The Mermaids Singing
Traduction : Annie Hamel - Revu par
Agnès Colomb
Extraits
Personnages
Si vous tapez "
Val McDermid" sur le Net, vous verrez qu'on crédite souvent ses romans d'une violence que, selon les mêmes sources, elle décrirait avec un luxe de détails presque inquiétant. En parallèle, on reconnaît en général à l'Ecossaise l'art et la manière d'agencer des intrigues souvent très complexes.
Eh ! bien, pour tout vous dire, je vous avouerai que, question violence et étalage plus ou moins complaisant de ladite violence,
Val McDermid ne m'a pas précisément choquée. J'ai lu bien pire - tout récemment encore cet "Evangile Selon Satan" que je ne suis pas parvenue à terminer, ou encore "
In Tenebris" de
Maxime Chatam. J'irai même jusqu'à assurer que
Patricia Cornwell, malgré la froideur quasi clinique de ses textes, est allée maintes fois bien plus loin que
McDermid.
Evidemment, les tueurs de
Val McDermid ne sont pas des anges. Ainsi, celui qu'elle met en scène dans ce "Chant des Sirènes" - dont chaque chapitre s'ouvre sur une épigraphe extraite de "Du Meurtre Considéré Comme Un des
Beaux Arts", de Thomas de Quincey - a recours à des procédés couramment employés par l'Inquisition pour perpétrer ses crimes. Ce n'est pourtant pas l'amour de la violence et du sang qui le fait agir mais - ce qui n'étonnera aucun catholique - la certitude qu'il doit châtier ceux qui se sont moqués de lui. Cette fascination pour le
châtiment se double bien entendu d'une culpabilité refoulée dont je vous révèlerai pas les motifs afin de ne pas déflorer l'intrigue de ce roman où apparaissent pour la première fois les personnages de l'inspecteur-principal Carol Jordan et du profileur "à l'anglaise" Tony Hill.
Autre excellente surprise : l'angle sous lequel
Val McDermid a choisi de traiter le thème du profileur. Nous sommes loin des clichés habituels - et qui nous viennent tous des USA. le lecteur ne trouvera donc ici ni "flashes" géniaux qui permettent au héros de "voir" ce qu'a fait l'assassin, ni crises d'angoisses compensatoires avec gros plans sur la sueur et
le malaise ressenti, et pas même les discours stéréotypés sur la meilleure manière d'établir un profil psychologique.
McDermid choisit de dire la vérité : à savoir que, pour cerner un tant soit peu la personnalité d'un criminel, il faut soi-même partager son univers mental. Mais là où le meurtrier, serial-killer ou pas, bascule dans les ténèbres, le profileur (ou la profileuse) parvient à se garder de l'abîme. Pourquoi ?
McDermid ne donne aucune réponse à son personnage qui, pourtant, n'arrête pas de s'interroger sur ce qui le rend si semblable et pourtant si différent de celui qu'il traque.
Si j'avais à définir
Val McDermid et le monde qu'elle recrée dans ses polars par un seul mot, je choisirais : "subtilité." Sa manière d'analyser les profondeurs de ses personnages, héros ou anti-héros, est exceptionnelle de finesse et d'humanité. Dans "
Le Chant des Sirènes", l'espace d'un instant, elle parvient même à nous faire comprendre les motivations de l'assassin et à nous faire toucher son humanité. Tout cela sans sombrer le moins du monde dans le mélo - et, vu le contexte, il fallait le faire.
Je ne vous étonnerai donc pas en vous révélant que, après "
Le Chant des Sirènes", je me suis procuré d'autres volumes de
Val McDermid, dont les fiches suivront ci-dessous. Et, ô joie ! il m'en reste encore un certain nombre à lire. ;o)