Je sais maintenant comment le monde a commencé…
Je m'écorche aux diamants qui dansent dans mon corps. Ça joue, brûle, ça me piétine. Seules les ombres sont réelles, seuls les fantômes sont vrais. Des roses, des nuages, et des épines. C'est la mélancolie du soir qui me saisit, c'est le jour, poignant, qui commence, où sombrent les années dans l'oubli. Peut-être. Dans les ailes de mon moulin maman tourne parce qu'elle court avec moi depuis les premières lignes. À qui d'autre les devrais-je ? Son roman est la toupie de ma maison. Un poème. Sous l'arbre des cieux, mon paradis et mon enfer, je guette, l'oreille tendue. J'aime ça à la folie. Ça me mord jusqu'au sang. Ça mord tout mon corps, et les lèvres du livre se répandent comme autant de voix. Le poème. Dans la plaine nue je suis seule, seule, et la bêtise n'est pas triste mais elle est hantée. Des guerres, des guerres, des guerres, maman, ça me tue ! Quelle idée de m'avoir traînée partout avec toi. Je l'entends dans le noir te traiter de catin, pauvre con. Ça mord tout mon corps. Mais les nœuds se défont, maman, et l'ardente insolence passe entre les lignes et sous les digues. Ça bat dans le ciel comme dans l'océan. Le poème. Je sais maintenant comment le monde a commencé.