AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
DELL (27/06/1951)
5/5   1 notes
Résumé :
Nous n’avons pas encore dans notre base la description de l’éditeur (quatrième de couverture)
Ajouter la description de l’éditeur

Vous pouvez également contribuer à la description collective rédigée par les membres de Babelio.
Contribuer à la description collective
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten
Que lire après The Beachcomber (The Vessel Of Wrath)Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Etoiles Notabénistes : ******

The Vessel Of Wrath (parfois "The Beachcomber : The Vessel Of Wrath")
Traduction : Joseph Dobrinsky pour Omnibus

ISBN : Inconnu pour la jaquette indiquée mais 9782258055834 pour "Nouvelles Complètes" chez Omnibus

"Le Fléau de Dieu" est un titre bien de notre époque, n'est-ce pas ? Mais il ne faut pas oublier que "fléau" peut aussi symboliser la partie indispensable pour assurer l'équilibre des plateaux d'une balance. Ou encore représenter un outil bien utile pour l'agriculture. Ce sera à vous, lecteurs, de décider à quelle définition le traducteur a songé pour cette nouvelle dont le titre original signifierait plutôt : "Le Vaisseau de la Colère" - référence sans doute, et pour nous obscure, à quelque citation biblique.

Il y a beaucoup d'hommes de Dieu - ou prétendus tels - dans les nouvelles de W. Somerset Maugham, certains à l'état de simples silhouettes, d'autres bien plus consistants et redoutables comme le sinistre héros de "Pluie." Certains sont célibataires, d'autres mariés mais, très souvent, ils exercent sous les Tropiques avec leur soeur.

Tel est le cas du révérend Owen Jones, personnage, je le précise d'emblée, infiniment plus sympathique que l'horrible pasteur de "Rain" mais qui, forcément, n'a qu'un seul souci : gagner des ouailles au Seigneur parmi les Polynésiens et autres indigènes des îles Hélas - oui, c'est leur nom. Comme il est dévoué, sait se faire respecter sans s'imposer par la terreur ou le chantage, comme il n'hésite pas à faire des kilomètres et des kilomètres entre les différents archipels pour soigner accouchements difficiles et épidémies bien plus dangereuses, comme il n'est pas un obsédé résolument anti-sexuel et sait bien qu'on ne peut bâillonner tout le temps la Nature, il est plutôt bien perçu par la communauté des îles Hélas, qu'il s'agisse des Néerlandais, dont Mynheer Gruyter, en sa qualité de Gouverneur, représente l'autorité civile suprême, ou des Indigènes.

Pour l'aider dans son apostolat, car enfin, fût-on au service de Dieu, on ne peut être à la fois à la foire et au moulin , le pasteur Jones s'appuie sur sa soeur, Martha. Grande, osseuse, sèche, avec un nez un peu rouge, la malheureuse n'a rien d'une beauté. Mais elle est certainement bien plus douée question bonté et compassion que la Mrs Davidson de "Pluie". Avec cela, très efficace, assistant son frère en tout et capable, s'il le faut, elle va nous le prouver dans cette nouvelle, d'affronter un océan plus que troublé pour vaincre le choléra en plein délire dans une île voisine.

Bon, bien sûr, comme toutes celles qu'on appelait à cette époque "les vieilles filles", Miss Jones est très attachée à ses "Enfants de Marie" indigènes - ou à ce qui en tient lieu dans la confession protestante - et elle a un faible prononcé pour l'ordre et la bienséance. Enfin, nul n'est parfait. Comme elle est la première à l'admettre, nous pouvons bien lui passer aussi ce défaut général de l'Humanité, non ?

Or, sur l'île principale, le Désordre dans toute sa gloire s'est incarné un jour, il y a quelques années, descendant, avec des papiers parfaitement en règle, d'un navire hollandais. de son nom officiel, le Désordre s'appelait - et s'appelle toujours - Edward Wilson. Mynheer Gruyter, qui s'est lié de sympathie, et même d'amitié avec lui, n'a pas tardé à se rendre compte que, en dépit de tous ses efforts pour le dissimuler, le Désordre incarné avait reçu une excellente éducation et une tout aussi bonne instruction. Néanmoins, grâce à des efforts qu'on ne saurait trop qualifier de méritoires, Edward Wilson est devenu, très vite et pour tous, Ted le Rouquin, qui vit paisiblement des deux livres qu'on lui envoie mystérieusement d'Angleterre chaque mois et de petits travaux divers, le tout largement et régulièrement arrosé de bière, de whisky, d'arak - enfin d'alcool. Ajoutez à cela que Ted, outre sa chevelure rousse, est plutôt une force de la Nature et qu'il aime bien se bagarrer lorsque l'occasion s'en présente - et elle se présente presque toujours quand il a bu.

Au début de la nouvelle justement, une rixe de trop, dans un bar tenu par un honorable Asiatique, l'envoie devant le Tribunal où Mynheer Gruyter, pour une fois décidé à faire un geste à la requête du pasteur, venu se plaindre d'un énième et trop voyant excès érotique de Ted, le condamne à six mois de travaux forcés. Après avoir hurlé sur tous les tons qu'il aurait la tête du Gouverneur, Ted le Rouquin se calme et file accomplir sa peine dans une île voisine où, comme il le dira plus tard en rentrant, il y avait plein de jolies filles et tout l'alcool dont un homme normal a besoin.

Seulement, quand sonne l'heure du retour, les circonstances sont telles que voilà notre Ted obligé de voyager, dans une pirogue locale, avec Miss Jones, laquelle avait été déléguée par son frère, alors accablé par les fièvres, pour aller superviser la mise en quarantaine, dans une autre île, d'indigènes atteints du choléra. du côté opposé, on imagine sans peine l'horreur de Miss Jones lorsqu'elle voit Ted, toujours aussi à l'aise - et toujours aussi repoussant car elle le trouve repoussant, et c'est bien normal - se diriger vers le canot et y prendre place (non sans l'avoir saluée mais c'est elle qui détourne la tête). Las ! cette horreur n'est rien - mais alors rien du tout - lorsque, suite à une avarie, les deux passagers (Miss Jones et Ted) et l'équipage (un vieil Indigène borgne mais sympathique et son adjoint), sont contraints de faire relâche pour la nuit sur une toute petite île déserte afin de pouvoir réparer.

Assaillie par ces détestables visions que la Bible introduit dans la tête des personnes influençables, Miss Jones comprend tout de suite le plan - évidemment infâme - de ces individus libidineux. Ces trois hommes se sont mis en tête de lui prendre sa virginité, ni plus, ni moins. Et c'est Ted le Rouquin qui pousse les Indigènes à la violer. Ceux-ci auraient bien trop peur de la femme blanche qu'elle est ! Tandis que, évidemment, avec Ted pour montrer l'exemple ... Ah ! Seigneur ! Dieu Tout Puissant ! Assiste ta servante dans cet endroit perdu ! Esseulée, sans le moindre soutien de la part d'un Européen, livrée aux pensées impures de ces ... de ces ... hommes - tous les hommes ont des pensées impures, c'est plus fort qu'eux, surtout quand ils boivent et, bien entendu, Ted le Rouquin n'a pas quitté son "bagne" sans une bonne provision d'alcool ! ... Oui, Seigneur, que va devenir Ton humble servante, Martha Jones ?

Et Miss Jones de courir se trouver un coin isolé - mais pas trop, parce qu'il y a aussi des risques avec les animaux sauvages qui traînent dans cette région inconnue - de refuser sèchement la nourriture aimablement proposée par Ted en personne, de prier, et de prier encore, résistant du mieux qu'elle peut au sommeil ... lequel finit tout de même par s'imposer à elle.

Et le matin, quand elle se réveille - en sursaut, quelle femme, parmi vous, fidèles lectrices, ne l'eût point deviné ? - elle constate que quelqu'un est passé pour la recouvrir de deux sacs vides de coprah afin qu'elle ne prît pas froid dans l'air nocturne. Aurait-on ? ... Mais Miss Jones revient à la raison et s'avoue que, s'il s'était passé quoi que ce soit d'autre, elle l'aurait ... hum ... disons, senti ... Surtout que, comme elle le dira plus tard, "ces rouquins sont de telles forces de la Nature ..."

La pirogue ayant été réparée, tout le monde remonte à bord et l'on arrive bientôt aux îles Hélas. Non sans que, à sa profonde stupéfaction à lui, Ted le Rouquin, l'Indigne et l'Infâme de service, l'Obsédé sexuel doublé d'un Ivrogne invétéré, Miss Jones se soit montrée beaucoup plus gracieuse avec lui. C'est bien simple : la veille, il avait embarqué avec une espèce de Méduse et aujourd'hui, on dirait pratiquement la déesse de l'Amabilité.

En fait, il faudra à Ted, en dépit de toute son intelligence et de toute son éducation, bien du temps pour s'en rendre compte (ou pour l'admettre peut-être ?), le regard que pose désormais sur lui Miss Martha Jones est désormais bien différent.

Du tout au tout.

Mynheer Gruyter, qui comprend bien plus vite, aurait pu le prévenir. Mieux, le pasteur aurait pu prévenir Mynheer Gruyter avant même que celui-ci eût réalisé la situation mais ...

L'une des nouvelles les plus malicieuses de l'auteur britannique, et qui se termine bien en plus. Si "Pluie" laissait le lecteur sur une fin méritée mais somme toute affreuse, "Le Fléau de Dieu" lui donne bien du plaisir et lui révèle un Somerset Mauham bien moins amer et sarcastique que d'habitude. Même la fin de la nouvelle n'a rien du coup de griffe habituel. La chute se fait avec la douceur de la patte de velours d'un chat heureux de lui-même et des autres - et qui trouve que, parfois, la Vie n'est pas si mal que ça. Oh ! on a tout de même un petit sourire ... mais c'est peut-être pour mieux cacher son émotion.

A lire et à relire. Ce "Fléau de Dieu"-là, croyez-moi, on en redemande ! ;o)
Commenter  J’apprécie          20

Citations et extraits (2) Ajouter une citation
[...] ... Il mit son hôte au courant des nouvelles. Peu de choses s'étaient passées dans les six derniers mois. Pour les habitants des îles Hélas, le temps ne comptait guère et le reste du monde encore moins.

- "Y a une guerre quelque part ?" demanda Ted.

- Non. A moins que ça m'ait échappé. Harry Jarvis a trouvé une assez grosse perle. Il compte en demander mille livres.

- Pourvu que ça marche !

- Et Charlie McComarck s'est marié.

- Il a toujours été un peu ballot."

Le boy fit, alors, irruption dans la pièce pour demander au gouverneur s'il pouvait recevoir le révérend Jones. Avant même que son maître eût pu lui répondre, le pasteur entra.

- "Je ne vous dérangerai qu'un instant. Depuis ce matin, je suis à la recherche de cet homme de bien et, quand j'ai su qu'il était ici, j'ai pensé que vous ne verriez aucun inconvénient à ma visite.

- Comment va miss Jones ?" lui demanda poliment le gouverneur. "J'espère qu'elle ne se ressent pas trop de sa nuit à la belle étoile.

- Ça l'a un peu secouée, bien sûr. Elle avait la fièvre et je lui ai prescrit un repos au lit ; mais je ne crois pas que ce soit bien grave."

Les deux hommes s'étaient levés à l'entrée du missionnaire. Ce dernier s'avança vers Ted, la main tendue.

- "Je tiens à vous dire ma gratitude. Vous vous êtes montré noble et généreux. Ma sœur a raison : nous devrions toujours chercher le bien chez autrui. Je dois avouer que je m'étais, autrefois, trompé sur votre compte : je vous en demande pardon."

Il parlait d'un ton solennel, sous le regard ébahi de Ted le Rouquin. Contre sa volonté, le missionnaire lui avait pris la main et ne la lâchait plus.

- "J'pige vraiment pas.

- Ma sœur était à votre merci et vous l'avez épargnée. J'ai honte de n'avoir vu que le Mal en vous. Elle était sans défense et en votre pouvoir, mais vous avez eu pitié d'elle. Je vous rends grâce du fond du cœur. Ni ma sœur, ni moi-même n'oublierons jamais notre dette envers vous. Que le Seigneur vous bénisse et vous tienne en Sa garde !"

Sa voix tremblait un peu. Il détourna la tête pour cacher son émoi, lâcha la main de Ted et sortit rapidement. Ted le suivit des yeux d'un air éberlué.

- "Tu y entraves quelque chose ?" demanda-t-il. ... [...]
Commenter  J’apprécie          10
...] ... Mais Mr Jones n'avait cure des menus propos et n'avait pas le goût des idées générales.

- "Hier soir, une querelle ignoble a éclaté dans un magasin tenu par des Chinois.

- Je suppose qu'il avait encore trop bu ? " demanda le gouverneur sans s'émouvoir.

- Bien sûr. L'avez-vous jamais vu à jeun ? Quand les propriétaires ont appelé la police, il s'est jeté sur le brigadier. Il a fallu six hommes pour le traîner jusqu'à la prison.

- C'est un costaud !" commenta le gouverneur.

- "Je suppose que vous allez l'envoyer à Macassar ?"

Devant l'indignation peinte sur les traits du missionnaire, un éclair de malice s'alluma dans le regard de Gruyter. C'était un fin renard et il voyait venir son interlocuteur. Mais il jubilait de pouvoir l'asticoter un peu.

- "Heureusement, les pouvoirs dont je dispose sont assez étendus pour me permettre de régler cette affaire par moi-même.

- Vous pouvez expulser qui bon vous semble et je suis sûr que vous vous épargnerez bien des ennuis en vous débarrassant une fois pour toutes de cet individu !

- J'ai, en effet, le pouvoir de le faire mais je suis convaincu que vous seriez la dernière personne à souhaiter à ce que j'en abuse ?

- Mynheer Gruyter, la présence de cet homme est un sujet de scandale. Il ne dessoûle pas du matin au soir et personne n'ignore qu'il séduit les femmes indigènes l'une après l'autre.

- Vous soulevez là un point qui m'intéresse. J'avais toujours entendu dire que l'excès d'alcool stimulait les désirs sexuels mais entravait leur accomplissement. Ce que vous m'apprenez de Ted le Rouquin semble aller à l'encontre de cette théorie." ... [...]
Commenter  J’apprécie          10

Videos de William Somerset Maugham (15) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de William Somerset Maugham
"Servitude humaine" Livre vidéo. Non sous-titré. Non traduit.
autres livres classés : bagneVoir plus
Acheter ce livre sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten


Lecteurs (1) Voir plus



Quiz Voir plus

On Ⓜ️ bien ou on Ⓜ️Ⓜ️ beaucoup ❓❓

Choisissez la bonne orthographe ...

consumer
consummer

10 questions
55 lecteurs ont répondu
Thèmes : culture générale , orthographeCréer un quiz sur ce livre

{* *}