traverse la frontière séparant le monde et l'appréhension de plus en plus dérangée qu'en a le consul. Tout au long, une série de motifs génèrent une signification croissante : affiches de film pour le film d'horreur, Las Manos de Orlac, con Peter Lorre ; la phrase « un cadavre sera transporté par exprès » ; les nombres sept, 12 et 666 ; un panneau mal lu demandant "¿Le gusta esta jardín?" et un Indien mourant sur la route ; les barrancas qui flanquent Quauhnahuac; les hideux chiens parias qui traquent les pas du consul ; le graffi "No se puede vivir sin amar" ("On ne peut pas vivre sans amour").
Sous le volcan peut être lu comme un roman ouvertement politique, religieux, mystique ou philosophique. Il s'agit de damnation, ou de fascisme, ou d'amour. C'est une tragédie et, parfois, une comédie (ses éclairs d'humour sont trop souvent ignorés). Ses métaphores et ses symboles peuvent être étudiés et catalogués, mais leur signification semble changer au fur et à mesure qu'ils reviennent ou lorsqu'ils sont repris lors de la relecture.
Le livre refuse de prendre une forme définitive.

C'est tellement élaboré que, dans un sens, ça vit.

Si vous ne l'avez pas déjà fait,
vous devez vraiment aller à la rencontre de ce livre.
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Commençons par les griefs, pour éviter de finir sur une mauvaise note. J'ai lu « Au-dessous du volcan » dans la traduction de Stephen Spriel avec la collaboration de Clarisse Francillon et de l'auteur, comme il est indiqué en quatrième de couverture (histoire de se donner une légitimité, parce que Lowry n'a pas dû beaucoup y travailler). Elle contient de jolis passages, mais d'une manière générale je ne l'ai pas appréciée, des formules sonnaient mal à mes oreilles, me paraissaient artificielles et même incompréhensibles. J'en note quelques-unes pour donner des exemples : A la page 434, alors que se déroule une feria, on trouve cette phrase : « Au sein de cet ennui, le taureau fit encore un tour de l'arène, puis, excédé, finit par s'asseoir dans un coin. « Tout comme Ferdinand » commença Yvonne, espérant pas que encore. » Pardon ? « Espérant pas que encore » ? Comprends pas. Une autre phrase à la syntaxe un peu fantaisiste : « Yvonne marchait devant Hugh, à dessein trop vite pour parler », là je comprends mais elle est mal construite. Ou alors des trucs absurdes comme : « Un japonais de taille inusitée ». A la base ce n'est pas un roman facile à lire (je vais y revenir) et j'ai parfois trouvé que le traducteur divaguait. Il a fait des choix extrêmement discutables, comme de ne pas traduire certains mots anglais, sans raison, ou alors de faire vouvoyer deux personnages (Yvonne et Hugh) alors qu'ils se tutoient quand ils se parlent en espagnol, c'est idiot ; il mélange les genres, met des mots au féminin là où il aurait fallu du neutre. Enfin, l'édition de poche contient trop de coquilles, rien qu'à la page 260, en quelques lignes j'ai relevé : « l'oage » à la place de l'orage, « la simples [sic]démence », et surtout la phrase d'après (qui condense tout ce qui est déplaisant et douteux dans cette traduction) : « Pourtant, qui aurait jamais cru que certain homme obscur, assis au centre du monde dans une salle de bains, par exemple, à penser de solitaires et tristes pensers » Mon Dieu… Tout cela donne une trop mauvaise image du texte, mais tant pis. Il existe aussi une autre traduction, apparemment moins snob, et plus sobrement titrée « Sous le volcan ».
Toutes ces fautes (et j'en passe) je ne les ai pas cherchées, elles m'ont sauté aux yeux parce que ce roman m'a beaucoup intrigué et que je l'ai lu attentivement. Résumons grossièrement : l'histoire se passe le jour des morts de 1938, dans une ville du Mexique. Lors de cette journée, Yvonne rejoint son mari, le Consul Geoffrey Firmin, après une séparation d'un an ; deux autres protagonistes interviennent : Hugh, le demi-frère du Consul et Jacques Laruelle, un ami, tous deux amoureux d'Yvonne. Donc une histoire de jalousies plus ou moins déclarées, de reproches sourds et de vagues remords. Sans oublier, bien sûr, que le Consul est alcoolique et lorsque le lecteur adopte son point de vue, il plonge dans le pur enfer de cette maladie, les tremblements incontrôlés, le manque, les hallucinations, les bouteilles cachées, les mensonges, les drogues de substitution, les produits cosmétiques avalés pour leur taux d'alcool. Un cas pathologique extrême, raconté sans abus ni complaisance mais avec parfois une pointe d'autodérision, puisque Malcom Lowry était lui-même alcoolique. Cependant le consul encaisse bien, ce n'est pas une histoire d'ivrogne stupide ; plutôt gentil il n'a l'alcool mauvais que lorsqu'il boit du mezcal, ce qui n'arrive qu'un peu avant la fin.
Max-Paul Fouchet, dans la postface, en fait beaucoup à mon avis sur le côté kabbalistique du roman. Pour moi - qui ne connais rien à la kabbale -, ce n'est qu'une passion du Consul, dont il est peu question, une ou deux fois, je crois. Il est vrai que la symbolique des nombres et des noms propres est importante et on peut faire des lectures à plusieurs niveaux, puisque le politique, le sacré et l'individuel s'entremêlent. Il est quand même largement question de la déréliction. La séparation ne concerne pas que le Consul et Yvonne mais le Consul et presque le monde entier.
Quant au style de la narration, jamais tout à fait le même, il est très particulier. Souvent on passe par de longues plages descriptives, avec des ambiances et des environnements minutieusement restitués. Ce sont des descriptions tout à fait simples et belles. Je ne sais pas s'il faut aimer la vie pour en faire de telles mais il faut y être au moins attentif, avoir un reste de sérénité nécessaire à cette attention. A côté de cela, la narration devient parfois frénétique et chaotique, alors c'est une succession de ruptures déroutantes, des interruptions de pensées et de souvenirs ou de perceptions extérieures, des paroles entendues par hasard ou même de faux dialogues, des rêves. Et là c'est au lecteur de rester attentif s'il ne veut pas se perdre. Beaucoup de choses m'ont échappé.
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Deux petits conseils :

- Ne pas lire ce livre si l'on est déprimé ou que l'on aime déjà fortement boire !

- Pour les possesseurs de l'édition Folio : lire la préface de Lowry et la postface avant de commencer sa lecture.



Je lis : « alcoolisme », « déchéance et suicide ».
Avez-vous lu ou vu « Les mains d'Orlac » dont il est tant question tout au long de ce roman ?

Orlac, victime d'un accident se voit greffer des mains d'assassins et dès lors, il est victime d'hallucinations alors que son épouse tente de la sauver.

Ce livre est avant tout une grande histoire de culpabilités. De culpabilités qui collent à des mains que l'on tentent de laver.
 Geoffrey qui porte en lui la mort de prisonniers allemands précipités par d'autres dans la chaudière de son navire. Geoffrey qui sait qu'il a aussi précipité sa femme dans d'autres lits que le leur. Hugh qui erre de conflits en conflits, misérable aventurier et qui désire la femme de son propre demi-frère. Yvonne cette femme qui ne sait jamais relevé de la mort de son père, qui l'a retrouvé en Geoffrey et qui ne sait comment oublier son passé et vivre avec cet homme qu'elle aime et admire.
 Toutes ces culpabilités se confrontent et ces mains tentent de laver leurs souillures.


Tout cela au Mexique où vie et mort perdent tout sens.


Mais ce livre, c'est aussi une grande histoire autour de la thématique essentielle de l'action/inertie. Faire ou laisser faire. Live and let die.
Traumatisé par son inertie Geoffrey boit et n'agit plus, Hugh lui intervient sans cesse.
Voilà (à mon sens, et je comprends pourquoi l'on peut tant discuter de ce livre) ce que la lecture "exotérique" du livre m'a donné.



Reste sa lecture "ésotérique". Et là, nous ne sommes pas sortis de la cantina !


Kabbale, alchimie, astrologie… Geoffrey, le consul a étudié toutes ces sciences interdites et sécrètes.
 Il y fait subtilement référence, laissant de petites allusions qu'il faut « décrypter ».
 Max-Pol Fouchet, aussi rédacteur du « Mexique que j'aime », ne s'y est pas trompé dans sa postface. Cependant lorsqu'il relève la phrase du consul :
« Où me découvres-tu entre miséricorde et compréhension, entre Chesed et Binah ../.. » (page 92-93)
Il dit bien qu'il s'agit là de Kabbale mais il faut encore préciser que sur l'arbre des Sephiroths, entre Chesed et Binah ne figure pas la séphira cachée Daath. Daath est la clef de Geoffrey et de ce roman.


Le talent de Lowry nous emporte, nous transporte, nous bringuebale comme dans ce sublime passage du voyage en autocar. Son écriture est une immersion dans ce malêtre visqueux, dans l'alcool, dans la chaleur, la poussière et la mort.
 Le personnage de Geoffrey Firmin, pathétique, incroyablement érudit, est aussi lucide qu'il est lâche, est pitoyable, est inoubliable, immortel. Le Mexique, amoureusement retranscrit.

Certes ce n'est sûrement pas un livre facile mais un ouvrage d'une immense richesse émotionnelle et intellectuelle.
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Je termine "Au dessous du volcan".
J'ai tenté de lire ce livre pendant des années sans jamais parvenir à dépasser au mieux la page 100. Emporté dans le tourbillon d'une écriture pleine de symboles et de lumière. Celle du Mexique, celle de l'auteur, celle de l'amour dont je sais enfin qu'il trace l'irrémédiable nécessité de se convaincre, de nous convaincre, de son éternelle puissance. Quelque chose à laquelle on aspire et qu'à la fois on rejette tout en la désirant fermement... un premier cercle.
J'ai lu enfin la préface. Je ne lis jamais les préfaces, pensant, idiot, qu'elles gâchaient le plaisir de la lecture. Je voulais découvrir le livre par moi-même. Idiot. Encore une fois. Idiot de m'être ainsi refuser la lecture de ce livre depuis des années. Pour sûr, certains penseront que je fais là acte de pensée magique? Mais la magie réside dans ce long poème en prose qu'est "Au dessous du volcan". On pourrait n'y voir que l'histoire d'un alcoolique en quête de rémission. Rémission de ses péchés, rémission de son addiction, rémission de son amour. Mais on est entrainé dans l'enfer, peu à peu. On se laisse porter par la nonchalance, le destin, sur des chemins qu'on imagine concentriques jusqu'à nous écrouler, vain, remis, complet.
J'ai lu chaque mot. En manquer un eut été échouer dans la musicalité des phrases, dans la description des paysages, des scènes, de ces à-côtés qui règlent le roman comme un véritable univers auquel on cherche, l'auteur, les personnages, le lecteur, à se connecter pour retrouver de notre caractère entier et renaitre enfin dans ce jardin perdu, éden particulier, éphémère si l'on n'y prend garde.
On en revient avec une sorte d'insécurité mâtinée d'un plaisir incompréhensible: entre la mystique de la mort, omniprésente, et une manière de rêve qui parfois s'immisce dans le chapitre qu'on croit volontiers à l'irréalité du monde qui nous entoure tant les descriptions sont d'une telle précision que seul un rêve en puisse donner l'expression.
Il y a peu de livres aujourd'hui qui nous remplissent à ce point de sentiments, d'émotions, de connaissance, de passion. Peut-être parce qu'un tel livre, comme d'autres tout aussi puissants, est impraticable pour bon nombre, et c'est bien dommage de tout réduire de façon si superficielle.
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Un livre très noir qui décrit très bien la déchéance d'un alcolique et de son entourage, les personnages sont très fouillés et réalistes.
On est emporté par cette histoire et on assiste impuissant à cette lente descente dans l'enfer de l'alcool d'un homme cultivé et intelligent que ni l'amour de sa femme ni de ses amis ne peut détourner de sa "passion"
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Lu il y a cinq ans, j'avais une impression de lecture extraordinairement difficile, d'avoir galéré tout au long des nombreuses pages d'un roman que je trouvais répétitif.
Relecture donc et constat : je ne suis plus le même lecteur. Beaucoup de livres lus entre-temps et un travail avec des personnes alcooliques me font dire...
Une écriture puissante et inventive, des thèmes universels (amour, couple, alcool-ivresse...), une construction fine et ciselée et imparable. Une atmosphère hallucinamment pesante, pesante, pesante... Quelle force, quelle évocation-émotion, waw. On sent que le gars sait de quoi il parle, quel vécu... Quel roman !
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Bon j'avoue, quand je l'ai fermé je n'ai pas pu me retenir de relire le début. Malcolm Lowry nous livre, sous l'apparence du désordre, un roman remarquable de maîtrise. Ne dit-on pas, pour les acteurs que le plus difficile est de jouer une personne ivre ? C'est la même chose pour les écrivains, comment rendre cette obsession, ces "trous" dans le temps, cette répétition perturbée par des variations infimes ... Eh bien, je dois le reconnaître, par son écriture, par l'organisation de la trame narrative, Malcolm Lowry y est parvenu. Bien entendu, ne l'ayant lu qu'une fois, je n'ai pu qu'entrevoir le grand sujet du roman, le démon. Je le devinais, écrasé par le poids de ces deux volcans énormes (qui pourtant son présentés comme quelque chose de positif, par moments). de mémoire, le docteur Vigil affirme que l'ivresse du Consul vient d'une maladie de l'âme ; de mon mieux j'ai essayé de déterminer quelle était cette maladie de l'âme ; est-ce la culpabilité liée à l'ancienne exaction qu'il a commise ? Alors, le parallèle avec Lord Jim serait trop poussé ; pourquoi mentionner tout le sujet de la Kabbale, sur laquelle le Consul dit préparer un livre, que vient faire cette histoire d'amour avec Yvonne ? Quel est le rôle de Hugh dans tout ça ? Je continue néanmoins de pencher pour cette théorie, car l'issue du roman, et tout le parallèle avec la parabole du Bon Samaritain me laissent penser que le Consul avait un poids sur la conscience lié à un manquement au devoir de charité ; il recevrait le dernier "companero" qui lui est adressé par un inconnu avec tant de joie car il le verrait comme un pardon. Mais cette analyse ne me satisfait pas. Je n'apporte aucune réponse, je le crains, et je suis aussi déçu que vous. J'espère en trouver moi-même quand je le relirai, avec plus d'attention, cette fois. Alors, je me pencherai avec plus de rigueur sur les innombrables références littéraires du roman.
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