Musée de Peinture et de Sculpture. Vol. 10

Le Florentin Donalello représente dans la sculpture la seconde phase de la Renaissance. Au lieu de s'arrêter à l'imitation des ouvrages de l'antiquité qu'il pouvait avoir à sa disposition, il y chercha seulement des leçons pour se guider dans l'étude directe de la nature. Le réalisme domine dans ses ouvrages, et son ami Brunelleschi, l'architecte du dôme de Florence, auquel il demandait son avis sur un crucifix qu'il venait de faire, lui répondit : « Tu n'as pas fait un Christ en croix, mais un paysan » . Celte étude naïve et consciencieuse de la réalité donnait tant de vie à ses figures, que plus tard Michel-Ange s'écriait devant le saint Marc de Donatello : « Marc ! Marc ! pourquoi ne parles-tu pas? » Dans son saint Georges, dans le Zuccone, qu'il regardait comme son chef-d'œuvre, et dans toutes ses autres statues, on retrouve cet amour de la vérité et de la vie qui prélude à l'épanouissement de l'art.

L'école florentine compte ensuite parmi ses maîtres Jacopo della Quercia, Michelozzi, Luca della Robbia, chef d'une illustre famille d'artistes, qui découvrit le secret de vernir la sculpture en terre et d'en varier l'aspect en la coloriant comme une peinture. Cette invention n'est pas très heureuse au point de vue de la statuaire, mais elle offre à l'architecture un utile élément de décoration polychrome.

Les traditions de l'art antique s'étaient perdues par suite de la destruction des temples et des statues sous les empereurs chrétiens.Les invasions des barbares achevaient de détruire ce qui avait pu échapper aux quatre édits successifs de Theodose et de ses successeurs. Le christianisme, en condamnant la forme et prescrivant l'étude du nu, opposait un obstacle presque insurmontable à l'éclosion d'un art nouveau. La querelle des
Iconoclastes, qui ensanglanta si longtemps l'empire d'Orient, se termina par un compromis qui dure encore : la peinture, dont Masse ne parle pas, fut tolérée, tandis que la sculpture, formellement condamnée par la Bible, -fut proscrite précisément dans les pays ou elle avait produit les plus magnifiques chefs-d'oeuvre.