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EAN : 9782918490579
168 pages
Wildproject Editions (26/03/2016)
4.25/5   10 notes
Résumé :
Un beau matin, un étudiant en philosophie se fait aide-berger. Ce premier été en alpage va changer sa vie.

De la solitude des estives à la conscience politique, des Alpes au Mexique, d'une nature rêvée vierge à une nature saturée de conflits sociaux : ce récit initiatique simple et lumineux nous fait partager l'apprentissage d'une décennie à l'école de la montagne.

A quelles conditions le monde peut-il cesser d'être un décor et redeven... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Berger des cimes.
Pierre Madelin a dix-neuf ans quand il devient aide-berger dans le Queyras, sur la montagne du Pelvas. Son enthousiasme est vite douché par un accueil fruste, évasif et laconique. Véran, le jeune berger de vingt-deux ans qu'il doit seconder est un taiseux misanthrope. Berger sans terre louant les pâturages toute l'année, il demeure perpétuellement transhumant, « traversant la terre », au plus près des pousses et des regains, oscillant des alpages aux piémonts selon les saisons. La cabane verte qui fait office d'abri est un « misérable taudis ». La tristesse et la solitude étreignent l'aide-berger novice. Pourtant, en travaillant, en s'obstinant, la montagne va finir par épandre son austère grandeur dans son esprit pour le dilater et le nourrir enfin.
Le Chiapas, au sud du Mexique, à pied et à vélo, viendra superbement s'enchâsser dans les récits d'estive.
Par son écriture évocatrice et précise, l'auteur donne à voir et à ressentir la montagne avec une force aurorale. Sobres et concis, les « Carnets d'estives » enthousiasment des premières lignes jusqu'à la fin, 124 pages plus tard, presque l'épaisseur d'un « Que sais-je ? » sur l'art de l'estive. L'amoureux des déserts américains Edward Abbey introduit à bon escient le récit de Pierre Madelin. L'esprit frondeur de l'écrivain écologiste pulse en arrière-plan. L'évocation élégiaque des grands espaces de l'Ouest américain dans le chapitre intitulé « le crépuscule des lieux » fait explicitement référence à Abbey et à son inoubliable « Désert solitaire ». Pour retrouver aujourd'hui l'esprit du lieu, il faudra chercher ailleurs, loin des pickups et des parkings.
En l'insérant dans sa collection de poche « Petite bibliothèque d'écologie populaire », l'éditeur et libraire Wildproject installé à Marseille, met en lumière un récit prenant qui s'appuie avec intelligence et sensibilité sur un riche terreau d'écrits constituant les soubassements d'une pensée féconde et amoureuse, vivante et engagée.
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Pierre Madelin relate son expérience d'aide berger dans les Alpes du sud pendant les vacances d'été, sa découverte du pastoralisme, encore très présent en France, et d'un métier à la fois exigeant et source de multiples joies. L'auteur retrouve en montagne des espaces encore sauvages et des horizons illimités qui sont ailleurs en voie de disparition, comme aux Etats-Unis où les parcs nationaux vendent des paysages et des expériences touristiques au plus grand nombre ou au Mexique où la violence a fini par gagner tout le territoire.
Sa description du milieu montagnard, sa sensibilité à l'immensité qui se déploie devant ses yeux et à la grande diversité des paysages nous donnent envie de tout quitter pour aller arpenter à notre tour ces alpages et rencontrer ces bergers (certains pas très communicatifs) qui s'accrochent encore à une vie rude, loin des conforts de la vie moderne, par amour de la liberté.
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J'avoue que j'étais un peu dubitatif en abordant ce livre : auteur inconnu, thème faisant l'objet d'abondantes publications, souvent redondantes. Jamais, je pense, on a autant écrit sur la nature, la montagne, les animaux, l'écologie, alors que concrètement, sur le terrain, la situation va en se dégradant à une vitesse inquiétante. Eh bien je reconnais nettement que j'avais tort d'avoir des doutes. L'ouvrage de Pierre Madelin, collection de brefs récits sur le thème de la vie pastorale, de la montagne et du rapport entre l'homme et la nature, est fort intéressant et soutenu par une réflexion solide et argumentée. le style est vivant, le propos souvent mordant, et je partage nombre des idées exprimées par l'auteur. Je pense que je suis fin prêt pour attaquer la lecture de son second opus "après le capitalisme", qui traite d'un problème d'une actualité brûlante. Peut-on encore faire prendre un virage à ce train fou qui se précipite droit contre la montagne ? Et quel virage si l'on veut que l'homme puisse enfin établir un rapport harmonieux avec l'ensemble des êtres vivants (y compris lui-même) tout en jouissant d'une liberté à laquelle il aspire depuis les origines...
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Livre lu en 24 heures (OK il n'est pas très gros non plus) .... j'ai adoré ce récit d'un étudiant en philosophie qui devient aide-berger. Lors de ces estives, il s'interroge sur la "muséification" et la "marchandisation" du monde en nous faisant voyager au Mexique et dans les Grands Parcs Américains .... Ce livre fait partie des 11 livres que je dois lire pour un Prix Littéraire .. et je l'avais pris en premier car je pensais "ne pas l'aimer" .... loupé !!!!
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Pourquoi donc vouloir repeindre la montagne aux couleurs de l'hygiène, de la sécurité et du confort, quand la montagne est à l'évidence un espace dangereux, un espace de vie et de liberté où chacun peut réinventer son rapport au monde ; un espace où il est certes possible de s'émerveiller, mais également de se perdre, de se faire peur, de mourir et de pourrir sans que personne ne nous prête secours. Pourquoi, ici comme ailleurs dans notre civilisation en déroute, c'est un univers en trompe-l'œil, un univers factice qui doit triompher ? Pourquoi, ici comme ailleurs, l'espace doit-il être aménagé et domestiqué et ceux qui l'arpentent tenus en laisse comme de vulgaires caniches ? Pourquoi si ce n'est à cause d'une volonté morbide et inconsciente de tout contrôler, d'éradiquer les derniers espaces de vacance, où dans l'indétermination du monde l'homme peut retrouver sa propre indétermination, sa liberté.
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Je fus immédiatement séduit. La beauté organique de cette ville m’enchanta ; les rues étroites et pavées du centre historique, les escaliers du quartier du Cerrillo, l’adobe affleurant à la surface des murs où la peinture s’est effritée, les petites maisons colorées avec leurs toits en tuile envahis par les herbes, la transparence et le bleu du ciel le matin, le lent défilé des cumulus l’après-midi, la proximité saisissante des montagnes recouvertes de forêts humides, suintantes, d’une verdeur éclatante.
Il est des villes refermées sur elles-mêmes, sur leur propre espace et sur leur propre rythme, des villes abstraites, en quelque sorte, comme Paris et d’autres qui s’ouvrent au contraire sur le monde et sur ses horizons. A l’évidence, San Cristobal appartenait à la seconde catégorie. (p. 112-113)
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Mais s'il me fallait choisir entre une montagne sans bergers, ni moutons, pleine de loups et de touristes (avec leur sinistre cortège de sentiers d'interprétation, de parcs accrobranche, de pistes de ski et de faux paysans sentant bon l'authenticité et la sagesse), ou une montagne sans loups, mais avec une économie paysanne agro-pastorale forte et respectueuse, j'opterais pour la seconde alternative.
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La grande affaire de ces deux premiers étés en alpage fut assurément la marche à pied… une discipline du corps et de l’esprit dans leur relation au monde ; une forme d’ascèse, une manière de se vaincre à travers la fatigue et de créer ainsi en soi une disponibilité, une perméabilité qui nous font généralement défaut. Il me semble vraiment que la marche peut remplir une fonction spirituelle essentielle car le chemin physique et la voie intérieure finissent par se confondre, comme si la profondeur du soi ne pouvait se révéler que dans l’étendue des sentiers. (p. 49-50)
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...lorqu'on entretient un rapport de subsistance avec la terre, on n'a pas l'idée d'en faire un espace de loisir ou de recherche spirituelle....Il serait donc naïf de croire, comme certains écologistes, que lorsque nous sommes dans la nature et que nous éprouvons avec force le lien qui nous y unit, nous renouons avec une sagesse ancestrale, ou que le besoin de nature sauvage fait partie d'un fonds universel et atemporel de l'esprit humain.
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