AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,81

sur 3499 notes
On dit que la vie est une folie…

Trois ans et demi après son Goncourt, Nicolas Mathieu nous revient avec un roman aussi puissant que les précédents, véritable cri d'amour littéraire à cette province qui l'a vu naître, à ces vies simples et invisibilisées, et à ces moments de vie charnières où tout semble redevenir possible.

Connemara c'est une jeunesse spinalienne dans les années 80. Christophe y grandit modestement, Hélène un petit peu moins, mais ça se joue à la marge. Cornecourt, 15 000 habitants, l'école, le lycée, les premières soirées… Classique.

Et puis pour elle, l'influence de Charlotte, dont les éclats de la vie bourgeoise éveillent des envies d'avenir plus favorable. Et puis le hockey sur glace pour lui, sport régional fédérateur où il brille sans grands effets pour la suite.

Hélène sort avec Christophe, ils s'aiment, puis la vie les sépare. Classique je vous dis. Des études brillantes amènent Hélène à Paris où les sphères du consulting sans conscience lui ouvrent leurs portes. Elle réussit. Pas sûr qu'elle vive. Christophe, lui, reste vivre au pays. Enfin vivoter.

Vingt ans après, comme chez Dumas, les chemins se recroisent et il suffit d'un Tam tatam tatatatatam entendu à la radio pour que les souvenirs remontent, que la passion reprenne et que l'espérance d'un nouveau départ apparaisse. Comme si la vie était vraiment une folie que l'on pouvait éternellement danser…

En racontant Hélène et Christophe, Nicolas Mathieu raconte nos vies, et même si ça n'est pas tout à fait la mienne, ni probablement la tienne, il y a quand même à chaque page un petit peu de moi, et probablement un petit peu de toi.

À chaque chapitre, Mathieu décrit l'époque, insouciante des années 80 ou déshumanisée aujourd'hui, replongeant le lecteur dans sa mémoire intime, avant de reprendre le fil de son histoire. Il raconte la province comme un provincial, l'amour comme une histoire simple et la possibilité du rebond comme une bouée, peut-être utopique, mais qui le temps de sa durée fait du bien au coeur et aux âmes.

J'ai aimé retrouver l'écriture simple mais régulièrement fulgurante et débordante d'humanité de Nicolas Mathieu, qui n'est pas sans rappeler celle d'une Marion Brunet qui se serait égarée en Lorraine. J'ai aussi apprécié cette Lettre à France (from Sardou to Polnareff) d'aujourd'hui, désillusionnée mais faiblement éclairée d'une pointe d'espoir persistant.

J'ai aussi regretté quelques temps qui m'ont parus plus faibles dans la deuxième partie, heureusement compensés par un joli final. Et par la sensation à chaque page, de lire un écrivain qui n'a pas fini de compter et de nous raconter.
Commenter  J’apprécie          755
Le livre commence en fanfare et nous présente Hélène. Dès la page 33 elle remonte sa jupe et se fait plaisir, pour décompresser d'un boulot stressant. On se dit que ce livre va dépoter.

Puis on se retrouve à la page 230 et il ne s'est rien passé. Mais alors rien du tout. Et un malaise languissant a tout recouvert…une sorte de sfumato littéraire pour reprendre l'expression de Mathieu à la page 271. Je suis de la génération racontée dans ce livre et on sent tout au long du livre une ambiance poisseuse, celle des fins de sketchs de Guy Carlier à la grande époque, le moment où il faisait sa minute sensible, celle du film Tandem de Patrice Leconte, celle aussi d'un polar de Marion Brunet, L'été circulaire, les films de Stéphane Brizé aussi…Tout dans ce livre respire le médiocre, l'impasse, l'inutile. le monde des victimes de tout et qui entendent bien le rester car cela leur confère une identité.

Dans toute histoire, même celle qui raconte le quotidien, il se passe un événement extérieur (chez Coe un attentat ou le Brexit, chez Camus de l'Etranger un mort, etc) ou intérieur (dans le
procès verbal par exemple ou À rebours de Huysmans, on suit les pérégrinations des protagonistes). Là rien c'est juste la vie qui passe…

Cette passivité, complaisamment racontée par Mathieu est tout à fait exaspérante. On se situe dans les séries policières de France 3, que j'apprécie d'ailleurs souvent pour l'humour, le charme du duo de policiers et l'enquête. Ici, aucun humour, aucune analyse de caractère, Hélène et Christophe sont posés là et vivent leur petite vie médiocre en attendant la mort. Au passage couple adultère hautement improbable lui bas de plafond joueur de hockey, elle consultante. Ce couple n'a rien à faire ensemble.

Et aucune enquête on est juste au bar à attendre que la vie passe. Sans doute ce livre me parle trop, la vie de Province, la langueur, les cafés, la médiocrité des uns et des autres…et tous les détails des années 80 et 90 où tout le monde fume clope sur clope. Personne ne se révolte, personne n'avance et l'auteur semble adorer ça. Ce livre m'a tellement énervé que j'ai eu besoin d'en commencer la critique une fois arrivée aux deux-tiers pour me permettre de le finir. Je me suis promis de finir tous les livres commencés celui-là ne fera pas exception mais qu'est ce que je me fais violence…je ne m'ennuie pas, non, je m'exaspère.

Le milieu des consultants est très bien ciselé et la manière dont ils vendent leur camelote à des administrations dépassées est bien décrits. Même si le cynisme qui semble être l'apanage des boites de consulting est aussi celui des patrons d'administration qui ne peuvent contourner les surpuissants syndicats qu'en indiquant que c'est un rapport qui préconise la décision. Alors pourquoi ne pas dépenser l'argent du contribuable pour avoir la paix sociale et la carrière qui va avec ? Ça Mathieu ne le perçoit pas. Mais peu importe finalement.

Nous sommes dans un grand roman dépressif et se complaire là dedans m'interroge…est ce le sentiment qu'il y a pire que sa situation qui vous fait prendre plaisir à lire ce genre de bouquins ?

Le registre de la dépression est patent. Ainsi page 239 (« c'était à se flinguer »), 244 (« l'à vau l'eau général »), 321 (« voila, je suis sur la pente, rien vécu et déjà tout démarre ») mais je ne les ai relevés qu'à partir de la moitié du bouquin. Ce qui est sans doute le plus exaspérant c'est qu'on sent que Mathieu n'est pas sincère. Il surjoue la dépression et regarde ses personnages comme des playmobil sur une étagère. Pendant que lui est tranquille sur les plateaux télé à ne jamais, mais alors jamais vivre les vies stéréotypées de ses personnages. du vrai f… de g…

Maintenant ça me revient. Après avoir entendu le pitch à la radio (la vie de quarantenaire et leur bilan de vie) je me suis dit : « tiens ce livre est pour moi ». Je l'ai ajouté à ma liste puis je ne l'ai pas acheté tout de suite (il n'était pas sorti quand je suis passé à la FNAC). Ce n'est que quelques semaines plus tard que je l'ai trouvé. L'anecdote est savoureuse car je rentrais d'un cours donné en fac à 350 kilomètres de mon domicile et je devais impérativement arriver avant que l'Intermarché de ma ville ne ferme à 20h. Parvenu sur le parking à 19h45 j'ai réussi à rentrer in extremis alors même que la dame annonçait la fermeture du magasin. Je devais acheter de quoi manger et c'est alors qu'en entrant dans le magasin je vis des piles entières du livre de Mathieu. Étonné d'une si grande publicité pour un livre que je croyais plutôt confidentiel je l'achetais. Mais en fait à sa lecture j'ai compris (et l'éditeur aussi) : ce livre parle avant tout des clients d'Intermarché, de leur petite vie de Province, de leurs impasses quotidiennes et leur fin de mois. L'histoire fut longue pour aussi démontrer que moi aussi je peux écrire sur rien pendant des plombes…

Ah au fait la référence à Connemara arrive à la page 269. Elle n'apporte rien à l'histoire, elle est juste le symbole (mais comme tout le reste du livre) du temps qui passe et des réminiscences des stimuli extérieurs sur la mémoire.

Et dire qu'un Jonathan Coe pendant ce temps écrit des grands romans savoureux où il décrit la classe moyenne de l'Angleterre sans que jamais on ne sente l'atonie, l'apathie, l'aboulie qu'on ressent en lisant les pages de Mathieu. Sans doute parce que chez Mathieu tout est plaqué que tous les personnages sont posés et ne servent en fait que le décor morne qui est le véritable héros du livre. Les personnages sont des morpho-types piqués dans un livre de psychologie : le sportif, l'allumeuse, le père ambigu, la mère inquiète, la consultante blasée. le consultant est forcément cynique et arriviste, le manager prétentieux et arrogant, le copain de Christophe rigolard et fidèle. Tous les traits de caractère sont dignes de la bibliothèque rose ou du journalisme de bas étage. Aucun humour (on l'a dit), aucune sensibilité non plus, Mathieu se contrefiche de ses personnages qui n'évoluent pas en interaction mais les uns à côté des autres (ainsi la mission d'Helene et de son patron à Pau où le ressenti d'avoir affaire à des poissons dans un aquarium atteint le summum).

Toutes les scènes semblent déjà avoir été écrites, décrites, filmées ailleurs avec le plus souvent plus de talent, d'humour, de sensibilité. Que ce soit la scène du père Alzheimer qui débarque chez le bourreau de son petit-fils, la scène de la maternité, les vacances, etc…

Tout le contraire de Coe qui décrit des personnages, les fait évoluer et où le décor vient ensuite dans l'histoire. Je ne sais pas si c'est ça…ou alors Mathieu décrit de manière trop proche ma propre vie et, étant donné que j'ai tout fait pour en sortir, la retrouver telle qu'elle dans un bouquin me met presque en furie…je pense que les deux explications sont un début de compréhension de ma détestation de ce livre. Il y en a une troisième (hormis l'absence d'histoire), c'est le sentiment profond que j'aurais pu écrire le même livre…sauf que moi je ne me prétends pas écrivain (même raté non pas écrivain du tout).

Ah page 329 il commence à se passer un semblant de quelque chose. Cela ne concerne pas les protagonistes de l'histoire mais la stagiaire qui fait chanter les patrons d'Helene. Mais en fait s'ensuit une vaste conclusion de 50 pages (50!) où Mathieu ressasse…

Dans ce ressassement on a 10 pages de match de hockey (Épinal a gagné chouette) et 30 pages (30 pages!) de mariage. Avec tous les poncifs du mariage mais alors tous. Et toujours sans aucun humour ni événement quelconque qui pourrait justifier qu'on nous raconte tout cela…

Page 306 j'ai trouvé la formule qui résume bien et le bouquin et mon sentiment général : « cette averse de lieux communs l'irritait tout de même assez ».

Je ne lirai plus rien de vous M. Mathieu. Vous passez pourtant bien à la télé même si vous êtes fade comme un jour sans pain. Mais ma copine vous a trouvé beau. Alors disons que c'est la jalousie qui m'a fait honnir votre prose…

Et dire que tout le monde a encensé ce livre c'est incompréhensible…et tellement le symptôme d'une planète bobo soulagée de voir qu'il y a tant de gens qui ont, si on lit M. Mathieu, une vie de merde avec aucun espoir d'en sortir.

On pourrait m'opposer que si je n'ai pas aimé pourquoi en faire une si longue chronique. Sans doute parce que j'ai eu besoin à un moment donné de faire sortir le malaise que ce livre avait introduit en moi comme la plante de Chloé dans l'Ecume des Jours de Vian…et finalement c'est déjà ça…
Commenter  J’apprécie          7012
Après un burn-out, Hélène décide de quitter Paris pour retourner dans sa région natale, l'Est de la France, elle qui a tout fait pour la fuir. Au grand regret de son compagnon Philippe. C'est grâce à lui qu'elle retrouve du travail dans un cabinet d'audit, dirigé par l'un de ses potes, Erwann. Elle espère d'ailleurs devenir très vite son associée. Mais très vite, Hélène se sent frustrée, mal à sa place, parfois tristoune ou en colère. Heureusement, une jeune stagiaire, Lison, qui lui a tout de suite plu, va illuminer ses jours plus sombres. C'est elle, d'ailleurs, qui va l'inciter à s'inscrire sur un site de rencontres. Juste pour voir et, peut-être, se rassurer...
Christophe, ex-star de hockey dans sa jeunesse, n'a jamais quitté Cornécourt. Aujourd'hui séparée de sa compagne, Charlie, avec qui il partage la garde de leur fils, Gabriel, et représentant en nourriture canine, il est retourné vivre avec son père. Heureusement que ses deux potes d'enfance, Marco et Greg, sont là pour le soutenir. Et l'appel de l'entraîneur de hockey qui veut lui faire renfiler les patins va lui permettre de croire que tout est encore possible...

À presque 40 ans, si Hélène a presque tout réussi dans la vie. Des hautes études, un boulot à responsabilité donc un salaire qui va avec, deux enfants, un compagnon, une belle maison. Mais aujourd'hui, au mitan de sa vie, elle se pose des questions sur son existence, ses rêves... Tout ça pour quoi ? Par hasard, elle va retrouver Christophe, un ami d'enfance. de cette rencontre impromptue va naître une relation et l'occasion pour Nicolas Mathieu de remonter le fil du temps et de nous plonger dans l'enfance et l'adolescence de ces deux quarantenaires, en proie aux doutes et à une certaine forme de regret. Véritable peinture sociale, politique, sociétale, culturelle et humaine, à la fois détaillée et universelle, ce roman va bien au-delà de cette histoire d'amour, fut-elle bancale. L'auteur aborde, avec minutie et tendresse, divers thèmes tels l'adolescence, la vie maritale, le monde du travail, la province, la parentalité, les classes sociales... mais aussi les rêves déchus, les renoncements, la difficulté de trouver sa place dans un monde de plus en plus violent. Ses personnages, d'une authenticité rare, incarnent à merveille ce qu'il faut de force, d'espoir et de patience pour trouver justement cette place. Observateur précis, Nicolas Mathieu nous offre un roman social époustouflant, maîtrisé et teinté d'une certaine mélancolie...

Commenter  J’apprécie          660
Quatre ans après Leurs enfants après eux, qui obtint le Goncourt, Nicolas Mathieu n'a pas changé et tant mieux. Dans Connemara, il nous emmène à nouveau chez lui, dans cette Lorraine perturbée par la disparition des industries, en passe d'oublier son patrimoine historique, et qui peine à se reconnaître comme simple composante d'une Région baptisée Grand Est. Les destinées des jeunes sont tracées d'avance : ils restent sur leur terre natale et se contentent d'un quotidien médiocre, comme leurs parents avant eux. Seuls, quelques rares privilégiés parviennent à s'en extirper. Pour réussir l'échappée, il faut de l'énergie, des moyens intellectuels et un minimum de soutien familial.

2017, année d'élection présidentielle. Hélène et Christophe sont tous deux nés quarante ans plus tôt, à Cornecourt, une petite ville des Vosges. Ils partagent un autre point commun : Michel Sardou et ses lacs du Connemara ont rythmé leurs fêtes du samedi soir ; pour l'un, dans les bals populaires du coin ; pour l'autre, dans les galas des Grandes Écoles, à Paris.

Christophe s'est laissé vivre, il n'a pas tenté sa chance ailleurs. Représentant en croquettes pour chats et chiens, il sillonne son secteur à bord de son break. Il est divorcé, père d'un petit garçon. Adolescent, il était assez beau gosse et ses performances dans l'équipe locale de hockey lui avaient valu une gloire éphémère, ainsi que quelques succès féminins. Hélène est grande, belle et brillante. Elle était partie à Paris, pour terminer ses études. Elle y avait dégotté un diplôme supérieur, un job de consultante très bien payé, et un mec plutôt pas mal, encore mieux payé qu'elle, avec qui elle a eu deux filles. Mais le rythme était tel, qu'elle a fait un burn-out et que la famille s'est repliée sur la Lorraine. Pas à Cornecourt, quand même ! A Nancy, un quartier résidentiel, une maison d'architecte, une belle situation pour chacun.

De Nancy à Cornecourt, il n'y a pas une heure de route et il suffit de donner un coup de pouce au hasard. Hélène et Christophe ont chacun leur crise de la quarantaine. Où suis-je, où cours-je, dans quel état j'erre ? Et qu'est-il permis d'espérer, quand on se revoit vingt-cinq ans plus tard et qu'il reste si peu de points communs ? Nicolas Mathieu nous raconte tout : quatre cents pages d'allers-retours captivants entre le présent et le passé.

La prose de Nicolas Mathieu est très simple, fluide, accessible, elle emprunte au langage parlé et il lui suffit des mots les plus courants pour exprimer parfaitement la moindre sensation. Cet écrivain observateur crée ainsi des personnages authentiques, hommes et femmes, jeunes et vieux, à la manière d'un Balzac. Il installe le lecteur à leur contact, pas seulement pour les détails de leur aspect, de leur cadre de vie ou de leurs gestes, mais aussi pour l'instantané de ce qu'ils voient, de ce qu'ils entendent, de ce qu'ils sentent et de ce qu'ils ressentent, jusque dans les espaces les plus intimes, quand ils baisent. Parce que baiser est la parenthèse du salut, le seul moment où l'on s'éclate, sans penser à rien, surtout pas au temps qui fuit et que l'on perd sans s'en rendre compte.

Connemara est un roman politique, mais ce n'est pas une profession de foi. Comme dans son précédent roman, Nicolas Mathieu fonde sa fiction sur des déterminismes sociaux incontestables. J'ai en revanche senti s'effacer sa neutralité de romancier lorsqu'il évoque les tendances actuelles dites « néo-libérales » à optimiser l'efficience des services publics. Cela n'a pourtant rien à voir avec le libéralisme économique. Dans toute forme de société, le citoyen consommateur a droit à des services efficients, qu'ils soient publics ou marchands. Cette exigence appelle des remises en question, qu'il est difficile de mener sans aide extérieure, d'où l'intervention de consultants « privés » (désolé pour ce gros mot !), d'éventuels abus n'en justifiant pas le rejet en bloc. Reste l'emploi de la « novlangue » impulsée par les théoriciens de l'efficience. Les mots sont des symboles, ils unissent celles et ceux qui partagent des idées. Une pratique qui existe dans tous les domaines, politiques, philosophiques, artistiques ou autres, et dont on peut se sentir agacé, snobé, vexé et/ou exclu, dès lors qu'on la subit.

Cette réserve personnelle ne m'a pas empêché de trouver le roman pertinent et passionnant, de la première à la dernière page.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
Commenter  J’apprécie          622
Chacun se retrouvera dans cette histoire grâce à un détail qui sent bon la madeleine de Proust, au goût suave des bons souvenirs ou amer des regrets.
Hélène et Christophe ont chacun fait leur chemin dans la vie lorsqu'ils vont se rencontrer de nouveau, à la quarantaine pesante, dans cette petite ville de l'est de la France, celle qui les a vu essuyer les bancs de la même école. Elle a suivi le cursus brillant qui l'a menée vers une belle situation professionnelle, un mari tout aussi doué, une maison d'architecte et deux filles. Mais comme le bonheur ne se mesure pas en euros, elle va le chercher ailleurs, sur les réseaux sociaux pour commencer, puis dans les bras de Christophe, dont elle a gardé le souvenir du joueur de hockey, star du lycée et ex petit ami de sa meilleur copine de l'époque. La suite n'est qu'un va et vient entre leurs souvenirs et la passion charnelle qui les colle l'un à l'autre jusqu'à l'explosion.
Nicolas Mathieu raconte cette histoire avec brio en évitant l'écueil des clichés des romans à l'eau de rose. La narration remarquablement bien rythmée évite au lecteur le moindre temps mort et fait de ce roman un véritable page-turner. Il se lit d'un bout à l'autre presque en apnée. On aurait pu croire que de traiter un sujet aussi banal que la vie quotidienne de ces personnages face s'enliser le récit, il n'en est rien. On est happé par la destinée des deux héros.
« Connemara » est une oeuvre divertissante, un excellent prétexte pour ouvrir un livre pendant les vacances.
Editions Acte Sud, 396 pages.
Commenter  J’apprécie          610
Ce que j'avais en tête avant de commencer ce roman , c'est que Les lacs du Connemara, est une chanson de Sardou, mais pas n'importe quelle chanson ! Celle qui clôture toutes les soirées. dans les bars, les mariages, les fêtes des grandes écoles, partout, cette chanson signe la fin de la "party". C'est ce que met le DJ quand il veut faire partir les gens. Aussitôt les derniers sur la piste , se prennent par les épaules et se mettent à brailler les paroles (quand ils s'en souviennent) , et puis chacun rentre chez soi plus ou moins rapidement..

Dans l'est de la France,
A ma gauche, Christophe, quarante ans, ex-star locale de hockey sur glace, n'ayant jamais réussi à passer pro. Actuellement commercial pour une boîte de nourriture pour chien. Un enfant, fraîchement séparé, de retour chez son paternel.
A ma droite, Hélène, presque quarante ans, en couple, deux filles. Belle situation, pareil pour son mec, une maison d'archi à Nancy.
Il aura suffit qu'elle croise Christophe un soir, pour que tout lui revienne. Son enfance, le rejet de son milieu populaire, les hautes études, le lycée, son amie Charlotte et le beau Christophe, leur béguin d'adolescentes. Sauf que la Charlotte, elle l'a eu , elle ! Et c'est comme un caillou dans la chaussure d'Hélène, le truc qui gratte, son seul échec, la seule chose qu'elle ne pouvait décrocher à force de travail...Et oui, lui ne l'a jamais calculée, tout comme ce soir là, il ne la verra pas. Mais quand il allumera la radio, dans sa voiture, cette nuit, en rentrant, il y aura Sardou...
Sardou c'est un peu comme retomber en enfance...
Hélène Le contactera.
Comme une envie de tout faire péter ...
Et juste avant l'épilogue , il y aura encore "Connemara".
Presque la fin de la partie, de ce match qui s'est joué à domicile, dans l"Est, chez Nicolas Mathieu.

On ne peut pas dire qu'il donne envie d'y aller...
Mais que vous soyez de cette région ou pas, de cette génération ou pas, vous y retrouverez des choses de votre propre vie. DJ Mathieu décortique les âmes, ses petits enfants du siècle, ces quarantenaires rugissants dans leur dernier battement de coeur ... Au delà de l'histoire Christophe/Hélène, il disséque l'époque, ses jobs qui ne sont que des intermédiaires, des faiseurs de rien, des vendeurs de vide . Il restitue avec magie et virtuosité , l'adolescence dans ce qu'elle a de plus incandescent...
Hélène revenue vivre dans sa région, épuisée de s'être battue pour changer de milieu, trouvera-t-elle un apaisement, une réconciliation avec elle-même ? Nicolas Mathieu fait un constat (des constats) : C'est toujours les mêmes qui s'en sortent, qui gagnent à la fin. C'est cruel, oui, mais c'est la vraie vie. Nicolas Mathieu n'est pas un romantique, juste un écrivain lucide.
Et à la fin de la "party", le lecteur ou la lectrice, se dit que la vie ça passe vite, son enfance, ses années lycée, ses parents, ses enfants...
♫Et vous qu'avez vous fait de toute ces années ?♫

Intelligent, social, lucide, ultra-réaliste, implacable, magistral , Connemara raisonne longtemps en nous, bien après avoir tourné la dernière page...
Commenter  J’apprécie          6110

Nicolas Mathieu prend prétexte du rapprochement de deux personnes en pleine crise de la quarantaine qui se sont perdus de vue et renouent par hasard pour nous faire le portrait au quotidien d'une France de la classe moyenne de nos jours.

Je cherchais à lire un roman, pas une prétendue étude sociologique. Nous avons droit en détails à l'enfance, les fréquentations et la scolarité des personnages comme pour expliquer et justifier leurs comportements présents. Ce concentré caricatural aligne les poncifs. Est-ce pour faire vrai ou être dans l'air du temps, l'auteur écrit comme il fait parler ses personnages et nous abreuve d'anglicismes liés au monde professionnel (dont les descriptions sonnent par ailleurs assez faux). Nous découvrons même de façon assez improbable comment on peut sympathiser avec une jeune stagiaire et étaler sa vie privée pour en apprendre plus sur la manière d'utiliser les réseaux sociaux et draguer. N'est pas l'auteur des Rougon-Macquart qui veut…


Commenter  J’apprécie          605
« Terre brûlée au vent
Des landes de pierres
Autour des lacs, c'est pour les vivants
Un peu d'enfer, le Connemara
Des nuages noirs qui viennent du nord
Colorent la terre, les lacs, les rivières
C'est le décor du Connemara »

Cette chanson sortie en 1981, tube éternel de Michel Sardou, nous accompagne durant toute notre lecture. Elle est là, dans les années 1990, quand Hélène et Christophe reviennent en arrière et évoquent leurs années collège et lycée : elle passe lors des fêtes entre potes, lors des sorties en boîte ou après les matchs de hockey. Elle est encore là alors qu'ils ont aujourd'hui passé la quarantaine : elle passe pendant la fête de Noël organisée par le boss ou pendant le mariage de Greg. Elle donne le rythme, tantôt lent, tantôt saccadé, un peu en cadence avec la vie d'Hélène et de Christophe.

Ces derniers viennent de se retrouver alors qu'Helène s'est installée depuis peu dans sa région natale. À la limite du burn-out, elle a convaincu son mari de quitter Paris afin de ralentir un peu. Mais entre ses ambitions professionnelles, ses deux filles et son mari lui-même carriériste, son quotidien reste souvent surmené. Consciente d'avoir atteint son objectif, celui de s'élever socialement, il lui manque pourtant quelque chose, qu'elle n'arrive pas à définir. le temps passe et elle se demande où elle a bien pu se planter.

Christophe, quant à lui, vend de la nourriture pour animaux et sillone souvent les routes. Séparé de la mère de son fils, ce dernier vit chez lui en alternance, dans la maison familiale qu'il partage avec son père, dont les signes de la vieillesse s'incrustent de plus en plus. Boulot et apéros font le quotidien de Christophe et le temps passe pour lui aussi : il s'éloigne de plus de plus du temps où il était la star de son équipe de hockey. Et pourtant, on vient de lui proposer de l'intégrer à nouveau. Alors tout est encore possible...

"Connemara" est un roman avec beaucoup de potentiel, car très approfondi, tant dans son contexte que dans la psychologie des deux personnages principaux. Malheureusement, je n'ai accroché ni avec l'un, ni avec l'autre.

Les événements se déroulent quelques mois avant les élections présidentielles de 2017, alors que la nouvelle carte des régions vient tout juste d'être réformée, ce qui permet à Hélène et ses collègues de ne pas chômer. Cette dernière travaille dans un cabinet de conseil, mais je n'ai absolument rien compris de ce qu'elle y faisait, le vocabulaire spécifique à ce milieu ne m'ayant pas du tout aider, ni attirer, ni donner envie de savoir. Il y est question d'open space, de vendre du rien et des neurones, d'organigrammes et de statistiques, de collectivités et d'organismes régionaux, de politique également, etc. Les personnages évoluent clairement dans notre réalité : celle de la communication facile, via les réseaux sociaux et autres tendances informatiques et technologiques actuelles. Nicolas Mathieu a implanté son contexte en plein dans l'actualité, qu'il a su développer, argumenter et justifier avec finesse et précision. Je n'aurais donc rien à lui reprocher de ce côté-là. Et pourtant... Je n'ai pas aimé ce contexte exposé, justement parce que trop ancré dans notre réalité actuelle, m'empêchant de m'évader (pour la période 2016-2017, s'entend).

Pour les parties "souvenirs" ou "retours en arrière", c'est différent par contre. C'est avec une pointe de nostalgie que je me suis replongée dans les années 1990, d'autant que je suis de la même génération que les personnages, puisque j'ai un an de plus qu'Hélène. J'ai revécu mes années collège et lycée en même temps qu'eux, je me suis d'ailleurs souvent reconnue dans certains de leurs vécus : les soirées entre potes et les sorties en boîte, les premières cuites, les premières amours, les premières fois, l'équipe non pas de hockey mais de rugby (dont "Les lacs du Connemara" étaient d'ailleurs "l'hymne" de l'équipe, autant dire qu'on y avait droit à toutes les troisièmes mi-temps), les doutes quant à notre avenir et nos choix dans les études, etc. Là oui, j'ai aimé me replonger dans ce passé.

J'en viens maintenant à parler des personnages qui ne manquent pourtant pas de profondeur mais que je n'ai pas réussi à apprécier, car bien trop centrés sur leur petite personne. Hélène est imbuvable, elle ne pense qu'à ses perspectives professionnelles, elle évoque bien trop peu souvent ses filles, et je n'ai pas aimé la façon dont elle a renié ses parents pas assez ambitieux à ses yeux. Quant à Christophe, éternel ado de plus quarante ans qui ne pense qu'à la picole avec ses copains, il n'a même pas pensé à se battre pour son fils que son ex-femme a éloigné en déménageant hors du département (légalement, il aurait eu gain de cause). Des personnages bien construits donc mais que j'ai difficilement supportés.

Quant à l'intrigue, il n'y en a pas vraiment. Ils bossent, ils baisent, ils picolent. Voilà voilà, rien de désagréable mais souvent l'ennui pointe le bout de son nez...

Vous l'aurez compris, c'est mitigée que je ressors de ma lecture. Et j'en suis la première désolée puisque Nicolas Mathieu a su rendre un roman approfondi sur tous les bords, bien écrit également, comme je les aime d'habitude. le manque d'intérêt que m'auront suscité le milieu dans lequel évolue Hélène principalement et les personnages eux-mêmes, sans parler de la pseudo-intrigue, auront eu raison de mon manque de concentration. Quand je pense, par exemple, à ma liste de courses pendant ma lecture, c'est que ce n'est pas très bon signe. J'ai dû finir ma lecture à voix haute, afin de rester dedans et arrêter de penser à autre chose. C'est un rendez-vous manqué donc mais je reviendrai quand même vers l'auteur car j'ai tout de même aimé son style.
Commenter  J’apprécie          5713
J'annonce la couleur d'emblée : je vais m'inscrire en faux dans le concert de louanges unanimes que l'on entend autour du dernier livre de Nicolas Mathieu, mais j'en suis sincèrement désolé.
La série de podcast Bookmakers sur Arte nous a permis de rencontrer le jeune goncourisé et de l'écouter disserter longuement sur ses conceptions du roman en général, sa façon de travailler, son parcours et ses engagements.
Je le rejoins complètement sur ses théories sur la littérature. le culte du behaviorisme comme parti-pris esthétique est louable, complètement perceptible dans Leurs enfants après eux et précédemment dans Aux animaux la guerre.
De surcroît sa passion pour les rapports sociaux et son positionnement marxiste (sic) ont eux aussi tout pour me plaire.
Mais alors, comment se fait-il que je me sente le devoir de partager un avis négatif au sujet de ce dernier opus ?
C'est assez simple : Au regard de ce que j'ai évoqué en introduction je me sens intégralement floué, j'ai l'impression de m'être fait faire les poches des 24 euros que m'ont coûté le livre et plus encore de devoir toute ma vie partir à la recherche du temps perdu à parcourir cet objet.
Je vous fais grâce du résumé exhaustif de l'intrigue que je vais condenser. Hélène, cadre quadragénaire interpelle sur un réseau social une connaissance masculine emblématique des inclinations libidinales de son adolescence, ce qui va donner lieu à une relation extra-conjugale torride et fugace qui aboutira sur…pas grand-chose de plus qu'un divorce.
Le projet autour de ces enjeux maigrichons étant de nous donner à voir les problématiques sociales du prolétariat français de ces 40 dernières années.
Toi qui entre dans ce livre abandonne tout espoir de concision, de réalisme, de distance clinique, bref oublie le behaviorisme.
On est donc confronté à un style qui passe par toutes le figures les plus utilisées de l'académisme littéraire, discours indirect libre, zeugma etc…pour permettre à l'auteur de donner son avis sur toutes les grandes questions qui traversent les fils Facebook de tout un chacun.
Ainsi on va le voir gloser sur la complexité de l'éducation nationale aussi bien que sur les dernières tendances du management conçu par les cabinets de consulting, avec des observations circonstanciées qui vont de la couette qui ne sent pas très bon le matin à la soirée « feuilletés Picard ».
Et de tout cela il ne ressort pas grand-chose. On voit les coutures du dispositif. le fait que Nicolas Mathieu n'arrive pas à s'effacer derrière son discours nous montre combien ce qu' il nous livre ici est en fait mélange de ses propres frustrations, questionnements et de son destin social à lui.
J'ai eu à de nombreux moments l'impression qu'il contemplait l'héroïne qu'il façonne à son image comme Narcisse contemple son reflet.
Je crois donc que le grand péché du livre est qu'il s'agit d'un objet narcissique et que la lutte des likes occulte complètement la lutte des classes.
Ainsi Nicolas Matthieu recherche sans arrêt les suffrages, les applaudissements pour une phrase réussie, ou une situation marrante ou un cliché, et il perd complètement le propos qui pourrait être vraiment signifiant socialement, la donnée sociologique raffinée qui mettrait en évidence les déterminismes.
Et je me demande si auréolé de son prix Goncourt, l'auteur a encore envie de renverser l'ordre social et ses injustices.
Est-ce que finalement il n'est pas plus confortable depuis son trône d'écrivain national de commenter des photos sur Instagram à l'infini ?
C'est cet effet que m'a fait ce livre, celui d'une mosaïque de photos posées les unes à côtés des autres, mais sans vrai direction, à la limite sans point de convergence et donc presque sans point de vue autre que celui d'un souverain pontife.
Suffit-il de juxtaposer des photos de pauvres pour être socialiste ?
Je ne crois pas et je dois même dire que j'ai été mal à l'aise à la lecture de deux scènes qui se veulent rapportées du prolétariat. Celle du « lance-patate » et celle du mariage à la fin. J'ai trouvé qu'il s'agissait de sommets de condescendance et que Nicolas Mathieu aurait pu appeler son livre « Pardonne leur, ils ne savent pas ce qu'ils font » dans la lignée de ses illuminations bibliques précédentes.
Finalement il opte pour un titre de Sardou supposé résonner avec sa région lorraine, mais ça ne marche pas. Les prolétariats de la région Centre, mais aussi de la Bretagne, de la Picardie ou de la Corrèze se l'approprient de la même façon.
C'est comme ça que fonctionnent les tubes, avec des lieux communs et des cadences simplistes qui peuvent toucher les affects les plus profonds du plus grand nombre, mais n'ont surtout absolument aucune portée subversive.
C'est aussi comme ça que marche ce livre finalement.
Commenter  J’apprécie          5714
Hélène a 40 ans . Elle a réussi.Belle maison , beau poste dans le consulting, métier transformant le vent en or , deux fillettes adorables , un mari intelligent et bien placé. Mais l'équilibre est fragile depuis le retour en province.
Christophe, deux ans de plus, a une existence sans relief entre son père malade , sa femme barrée et son fils qui est harcelé ; lui, l'ex star locale de hockey est aussi à la croisée des chemins.
On va donc suivre 400 pages Hélène et Christophe , voir comment s'est construite leur vie , comment ils ont été éduqués, l'adolescence , les années lycée, la perte d'innocence que l'auteur décrit si bien.
Comment va évoluer l'existence d'un surdoué en sport et d'une élève au niveau scolaire hors du commun ?
L'auteur nous apporte un réponse claire, argumentée, comme une démonstration mathématique dont les étapes seraient anachroniques.
C'est beau , terriblement ancré dans le quotidien de chacun.L'âge, le temps qui se perd et ne se rattrape pas , la vie sans merci, la concurrence , la mesquinerie, l'envie d'ailleurs qui ne passe que par le cul mais dans quel but, les rapports familiaux.
Et l'auteur qui a coup d'images nous entoure de sa prose et nous ramène à notre vie. Revenir dans la ville de son enfance et s'y sentir aussi bien qu'en enfilant un pull moelleux , dégagé des contraintes numéraires et parentales, c'est tellement vrai.
Alors oui, les références musicales , télévisuelles parlent aux gens de ma génération et donnent un intérêt supplémentaire à l'ouvrage .Mais , pas besoin d'avoir vécu les années 80 ou 90 pour s'enthousiasmer à cette lecture.
J'ai tout aimé , l'auteur qui prend son temps de construire ses personnages, l'histoire , la beauté des mots pour relater le quelconque.
La partie sur l'adolescence m'a clairement rappelé les chansons de Damien Saez, un des seuls chanteurs à couilles en France .


Il ne parle pas à ses vieux.
Il prend le bus, le mp3
et du métal dans les oreilles.

Il voit les vies de tout ces gens qui s'en vont droit aux abattoirs
Cet inutile qui nous surprend
parfois qu'on verrait l'espoir.

Damien Saez ,les cours des lycées.
Merci monsieur Mathieu pour ce grand livre et tout ce qu'il évoque.
Commenter  J’apprécie          569




Lecteurs (6976) Voir plus



Quiz Voir plus

Connemara

De quelle école de commerce Hélène est-elle diplômée ?

Sup de Co Reims
Esc Lyon
ICN(Nancy)
HEC

6 questions
8 lecteurs ont répondu
Thème : Connemara de Nicolas MathieuCréer un quiz sur ce livre

{* *}