La lecture d'
Alain- Madeleine Perdrillat de "La Mort des enfants de Béthel "de Laurent de la Hyre.( musée d'Arras) que nous propose la collection Ekphrasis des Éditions Invenit, nous interroge sur la représentation de la mort en peinture, et plus généralement celle adoptée par les sociétés .
Des morts, vivants encore, puisqu'en sommeil, des corps qui se ressemblent encore, qui n'ont pas encore quitté le charnel.
Des scènes domestiques, aux paysages, de la représentation des mythes, jusqu'au Christ sur la croix, toutes les peintures nous indiquent sans aucun doute l''espace dans lequel le peintre vit et voit le monde qui l'entoure.
La représentation de la mort est peut être ce qui il y a de plus intime chez le peintre. Comment à travers les siècles représente- t- on la mort?
La mort nous est commune mais la façon dont nous l'imageons , nous l'imaginons, nous la montrons, nous la disons, est ce qui nous permet de mieux connaître le vivant dans lequel nous évoluons.
Dis moi comment tu meurs et je te dirai comment tu vis.
De la mort des enfants de Béthel de Laurent de la Hyre à Guernica de
Pablo Picasso, quel chemin avons nous parcouru ..? Laurent de la Hyre ne porte aucun jugement en peignant la mort des enfants de Béthel, ce n'est pas là son propos, il ne nous montre pas non plus les morts, mais la Mort. La Mort par sa non présence.
On la sait mais on ne peut la connaître. Elle est indicible puisqu'elle nous est contraire. La mort à jamais inconnue du vivant. Aucune douleur, aucune injustice, juste le temps qui n'est plus et peut être l'acceptation de cette intemporalité . La mort en peinture est un miroir inversé.
«La mort parle ou plutôt: on la fait parler, car elle n'a pas de verbe, elle n'a pas d'être, et en tant que telle, elle ne peut qu'échapper à l'ordre de la représentation.»
A tellement non représenter la mort dans la Mort des enfants de Béthel, est il possible que Laurent de la Hyre ait vécu dans un monde qui se pensait immortel ?
Le vide ou le néant ? , quel espace nous donnons nous à vivre?
Une lecture qui nous regarde, et qui nous invite à réfléchir sur notre société saturée par les images des morts et qui omet de se confronter à son ultime face à face et ainsi de se penser soi.
Dans le musée des
Beaux Arts d'Arras nous pouvons peut être deviner la clé de bien des énigmes.
Astrid SHRIQUI GARAIN