Les saisons de la nuit

Je souhaitais lire un livre américain, certes, mais, celui-ci a un petit quelque chose en plus.
Que ceux qui pestent sur les réseaux sociaux doivent se demander ce qu'ils mettent dans leurs suivis, car, c'est en ayant sous les yeux la page de la librairie Millepages à Vincennes que j'ai pu avoir ce conseil. Effectivement, ils avaient filmé la visite impromptu de François Busnel dans leurs rayons.
Et, je le rejoins complètement après cette lecture, c'est un livre sur New York et sa construction. Les ouvriers qui se sont occupés des tunnels sous l'Hudson, ou, des gratte-ciel ont été complètement oublié aujourd'hui. D'ailleurs, c'est un sujet malheureusement d'actualité avec le projet du Grand Paris où il y a encore eu un décès dernièrement.
Effectivement, on est plus à la même époque, cependant, les patrons qui ne pensent qu'au profit aux dépens de ceux qui creusent, c'est toujours le cas.
Il y a de la poésie du quotidien entre ces lignes, même quand on suit ce personnage vivant sous la terre. Des fois, on s'ennuie avec lui, jusqu'à la toute fin où tout s'enchaîne en même temps que le levé du voile sur son identité. On lit en parallèle le destin de Walker qui m'a complètement fasciné. Il est donc temps de remettre sous la lumière du jour, les saisons de la nuit de Colum McCann.

La littérature américaine est capable du meilleur comme du pire..., surtout quand l'auteur est irlandais ;-). Pardonnez la plaisanterie.
Loin des mièvreries, de la guimauve et des feel-good books, on touche ici au meilleur des récits new-yorkais. Sans rien vous dévoilez (d'autres le feront mieux que moi) je vous avertis néanmoins que l'auteur attaque fort dès les premiers chapitres avec une anecdote invraisemblable mais véridique et dès lors vous ne pourrez plus lâcher l'alternance d'épisodes convergents vers une fin qui est peut-être le point faible du roman. Pas toujours facile de conclure mais néanmoins les 300 pages qui précèdent sont d'un tel régal, un narratif qui enchaîne, telle une saga unipersonnelle, les deux destins dont on cherchera tout au long des développements ce qui peut bien les unir. Je n'en dirai pas plus!

LES SAISONS DE LA NUIT de COLUM MCCANN
Dire que j'ai aimé ce livre serait bien en dessous de mon ressenti. C'est un petit chef d'oeuvre pour moi. Tout commence dans un percement de tunnel pour le métro de New York. On se retrouve plus tard dans la construction des gratte ciels tout en haut. Des ouvriers, des sdf, des histoires qui se croisent, qui nous tiennent en haleine. Un couple mixte dans le New York des années 20. Des personnages puissants, un style qui rappelle Faulkner à son meilleur. Une des plus belles plumes contemporaines, un auteur à lire absolument.

Magnifique livre parue en 1998 qui nous introduit auprès des creuseurs de tunnels dans le New-York du début et du milieu du XXème siècle, et des constructeurs de gratte-ciels : pas les ingénieurs, mais les ouvriers en bas de l'échelle. Nous côtoyons aussi les marginaux qui vivent dans les souterrains plus ou moins abandonnés de la grande ville ou dans des repaires improbables. Tout cet univers est décrit avec une certaine crudité dans le propos, qui reste toujours enlevé, prenant et agréable, servi par la belle traduction de Marie-Claude Peugeot, et l'ensemble s'appuie visiblement sur des fondements tout-à-fait historiques. Colum McCann parvient avec un immense talent à nous faire approcher ce que vivent ses personnages, presque comme si l'on était à leur place. Ainsi on perçoit mieux cette vie souterraine dans le entrailles de la mégapole, que justement les gens ordinaires ne veulent pas voir.
On sent une influence de la beat génération (Jack Kerouac, Hubert Selby Jr et autres John Fante) et c'est tant mieux, pour notre plus grand plaisir.
À recommander chaleureusement à tout amateur de littérature américaine (ou, ici, irlandaise).

Un beau roman de Colum McCann qui met l'accent sur deux questions majeures de l'histoire sociale américaine : la condition des afro-américains au début du XXe siècle et la situation des « homeless » à la fin de ce même siècle. le récit est intelligemment construit en faisant se correspondre, vers la fin du livre, les trajectoires des deux principaux personnages : Clarence Walker, l'ouvrier noir, et Treefrog, le SDF, lesquels – on l'apprend après l'avoir deviné –, sont dans une relation de parenté très directe (je n'en dis pas plus…).
C'est fort, c'est juste, sans pathos inutile. le style m'a parfois fait penser à « La route » de McCarthy, notamment dans la description des choses simples qui occupent la vie de Treefrog (comme celles qui parsèment le trajet du père et de son fils dans le roman postapocalyptique…).
Pour moi, une découverte intéressante qui m'incite à lire d'autres oeuvres de cet auteur, Colum McCann, que je ne connaissais pas.

Des souterrains de New York aux chantiers des plus hauts buildings, des années 1915 à nos jours, l'auteur nous fait littéralement vivre avec quelques ouvriers et leurs proches ainsi qu'avec quelques sans abris vivant dans les souterrains du métro. Précarité, ségrégation raciale, folie, pauvreté mais aussi amour, amitié et force des racines...autant de thèmes abordés avec justesse, passion et total réalisme. Les personnages sont plus que bien construits et on ne peut qu'aimer Walker (père) et frémir avec lui et Freefrog. Les personnages féminins sont beaux mais assez effacés, ce qui sera mon seul bémol pour ce superbe roman. Ce livre restera dans mon top et je le relirai avec plaisirs d'ici quelques années, je le sais déjà.

Un livre somptueux, une écriture brillante...
Avec "Les saisons de la nuit", Colum McCann s'est élevé au rang des plus grands auteurs américains (et accessoirement de mes auteurs préférés même si tout le monde s'en fout ! ;) ). Il a su dépeindre avec justesse et humanité les multiples facettes et vies de New-York, celles des terrassiers qui creusent les tunnels du métro new-yorkais en 1916 et celles des SDF qui tentent de survivre dans ces mêmes tunnels bien des années plus tard. Une plongée dure et parfois pesante dans les entrailles de la ville qui ne dort jamais à la rencontre de ces âmes oubliées. Un livre social et engagé servi par un style magistral. Tout simplement génial !

Certains penseront peut-être que ce livre n'est qu'une histoire de plus narrant la vie d'une famille dans un contexte donné. Pour moi, elle se démarque de plusieurs manières. Colum McCann commence par relater avec brio le récit de ces terrassiers qui, malgré la difficulté de la tâche, la poussière, la saleté, l'inconfort, mettent leur coeur dans ce qu'ils font, ont conscience de le faire bien, de participer à l'histoire de la ville. Ils parviennent à tirer le meilleur parti de leur situation. Par exemple, Con O'Leary invente le jeu de la balle de revolver, certains font toujours la même blague à Rhubarbe Vannucci à propos de la crème anglaise, etc. Leur fraternité, leur solidarité sont tout de suite évidentes dans de petits gestes, des attentions, une synchronisation parfaite. le récit de la construction dure peu, mais c'est de là que tout part. C'est après l'accident que Nathan Walker, conscient de ce à quoi il a échappé, mais aussi de l'importance de son amitié avec ses trois équipiers, voudra renforcer les liens, et que les choses prendront un tournant qu'elles n'auraient peut-être pas pris. À partir de là, l'histoire de ces personnes aux destins irrémédiablement entremêlés se déroule.
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Juste envie de dire que c'est une pure merveille... C'est pas une critique ça ? Ben tant pis !

Voilà un livre dont l'hyper-réalisme nous opresse et nous dérange.

Dans les Saisons de la Nuit, Colum McCann nous immerge dans deux temporalités (passée et présente) et deux histoires (celles des bâtisseurs et des terrassiers, des sans-abris) de New-York.

Les Saisons de la Nuit n'est pas facile à visualiser tant les lieux décrits sont différents de notre quotidien. Bien que misérables, l'auteur - lui-même connaisseur du milieu car il en faisait parti - rend malgré tout les personnages humains, touchants, attachants. Leurs moments de bonheur contrastent avec ce livre sombre, ce qui le rend agréable a lire et beau.