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sur 3495 notes
« Parce que la terre, les lacs, les rivières, ça n'était que des images, du folklore. Cette chanson n'avait rien à voir avec l'Irlande. Elle parlait d'autre chose, d'une épopée moyenne, la leur, et qui ne s'était pas produite dans la lande ou ce genre de conneries, mais là, dans les campagnes et les pavillons…»
Dans ce roman générationnel (la mienne), politique et sociétal, chronique d'un quotidien où chacun vit comme il peut, Nicolas Mathieu narre la rencontre de 2 quarantenaires cherchant à ressusciter leur passé (malheureusement mort et enterré).
Hélène travaille dans une boîte de consulting, a deux enfants et vit avec Philippe lui même très pris par son métier. Pour chasser une vie de couple plutôt morose, elle reprend contact avec Christophe, le fantasme de ses 16 ans, ancien hockeyeur, désormais commercial et père séparé d'un petit garçon…Mais souffler sur les braises de leur adolescence peut-il suffire à mettre de la couleur dans une vie bien étriquée (et compliquée) ?
Avec ce texte, Nicolas Mathieu confirme son statut de portraitiste de talent. En effet, qu'il raconte la jeunesse en mal de repère ou la vie dans les villes pavillonnaires, son sens du détail fait merveille pour relater le temps qui passe et les désillusions et regrets afférents.
Il compose un roman doucement mélancolique, souvent désenchanté, qui sonne terriblement vrai (et dont la fin est juste parfaite). Nul doute que chacun s'y retrouvera (c'est d'ailleurs le plus effrayant 😬)
J'ai beaucoup aimé ❤️
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Je sors légèrement déprimée de ma lecture.
Hélène et Christophe ont 40 ans, fréquentaient le même lycée mais leur vie a pris des trajectoires différentes ; ils se recroisent...
Avec talent, un style sobre et un rythme posé, Nicolas Mathieu nous raconte les espoirs de l'adolescence, la méritocratie, la routine, le couple qui s'effrite, les classes sociales qui s'observent et les désillusions.
C'est parfois un tantinet caricatural mais ces parcours de vie nous parlent.
Les personnages sont peu attachants ; ils sont sans doute trop humains avec leurs failles, leurs compromissions, leurs jugements des autres et leurs attentes déçues.
Bien sûr, il y a le grand-père et le petit fils mais c'est peu.
Alors oui, je sors un peu déprimée mais quel roman social.
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Mon deuxième roman de cet auteur qui prend des positions sur l'actualité sociale et politique, dans ses romans comme dans la presse quand d'autres, gavés aux subventions publiques, se taisent. "On ne mord pas la main qui nourrit" comme dirait l'animateur préféré des français sur les ondes agréées.
Ce roman est ancré dans une réalité sociale qui caractérise les zones périurbaines contemporaines. Chômage, déclassement, culpabilisation...
En (sub)prime, nous avons le droit à une charmante description de "bullshit job" qui caractérise le néolibéralisme stato-financier. A l'heure des révélations sur les cabinets de conseil, lieu ou ceux qui ne savent rien faire d'utile à la société "conseillent" contre rémunération stratosphériques ceux qui n'en savent pas beaucoup plus mais qui sont quand même au plus près de la vraie vie, cette description du non-mérite qui confine au vol pur et simple pourra rendre amer.
Heureusement, il y a en parallèle une histoire romanesque de couples déchirés, de célibataires pauvres et désoeuvrés, de fête de mariage à l'ancienne, loin des modèles prônés par les influenceurs télévisés et leurs amis coachs de mariage, coach vestimentaires, coachs de la pensée comme il faut.
Et bien sûr, à la fin, pour oublier cette misère rampante, pour s'accrocher à ce qui reste, pour faire quand même la fête, tout le monde chante comme le titre l'indique sardoniquement.
J'avais trouvé "leurs enfants après eux" excellent bien que dramatiquement sombre. Celui-ci est un peu moins désespérant mais ne laisse entrevoir aucun espoir de rédemption. Il ne me reste qu'à acheter une solide corde pour la parution du prochain...
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Je suis d'autant plus mal à l'aise pour rédiger ce billet en demi-teinte, que je suis convaincue que « Connemara » a beaucoup d'atouts pour séduire les lecteurs, d'ailleurs le succès obtenu le confirme largement.
Je suis cependant restée sur le bord du lac, sans parvenir à m'immerger dans ses eaux. Je crois que je n'ai tout simplement pas été séduite par les personnages.
Je n'ai pas réussi à les trouver sympathiques.

Hélène a 39 ans, un métier, un mari, deux filles. de quoi a-t-elle envie ? de changement, d'agrémenter une vie qu'elle juge monotone et sans surprises. Elle tente de se distraire dans les bras de Christophe. Cette Madame Bovary moderne m'a agacée, je n'ai éprouvé aucune bienveillance à son égard.
Christophe, l'amant, n'a pas à mes yeux beaucoup plus de profondeur.

Certains passages m'ont paru terriblement longs. Je me suis ennuyée dans les descriptions de la vie en entreprise.
Je reconnais la qualité de l'écriture de Nicolas Mathieu mais j'attendais plus de l'histoire où il se passe finalement peu de choses.

Un roman de plus à ranger sur l'étagère des « rendez-vous manqués ».

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Je ne suis pas sur de m'aligner complètement sur la ligne politique qui fera de Nicolas Mathieu le chef de file de la littératosphére.
Le gars en est à son 3e vrai roman. Chaque titre nécessite 3 ou 4 pages d'explication dans Elle:
« Aux animaux la guerre » c'est La Fontaine, bien sur, avec les animaux malades de la peste.
« Leurs enfants après eux » c'est l'Ancien testament évidemment, rappelant que les ouvriers d'Heillange sont comme s'ils n'avaient jamais existé ainsi que leur descendance.
« Connemara », facile, c'est Tam tata tatatatam et Sardou ,qui arrive toujours au bon moment: mariages, fêtes de village, anniversaire de Papy et fêtes des B.D.E. des écoles de commerce du TopTen.
L'action se passe à la veille des élections de 2017 et, dans une mise en abime involontaire, consacre Nicolas Mathieu en 2022, à la veille des présidentielles.
Ceci étant dit, il s'agit d'un excellent roman, presque totalement flaubertien.
L'auteur est un grand écrivain qui sacralise l'adjectif, l'adverbe et la métaphore courte.
« Elle respire l'odeur surette des draps qui n'ont pas été changé depuis le début du séjour »
«La mère de Charlotte ressemble à ces femmes qui font de la pub pour les crèmes antirides, chics et saines, la petite cinquantaine en sfumato , des joncs en or aux poignets »
« Sous ses fesses, l'extrême confort du matelas Simmons plaidait plutôt pour le statu quo »
« Elle leur adressa des photos d'elle dans sa salle de bain, des compliments comme de bons gros gâteaux pleins de levure. Au bout d'une semaine les deux hommes ne débandaient plus »
« Dire que son vieux s'était échiné quarante ans, et que tout finirait dévoré par les soins, le patrimoine muté en toilettes intimes, petit-suisses et divagations dans le parc arboré »
Et une petite dernière :
« Mais on n'était pas fier, à quarante balais, quand on était père et qu'on avait une vie d'adulte, de taper rousse, beurette ou interracial dans une barre de recherche »

Et bien voilà, le décor est planté dans le Grand-Est, entre Vosges et Lorraine.Régions devenues Territoire. L'auteur y déplie doucement, avec de nombreux flashbacks, une tapisserie narrative de très bonne facture réinventant presque le classicisme social.
Hélène , assurément personnage principal, n'est pas vraiment, comme j'ai pu le lire un peu partout, un « transfuge de classe ». Ces parents ne sont pas pauvres. C'est plus une histoire de culture.Mais ce n'est pas grave: elle boit du picon-biére tout en lisant Mona Chollet

Pour quelqu'un qui vient de faire un burn-out managérial à Paris, elle assure sacrément dans sa nouvelle société nancéienne de conseil, avec ses 2 filles et un mari ESSEC plutôt sympa.
Elle va donc baiser ( infinitif le plus fréquent du bouquin) avec son vieux pote Christophe.

On retrouve alors la question du déterminisme social , essentielle, à travers une constellation de personnages secondaires forgés dans l'acier et la boue.

Alors là il y a 2 aspects du roman qui m'ont vraiment intéressé:
une description formidable du monde du consulting. Là c'est vraiment top à tout point de vue. Dans la forme ( ah le volapuk du management, le portrait de Lison-génèration Z, les Mac partout etc…..) et dans le fond ( et oui ça ne sert pas à grand chose, mais peut-être un peu).
la découverte de la passion d'Epinal ( Nicolas Mathieu dirait spinalienne) pour le patin à glace.
Rien que pour cela le livre vaut son pesant de cacahouètes.

J'ai lu aussi qu'il était drôle (le livre). Je l'ai trouvé absolument mélancolique. Quand on se prend le Réel de plein fouet et que ça fait bien mal, ça a tendance à vous mettre un peu le moral dans les chaussettes.

La fin façon La La Land nous fait abandonner tout espoir.
Mais c'est peut être ça la moral du livre : Toi qui fredonne Connemara, abandonne tout espoir.
Et ce n'est pas si grave.
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Hélène s'ennuie. Elle qui a tout réussi, se tirer de sa campagne vosgienne, de belles études, une carrière, deux enfants…
Elle devrait être satisfaite et pourtant…
Christophe est resté à Cornécourt, à côté d'Epinal. Très populaire au lycée car qu'il était non seulement très beau mais aussi jouait dans l'équipe locale de hockey. Aujourd'hui il a un boulot de représentant, deux vieux potes, un vieux père dont la tête se met à battre la campagne, une ex-compagne qui décide de déménager et donc de s'éloigner avec le gosse.
Ces deux là vont se retrouver lors de rendez-vous clandestins, se rapprocher prudemment.. Christophe peut-il vraiment plaire à Hélène l'ambitieuse ? Hélène peut-elle imposer ses choix, ses goûts à Christophe ?
Parce qu'il faut plus que l'entente des corps pour faire un couple.
J'aime décidément l'écriture de Nicolas Mathieu, son style vif, incisif parfois. C'est un fin observateur de ses contemporains ce qui lui permet de dresser des personnages plus vrais que nature : la quarantenaire insatisfaite qui se laisse tenter par des aventures d'un soir sur les suggestions d'une petite stagiaire qui finalement est celle dont elle est la plus proche dans la boite. Ses frustrations de couple : monsieur qui dès que la porte familiale est fermée se lance dans le monde sans aucune inquiétude, scrupule. Il sait que la « maison » va tourner. Ses frustrations professionnelles : deviendra-t-elle associée de la boite ou est-ce le petit dernier recruté aux dents longues qui aura ce privilège ?
Christophe qui après avoir été un cador stagne dans son bled coincé dans ses problèmes de partage de garde, de père devenant Alzheimer, de velléités de retour sur le devant de la scène par une reprise tardive du hockey.
Son analyse des cabinets conseil genre Mc Kinsey qui gèrent non seulement les stratégies des entreprises mais aussi celle des administrations est très juste.
Sa construction aussi est habile. Des allers retours entre les personnages d'Hélène puis de Christophe, aujourd'hui et hier…
Et pourtant, si je ne me suis pas ennuyée une seconde, je ne me suis pas laissée embarquée comme avec « Les enfants après eux ». On retrouve d'ailleurs le thème d'un certain déterminisme social ici aussi.
C'est peut-être le personnage d'Hélène, son cynisme, son égoïsme même me l'ont tenu à l'écart.
C'est peut être l'abondance de la novlangue du management d'aujourd'hui dans certains parties qui m'a rebutée. Ce lexique est juste sur le fond mais qu'il est pénible de lire ce jargon jargonisant !
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Nicolas Mathieu est un observateur brillant et critique de son environnement. Il n'a pas son pareil pour démonter la machine capitaliste, croquer la vie des consultants (262-271 de très haute volée), arbitrer la lutte des classes, fustiger la mesquinerie provinciale, pointer la défaillance parentale ou douter de l'amour, cette supercherie moderne. le tout avec beaucoup de tendresse, sans jamais donner l'impression que l'époque le dégoûte. Cela donne des passages d'une rare acuité à retrouver pages : 19, 97, 111, 126, 135, 146, 174, 254, 294.
Son histoire de coucherie est somme toute banale. Des images d'Épinal. Normal, nous sommes dans les Vosges (« On a si peu de raisons de se réjouir dans ces endroits qui n'ont ni la mer, ni la tour Eiffel, et où les soirées s'achèvent à vingt heures en semaine et dans les talus le week-end »).
Hélène et Christophe approchent la quarantaine avec leur sentiment d'échec. Leur désillusion les aimante. Ils se noient dans l'adultère comme d'autres se jetteraient d'un pont. Classique. Oui mais Nicolas Mathieu raconte de manière sublime l'ennui commun des mortels. Barde de notre temps, il témoigne de cette France étriquée, accrochée à ses gloires passées, indécise devant le grand chambardement d'un monde qui la rend nostalgique ou la répand sur les ronds-points. Plus qu'un Sardou, auquel il emprunte le titre de son livre, il y a du Souchon chez Nicolas Mathieu : la poésie n'est jamais loin de la cruauté. Empathique mas pas dupe. Curieux mais vigilant. Une satire sociale en suçotant des bonbons acidulés.
Je ne lui fais que deux reproches. le premier, c'est d'être encore trop long. J'ai eu parfois envie de m'échapper, d'aller voir Kessel ou London, car j'étouffais dans ses banlieues d'une « laideur raisonnée ». le second, c'est la redondance de ses sujets. Nicolas Mathieu répète à l'envi qu'il n'écrit que sur ce qu'il connaît. 1. Ce qu'il connaît est-il toujours digne d'intérêt ? 2. A t-il fait le tour de ce qu'il connaît ? L'avenir nous le dira.
Bilan : 🌹🌹
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Nicolas Mathieu a tout pour me plaire. Il est le laudateur de la classe ouvrière, le défenseur des sans-dents contre les capitalistes cannibales, le lanceur d'alerte vent debout contre la start-up nation, le chantre de la province, le rétro-utopiste qui analyse inlassablement l'adolescence pour justifier les conneries adultes.


Nicolas Mathieu a tout pour me plaire ; il décrit le monde d'où je viens et ses idées me sont sympathiques. Il plaît d'ailleurs à tout le monde – je ne suis pas originale -, puisqu'il universalise la nostalgie, modélise les comportements et stéréotype les personnages. Chacun peut reconnaître dans le catalogue Manufrance de ses romans, une marque, une nappe à carreaux, une expression qu'il croit personnelle, il y en a pour tous les goûts car l'auteur touche à tout, jacasse sans fin sur tout  : le management ou l'accouchement, facebook ou les règles d'une adolescente, le hockey sur glace ou le clitoris de sa copine ; il est incollable comme du riz Lustucru (je mets ma pierre à l'édifice des marques citées). Il n'y a qu'un seul poncif auquel il a résisté : les vacances ne se déroulent pas comme socialement déterminées à Palavas. Il les a délocalisées à quelques kilomètres, à La Grande-Motte et n'a pas osé ironiser sur une architecture labellisée Patrimoine du XXème siècle, mais on sent que ça le démange. Sinon, tout y passe, la crise existentielle de la quarantaine, le mari cocu, la garde alternée, l'alzheimer de papa, le cancer de maman, et la tête alouette...


Bref, pour faire bref, Nicolas Mathieu a tout pour me plaire et ne me plaît pas. D'où me vient cette sensation étrange que tout ce qu'il raconte est à la fois familier et dérangeant, lourd à donner une vague nausée ? A cause de sa complaisance à caricaturer les goûts simples de ceux du bas ? de son insistance à teinter toute scène d'une connotation misérabiliste  - à ce titre le mariage final est un morceau d'anthologie démagogique, même la danse des canards y est -. Mais ce n'est pas tout. Dans l'est, il n'y a jamais une terrasse de bistro ensoleillée, les troquets ne sont que des « rades » sombres avec les bouteilles d'alcool la tête en bas, quelques alcoolos abonnés collés au comptoir, et les couples adultères fréquentent l'hôtel Kyriad, sans doute faute de F1.


En son temps, son premier roman m'a bien plu, j'ai trouvé le second redondant, et je décide d'arrêter la lecture de cet auteur après Connemara. Tout le monde sait désormais que Nicolas Mathieu est originaire de l'Est, que ses thèmes uniques sont l'adolescence et les masses laborieuses exterminées. Il est grand temps pour lui de se renouveler. J'allais oublier : j'aime pas non plus Michel Sardou.
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Connemara semble faire une quasi unanimité dans les louanges. D'où un certain embarras à faire valoir son propre avis, beaucoup plus mitigé, mais n'est-ce pas parce que chacun a sa propre vision de la littérature, sans oublier une vie, une sensibilité et des valeurs très personnelles qui influent nécessairement au moment de "juger"un roman ? Tout cela pour dire que le dernier livre de Nicolas Mathieu, s'il a le mérite d'un ancrage régional profond (cela fait du bien de sortir de Paris) peut agacer par un côté démonstratif, dans le sens où les destins individuels et intimes des différents personnages semblent participer d'une ambition sociologique profonde un peu trop catégorique. Attention, ce n'est pas pour cela que les deux héros du roman ne sont pas attachants, bien au contraire, mais Mathieu les condamne d'une certaine façon à une destinée prévisible selon un certain déterminisme social. En d'autres termes, il les cerne, voire les emprisonne, sans libre arbitre, le genre de choses qui agace certains lecteurs,, ceux qui aiment une littérature moins omnipotente et impérieuse. Par ailleurs, le style de Mathieu, qui se veut populaire, use et abuse de trivialité, comme avec l'utilisation du mot "meuf" qui revient parfois à une dizaine de reprises dans le même chapitre. Fille ou femme sont aussi des termes de tous les jours, non ? Pas convaincu donc par Connemara, ni par sa construction avec ses longs flashbacks vers l'adolescence, pourtant intéressants mais loin de valoir ceux de Une amitié de Silvia Avallone, par exemple, qui traite aussi, d'une façon très différents, des désillusions de l'âge adulte. Enfin, impossible d'approuver la description de l'entreprise de consultants, qui davantage qu'une satire frôle la caricature. A part cela, le roman a de la moelle et de la pertinence sur le thème éternel de la crise de la quarantaine et, plus globalement, de la question existentielle qui nous obsède tous, à savoir pourquoi notre vie est-elle moins belle que celle que nous projetions d'avoir, aux temps candides de l'enfance et de l'adolescence ?
Lien : https://cinephile-m-etait-co..
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Dans mon billet sur le livre précédent de Nicolas Mathieu , Leurs enfants après eux, j'avais écrit ceci :
Par son écriture et son style, Nicolas Mathieu nous ancre dans la peau de ces personnages, dans cette vraie vie, loin de Paris et la mondialisation
C'est terre à terre, charnel, sans équivoque.
Une écriture populaire, des mots simples nous plongent au coeur de ces jeunes, de leurs parents
Aucun voyeurisme, juste l'envie de vivre, d'exister.
Nicolas Mathieu nous parle de la cité, des relations sociales, de nos rêves et utopies.
Il est toujours l'heure de croire.
Il est toujours l'heure d'un départ.
Et bien je peux reprendre les mêmes termes pour présenter le dernier roman de Nicolas Mathieu , Connemara.

On pourrait penser que Nicolas Mathieu fait de la redite.
Ce n'est pas du tout le cas .
Nicolas Mathieu creuse son sillon et approfondi ses thèmes de prédilections.
Derrière son réalisme, pointe surtout une justesse des situations.

D'abord il reste dans cette région du Grand Est qui est sa matrice, son terreau culturel et social.
Ce terreau fait d'un ancien monde industriel, sidérurgique, ouvrier. Ce terreau fait de villages , de bistrots , de collèges, de scooters, de bals , de villes périphériques. Ce terreau qui enlise aussi et qui empêche d'aller voir ailleurs.
C'était le cas dans Leurs enfants après eux.
Hélène et Christophe, personnages principaux de Connemara reprennent à leur compte cette réalité.
Hélène a tenté de s'extraire de Cornecourt cette ville périphérique de 15 000 habitants. Elle est partie faire des hautes écoles à Paris ou en province .
Elle s'est mariée, a eu deux enfants et travaille tout comme son mari Philippe dans une agence de consulting.
Christophe lui est resté à Cornecourt .
Il s'est marié, il a un garçon. Divorcé il est revenu vivre chez son père. Il sillonne les routes du Grand Est en tant que commercial vendant de la nourriture pour chiens.
Pour tous il reste une ancienne gloire de l'équipe de hockey d'Epinal.
Hélène et Christophe son au mitan de leur vie. La quarantaine va les happer et leur faire vivre une parenthèse
Le temps déjà des souvenirs de l'adolescence, de la jeunesse et de la vie qui file.
Que nous renvoie le miroir ?
Avec Nicolas Mathieu tout est question de miroir. le reflet dans le miroir est il réel, fidèle ou fait il apparaitre les fractures, les zones d'ombre. Qu'est ce qui est le plus important , le plus juste?
Ce jeu de miroir permet de croquer le monde des agences de consulting des Open Space face aux services publics , aux mairies.
Qui y a t il de plus kitch : s'éclater en groupe sur la musique des Lacs du Connemara de Michel Sardou , ou se trouver seul sur Tinder à se fabriquer un profil sexy ?

Nicolas Mathieu travaille la pâte humaine comme un artisan. Toujours le regard, le mot juste. Tous les personnages sont emplis d'humanité, de détresse mais aussi de la possibilité d'une île.

"Là-bas au Connemara
On sait tout le prix du silence
Là-bas au Connemara
On dit que la vie, c'est une folie
Et que la folie, ça se danse."

" Comme avec une chanson de Sardou. Quand, dans un mariage, tout le monde se lève, chante à l'unisson et danse, c'est un phénomène humain puissant, épique et beau, qui mérite d'être rendu. "( Nicolas Mathieu )
Lien : https://auventdesmots.wordpr..
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