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Hélène Lenz (Traducteur)
EAN : 9782841120154
190 pages
Austral (01/01/1996)
4.2/5   5 notes
Résumé :
Ils étaient allongés nus sous le soleil brûlant, ils se tenaient par la main et se regardaient dans les yeux. Un brouillard de naïveté et d'innocence dorait leurs faces d'enfants ; la scène semblait sortie d'un rêve ancien, un de ces rêves vous remontant brusquement à l'esprit quand vous êtes allongé pour une sieste. Tandis que je les regardais avec une attention fascinée, je me rappelais que quelque part dans l'hypothalamus existe un centre du plaisir, un jardin pa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Deux plans narratifs dans ce bref, mais intense roman de moins de 200 pages : le présent est celui de Victor un écrivain de 34 ans avec une « réputation de romancier » et « aisance », chargé de famille (p. 18), tandis que le passé, le souvenir, est celui de Victor à 17 ans (p. 13). On retourne en 1973, lors d'un camp de vacances à Budila, quand un de ses camarades, Bazil s'est travesti en Lulu. D'ailleurs le titre original est Travesti.

L'auteur fait preuve d'une foisonnante imagination baroque et combine un fantastique hyperréaliste qui fait effet boule de neige tout le long de la narration, des visions oniriques et cosmiques originales, des obsessions sexuelles et des symboles sophistiqués. Il s'agit de guérir par l'écriture les propres névroses de l'auteur. Lulu décrit un cas d'androgynie qui a comme point de départ le fantasme d'une soeur jumelle. Par une chimérique, métamorphose le corps de l'homme passe dans celui de la femme, par les reflets dans les yeux de la partenaire ou par le sexe. C'est ainsi que le mâle semble dévorer la femelle d'un horrible insecte.
C'est donc un texte très dense où vibrent ensemble les réminiscences d'une adolescence solitaire et l'énergie d'un psychique rempli à saturation d'un monstrueux secret qui provoque une blessure aliénante chez le narrateur. le miroir semble être aussi celui dans lequel s'observe l'écrivain lui-même, par le jeu d'une écriture remarquable.
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Mircea Cărtărescu est un grand romancier roumain, pressenti en Roumanie comme un candidat au Nobel. J'ai lu ce livre presque au moment de sa sortie, dans la traduction d'Hélène Lenz, pas très bien appréciée par l'auteur, d'après les échos de son dernier livre, non traduit, tout du moins à ce jour.
Quoi qu'il en soit, autant que je puisse en juger, la traduction semble d'une part complète et sans assemblage, ce qui est loin d'être une évidence lorsqu'il s'agit de traductions du roumain. A la lecture, cela paraît plus que correct, autant que ma connaissance du roumain me permette d'en juger, sachant qu'il y a quinze ans, j'ai lu d'une traite sans détecter le moindre sujet. J'ajoute aussi que j'ai lu bien pire dans certains succès de librairie (cf. Gheorghiu pour ne citer personne).
Cette question abordée, le roman lui-même est une sorte de huis-clos à forte connotation freudienne, puisque le narrateur, Victor, s'est décidé à affronter les démons de son enfance, en particulier les souvenirs de son ami androgyne, Lulu. Ce postulat un peu paradoxal au départ porte néanmoins ses fruits et on se retrouve à attendre haletant le dénouement de ce face à face, la résolution de l'énigme, en ce qui me concerne, bien que je ne sois pas freudien pour un sou. le style est riche en images, parfois assez baroque (foisonnement de termes inattendus, rupture avec la narration linéaire à certains moments seulement).
S'il faut décrire un peu plus précisément mon sentiment de lecteur, je pense que l'auteur a fait mieux, ou au moins en est capable, sachant que la valeur artistique de ce roman est loin d'être faible. Je regrette de ne pas avoir lu un autre de ses livre, à vrai dire...
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
C'était la vallée de l'oubli, où qui s'endort perd jusqu'à la nostalgie de ses parents et celle du lieu où il est né. Un lieu aussi beau ne pouvait exister dans la réalité. C'était de la littérature, de la fiction, et, nous, nous étions des personnages de poème. Je me suis alors rappelé ces vers de John Donne dans lesquels deux amoureux s'endorment ensemble, main dans la main dans une vallée fleurie sans se toucher autrement que de leurs doigts enlacés, l'union de leurs esprits étant "le seul mode de procréer ensemble".
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Si l’écriture est bien, comme on l’affirme, une thérapie, si elle peut guérir, il faut qu’elle le fasse maintenant. Je noircirai page après page, j’userai des feuillets comme de gazes s’imprégnant non pas d’encre mais de la suppuration de mon ancienne blessure. Peut-être que finalement, tout passera en elles : au fur et à mesure qu’elles deviendront plus purulentes, plus bouillonnantes, moi je me viderai de mon venin.
(p. 20)
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Quand j’étais petit, j’attrapais des papillons, queue d’hirondelle ou gardon rouge et j’enfonçais dans leur corps vermiculaire une épingle comme j’avais vu d’autres enfants le faire. Je fichais l’épingle dans un bouchon de liège et je regardais les insectes continuer de battre des ailes pendant des heures, s’accrocher de leurs six pattes filiformes au liège poreux. C’est avec la même cruauté et le même plaisir que je souhaite te river à ces pages, Lulu, et te regarder grimacer, exorbiter les yeux, voir tes élytres fourmiller d’abjection, de paillettes et de plastiline… je m’assieds à ma table de travail, ta table de torture et la mienne, car je ne peux te torturer sans me torturer moi-même, de même qu’on ne peut ouvrir un furoncle dans sa propre chair avec un bistouri, pour en faire jaillir le pus, sans hurler et se débattre comme un possédé.
(p. 12-13)
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Toutes les illusions conçues à l’âge génial se sont égarées quelque part dans l’épaisseur du temps, mais au moins elles ne sont pas mortes comme celle de Savin. Parce qu’il me restait Lulu. La nausée et le vertige qui m’ont traîné de clinique en clinique. Ma névrose réfractaire à la psychanalyse, aux psychotropes, au sexe, à l’alcool. Une névrose réfractaire, j’en ai bien peur, même à l’ultime solution, le bandage étroit de ce texte, de cette texture, ce textile rare et compliqué comme une gaze ou comme une toile d’araignée…
(p. 178-179)
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Vidéo de Mircea Cartarescu
Nicolas Cavaillès lit Mircea Cărtărescu.
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