Pierre Martin est un romancier talentueux. Dans son second roman, Il est réservé aux hommes de mourir une seule fois, il exploite avec subtilité la veine du polar historique, plongeant sa plume dans une diabolique affaire d'empoisonnement inspirée par la célèbre
Catherine Deshayes, dite La Voisin, la sorcière mal aimée. L'auteur lie cette faiseuse d'anges, diseuse de bonne aventure, avec une affaire criminelle qui a frappé la Cornouaille du côté de Quimperlé, une affaire dont la victime est un certain David Guivarc'h, curé de Locunolé. C'est
Jean Nédélec, attaché au lieutenant de police Jean Lohéac, qui enquête, un jeune policier au caractère trempé, déjà imperturbable face aux multiples visages du crime.
On est saisi tout de suite par l'intrigue sulfureuse du roman qui met en scène tour à tour des habitants d'un petit village breton du côté de Quimperlé et la cour du roi Louis XIV à Versailles. Un contraste social stimulé par le goût de l'auteur pour des scènes griffues, un auteur qui dénoue les ramifications souterraines d'une secte sataniste qui se déploient entre Paris, le Versailles de Louis XIV et la Cornouaille.
Le roman est rythmé, documenté. L'intrigue est vénéneuse. À Paris, d'infâmes aristocrates pratiquent des rites sataniques, faisant couler le sang d'innocents sur le corps de femmes nues, les fouets claquent sur les croupes des chevaux, les fiacres s'engouffrent dans le dédale des rues peuplées de bonimenteurs, de bourgeoises libertines et de mendiants. du côté de Locunolé, les bois sombres sont hantés par des brigands qui attaquent les marchands du côté des Roches du Diable, le vent souffle jour et nuit, les paysans courbent l'échine sous la morgue d'étranges aristocrates.La magie noire s'invite à tous les étages. Un parfum de roman gothique.