AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,73

sur 2859 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Quel style! Quelle maîtrise précise de l'écriture!
J'avais lu dans ma jeunesse ce roman sans en avoir gardé un souvenir précis. Il y a si longtemps!
En le relisant, je m'aperçois que c'est un chef d'oeuvre que j'avais oublié.
On pénètre dans la tête de l'héroïne jusqu'à ressentir ses moindres émotions.
On entend avec elle, le vent agiter les pins autour de la maison.
On est dans ce roman en compagnie de Thérèse et de son malaise.
Magnifique!
Que personne ne se prive de lire Thérèse Desqueyroux. En plus, c'est très court, ça vous prendra très peu de temps.
Commenter  J’apprécie          171
Thérèse Desqueyroux frôle le crime et s'enfonce dans la folie. le lecteur plonge avec elle. Il constate l'insignifiance bornée de ce mari qu'on lui a donné pour le nom. Il laisse les doses de médicament devenir assassines. Il s'enferme dans sa chambre et se laisse défaire. Il s'éloigne, lentement, du monde des gens de bien. Si ce roman où il ne se passe presque rien, quelques rêves qui s'écroulent, une pensée qui se perd, une femme qui fuit, accroche le lecteur, c'est que "Thérèse Desqueyroux, c'est moi", c'est la difficulté de vivre libre enfermé dans la lourdeur d'un monde immobile.
Commenter  J’apprécie          30
Thérèse Desqueyroux évoque les conséquences que peuvent avoir les mariages arrangés. On se situe au début du XXème siècle, au sein de la bourgeoisie bordelaise et Thérèse, qui aspire à d'autres rêves, est contrainte d'épouser un homme qu'on lui impose pour des raisons financières.
Elle ne parvient pas à trouver le bonheur aux côtés de son époux Bernard et rejette le conformisme qui règne au sein de ce monde bourgeois, à tel point qu'elle commet l'irréparable.
Qu'est-ce l'a conduite à tenter d'empoisonner son mari ? C'est avec un flash-back que Thérèse se remémore son enfance, son adolescence et enfin ses fiançailles avec Bernard et leur mariage. A travers ce parcours, Mauriac ne cherche pas d'excuses mais il expose les faits et le cheminement psychologique de Thérèse qui l'ont poussée à tuer son mari.

Ce roman n'est autre que le récit d'une femme qui n'est pas comblée, qui subit son mariage alors qu'elle rêve d'indépendance. Une solution pour s'en sortir : tuer son mari. Une oeuvre qui retrace les souffrances d'une femme qui ne peut pas se contenter d'une vie bien rangée. Un classique poignant et qui se lit facilement.
Commenter  J’apprécie          261
J'ai plus l'habitude, par plaisir, de lire des romans récents. Mais quel plaisir de se replonger dans un classique!

Les phrases ciselées, chaque mot pesé, une histoire construite sur un fil où Thérèse marche, entre solitude insoutenable et haine des autres. Tout est magnifique!

Commenter  J’apprécie          240
Thérèse Desqueyroux s'apprête à rentrer dans la propriété où l'attend son mari. Elle a tenté de l'assassiner, il le sait, mais il n'y aura pas de prison pour Thérèse, du moins pas officielle : ici les apparences sont plus importantes à sauver que la justice.
Voilà un roman très court, qui aborde néanmoins une multitude de sujets : condition de la femme au début du XXème siècle, mode de vie chez les bourgeois, quête d'identité, maternité...
Je n'ai pas pu accabler totalement Thérèse, malgré son geste, parce que la vie à laquelle elle était destinée me révulse. Une vie sans amour, sans passions, à garder en soi tout ce que l'on est, sans pouvoir le partager avec quiconque.
Une vie pour rien.
Un court roman, qui passionne et interroge sur soi-même et sa vie intérieure.
Commenter  J’apprécie          210
"Au fond de cette calèche cahotante, sur cette route frayée dans l'épaisseur nocturne des pins, une jeune femme démasquée caresse doucement avec la main droite sa face de brûlée vive"...

...Voilà comment François Mauriac, par la magie de ces petites phrases qui démontrent à quel point Thérèse Desqueyroux fut chère à son coeur, et à quel point il fut touchée par sa vulnérabilité, parvient à nous attacher à une empoisonneuse. Comme si lui-même s'était à son insu laissé séduire par son propre personnage.
Mais qui est Thérèse ? Il serait injuste de la limiter au résultat de l'inspiration que fit naître chez l'auteur la vision de Blanche Canaby -au procès de laquelle il assiste- dans une salle de Cour d'assises : à partir de l'image marquante de cette femme accusée d'avoir voulu empoisonner son mari, François Mauriac imagine sans doute l'un des plus émouvants portraits de femmes de la littérature (enfin, c'est en tous cas mon avis).


Le récit s'ouvre sur la sortie de Thérèse du tribunal, et le cri de victoire de son avocat à son père, venu la chercher : "non lieu !" le père est soulagé, cette sordide histoire risquait de compromettre sa carrière politique. Lors du trajet à pieds qui leur permet de rejoindre la calèche qui ramènera Thérèse au sein du foyer conjugal, les deux hommes échangent des considérations sur l'affaire comme si elle n'était pas là, nous laissant augurer de l'immense solitude qui entoure la jeune femme, impression que ne démentira pas la suite du roman.


Sur le chemin du retour, elle s'illusionne, pleine de bonne volonté, sur un nouveau départ aux côtés de ce Bernard Desqueyroux qui ne lui ressemble pas. Elle s'imagine lui confier en toute sincérité les chemins tortueux qui l'ont amenée à augmenter la posologie de son traitement médicamenteux, au risque de provoquer sa mort... Pour cela, elle se laisse aller à ses souvenirs, remonte jusqu'à l'enfance, y tâtonnant à la recherche d'indices expliquant la femme qu'elle est devenue.
Thérèse a toujours été différente. Adolescente issue d'une famille de riches propriétaires terriens aux idées progressistes, Thérèse fut une élève intelligente, exigeant d'elle-même une certaine supériorité spirituelle. Et c'est avec un peu de condescendance qu'elle considérait la candeur et la bienveillance de son amie Anne de la Trave, rendues faciles par la force de sa ferveur religieuse.


A l'aune de sa vie de mère et d'épouse, son enfance lui apparaît comme un paradis...


Car la chute de Thérèse a commencé avec le mariage. Une union convenue, une histoire de transmission de patrimoine, avec le demi-frère d'Anne. Cela aurait pu être pire : Bernard est un homme instruit, sans doute un peu moins rustre que ces hommes de Landes à l'âme simple, qui ne se posent guère de questions hormis celles touchant à la terre, à la chasse et au domaine, davantage attachés à leurs pins qu'à leurs épouses... Mais l'incompréhension entre les deux époux est pourtant totale. La complexité psychologique de sa femme est pour Bernard un mystère inapprochable et incongru.

L'ampleur du fossé qui les sépare est confirmé à Thérèse par sa rencontre avec Jean Azevedo.

Anne, sa belle-soeur, s'est éprise de ce dernier, au grand dam de ses proches : il est hors de question que ce juif, certes riche mais dont la rumeur prétend qu'il porte dans son sang la tare tuberculeuse de sa famille, intègre le clan Desqueyroux. On demande à Thérèse d'intervenir, elle seule saura convaincre son amie de toujours.
Thérèse découvre alors en Jean Azevedo un jeune homme brillant, ambitieux, qui lui fait entrevoir la possibilité d'une autre vie... elle réalise qu'il existe des chemins hors des sentiers battus tracés à son intention, des ailleurs où peut-être, elle pourrait laisser s'épanouir cette différence qu'elle sent, de façon presque inconsciente, en elle. Il n'est pas question, entre ces deux-là, d'amour ni d'attirance sexuelle (Jean repartira d'ailleurs bien vite à Paris, indifférent aux émois suscité par son passage) : c'est juste qu'une porte a été entrouverte devant Thérèse, et son impuissance à la franchir la rend malade de désespoir. Un désespoir sourd, invisible aux yeux du monde. Elle-même appréhende difficilement ce qu'elle attend exactement de l'existence. le mal-être qui la ronge est profond mais insidieux, sa conviction de n'être pas faite pour cette vie de mère au foyer est à peine consciente.
Thérèse est une prisonnière, dont le refus de se plier aux rôles de mère et d'épouse que lui imposent les carcans d'une société patriarcale la font considérer comme un monstre. Son geste -cet empoisonnement lent, pratiqué de manière presque anodine- est davantage un réflexe de survie, une tentative naïve et instinctive pour se libérer, que le résultat d'une volonté délibérée.

Ses aspirations paraîtraient aujourd'hui bien naturelles, même banales. le drame de Thérèse Desqueyroux, c'est finalement d'être un esprit libre et moderne, dans un milieu et à une époque où la femme n'est considérée que comme un instrument de perpétuation...


Lien : http://bookin-ingannmic.blog..
Commenter  J’apprécie          151
Grand roman.
Thérèse est complexe mais c'est cette complexité qui rend son personnage intéressant et vivant.
C'est un roman féministe, social mais aussi un roman sur les interdits, sur la non-communication, sur le manque d'amour familial et sur la liberté.
Commenter  J’apprécie          41
Je découvre sur le tard « Thérèse Desqueyroux » et je suis extrêmement troublée par ce livre.

Troublée de retrouver mes sensations de lycéenne face à une de ces lectures « difficiles » d'auteurs du début du XXème au programme, qui m'ont presque tous à l'époque donné du mal : Proust, Malraux, Gide

Troublée face à ce style très travaillé, assez indirect, tout en allusions, dans lequel il est difficile de s'appuyer sur des repères solides.

Troublée par cette femme, Thérèse Desqueyroux, personnalité d'une profondeur si difficile à sonder. Femme brillante et non conventionnelle, emmurée dans une vie maritale sans horizon, sans espoir d'élévation intellectuelle, émotionnelle ou spirituelle, enfermée dans la maison landaise d'une belle-famille balzacienne (front bas, obsession patrimoniale, ligne de vie guidée par les convenances), même la pluie qui tombe sur la lande fait barreau, Thérèse Desqueyroux va tenter d'assassiner son mari. Ce n'est pas un crime passionnel, mais un empoisonnement muri, réfléchi, répété.

Troublée parce qu'il est difficile d'interpréter ce geste, dont je me suis demandé s'il tenait de l'exorcisme, du divertissement pascalien, de la tentative d'évasion ou de la vengeance, ou de tout cela à la fois.

Un trouble qui se poursuit après avoir refermé le livre sur l'acuité et le désespoir du regard de cette femme.
Commenter  J’apprécie          310
La première chose qui me frappe en écrivant cette chronique, c'est que le résumé rend plutôt bien justice à l'ambiance générale du roman dans la mesure où il arrive parfaitement à retranscrire le mystère et le suspens présents dans le livre dès la première ligne !

En effet, dès le début je me suis sentie « aspirée » par les événements et le personnage de Thérèse. Cela a été possible grâce à deux choses : déjà parce que François Mauriacmet immédiatement le lecteur dans la peau de l'héroïne en décrivant les événements de son point de vue à elle ; et ensuite parce que l'action commence très brutalement : nous sommes dans une salle de tribunal et toute la tension semble se relâcher lorsque le juge prononce un non-lieu en faveur de Thérèse Desqueyroux.

Au début, on ne sait que très peu de choses : on devine que Thérèse a commis un crime mais sans savoir lequel. Pendant toute la première partie du roman, Thérèse se remémore les événements de sa vie et essaie de trouver dans son passé les raisons qui l'ont poussée à commettre ce crime. Non pas pour se comprendre ni pour s'analyser, mais pour trouver une excuse et des explications à donner à son mari, qui l'attend chez eux ! En fouillant son passé pour y déceler les origines et les fondements de son crime, c'est comme si elle cherchait à se déresponsabiliser et à dire : « ce n'est pas de ma faute, c'est de la faute de mon histoire et du hasard » !

En tout cas, si Thérèse n'a pas l'air de vouloir s'avouer son crime, n'attendez pas non plus que Mauriac vous l'explique clairement ! le roman repose sur un non-dit, sur un crime suggéré par l'auteur et que le lecteur devine rapidement, mais qui n'est jamais explicité. C'est surtout grâce à ce non-dit que la tension est aussi palpable dans ce roman et que le suspens est vraiment captivant !

Mais le suspens ne serait pas aussi intense sans le personnage de Thérèse. Mauriac a réussi à créer un personnage vraiment trouble et énigmatique. Si elle essaie de trouver des explications à son crime, elle ne demande pardon à aucun moment et ne semble pas du tout regretter son acte.

Une des choses qui frappe le plus chez Thérèse, c'est le rapport très étrange qu'elle a à l'amour. Dès le départ, on sait que son mariage est arrangé et qu'elle n'est pas amoureuse de son mari ; mais rapidement, on comprend qu'elle ne semble pas porter beaucoup plus d'affection à ses parents, ni même à son enfant ! C'est un être qui semble incapable d'aimer. On a parfois l'impression qu'elle voudrait aimer les gens, mais qu'elle sait d'emblée qu'elle ne peut ou ne sait pas le faire. C'est une femme qui peut paraître très cruelle puisqu'on a parfois l'impression qu'elle jouit du malheur des autres et qu'elle prend plaisir à leur faire savoir qu'elle ne les aime pas !

La seule personne envers qui Thérèse semble avoir de l'affection, c'est Anne, la soeur de son mari. Lorsqu'elle se remémore son enfance, elle décrit ainsi des moments très tendres et complices passés avec Anna, des moments presque sensuels et qui sont les seuls à lui avoir fait connaître « une telle paix ». Cette relation apparaît presque comme ambigüe, mais là encore Thérèse sera incapable de faire preuve de gentillesse et de compassion.
Lien : http://ulostcontrol.blogspot..
Commenter  J’apprécie          00
François Mauriac jette un pavé dans la mare des microcosmes villageois où les convenances priment, où les conventions sociales doivent être coûte que coûte respectées au prix de l'annihilation du développement personnelle des femmes, surtout, qui sont dangereuses quand elles pensent et surtout quand elles lisent ; au prix aussi de la privation de toutes libertés : penser, expérimenter, débattre, à tel point qu'il ne reste plus aux héroïnes que la plongée dans l'idéal, le rêve, la folie (presque) et les illusions souvent, avec tout ce qu'ils impliquent de risibles, pathétiques, tragiques et ravageurs. Je trouve que ce roman est un très beau portrait assumé d'une empoisonneuse perdue et sauvée à la fois par les conventions sociales, dont les conflits et troubles intérieurs sont magistralement évoqués.
Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (14261) Voir plus



Quiz Voir plus

Thérèse Desqueyroux - François Mauriac

En quelle année a été publié le roman ?

1907
1917
1927
1937

10 questions
135 lecteurs ont répondu
Thème : Thérèse Desqueyroux de François MauriacCréer un quiz sur ce livre

{* *}