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EAN : 9782330123000
500 pages
Actes Sud (13/03/2019)
3.55/5   22 notes
Résumé :
Après une soirée un peu trop arrosée, Marie King entre sur un coup de tête dans un salon de tatouage. Elle en ressort une heure plus tard avec une fleur dessinée sur l'épaule. Cette sexagénaire australienne, fraîchement divorcée, ignore encore qu'il s'agit du premier tatouage d'une longue série. Et qu'il va bouleverser le cours de son existence.
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Marie King, cinquante-neuf ans, a élevé trois enfants, maintenant grands ,et après son divorce, se retrouve seule avec son  vieux chat dans ce qui était la maison familiale. Elle s'occupe de son immense jardin , boit un peu trop et dépense comme au temps de sa vie confortable, même si elle n'en a plus vraiment les moyens.
Un jour ,sur une impulsion, elle se fait faire un tatouage et c'est tout un monde qui s'offre alors à elle, au grand dam de ses enfants.
C'est donc par le biais d'une artiste tatoueuse, qui deviendra une amie, voire une guide, que Marie va peu à peu reprendre le contrôle de son existence et affronter les épreuves qui l'attendent.
L'encre vive est rempli de fleurs, d'arbres et de plantes qui semblent s'évader du jardin de Marie pour venir s'inscrire dans sa peau de manière irréversible, alors même que notre héroïne va devoir accepter progressivement toute une série de pertes.
Marie prend aussi progressivement conscience de son aveuglement volontaire concernant ses prétendus amis et va nouer des liens plus intenses avec des gens de milieux bien différents.
Alternant les points de vue, l'auteure ne perd pourtant jamais son lecteur qui dévore, presque sans s'en-rendre compte les 537 pages de ce magnifique portrait de femme, pages bruissantes de marque-pages.

Et zou, sur l'étagère des indispensables !
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Chez les King il y a d'abord Marie, la mère, cinquante-neuf ans. Elle règne sur la grande demeure idéalement située dans le meilleur quartier de Sydney, seule depuis son divorce. Son ex est un ponte de la publicité, elle s'est longtemps occupée de son (extraordinaire) jardin tout en picolant sévèrement pour maintenir un flou de façade sur ce qu'elle ne voulait pas affronter. Ils ont eu trois enfants, devenus adultes mais peu responsables. Les temps sont durs, Marie ne peut maintenir le train de vie auquel elle était habituée et ne sait pas vraiment comment faire. Elle croise un jour la route d'un salon de tatouage, et sans réfléchir, se lance. C'est le début d'un changement de vie total…
On pense forcément aux Corrections de Franzen en s'enfonçant dans cette grosse brique qui ne se laisse pas engloutir facilement. Non, la vie des King et la réalité de l'Australie en ces temps d'urgence climatique ne revêt pas ses plus beaux atours pour nous séduire. Au contraire, même, le roman distille un puissant malaise et ne cesse de nous ramener à notre si commune condition d'individualistes bornés et complaisants. Son tranchant est acéré et si on s'accroche, c'est comme malgré nous, en espérant presque finir par tomber sur ce qui nous permettrait d'en sortir. C'est pourquoi on est tout étonné lorsque notre gorge finit par se serrer et qu'on le termine avec un réel sentiment de perte. Subtil, intelligent et très puissant.
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A la fin de L'encre vive, Fiona McGregor remercie notamment son ami Christos Tsiolkas. Cela n'est guère surprenant tant les deux écrivains possèdent à part égale cette capacité à pointer du doigt les dysfonctionnements de la famille et, plus largement, ceux d'une société australienne qu'ils ne ménagent guère. Il y a tout de même une différence dans le traitement : Tsiolkas est frontal et ravageur, McGregor plus douce et subtile, sans doute, mais le résultat est assez voisin. L'encre vive est le premier des 3 romans de Fiona McGregor à être traduit en français (chez Actes Sud), quelque 8 ans après sa sortie initiale. Pourquoi un tel délai ? le roman-fleuve de l'auteure australienne est en effet de ces fresques qui procurent un plaisir intense, à travers des personnages fouillés auxquels on s'attache peu à peu malgré leurs failles. Fiona McGregor montre d'ailleurs une grande dextérité à passer d'un protagoniste à un autre sans perdre le fil d'une intrigue centrée principalement sur une héroïne, Marie, 59 ans, dont les séances chez une artiste tatoueuse vont lui ouvrir les portes d'une indépendance nouvelle assortie d'une sérénité bien méritée, au grand dam de ses deux fils et de sa fille qui ne comprennent absolument pas quelle mouche a piqué leur mère. Tattoo compris, L'encre vive est un roman qui prend son temps pour mieux nous envelopper de son humanité blessée dans un récit où l'ironie et l'humour parfois noir, se mêlent à la tendresse et à la mélancolie du temps qui passe et des rendez-vous manqués.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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Marie King se retrouve à fêter son anniversaire dans un nid de serpents ; dans la maison que son ex-époux lui a laissée après l'avoir vidée de tout ce qu'elle avait de précieux (maison que la quasi-sexagénaire n'a plus les moyens de garder), entourée de ses enfants qui se chamaillent au sujet de l'héritage, de leur situation et qui n'éprouvent qu'un amour aigri pour leur mère, embourbée dans les dettes et l'alcool. Quelques temps, une monumentale cuite et une esclandre honteuse plus tard, Marie King part se faire tatouer, sur un coup de tête. Et ça lui plaît. Tellement qu'elle remet ça deux fois de suite. Pour réaliser qu'elle veut plus et mieux. Appétit qui la mènera à rencontrer une artiste tatoueuse, Rhys, avec qui elle va lentement se lier d'amitié, comme une tortue émergeant de sa carapace d'apathie alcoolisée.

Le rythme du roman est lent, on est dans l'introspection chorale et le chemin de rédemption personnalisé. Ce n'est pas seulement Marie, mais aussi ses enfants qui s'ouvrent petit à petit les un∙e∙s aux autres. Tout le monde cherche à reprendre le contrôle de sa vie ou à vivre mieux. Et si la fin de l'histoire ne permet pas de la classer au rang des "feel good", elle n'en reste pas moins une histoire de recherche du bonheur touchante et complexe.
J'ai pour ma part eu du mal à rentrer dans le livre, dont le rythme me semblait poussif, malgré une écriture assez belle. Avec un peu de patience, j'ai finalement réussi à m'y plonger, me laisser guider par le fil des réflexions des personnages et sympathiser avec leurs points de vue. L'histoire offre une chronique délicate d'une femme mise au pied du mur, devant mettre de l'ordre dans sa vie, quitte à découvrir le pire comme le meilleur.

Ce roman australien a mis 9 ans à nous parvenir, décalage perceptible et parfois déroutant, qui s'ajoute au décalage géographique.
Premier décalage : la végétation et le climat. Marie King, le personnage central, possède une maison et un grand jardin dont l'entretien occupe une bonne partie de ses pensées et activités. Il sert même de reflet et d'aune pour comprendre sa vie... le texte apporte ainsi beaucoup d'infos intéressantes sur le bush et les maladies, problèmes, soucis propres aux plantes australiennes. Pour ma part, je me suis sentie au début perdue dans les descriptions détaillées si peu familières, avant de m'accoutumer au vocabulaire.
Second décalage : la perception des tatouages. En effet, si les modifications corporelles, dont les tatouages, sont mieux acceptées en 2019, voire à la mode, en 2010 dans le milieu bourgeois australien, eh bien elles sont plutôt considérées comme la marque d'une déchéance ou un témoignage de vulgarité. Ce qui rend la lecture de ce roman un peu dissonante quand les enfants de Marie King s'offusquent des tatouages qu'elle s'offre.

Cela dit, n'hésitez pas à le lire, il vaut le détour !
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A cinquante-neuf ans, Marie King mère de trois grand enfants et depuis peu divorcée, s'est toujours occupée de sa maison et surtout de son magnifique jardin située sans un quartier bobo et très prisé de Sydney. Mais les temps sont durs et Marie qui a toujours vécu sans regarder à la dépense n'a plus les moyens d'avoir le même train de vie, elle va devoir de vendre son bien. le jour de son anniversaire, un peu éméchée, elle décide de s'offrir un cadeau atypique : un tatouage.

Passe encore un tatouage mais ce n'est que le premier d'une série pour Marie. Sauf que dans son entourage, ces tatouages sont catalyseurs de beaucoup de réactions comme l'incompréhension, la stupeur et l'incrédulité. Mais pourquoi diable, enchaîne-t'elle les séances au salon de tatouage alors que sa maison est mise en vente? Ses enfants et ses amis la regardent d'un oeil perplexe et en cherchent la cause avec plus ou moins de maladresse. Mais Marie est décidée à prendre sa vie en mains, à s'assumer comme elle l'entend quitte à faire grincer des dents.

Avec en toile de fond une radiographie de l'Australie sans concession, les conventions sociales, la complexité des relations familiales, l'appropriation du corps, la vieillesse et la maladie sont autant de thèmes abordés et creusés. A travers les enfants de Marie, pivot central de ce roman, et de son entourage, ce sont des personnalités aux préoccupations différentes qui sont creusées. Tous au long de ce roman, tous vont changer. Et chacun sera touché, titillé car ces personnages renferment une part plus ou moins importante de nous. Fiona Mcgregor livre un beau portait de femme, une femme attachante avec ses faiblesses et sa lucidité.

J'ai vibré, j'ai souri et j'ai été émue avec ce roman pertinent sur toute la ligne parsemé d'humour vitriolé et aux savoureux dialogues. Et sans que je m'y attende, dans ses toutes dernières pages ce roman a réussi à me bouleverser au point d'engendrer des poissons d'eau.
Un régal et un livre dévoré ! Petit bonus, en tant que lectrice tatouée ( oui, ciel!), j'ai trouvé très juste les descriptions du pourquoi du tatouage, de l'envie et du regard des autres.

Lien : https://claraetlesmots.blogs..
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Une fois n’est pas coutume, cette année-là, tous les enfants s’étaient réunis à Sirius Cove pour l’anniversaire de leur mère. Un vent d’ouest soufflait depuis le matin, déposant de la poussière sur la terrasse où les membres de la famille apportaient les plats et allumaient le barbecue. Leon, qui n’était pas revenu à Sydney depuis plus d’un an, était frappé autant par les effets de la sécheresse sur la ville que par l’impression de vide dans la villa depuis le divorce de ses parents. Ross, leur père, avait emporté ses œuvres d’art et meubles les plus précieux, et Marie, restée seule, semblait avoir rapetissé dans la maison devenue trop grande. En passant devant le palmier éventail planté près du dallage, il en affleura l’écorce, aussi épaisse et rugueuse que la peau d’un éléphant - une vieille habitude qui le réconfortait.
Clark écarta de la chaleur du gril l’arbuste que son frère avait offert à leur mère, un plant au tronc sinueux, élégant, et aux fines fleurs délicates.
« C’est quoi ?
- Un Agonis flexuosa. » Leon en arracha une feuille et l’écrasa entre ses doigts sous le nez de son frère, libérant une senteur poivrée, piquante. « Il va falloir le mettre rapidement en terre.
- On peut s’en occuper pour toi, maman », proposa Blanche.
Clark se mit à cuire des morceaux de poulet. « Oui, je veux bien, merci » dit-il à Hugh, qui servait le vin.
En retournant à la cuisine, Marie lança par-dessus son épaule : « J’ai peut-être une place pour lui près de banksia. »
Blanche jeta à Leon un coup d’œil qu’il ignora. Elle avait coiffé un chapeau à larges bords souples, ne laissant voir de son visage que ses lèvres pleines, toujours fardées de rouge. En cet instant, elles dessinaient un sourire moqueur.
Au moment où les enfants s’installaient à table, la voix contrariée de leur mère leur parvint :
« Où est le vin ? Où est mon verre ?
- Dehors, maman.
- Je vous ai servie, madame King, déclara Hugh.
- Mais j’en avais un ici ! » affirma Marie. Celui qu’elle avait laissé dans la cuisine était plus grand, et contenait les dernières gouttes de riesling Queen Adelaide, moins perceptible dans son haleine, lui semblait-il que le chardonnay Taylor apporté par Blanche et Hugh.
« Maman ? Tu ne veux pas venir t’asseoir avant que ça refroidisse ? »
Ah, il était là, caché derrière le grille-pain… Son riesling à la main, Marie ressortit, joyeuse et empourprée. « C’est la première fois qu’on mange dehors depuis le début de la saison, annonça-t-elle. Je crois que ça mérite un toast.
- Il fait un temps magnifique, observa Hugh.
- Moi je trouve ça sinistre, répliqua Clark. On est à la fin du mois d’août et on se croirait en été.
Les eaux du port, d’un bleu intense, formaient la toile de fond sur laquelle se découpaient les frondaisons en contrebas de la terrasse. Le claquement des voiles sur les bateaux qui le sillonnaient semblait tout proche. La famille avait poussé la table contre les baies vitrées pour s’abriter le plus possible du vent et lesté les serviettes avec les couverts.
« C’est tellement bizarre que Pat Hammet ne soit plus là…, observa Leon avec tristesse.
- Elle a vécu toute seule dans cette maison pendant presque dix ans après la mort du juge Hammet, vous savez, dit Marie.
- Peut-être, mais elle l’a laissée dans un état déplorable, souligna Blanche.
- Je l’aimais bien comme ça, affirma Clark. Et j’aimais bien Pat aussi. Cette baraque était fascinante. »
Les nouveaux voisins, les Henderson, avaient fait démolir la propriété gothique centenaire des Hammet peu après le divorce de Ross et Marie King. Ils avaient reconstruit si près de la clôture que Marie n’avait pratiquement plus de lumière en hiver, et à la place du jardin devant se dressait désormais un garage pour quatre voitures, où Rupert Henderson entreposait ses Jaguar de collection. Des caméras de surveillance étaient apparues sur le mur d’enceinte, et une piscine bientôt creusée dans le jardin derrière, qui donnait sur le port. » (p. 13, 14 et 15)
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Marie n'avait jamais aimé sa peau : elle vivait à l'intérieur comme une captive. C'était celle d'une étrangère inadaptée au climat, hypersensible et incapable de garder un secret. Elle révélait tout : les repas épicés, les larmes, l'angoisse, une autre longue journée dans le jardin. Chaque heure de sa vie exposée aux UV y laissait son empreinte, chaque verre d'alcool avalé aussi. Mais désormais enfin y figurait une marque qu'elle avait choisie. Elle avait elle même planté un drapeau sur son territoire.
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Elle n’aurait su dire si elle avait besoin de rendre visite à sa mère pour boire ou si elle avait besoin de boire pour lui rendre visite.
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- J'ai remis de l'ordre entrepris un grand nettoyage...
- Ah oui? Formidable , dit Susan. C'est très bouddhiste de faire le vide.
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Il se cachait, préservé, derrière une façade miteuse, enveloppé dans le voile usé et rassurant de ses défauts.
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