Je l'ai déjà écrit lors de ma modeste et positive intervention à propos de "
Les petites bottes vertes", j'apprécie le travail de l'artiste depuis longtemps.
Aussi ne m'attendais-je pas au malaise qui m'envahit en visitant ce "
Royaume de Siam"?
Tout d'abord, j'ai assez bien connu la Thaïlande, un peu plus tard que Manset, mais bien avant que ce pays ne devienne une des premières destinations touristiques du monde.
J'avais irrémédiablement été envouté sans que je puisse en exprimer objectivement les raisons.
Avec le temps et l'expérience bien sûr, le vernis s'est un peu écaillé, de nombreux aspects du pays et de ses habitants sont loin d'être idylliques, mais l'attachement demeure très fort.
C'est l'insaisissable et mystérieuse origine de cet attachement que je ressens en revivant, grâce à Manset, les claquements du train endormi traversant la nuit, la beauté calme des rizières surprises à l'aube, les odeurs immondes ou alléchantes saturant les villes, la légèreté des jeunes moines vêtus d'orange balayant l'entrée d'un temple et ces visages, de tous ages, à la fois chaleureux et insondables.
Cette sensation de proximité avec l'auteur est mise à mal par le thème central du récit que constitue cette quête obsessionnelle de relations charnelles avec des fillettes à peine pubères.
L'ouvrage est estampillé Roman certes, mais il semble si authentiquement autobiographique que j'en reste bouleversé.
Libre, original et sans concession toujours, prétentieux parfois et abscons souvent,
Gérard Manset n'a jamais fait dans le politiquement correct mais je ne peux me résoudre à imaginer l'intolérable.
Quel était son propos ici ?