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EAN : 9782806105752
110 pages
Academia (25/02/2021)
3.75/5   6 notes
Résumé :
Olga a disparu...
Mais quand on est rien pour personne, est-on jamais plus qu'une simple annonce de disparition dans le journal du dimanche?
Et puis, il y a Hanne...
Hanne qui croise la voie d'Olga et qui décide de lui offrir de laisser une trace dans le monde. Pas la sienne, certes, mais n'est-ce pas mieux que de tomber pleinement dans l’oubli ?

Olga, ou la fragilité de l'insouciance, c’est le récit de la difficulté de passer de ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Hanne rentre chez elle après avoir fait les courses. Chez le boulanger, machinalement, elle a pris un exemplaire du journal gratuit du dimanche. Cela peut servir pour nettoyer les vitres ou emballer des verres. Mais, lorsque le toutes-boîtes tombe et s'ouvre, Hanne est abasourdie. Cette femme sur la photo,elle la reconnaît : « Olga, 24 ans, n'a plus été vue depuis le 17 novembre. » « Ainsi donc, elle s'appelait Olga. Ça ne lui allait pas du tout (…) Hanne l'appelait Blandine. » « Hanne n'imaginait pas que sa disparition pût avoir une cause violente et une fin funeste (…) Parce que Olga-Blandine était une fée. » Chaque fois qu'elle l'a croisée, Hanne a vu son existence transformée. Il est impossible que personne ne sache rien d'elle, qu'elle n'ait aucune existence tangible.
Ce roman vraiment déconcertant se présente comme un mince volume qui s'ouvre sur un prologue et se termine par un épilogue. Entre les deux, les chapitres, comme dans une pièce de théâtre, sont nommés « actes » et séparés par des « intermèdes ».
Deux histoires en parallèle : celles de Hanne et d'Olga. Cette dernière se raconte à la première personne, tandis que les intermèdes consacrés à Hanne sont pris en charge par un narrateur extérieur. Ils sont très brefs et exposent les moments où elles se sont croisées, des moments où, même sans une parole, la simple présence de cet être étrange, qui ressemble à un oiseau, « le nez aussi aigu qu'un bec. Des lèvres très minces, blêmes, un visage taillé à la serpe. Une tête perchée au sommet d'un cou sans fin, une curieuse façon de la bouger par à-coups », la réconforte, transforme sa vie.
Sans la connaître, Hanne l'a nommée « Blandine ». « Ça lui vient comme ça, comme surgi du néant, c'est qu'elle est si blanche, blonde et pâle et puis douce et un peu immatérielle. »
En terminant ce livre, le lecteur (du moins moi) est surpris, désorienté. D'où vient le titre, alors que je n'ai trouvé aucune trace d'insouciance, même fragile, dans cette vie affreuse, contée d'un ton neutre, sans aucun pathos.
L'intrigue est centrée sur Olga, c'est évident. Mais cette Olga, qui est-elle ? On ne la verra jamais, puisque, lorsque le récit commence, elle a disparu. C'est par le plus grand des hasards que Hanne découvre l'avis de recherche. C'est par le plus grand des hasards aussi que son chemin a croisé celui de « Blandine ».
Pourquoi Hanne décide-t-elle soudain de lui donner une existence concrète, « même si ce n'était que l'histoire qu'elle lui avait inventée pour lui donner vie » ? Cela ressemble à ce que fait Olga qui, elle aussi, invente un personnage qu'elle fait apparaître quand elle est triste et seule. Plus d'une fois, elle précise qu'elle vivait « dans une réalité parallèle dans laquelle des monstres se tapissaient sous les lits, des ongles s'arrêtaient de pousser, des âmes se laissaient aspirer par des murs pelés », qu'elle oppose à la « vraie vie ».
Lorsque Hanne entame l'écriture de son récit, c'est dans le but de le lire à son enfant à naître. « Et peut-être qu'à son tour, il transmettrait l'histoire à sa descendance ».
Quel intérêt de se soucier de cet héritage à propos d'une parfaite inconnue, dont on ne connaît même pas le véritable prénom ? A moins qu'il ne s'agisse pas d'une inconnue et que ce soit sa propre vie que Hanne couche sur le papier, en prenant de la distance, en la faisant supporter par un être imaginaire, car sans cela, elle serait trop intolérable.
En réfléchissant, on décèle pas mal de points communs entre Hanne et Olga (il y a deux enfants dont chacune s'occupe, il y a un voyage à la mer, qui va laver le passé et permettre d'envisager un futur, et bien d'autres encore.) Et puis, Hanne endosse la personnalité d'Olga puisqu'elle dit « je ».
Heureusement, le texte est bref, car il est particulièrement angoissant. J'avoue que, plus qu'être prise par lui, je m'y suis sentie engluée. Il m'a mise mal à l'aise, m'a empêchée de respirer. Je l'ai trouvé très âpre, très fort, étrange et perturbant. Je ne regrette pas de l'avoir lu et suis reconnaissante à Vinciane de me l'avoir proposé, même si ce n'est pas le genre de lecture qu'on fait par pur plaisir. Après tout, la littérature n'a pas pour unique but de nous amuser ou de nous délasser. Elle sert aussi à nous secouer, à nous sortir de notre zone de confort, à nous faire regarder en face une réalité qu'on n'avait peut-être pas envie de voir.
Je le recommanderais donc, car il suscite beaucoup d'émotion, de réflexion et de questions importantes.
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Olga ou la fragilité de l'insouciance. Voilà bien un titre mystérieux. Qui est cette Olga qui raconte sa vie à la première personne ? Ce n'est pas elle-même, c'est Hanne qui saigne ce ‘je' de sa plume. Elle a appris la disparition d'Olga en prenant le journal du dimanche chez son boulanger. Elle a reconnu la photo. Elle a déjà croisé Olga et, entre elles, un non-dit s'était installé. Jamais l'une n'en a dit plus sur ses aspirations, ses ennuis, sa vie. Et voilà qu'au hasard d'un croisant acheté, Hanne réalise qu'elle n'aura jamais plus l'occasion de croiser Olga et, enfin, de lui parler. Elle a donc décidé de lui inventer une vie, celle qu'elle imagine. Après tout, Olga étant disparue, autant qu'il reste au moins d'elle une vie à raconter !
Et l'autrice, Catherine Meeùs, développe alors le thème de la fragilité de l'insouciance. Nouveau mystère. La fragilité est-elle celle d'une personne insouciante ou est-ce plutôt l'insouciance qui est fragile, normalement très vite rappelée à plus de vigilance par les coups de la vie ?
Suivant Olga dans tous ses déboires, les situations aberrantes dont elle semble s'accommoder et l'acceptation de sa vie malgré la kyrielle de doutes et de questions, parfois angoissantes, le lecteur découvrira une vie triste, terne, remplie d'excès, de fuites et pourtant nourrie d'une certaine sagesse face à la vie. Quel est le coup personnel à payer pour changer une vie ? La vie vaut-elle ce coup ?
Manifestement, ‘si la vie ne vaut rien, rien ne vaut la vie' n'est pas une vérité sans faille aux yeux d'Olga (Hanne ? Catherine ?) qui, dans la douleur, doit chercher son chemin et se construire la route qui la ramènera chez elle, là où enfin elle pourra être, vivre.
L'écriture de Catherine Meeùs est assez simple à aborder, riche en descriptions fines de l'humain et même teintée d'un humour qui décode les travers et les situations burlesques de la vie. Il reste que le roman est triste, plombé par cette description d'un monde que le lecteur n'a pas envie de côtoyer. Mais, qu'il ne se trompe pas, ce monde existe bel et bien. C'est donc un roman qui pousse à la réflexion, à la gravité si on admet l'idée de s'interroger sur la difficulté des choix à poser et sur notre fragilité quand nous vivons dans l'insouciance.
Merci à Babelio et Masse critique qui m'ont donné l'occasion de découvrir cette plume. Autrice à relire dans un registre plus chaleureux et plus optimiste face à la vie.

Lien : https://frconstant.com
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Alors que Hanne avait pris chez le boulanger le journal gratuit du dimanche, elle y vit un avis de disparition le 17 novembre avec la photo d'Olga, 24 ans. Depuis cette disparition l'a hanté. Elle se disait qu'il était triste qu'une personne disparaisse sans laisser de trace et s'imaginait l'histoire d'Olga qu'elle coucha sur papier. Elle s'imaginait avoir croisé Olga et que l‘une et l'autre se dardaient un regard insistant sans jamais avoir l'occasion de se parler. Elle se mis dans la peau de la disparue en narratrice en utilisant le « Je », comme si c'était Olga qui racontait sa propre histoire. Elle décrit d'où était issue Olga selon elle, une famille pauvre habitant un village ou les gens ne se parlaient pas, une fille qui ne connaissait pas son père, une fille qui n'a jamais vraiment considérée sa mère en tant que telle, tant celle-ci la délaissait. Elle vécut auprès de sa grand-mère. Puis arriva les étapes successives, l'écolage et la vie en pension, ensuite la vie en squat avec des drogués et enfin une recherche d'autonomie et de bonheur. C'était une fille en manque d'affection et le destin ne l'a pas véritablement gâté.

J'ai trouvé cette histoire sordide. Peut-être Olga avait-elle envie de quitter sa vie ? Peut-être moi-même n'étais-je pas en mesure d'absorbé un contexte si négatif imaginé ?

Je remercie Babelio et les éditions Academia pour ce livre reçu à l'occasion d'une opération masse critique.

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Verena Hanf que je remercie au passage, m'a récemment conseillé ce court et dense roman de Catherine Meeùs qui partage avec le dernier roman de Verena Hanf, dans son titre, le terme de fragilité. Voilà pour ce propos liminaire, sans doute inutile, mais auquel je tiens ; ne dit-on pas que l'inutile est indispensable ?

Il est donc question de la vie d'Olga, cette femme tout juste croisée plusieurs fois par Hanne. Une vie imaginaire qui débute dans un village reculé, archaïque. Olga y naît par hasard dans une famille où les hommes sont soit des légumes, soit de simples spermatozoïdes pour reprendre une formulation de l'auteure : "Et puis mon grand-père est mort, et je suis née, des oeuvres du Bon Dieu. Ou de Dieu sait qui, parce que personne n'a jamais su. J'ai bien eu assez vite une idée sur la question, mais l'énormité de la conviction m'a convaincue de la garder pour moi." p.19)

Catherine Meeùs parle du choix ou des contraintes, du destin, des vies de certaines personnes qui plongent dans diverses addictions, dans des relations toxiques et ne parviennent pas à en sortir, malgré une lucidité peut-être pas permanente, mais néanmoins présente. Elle pose les questions suivantes : Comment peut-on s'infliger cela ? Comment peut-on le supporter ? Et ces nombreux "peut-être" qui jalonnent la vie : peut-être que si j'avais fait un autre choix, ma vie en eût été radicalement changée, mais peut-être pas ?

La descente voire la chute est toujours plus rapide que la remontée.

C'est un roman poignant, qui oblige à se poser des questions, qui "travaille" le lecteur. Finement et joliment écrit, parfois poétique, il raconte la vie étonnante d'une femme qui ne l'est pas moins. Il chamboule et ne se laissera pas faire facilement si vous décidez de le poser un instant. Vous y reviendrez vite.

PS : l'illustration de couverture, que je trouve très belle, est signée Delphine Gosseries.
Lien : http://www.lyvres.fr/
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Un livre attrapé sans trop y croire…et tout à fait impossible de le lâcher !
Quelques jours après la fin de sa lecture, je reste sous le charme/choc de sa lecture. Il ne peut laisser indifférent, c'est certain !
Le point de départ ? Une annonce de disparition dans un journal gratuit du dimanche. Hanne en est persuadé : elle la connaît cette inconnue. Elle l'a déjà croisée et à plusieurs reprises. Mais une chose l'intrigue : cette jeune femme a disparu il y a deux mois ! Personne ne s'en est donc inquiété ?
Et le récit passe en « je »… Qui est « je » ? Cette histoire dure et intrigante est-elle réelle ? À qui est-ce arrivé ?
Olga – Hanne…Hanne – Olga
Une alternance pas anodine et un vrai trouble pour le lecteur.

Un récit maîtrisé et une construction très intéressante qui nous emmène dans cette vie peu banale !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Et si un jour elle devait la croiser à nouveau, elle lui parlerait, cette fois. Hanne lui raconterait son histoire telle qu'elle se l'était imaginée, Olga raconterait son histoire telle qu'elle l'avait vécue.
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A ma naissance, le corps de mon grand-père venait de mourir, longtemps après son esprit. Ma grand-mère était toujours là, comme un fantôme, enfermée dans un mutisme obtus et obstiné depuis qu'elle avait décidé que jamais, jamais elle ne torcherait le cul de son mari.
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Ce que je n'ai jamais dit à personne, c'est que je crois que mon père, c'est le père de ma mère. Je ne me risquerai pas à écrire ici "mon grand-père", c'est dégoutant et ça comporterait une contradiction dans les termes.
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Peut-être qu'à vouloir m'envoler sans ailes, je me suis brûlé les semelles.
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