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EAN : 9782360841226
400 pages
Inculte éditions (25/08/2021)
3.99/5   37 notes
Résumé :
Dans une ville du nord, un homme se découvre un imaginaire exotique en plongeant dans la piscine à vagues artificielles d’un parc tropical.
Lorsqu’il accepte de livrer un colis à Madrid pour une cliente énigmatique, il poursuit une illusion de dépaysement dont il perd rapidement le contrôle ― mais l’a-t-il jamais eu ?

Un corps tropical est l’histoire d’un candide contemporain, lancé malgré lui dans le tourbillon du monde. Une épopée absu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Un homme ordinaire, sans qualité selon l'auteur, tente « l'aventure » en poussant la porte d'une de ces piscines tropicales, sorte d'étuves sous dôme de verre ou de ventres maternels géants, qui ont poussé comme des champignons en Wallonie à la fin des années quatre-vingt. On en trouvait surtout dans les zones industrielles abandonnées par le capital. On réhabilitait, avec ces coins « paradisiaques » d'une certaine façon les lieux, avec la promesse d'emplois qui se sont vite révélés fort peu nombreux et extrêmement précaires. Mais bon c'était une façon d'offrir des jeux (après le pain des allocations minimales) aux chômeurs et à la jeunesse désoeuvrée des environs. Une façon comme une autre d'acheter la paix sociale. On y venait pour goûter à l'exotisme à moindre coût, sans aucun risque d'agressions par plus misérables que soi ou de vilaines piqures par des méchants moustiques. On nous vendait un dépaysement de papier mâché, un peu comme les décors des Disney Land et autres parcs du même genre.

Notre homme, donc, enfile aussi souvent qu'il le peut son petit maillot vert à motifs floraux rouges, jaunes, orange, (maillot trop étroit bien sûr dont ressortent quelques bourrelets inesthétiques) pour faire l'expérience du « service minimum de flottaison ». Mais à bien y réfléchir, avant l'exploration en piscine tropicale, il est déjà un grand adepte du flottement, du ballotement au gré des hasards de la vie sans jamais offrir de point d'attache. Ainsi il est en couple mais parle sa partenaire comme « de la femme chez qui il vit ». Avec cette personne, il a un fils totalement indifférent à lui et auquel il semble bien peu tenir. Quant à son boulot, il se définit lui-même comme une fourmi laborieuse manquant totalement de relief et d'ambition.

Notre homme, re-donc, embarque pour ce « sentiment de flottaison et d'apesanteur tropicale [qui] vide son esprit comme le jacuzzi les pores de sa peau, alors pendant une fraction infime de temps il a le sentiment fugace de faire l'expérience de la liberté. » Sentiment pour le moins grisant et qu'il cherchera à tout prix à prolonger, voire à l'éprouver en situation réelle, càd sous les Tropiques, pour ne plus se contenter d'un ersatz de tropicalité. Vivre l'aventure grandeur nature, mais l'aventure existe-t-elle vraiment ou n'est-elle, elle aussi, qu'un fantasme, qui « n'existe qu'à travers le récit qu'on en fait ».

C'est admirablement écrit et empreint ici et là de poésie, ainsi la comparaison du toboggan avec le trou noir est excellente, ou encore la description du temps tropical qui « gît au sol comme une serpillière ». Les descriptions sont très justes (celles de la piscine tropicale, bien sûr, mais aussi celle de la banlieue de Lima) et très précises, et le lecteur se laisse facilement emporter par le romancier, dans un vrai lâcher-prise qui rappelle celui de notre homme.

Mais ce n'est pas que du divertissement, l'auteur nous propose un vrai questionnement sur notre soif d'ailleurs, notre envie d'aventures et notre prétendue ouverture sur les autres cultures. Il évoque aussi le grand écart entre les faux-semblants et les illusions et la réalité d'un monde bien plus triste et misérable. Il nous ramène à notre difficulté (ou même notre impossibilité) à habiter notre liberté, cette fichue liberté qui bien souvent nous encombre…

Un très bon roman, peut-être même un roman existentiel (oui oui le héros ressemble aux « héros » de Camus) et un prix Rossel largement mérité.
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Non mais je dois être passé complètement à côté de ce roman, ce n'est pas possible autrement, vu les critiques positives.
J'ai éprouvé un ennui abyssal à la lecture du livre. le personnage et ce qui lui arrive sont pour moi d'une platitude totale. Alors je sais bien qu'il s'agit d'un loser, mais il est précisé "magnifique" sur la 4eme de couverture. Et je n'ai pas trouvé le magnifique. Tout comme "épopée absurde" : absurde, oui, mais de là à utiliser le terme d'épopée... Quant au mot "désopilant"...je ne dois pas rire des mêmes choses.
Le texte est, à mon avis, répétitif, les phrases trop longues, ça manque de dynamisme, de souffle. Je n'ai absolument pas réussi à accrocher.
Bon c'est tout, ce n'est pas un roman pour moi.
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J'aimerais d'abord évoquer son précédent roman-récit, "Blues pour trois tombes et un fantôme" paru également aux Editions "Inculte".
Je ne peux en dire que du bien, liégeoise comme l'auteur et forcément sensible à la description d'une ville que je connais bien, son atmosphère que l'écriture de P.M. emplit de nostalgie heureuse.
(voir critique sur Babelio, bege 2002)

Toute autre ambiance dans "Un corps tropical".
On aborde ce nouveau roman en suivant un rythme, une cadence, une atmosphère.
Celle d'un parc d'attractions et de détente imprégnée d'une chaleur langoureuse et apaisante, parmi des plantes tropicales et les cris des oiseaux d'Amérique de Sud.
C'est dans cet endroit reposant que le personnage principal, sorte de quidam candide vient se ressourcer entre deux livraisons à une cliente
quelque peu glaçante et hermétique.
C'est la proposition de P.Marczewski de suivre cet anti-héros qui aimerais bien décrocher de son quotidien plan-plan, s'échapper de la platitude d'un avenir banal. On fait ce qu'on peut !!!
De fil en aiguille, en quelques jours ce naïf va se retrouver au bout du monde, plongé dans des péripéties multiples et des aventures bizarres.
Sorte d'aventurier contemporain, foireux et confronté à son inexpérience totale.
Voici un roman d'aventure à la façon P.M.
Absurdité, humour et empathie sont à savourer dans ce deuxième roman de l'auteur.


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Les parcs aquatiques m'ont toujours inspiré germes et mycoses. A Philippe Marczewski, visiblement pas puisqu'il y a vu l'occasion d'écrire l'aventure d'un loser magnifique. Celui-ci vit avec une femme et un enfant avec lesquels il n'y a pas vraiment d'intimité. Il a un travail sans grande importance, on peut même l'envoyer remettre un pli en main propre à une étrange cliente. Sur sa route, il aperçoit le dôme de la piscine tropicale, un lieu moite et sonore où il se découvre au calme et empli d'envies tropicales. Un lieu où il va aussi accepter de livrer un colis à Madrid pour cette cliente particulière.
L'auteur belge (au nom qui doit rendre fou les journalistes qui l'interrogent) nous propose une aventure absurde et intelligente. Un récit drôle et grinçant bien ancré dans notre époque.
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Cette pépite de la rentrée littéraire 2021 imagine le destin exotique d'un homme pourtant affreusement banal. Obsédé par l'ambiance apaisante d'un parc aquatique tropical dont il fait la découverte au début du roman, il est cependant loin de s'imaginer (et nous non plus) à quel point sa vie est sur le point d'être bouleversée. Au rythme de la cumbia et de la chicha, ce personnage aux allures de looser sera emporté dans d'improbables aventures, et finalement amené à remettre en question son fantasme de corps et d'ambiances tropicales, puis son existence toute entière.
J'ai aimé le mélange d'absurdité et de naïveté qui s'opère au long du roman, on rit puis on s'attendrit, avec parfois un petit pincement au coeur. Quant au style de l'auteur, je trouve qu'il fonctionne avec son roman, l'usage abusif de champ lexical de la "tropicalité" est parfaitement drôle, c'est maîtrisé et efficace. le narrateur est un personnage original dont on se moque et auquel on s'attache, bien pensé car monsieur tout-le-monde dans lequel on peut se reconnaître à certains égards. Ce roman distrayant se lit avec plaisir, le sourire aux lèvres.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Je ne cherchais rien de particulier, seulement un peu de fluidité et une sensation de flottement. Et j’ai ajouté que je croyais que la forêt tropicale était pleine de vie, une vie différente, sans pression, mais on s’y griffe pareillement.
Le regard de Marta s’est vidé. Elle a dit la forêt, ce n’est pas la vie. Les gringos pensent que c’est la vie. Vous dites que c’est l’oxygène, le poumon de la planète, et alors vous croyez que c’est votre poumon, votre air, votre oxygène. Vous entendez les oiseaux et vous regardez la jungle et vous croyez que c’est la vie. Vous croyez que c’est votre vie, votre poumon, votre planète. Mais tout meurt ici. Tout brûle et tout meurt ici, a-t-elle dit. Tout se mord et se dévore. Tout pourrit et se désagrège, repousse et retombe. Tout n’est que gaz de décomposition, et c’est nous qui le respirons. On étouffe ici. La forêt tropicale, ça n’existe pas, a-t-elle dit. Les aras, les oiseaux de paradis : il n’y a rien de tel. L’odeur qui nous monte au nez empeste. C’est un relent de moisissure et d’ennui. Vicié et toxique. Tu ne pouvais rien trouver ; il n’y a rien pour toi ici.
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Je me suis dit que j’étais au bord d’un continent, tout au bord, et qu’il n’y avait que quelques pas à faire, une bande de sable gris à franchir, cinq mètres à peine entre la route et la mer. La situation m’a semblé soudain bien plus simple, comme si, au bord du continent, les éléments encombrants de mon infortune se désagrégeaient dans le vent et retombaient en morceaux, au-delà du rivage, dans les grands fonds des fosses marines, me laissant dégrevé de leurs poids, débarrassé du solide, fluide à nouveau – entièrement fluide - , océanique en quelque sorte, et donc invincible et à l’abri des dangers.
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Il m’était venu à l’esprit que jamais encore je n’avais senti mon corps libre de toute pression, et que précisément, à la merci des vagues de la piscine du parc tropical, je ne sentais plus aucune pression sur aucune partie de mon corps, mes mains baignaient librement dans l’eau et aucune force ne s’exerçait sur les paumes, pas plus d’ailleurs que sur les plantes des pieds ou les cuisses, ou les bras, je ne faisais aucun effort pour me maintenir à flot, l’énergie des vagues suffisaient à me porter sans aucune violence : rien n’allait contre ma volonté alors même que je ne l’exerçais pas, et cette sensation m’avait troublé, le sentiment de flottaison et d’apesanteur tropicale avait vidé mon esprit comme le jacuzzi les pores de ma peau, alors pendant une fraction infime de temps j’ai eu le sentiment fugace de faire l’expérience de la liberté.
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Le temps tropical est lent, me suis-je répété souvent pendant les journées qui ont suivi. Il est englué dans la terre boueuse des berges du fleuve, freiné dans sa progression par la densité de la végétation et la lourdeur de l’air. Le temps étouffe sous les tropiques, il a le souffle court. Le temps se dilate en zone humide et se gorge d’eau comme une éponge. Il n’a plus ni légèreté ni transparence ; ailleurs un souffle de vent le fait disparaitre, et emporte les heures mais là, dans la cabane ouverte sur la forêt chaude et humide, lesté par l’immobilité de notre condition, le temps gît au sol comme une serpillière.
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Je me suis dit que c’était pourtant ce que j’étais venu chercher : le squelette de la vie tropicale. Sucre menait la sienne telle qu’elle devait être. Il travaillait, aimait sa famille et ses amis, jouait au rugby. Il avait une existence aussi morne et simple que la mienne, une existence ordinaire. Il avait fait ce qu’il avait pu pour m’intéresser à la forêt, pour me montrer l’endroit où sa chair est attachée à l’os. Et pourtant ça m’avait ennuyé. Ce n’était pas ce que je cherchais, finalement. La vie de Sucre ne m’intéressait pas, au fond. J’étais intéressé par la façon dont son corps se déplaçait, comment il évitait les obstacles. Ses mouvements fluides. J’étais intéressé par le corps tropical de Sucre. Sucre ne m’intéressait pas, mais son corps, oui. Je me suis senti colonial et ça m’a rendu honteux. Je me suis dit je cherche les corps tropicaux ; les gens, je m’en fous. Colonial comme Fitzcarraldo, ai-je pensé. Je n’étais finalement qu’un aventurier colonial d’agrément, voilà tout. Mais existe-t-il autre chose ?
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Vidéo de Philippe Marczewski
Cécile est morte à 27 ans, dans l'accident d'un petit avion de tourisme. Quand il l'apprend, le narrateur tente de dévier l'effet de cette annonce en appelant d'anciens amis pour les prévenir, mais n'a pas l'impression de les atteindre. Lui qui a eu une relation amoureuse à plusieurs reprises avec cette jeune femme, sans jamais qu'ils parviennent à faire couple, se trouve étonnamment trop peu triste. Quelques années plus tard, alors qu'il repasse dans un lieu lui rappelant leur dernière nuit passée ensemble, il croise son sosie. de plus en plus obsédé et habité par le souvenir de Cécile, il se met à suivre cette étrangère. Dans un magnifique flux d'écriture fait d'impressions et de réminiscences, Quand Cécile évoque avec une grande justesse l'oubli, le regret, l'obsession et les chemins étranges de la mémoire, explorant les vies non vécues et les basculements toujours possibles.
Philippe Marczewski est l'auteur de deux livres publiés aux éditions Inculte : Blues pour trois tombes et un fantôme (2019) et Un corps tropical (prix Rossel, 2021). Quand Cécile est son troisième roman.
Rencontre animée par Sarah Polacci.
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