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EAN : 9782020629003
298 pages
Seuil (26/08/2005)
3.5/5   1 notes
Résumé :
Paris, 1936 : Walter Benjamin et Marc Bloch disputent une dramatique partie d'échecs contre le philologue Erich Auerbach. L'enjeu est la collection de fétiches, littéraires et artistiques, que Benjamin rassemble patiemment lors de ses promenades dans les ruelles et les passages : une montre molle de Dali, la première des voyelles de Rimbaud, les trois points de suspension de Céline, les quat'sous de l'opéra de Brecht, un pétale des Fleurs du mal... Dans cette ville ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Amusement, admiration, abandon.
Pour moi ça ne se fait pas (malgré tout ce qu'en dit Pierre Bayard) de parler d'un livre qu'on n'a pas fini. C'est aussi la première fois que j'interromps une lecture juste parce qu'une haute pile m'observe et que j'en attends plus de plaisir. L'impatience du jeune (retraité), sans doute.
Et pourtant, ce livre « a obtenu le prestigieux prix Bagutta 2002 », et est loin d'être nul. J'ai vraiment aimé au début l'humour avec lequel il décrit des intellectuels célèbres et leurs marottes, juste avant la deuxième guerre mondiale. Les personnages réels sont un peu caricaturés, ont des prémonitions épatantes et des raisonnements maniaques qui m'ont amusé. J'ai bien aimé aussi voir intervenir les personnages de roman, et même le Bibendum des vieilles publicités de Michelin. Les obsessions à propos des nains maléfiques, du Golem etc. m'ont moins intéressé, et pourtant la substance prophétique de la narration passe par eux.
Deux problèmes : il y a narration, mais tellement peu de progression que j'ai eu l'impression que Michele Mari pouvait continuer pendant des milliers de pages à m'éblouir de son érudition sans que je sois sûr qu'il tienne la promesse de l'éditeur (« une anticipation grotesque et fabuleuse de la grande catastrophe qui va bouleverser sous peu le monde réel et ses fantômes »). Et puis, ce mélange d'érudition et d'imagination m'a amené à passer trop de temps à aller vérifier la réalité, ce que j'ai trouvé fatigant. (Bon, maintenant je sais qui était vraiment Henri l'oiseleur et pourquoi Himmler s'intéressait à lui).
Et finalement, je veux recommander cette lecture bluffante sans avoir dépassé la moitié du livre. C'est d'ailleurs sans doute picorable avec plaisir.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
-Vous êtes sévère, vous. Et pourtant on dit à droite et à gauche que vous avez déjà signé un contrat avec monsieur Céline pour un livre intitulé Bagatelles pour un massacre, où il semble qu'on ne parle pas trop bien des juifs… Si c'est le cas, je suis étonné, parce que, je le répète, monsieur Céline a toujours été d'une humanité exquise avec moi… Mais vraiment, vous publiez ce livre?
-Je le publierai, oui, même si l'on m'a déjà averti qu'il va me coûter cher. Mais qu'une chose soit claire : je ne publie pas de livres contre les juifs ou pour les juifs ou simplement sur les juifs ; je suis l'éditeur de textes de littérature, et je suis sûr d'une chose : que la littérature de monsieur Céline est la plus grande que notre pays ait connue depuis longtemps, au moins depuis les livres du merveilleux Maupassant.
Page 55
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(...) Benjamin (*Walter) sourit en se souvenant de son dernier échange épistolaire avec Horkheimer qui lui adressait une somme d'argent et l'encourageait à mener à terme ses essais sans se perdre dans ses vagabondages qui ne conduisaient à rien, et surtout sans se ruiner avec sa manie de collectionner." Souviens- toi que, au milieu des circonstances historiques dramatiques parmi lesquelles le destin nous a obligés à vivre- avait été sa réponse à son ami-, le collectionneur a une grande supériorité morale sur
l' historien et sur le philosophe, car en accueillant avec un attachement sans distinction toutes les épaves du passé il se propose comme le critique le plus radical du présent , ce présent intolérant où les objets comptent sur la base de leur force et de leur utilité, et toi, tu sais que ces mots, force et utilité, ne cachent rien d'autre que des cimetières de morts, de choses mortes, massacrées, oubliées, dissipées. Crois- moi, Max, aujourd'hui notre tâche est de se souvenir et de
" retrouver ", et elle le sera encore plus demain pour nos petits-enfants : parce qu'il y a des moments où être dans l'avenir signifie être dans le passé contre le présent (...)
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D'ailleurs, quelque temps auparavant, il avait lu le premier roman d'un médecin français qui, avec des accents endiablés, racontait une visite aux usines Ford de Détroit: des hommes- marchandises, oui, l'horreur de l'aliénation, mais il avait dû y trouver aussi quelque chose d'archaïque, une sorte de danse, quelque chose de magique pour en parler ainsi, comme seul le peut celui qui sait regarder le présent comme s'il était déjà passé...Maintenant, en passant devant la librairie Malassis, Benjamin vit un autre livre du même auteur exposé en vitrine.Son titre était " Mort à crédit ", et il coûtait 25 francs " C'est trop" pensa-t-il, puis il vit que l'un des deux éditeurs s'appelait Steele, autant dire acier.
Il ignorait que l'Américain Bernard Steele n'etait pas beaucoup plus qu'une raison sociale et que le véritable éditeur était l'autre, le belge Robert Denoël : aussi entra-il dans la librairie.


( p.18)
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Walter Benjamin devait continuer son essai sur Baudelaire; et celui sur Kafka; et celui sur Brecht; et surtout celui sur les passages : au lieu de cela, depuis trois jours il ne faisait rien d'autre que lire " Mort à crédit "allongé sur son lit de camp. Captivé, bouleversé, ligne après ligne il avait la certitude de lire le livre le plus beau qu'on eût jamais écrit.Cet écrivain ne semblait connaître qu'un seul signe de ponctuation : les trois points de suspension, mais quelle richesse et quelle variété il savait en tirer ! Arrivé à la page 68, il tressaillit : l'auteur décrivait avec horreur et amour le lieu où il avait grandi, un lieu qui s'appelait passage des Bérésinas: comment avait-il pu lui échapper ? Un passage aussi long, d'après le récit, avec pas moins de cinquante boutiques, long et élevé, avec une voûte vitrée d'où, même les jours les plus beaux, il pleuvait une lumière grise (...),où la mère de l'écrivain avait un cagibi plein jusqu'à l'invraisemblable de linge à raccommoder et de dentelles à repriser, passage des Bérésinas., l'aquarium-holothurie (...)
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Ayant pris le nom d'Erich Maria Remarque notre écrivain alla s'établir en Suisse, d'où il se rendait fréquemment à Paris. Là, avec Jean Gabin et Maurice Chevalier, il devint, pendant une courte période, l'un des nombreux amants collectionnés par Marlene Dietrich, avec le consentement morbide de Josef von Sternberg.
Page 120
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