"L'homme crée, la femme se sacrifie" Si les quatre premières femmes pour lesquelles
Laurence Madeline fait un travail d'historienne de recherche dans les archives, sont de très jeunes femmes issues de la classe populaire en rupture de famille, cherchant dans la vie Montmartroise du début du siècle, à se libérer d'un passé difficile de maltraitances, d'abandon, ou de viols (l'une devra même épouser son violeur), et sont du même âge que Picasso, les quatre suivantes, dont l'écart d'âge avec le peintre est de plus en plus important (jusqu'à plus de quarante ans d'écart), sont, elles, issues de la haute bourgeoisie et n'ont absolument pas besoin de Picasso pour réussir leur vie, au moins professionnelle. Elles sont artistes, danseuse de ballet, photographe surréaliste ou artiste peintre, issues d'un milieu privilégié, polyglottes, et assurées d'une carrière.
Dora Maar est artiste avant, pendant et après sa rencontre avec Picasso. Elles ont aussi connu toutes les quatre les révolutions féministes des droits civiques et de l'émancipation domestique et sexuelle des années 60 et 70. Elles seront quand même cannibalisées par leur ogre d'amant. L'autrice se (nous) console en écrivant qu'elles sont immortelles à travers l'oeuvre du peintre qui les a représentées de multiples fois, même si c'est souvent avec des sexes d'homme (celui de Picasso à n'en pas douter) sur le visage. Sexualisées avec des "trous" au milieu du portrait. Je conclurais pour ma part que personne n'est obligé d'aller se donner à un vampire, même pas les femmes. Il y a de l'ordre du masochisme là-dedans. Et ce n'est même pas sûr que Picasso était un "bon coup", si on en croit une déclaration de Marie-Thérèse Walter rapportée par l'autrice, dont le parti pris est de raconter avant tout la vie de ces huit femmes.