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EAN : 9782355843280
912 pages
Sonatine (16/04/2015)
3.79/5   53 notes
Résumé :
Milieu des années 1980, Thermopylae, petite ville de Caroline du Nord. Marié, deux enfants, Raleigh Wittier Hayes, 45 ans, est aux yeux de tous un citoyen modèle et un bon père de famille. Agent d'assurances prospère, il ne laisse rien au hasard, et sa retraite est aussi soigneusement planifiée que son existence. Le jour où il apprend que son père, Earley, a disparu de l'hôpital en vidant ses comptes, pour prendre la route dans une Cadillac cabriolet jaune en compag... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Coup de coeur pour ce road -movie jubilatoire. Road-movie pour un roman? Pas trouvé le mot exact, et en même temps, on aurait tellement envie de retrouver « notre héros » comme le nomme l'auteur en 16/9ème! Entre Very bad trip et le vieux qui ne voulait pas fêter son anniversaire, le roman nous conduit des contrefort des Appalaches en Caroline du Nord jusqu'à la Nouvelle Orléans, en compagnie d'un groupe fabuleusement déjanté.

Qu'est-ce qui amène ce type de 50 ans, scrupuleux à l'extrême « fiable, consciencieux, juste », dont « le nom était synonyme de respectabilité d'intelligence, de sérieux d'honnêteté, de ponctualité et de décence », à tout quitter pour faire le chemin?
L'injonction d'un vieux père, sous peine de représailles testamentaires. Mais ce n'est pas la cupidité qui pousse Raleigh à prendre cette décision assez en marge de son code de conduite. C'est plutôt le sens du devoir, et surtout au départ, la volonté de faire entendre raison à ce père malade, qui s'est enfui de l'hôpital.

Le chemin est thérapeutique, les aventures sont riches d'enseignement, l'écoute forcée de ses compagnons de voyage, et des rencontres musclées ou loufoques qui adviennent, créent une faille dans les certitudes de ce bon père de famille.

Les personnages sont sont désopilants, le fou-rire vous guette à chaque page, les larmes aussi, dans une scène que l'on attend tout en la redoutant et qui est une réussite absolue. C'est magnifique (et superbement traduit, avec jeux de mots et expressions).

1000 pages de bonheur!

Lien : http://kittylamouette.blogsp..
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Chronique de Grybouille (blog Léa Touch Book) :
Avec un titre pareil vous allez me dire « C'est encore un livre de G……. » NON, non et non !!!!!!!!!!!!
Halte là ! le mauvais esprit ne passera pas par là !

Je le rebaptise « A la poursuite du père disparu » ou « Mon père s'est fait la belle » ou « Sur les traces de mon père » ou encore « le grand cirque », l'histoire ? Un road trip américain… Voilà c'est fait, je ne veux plus en entendre parler !

Je vais essayer d'éviter les superlatifs, je vous préviens cela ne va pas être facile… C'est un pavé… Dans ces pages c'est l'aventure d'une vie qui se joue sur quelques jours, un voyage initiatique, un parcours du combattant initié par un père qui passe le flambeau à son fils adulte lui-même père de famille, un jeu de piste qui dévoile des secrets…

L'auteur Michael Malone est né à Durham en Caroline du Nord, avez-vous remarquez comme certains lieux sont propices à la création et voient en leur sein naître des artistes ?
Bon là je vous laisse chercher… Films, auteurs, sports, universités, technologie, recherche… Et tout cela dans un périmètre de trois villes que l'on nomme le Triangle… pas de hasard !

Pendant ce temps là, je réfléchis à la suite que je vais donner à cette chronique.

Ah, oui, voilà pour vous faire comprendre ce que notre héros, Raleigh Whittier Hayes, Raleigh pour les intimes et vous allez en devenir un, va vivre. Je vous propose ces quelques lignes :
« Les péchés_ Affrontez-les tous en bloc, et non un par un.
Affrontez-les de manière à vous délivrer de tous, sans qu'un seul vous fasse tomber, par la confession et un coeur résolu, et de surcroit une fervente pénitence.
C'est un art qui mérite d'être chanté que se délivrer de nombreux péchés »
Robert Mamyng de Brume_ 1303.

Raleigh, 45 ans est un assureur de province, marié et heureux en ménage bien que son épouse se soit récemment mise à la danse du ventre, père de deux filles qui adolescentes le débordent. Pendant un repas au restaurant asiatique entre membre de la même fraternité, Raleigh trouve un ruban de papier dans son cookie fortune : « D'ici la fin du mois vous aurez perdu la tête »…

La fin du mois… vous voulez rire !

A la fin de la journée son père de 70 ans hospitalisé s'est sauvé sans y attendre la fin des examens, a acheté une superbe Cadillac Eldorado, est passé au guichet de banque habillé en pyjama à carreaux écossais accompagné d'une jeune femme noire et a retiré 30.000 dollars de son compte…

Lui laissant un message sibyllin…

A la fin de la semaine sa charmante épouse est devenue militante et fait des interventions télévisées… « Tout fout le camp »

Et lui ? Sur la route accompagné par des personnages plus louffoquement tourmentés les uns que les autres, il a essayé de récupérer son père lors d'une improbable course d'obstacles. « NomdeDieudebordeldemerde »

Les Personnages : Tous formidables

« La beauté est vérité et la vérité est beauté, c'est tout ce qu'il y a besoin de savoir »

Aura, son épouse ; Sheffield Mingo, le copain d'enfance rondouillard qui au fur et à mesure de l'aventure s'émancipe de la protection de Raleigh pour devenir un bon samaritain. Et l'épouse de celui-ci Véra, avec 20 kilos de moins, qui glisse allègrement dans une sexualité débridée, « Un regain de ferveur chrétienne et un régime lui avait détraqué le cerveau » ;

L'une de ses tantes, ancienne missionnaire qui connaissant son frère Earley, le père de notre Héros lui dit « Bouge toi les fesses ».
Flonnie, l'employée noire de la maison des Hayes qui a vu défiler toute la famille sur trois générations, « Je suis en route et je n'peux plus faire demi-tour, quoi qu'en dise le monde. J'attends le signal », 101 ans.
Gabe, son demi-frère qui vit sur la ligne, « Nous sommes tous frères et soeurs sous la peau, mes frères et mes soeurs. Alors mettons nous dans la peau de notre prochain pour sentir le pouvoir de l'Amour ».
Betty, sa secrétaire / romancière, les habitants qui vont aller de quiproquos en crises de nerfs, un évadé de prison, des joueurs de jazz….
Et enfin Earley, son père, l'artisan de toute cette chasse aux trésors… « Je n'ai pas de temps à perdre avec la médecine moderne. Elle est lente, approximative, snob et complètement à coté de la plaque… »

Ce livre c'est un parcours initiatique, une quête, la recherche de l'autre, de soi, qui pourrait se résumer par « Cours après moi que je t'attrape.. . » du fait main, à l'ancienne, solide sur ses bases avec un humour de première qualité, un super bouquin qui vous redonnera la banane. Allez, hop, je me lâche, cela fait du bien en ces beaux jours qui reviennent !
Vous l'aurez compris le p'tit duc a adoré ce très bon roman de Michael Malone, superbement écrit, avec intelligence et de réelles qualités de coeur.
Bon, en ces jours où le ridicule se conjugue avec la plus grande bêtise, regardez les infos pour vous en convaincre, ce livre est une très bonne nouvelle, de plus de 900 pages, on se décide, on va dans sa librairie préférée et on en prend pour 350 grammes… Et direction La Nouvelle Orléans !
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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C'est un avis en demi-teinte que j'ai sur ce roman, j'ai hésité à mettre 3/5 uniquement.
Au début, sincèrement, j'ai failli abandonner la lecture, l'auteur partant dans des digressions sur les ancêtres du héros et de ses voisins pendant parfois des chapitres entiers, ça devenait franchement gonflant. Sans compter que la ribambelle de personnages desquels retenir les noms arrivent dès le départ, et sans que le narrateur s'attarde longtemps sur leur vie, du coup on ne peut retenir qui est qui et qui a quel lien avec qui, on s'y perd, on ne sait pas trop à quoi servent tous ces personnages évoqués en coup de vent et on attend qu'il se passe quelque-chose, que ça démarre enfin quoi !
Puis au bout d'un long moment, enfin c'est parti, enfin Raleigh part à la recherche de son père qui a disparu de l'hôpital avec une ado noire on ne sait pourquoi, et qui ne cesse de laisser des indices énigmatiques à son fils et de lui demander des services incompréhensibles (comme de voler la statue qui est dans la bibliothèque de la ville et de la lui apporter par exemple). Et là, les personnages commencent enfin à prendre de l'étoffe, on commence à pouvoir s'attacher à eux et comprendre leur personnalité et ça devient franchement désopilant et rocambolesque. C'est clair, à plusieurs reprises l'auteur est parvenu à me faire sourire ou rire, ce qui est un art très difficile, peut-être même plus que celui de tirer des larmes, et c'est pour ça que ce roman est quand même réussi. Alors oui bien sûr ce comique s'appuie souvent sur des personnages bien caricaturaux mais c'est un des ressorts de la comédie, et on pourrait presque retrouver certains personnages de la commedia dell'arte ou de Molière dans ceux du roman de Mickaël Malone, avec Raleigh en « raisonneur », Gates en Brighella et Scapin, Larme-à-l'oeil en Scapin et Docteur tout à la fois (avec sa façon de vouloir placer partout, même mal à propos, les mots savants appris dans le dictionnaire, Mindo tient un peu de l'Arlequin… Et puis l'auteur ne cherche pas à se prendre à tort au sérieux, on le voit bien avec le ton badin et la succession d'événements improbables et fous qui arrivent à ces personnages. Il réussit aussi à nous toucher car on découvrira ce que cache le tempérament assez austère et dur de Victoria, pourquoi Raleigh a été entraîné par les circonstances de la vie à avoir ce caractère si sérieux, pourquoi c'est l'inverse pour son frère, et à voir que même Mindo est capable de beaucoup de prouesses quand il prend enfin confiance en lui (et quel caractère solaire !, qui ne le voudrait pas comme ami malgré son côté un peu simplet parfois et trop enfantin?)
La fin est aussi réussie car on comprend enfin la raison de toutes les bizarreries qu'Earley a demandées à son fils, quoiqu'un petit peu convenue. Au final j'ai passé de bons moments en compagnie de tous ces personnages même si le roman aurait vraiment gagné à être beaucoup moins long et à connaître des changements de rythmes (tout ne peut pas être hilarant et effréné sans interruption) permettant plus de nuances.
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Voilà un roman de plus de 900 pages qui tient ses promesses. On ne s'ennuie pas une seconde à suivre les pérégrinations de Raleigh W. Hayes. Cet assureur de 45 ans, vivant dans la petite ville de Thermopyles en Caroline du Nord, est un représentant typique de la middle-class. Marié et père de deux enfants, il vit une existence tranquille, entre ses obligations professionnelles, sa vie sociale, sa famille et ses amis. Jusqu'au jour où… il lui faudra tout remettre en cause.
L'auteur a le bon goût de nous prévenir dès le début de ce roman. Son héros va devoir sillonner tout le sud des Etats-Unis « pour sauver son héritage d'un père qui avait, une fois de plus, ostensiblement perdu la raison. »
Le septuagénaire a en effet quitté l'hôpital où il séjournait au volant de « la plus jolie des Cadillac El Dorado jaunes décapotables », accompagné d'une jeune fille noire. Il n'a toutefois pas oublié de signer sa fuite en laissant derrière lui des instructions sur une cassette : venir le rejoindre à la Nouvelle-Orléans en compagnie d'une connaissance et de son frère Gates et d'une grande malle. Mais auparavant il lui faudra aussi effectuer des recherches généalogiques et acheter une petite cabane au pied de laquelle il souhaite être inhumé.
Vaste programme qui permet au lecteur de plonger dans l'Amérique des années 80 et au-delà. A la manière d'un John Irving, Michael Malone raconte l'évolution des moeurs en creusant les secrets de famille, montre que les destins individuels sont souvent liés à la marche de l'histoire et surtout n'oublie jamais d'enrober le tout avec un humour dévastateur.
Au fil de pages on croisera ainsi un vrai faux crime, une équipe de truands, quelques excellents musiciens qui ne savent pas qu'ils finiront par jouer ensemble, une troupe de cirque, une jeune fille enceinte qui donnera naissance à son enfant dans des conditions rocambolesques, une visite du parc de Stone Mountain des plus mouvementées ou encore une nuit à l'hôtel durant laquelle il semble bien qu'aucun des clients ne se retrouve dans la chambre qui lui avait été impartie.
Un côté loufoque qui se double toutefois d'une vraie quête initiatique. Car si Raleigh « avait soigneusement empaqueté son enfance pour la mettre au grenier », il va se voir contraint de dépoussiérer son histoire et celle de sa famille afin de rassembler les pièces du puzzle jusqu'à un dénouement que je vous laisse découvrir, mais qui sera, à n'en pas douter, à la hauteur de vos attentes.
Paru en 1984 dans sa version originale, ce roman mérite toute votre attention !
Lien : https://collectiondelivres.w..
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Quelle brique!!! (presque 1000 pages) Mais quelle aventure!!! D'habitude, je trouve que les pavés souffrent facilement de temps morts, mais ici, l'auteur a l'art de savoir rebondir. Et à chaque fois, on se dit que rien, je dis bien RIEN, ne pourrait arriver de pire ou de plus incongru aux héros, et bien c'est sans compter l'imagination débordante de l'auteur!
C'est l'histoire de Raleigh, assureur dans une petite ville de Caroline du Nord dans les années 80, et de son vieux père, qui alors qu'il est admis à l'hôpital pour une batterie d'examen, se fait la malle avec une jeune nymphette noire qu'il veut épouser, à bord d'une cadillac jaune. Et pour couronner le tout, il laisse à son fils, une liste d'instructions farfelues très précise à accomplir sous peine de se voir déshérité. Et le voilà embarqué pour un road-trip, accompagné de son voisin obèse et coquet, de son demi-frère petit truand et gros flambeur, d'un grand criminel contrebassiste échappé de prison lors d'un congrès religieux, et d'un vieux joueur de saxophone noir, rêvant de gloire à la Nouvelle-Orléans.
C'est absolument génial! L'écriture est fluide et ultra détaillée. Ce qui fait que, si un jour ce livre est adapté au cinéma, il pourrait être réalisé soit par les Frères Farrelli, vous savez ceux qui ont fait Mary à tout prix, soit par Wes Anderson. J'ai un faible pour Wes Anderson, car c'est quelqu'un qui a le sens du détail et l'art de la digression, ce qui collerait parfaitement au "Parcours du combattant".
En refermant ce livre, je me suis rendu compte qu'il nous a fallu attendre 33 ans avant d'avoir la traduction française!! PFFFFFFF on en veut d'autres!
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Raleigh se hâta de décrocher son propre téléphone et s’annonça.
« C’est moi », répondit son épouse d’un ton essoufflé.
Elle se prénommait Aura, et cela, dans l’esprit d’autrui, auréolait ses remarques pleines de bon sens, bien qu’un peu sibyllines, d’un nimbe de mysticisme.
« Qu’est-ce qui se passe ?
— Ton père n’est plus…
— Il est mort. Seigneur. »
Mais Aura soupira bruyamment dans le combiné.
« Oh, Raleigh, non. Il s’est enfui de l’hôpital avant qu’ils aient terminé leurs analyses. Lorsqu’ils lui ont apporté son plateau déjeuner, ils n’ont trouvé que sa valise sur son lit ! Mon chéri, je suis désolée, mais je t’avais prévenu. »
Elle n’expliqua pas ce dont elle l’avait prévenu exactement, mais ce n’était certainement pas que son père allait se faire la belle de l’hôpital et disparaître sans laisser de traces.
Hayes s’assit sans même vérifier où était son fauteuil. Son coccyx heurta le bord de l’accoudoir et une douleur fulgurante remonta sa colonne vertébrale.
« Pourquoi n’en ai-je pas été informé ? demanda-t-il comme s’il était déjà en train de parler au personnel de l’hôpital, ce qui dans son esprit était le cas. Pourquoi a-t-on perdu tout ce temps ?
— Chéri, ne te défoule pas sur moi, si tu veux bien. L’infirmière a cru qu’il était parti en radiologie.
— Toute la matinée ? s’exclama-t-il en s’adressant au portrait de sa femme sur son bureau.
— Eh bien…
— Je vais à l’hôpital. Toi, reste à la maison et assure les arrières.
— C’est fascinant, la persistance de ces métaphores machistes.
— Au revoir, Aura. »
Mais Hayes avait à peine raccroché et hurlé « Bonnie Ellen ! » que le téléphone sonnait de nouveau, et qu’un homme lui riait dans l’oreille.
« Kek’tu dis, Raleigh ?
— Je peux savoir qui c’est ?
— Hé, me bouffe pas le nez. C’est ton cousin. »
C’était Jimmy Clay, fils de Lovie, sœur du père de Raleigh ; il était vendeur de voitures chez Carolina Cadillacs, en périphérie de la ville.
« Je voulais juste dire muchas gracias à un collègue des Civitans.
— Pour quoi ? »
Hayes était en train de tirer le cordon du téléphone vers la porte comme si s’en rapprocher pouvait lui permettre de raccrocher plus tôt.
« Pour la Grosse Ellie.
— Je ne sais même pas de quoi tu parles, Jimmy. »
Le cousin de Raleigh était un adepte de l’hermétisme conversationnel, et ce depuis toujours. À l’âge de six ans, il téléphonait à Raleigh après l’école pour jacasser sans discontinuer dans un charabia de son invention, débitant des inepties comme : « Amalé coba kétaba oumilé ». À quatorze ans, il faisait violemment claquer ses doigts sur les fesses de Raleigh en lançant : « J’t’ai eu ! Javétavévahu ! »
« Jimmy, je suis un peu pressé…
— Ton père, l’interrompit Clay. Il a acheté la Grosse Ellie. Ce matin à la première heure. Il m’a dit que c’était pour toi qu’il le faisait. Banzaï, appuie sur le champignon et brûle l’asphalte, mon colon !
— Attends deux secondes. » Hayes sentit une aigreur orientale lui remonter dans la bouche. « Tu es en train de me dire que mon père vient de t’acheter une voiture ? »
Jimmy Clay pouffa de rire.
» Une voiture ? C’est bien plus que ça. C’est la plus grosse, la plus jolie des Cadillac El Dorado jaunes décapotables faites sur commande qui nous restait sur les bras depuis deux ans ! Non, pour ma part, j’appellerais cette beauté un attrape-nanas. Je paierais certainement pas 21 395,77 dollars pour un simple moyen de transport ! »
Raleigh sentit son cœur faire un bond à en soulever sa chemise.
» Comment il a payé ? demanda-t-il d’une voix rauque.
— Hein ?
— Comment est-ce qu’il a payé ?
— Rubis sur l’ongle. Ravubavis savur l’avongle. »
Dans son enthousiasme, Jimmy Clay était revenu à son jargon d’enfance.
» En espèces ?!
— Par chèque. Pourquoi, je vais découvrir qu’il est en bois ? Je lui ai aussi repris sa vieille Chevy. »
Raleigh s’adossa au mur, puis se laissa glisser jusqu’au sol. Cela faisait vingt ans qu’il ne s’était pas assis par terre. Son père, qui conduisait la même Chevrolet verte depuis dix ans avec la plus parfaite indifférence, venait de dépenser 21 395 dollars d’un argent qui revenait de droit à son fils, pour une voiture : quatre roues, un moteur et de la peinture jaune, sans même un toit par-dessus. Raleigh aurait pu rénover son sous-sol avec cet argent ; finir de payer l’orthodontiste de ses filles, acheter d’autres propriétés en bord de mer… Il aurait pu le mettre de côté, tout simplement.
T’es toujours là, Raleigh ?
— Il a dit l’avoir achetée pour moi ?
— Je lui ai demandé : “ Oncle Earley, t’es sûr de toi ? J’ai du mal à imaginer ce vieux maniaque de Raleigh au volant de ce bijou. ” Et il m’a répondu : “ J’ai dit que c’était pour lui que je l’achetais, pas que j’allais la lui donner ”. Tu sais comment est ton père !
— Non. » (p. 25, 26, 27, 28)
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Le jour des ides de mars, Mr. Raleigh W. Hayes, alors dans sa quarante-cinquième année, vit le monde, jusqu’alors neutre à défaut d’être coopératif, s’en prendre à lui avec la soudaineté d’un assassin au coin d’une rue.
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Raleigh adhérait si passionnément au principe selon lequel le contrôle des choses était affaire de volonté qu'il était beaucoup plus facile pour lui de croire que les gens faisaient intentionnellement des choses idiotes que d'envisager que ces choses idiotes puissent leur arriver accidentellement. Si ce n'était pas vrai, le bon sens serait une compétence inutile, probablement même un handicap [...] il était vivant parce qu'il assurait la vie contre les accidents.
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Désormais, sa conclusion ultime était que le monde avait beau être une vallée de larmes transitoire, un pâle reflet de l'Idée, un fatras de matière sans cause ni raison d'être, ou peut-être ne pas exister du tout, il n'avait pas envie de le quitter.
Désormais, que sa vie soit courte et difficile, déterminée par son milieu, sujette à une prédétermination fataliste, qu'elle soit un rêve imbécile, un cauchemar freudien, ou peut-être juste une blague, peu lui importait : il ne voulait pas la perdre.
Finalement, après réflexion, la conclusion ultime de Raleigh Hayes sur la vie et le monde était : "Je suis preneur".
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- Je devrais savoir que Dieu ne laisserait jamais faire une chose pareille.
- Bien sûr, fit Hayes entre ses dents. Il est trop occupé à déclencher des séismes et des famines.
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