Je préviens d'ores et déjà les lecteurs (imaginaires), que cette critique adopte le second degré : le titre initial du livre de
Norman Maclean était non pas «
la rivière du sixième jour » mais : « sexe, mort et pêche à la mouche » mais avait été retoqué par la censure, trois gros mots à la suite , c'était vraiment trop :
Sexe, bon, on le fait mais à la condition expresse de ne pas en parler.
Mort, il y en avait eu assez durant la guerre du Vietnam, 1976, on vient juste de la finir, mieux vaut éviter, mieux vaut parler des nouvelles machines à laver.
Enfin., pêche, quelle soit au gros, à la mouche, ou melba, pour des lecteurs assidus de la Bible, non. Non et non.
Pourtant, malgré la censure, et en changeant non seulement le titre mais aussi tout le sens de sa nouvelle, puisqu'il ose décrire un homme rigide, lisant la Bible, et cependant initiant ses fils à la pêche à la mouche,
Norman Maclean, en évoquant le sixième jour de la création( Genèse1), où l'homme doit dominer les poissons et les bestioles, arriva à ce que son écrit soit adapté au cinéma.
C'est en consultant les archives, qui avaient été compulsées d'ores et déjà par notre ami Pascontent, et sur exhortation de mon coach Sylviedoc, ( à ma connaissance, il n'y a personne mieux placée qu'elle, concernant ces sujets sensibles,) que je peux affirmer que la nouvelle de
Norman Maclean redessine un nouveau monde, qu'on lit derrière les mots d'autres concepts beaucoup plus aigus, qu'on y apprend la liberté d'être soi ( et pas un autre), qu' il faut croire au sexe, à la mort et à la pêche à la mouche, non pas l'un sans les autres, mais les trois ensemble.
Bien entendu, Redford ne s'y est pas trompé, lui même a déclaré au New York Herald : « le sexe, sans la mort, est peu de chose. Si l'on ne comprend pas que la pêche à la mouche (leurre pour attraper les poissons de rivière, Redford préférait les truites, selon notre ami Pascontent) est le complément inséparable de ces deux éléments, on ne comprend rien à la vie elle-même. »
A lire en apnée.