Et s'il suffisait de parcourir à rebours la frise chronologique de l'histoire de l'humanité pour pouvoir y découvrir le rubicon qui a amorcé la lente et progressive destruction du vivant ? L'essayiste et traducteur
Pierre Madelin s'est intéressé aux réflexions de cette théorie dite «du primitivisme» et en livre une critique fouillée dans
Faut-il en finir avec la civilisation ? Primitivisme et effondrement (Écosociété, 2020)
À écouter certains penseurs, notre civilisation, née de la sédentarisation et de l'agriculture, serait à l'origine du désastre écologique actuel. Pour le contrer il conviendrait de revenir à un mode de vie plus frugal et une organisation proche de celles de chasseurs-cueilleurs d'avant la « révolution néolithique ». À la suite des anthropologues et des historiens qui ont tracé les sentiers du primitivisme,
Pierre Madelin s'engage sur les versants de cette théorie, défrichant à l'aune de récentes découvertes les lectures idéologiques, tout en clarifiant certaines idées aux potentiels toujours salutaires.
« Une tentative de dépasser la «modernité» » (
François Flahaut)
Selon le primitivisme, la césure serait donc survenue à l'instant (qui ne fut pas si rapide aux vues des dernières données archéologiques) où les êtres humains cessèrent d'être en mouvement perpétuel pour s'établir en des lieux qui se montrèrent propices à la culture. Sédentarité faisant, la domestication et la domination s'associèrent pour répondre aux besoins toujours plus importants des hommes et femmes : le « paléocapitalisme » était né (
Emmanuel Guy). En cherchant à démontrer que la naissance des désastres passés et actuels a pour origine l'appropriation du vivant justifié par un dualisme opposant l'être humain au reste du monde, le primitivisme se positionne ainsi clairement dans une critique présente du capitalisme.
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