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3,89

sur 458 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
L'Afrique du Sud est une nation complexe. Je connais mal son histoire, mais j'ai bien conscience de la diversité d'origine de sa population et de la multiplicité de ses langues. J'avais suivi avec bienveillance les espoirs ouverts il y a une trentaine d'années par la fin du régime de l'apartheid et par les valeurs incarnées par Nelson Mandela. Des espoirs malheureusement déçus dans un pays restant affecté par la pauvreté, les inégalités, la violence et un marasme économique entretenu par une corruption au plus haut niveau de l'Etat, tout particulièrement jusqu'en 2018, sous la présidence de Jacob Zuma, un ancien compagnon de route de Mandela.

Une corruption et une compromission de très grande ampleur, que l'écrivain Deon Meyer pose en pierre angulaire de la plupart de ses romans policiers. Son dernier ouvrage, La Proie, publié en afrikaans en 2018, est l'histoire fictive d'un projet d'assassinat du président de la République.

Des vétérans de l'ANC, anciens camarades de lutte du président, considèrent qu'il a trahi « la Cause », qu'il donne une image désastreuse de l'Afrique du Sud et qu'il est responsable des difficultés économiques dont le pays n'arrive pas à s'extraire. Ils ont appris qu'à l'initiative d'hommes d'affaires proches du pouvoir et en contrepartie de commissions colossales, l'Etat est sur le point de confier la construction d'une centrale nucléaire à la Russie, laquelle cherche à étendre son influence sur le continent. Il faut mettre un terme à cette « kleptocratie », estiment-ils. Une prochaine visite officielle du président en France pourrait être l'occasion de mettre leur projet à exécution.

Ils sollicitent un autre vieux camarade, un ancien tueur de ce qui était la branche armée de l'ANC, soutenue à l'époque par le KGB et la Stasi. Reconverti depuis trente ans sous une fausse identité dans une petite vie tranquille en France, à Bordeaux, cet homme hésite à participer à cet acte de terrorisme. Est-il d'ailleurs encore physiquement et mentalement apte ?

En même temps, deux officiers des « Hawks », une unité d'élite de la police criminelle d'Afrique du Sud, sont amenés à enquêter sur la mort violente d'un ancien policier, disparu au cours d'un trajet dans un train de luxe. Son corps est retrouvé quelques jours plus tard dans une zone désertique, près de la voie ferrée. Accident, suicide ou meurtre ?

Fort de ses savoir-faire bien connus en matière de guerre numérique et d'empoisonnement indécelable, le FSB, le Service secret russe qui a succédé au KGB, fera tout pour déjouer le complot. Il en est de même, au Cap, pour la direction de la Sécurité nationale, compromise avec le pouvoir et toute puissante pour imposer sa volonté. Mis en cause par le Défenseur des droits pour captation de patrimoine public, les proches de pouvoir crient aux fake news répandues par des ennemis de la révolution nationale démocratique, à la solde du « capital monopolistique blanc ».

La narration est consacrée alternativement aux deux intrigues qui se développent séparément, l'une en Afrique du Sud, l'autre en Europe, à Bordeaux, Amsterdam et Paris. L'auteur s'étend agréablement sur la vie privée compliquée des principaux personnages et sur la description des lieux dans lesquels ils évoluent. Peu à peu apparaît le lien entre les deux actions et le suspens devient captivant.

Certains pourront se sentir perdus dans les longs méandres de la narration et désemparés par l'énonciation de régions ou de villes dont les noms n'évoquent rien, en tout cas pour ceux qui ne sont jamais allés en Afrique du Sud. Il en est de même pour certains prénoms et patronymes, dont la diversité est représentative des origines ethniques des personnages.

La Proie n'en reste pas moins un thriller passionnant et instructif. Il mêle corruption, criminalité et politique internationale dans un tableau dont le réalisme et l'actualité ne font pas de doute.

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Deux histoires parallèles apparemment indépendantes se déroulent à Bordeaux, avec Daniel Barret, ancien combattant militaire de l'ANC et en Afrique du Sud avec les deux agents Benny Griessel et Vaughn Cupido de la brigade criminelle des Hawks. Elles alternent successivement dans des développements, d'abord assez longs qui raccourcissent régulièrement avec, corrélativement, une narration qui accélère en intensité et en intérêt pour le lecteur. L'auteur développe son roman sur le fond historique de l'après Mandela en Afrique du Sud, qui voit s'installer un pouvoir corrompu qui n'est pas à la hauteur des espoirs des initiateurs du changement de l'ANC. Une superbe maîtrise de la construction dramatique tient en haleine jusqu'au bout et les personnages aux carapaces solides dans l'action possèdent aussi des éléments de normalité et d'humanité qui les rendent encore plus sympathiques.
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Très, très bon.
Deon Meyer se bonifie avec l'age.
Policier passionnant, avec un suspense bien entretenu du début à la fin, et nous faisant comme à l'habitude bine ressentir le climat de la région du Cap en Afrique du Sud.
Belle réussite. Espérons que cela continue
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Extrêmement bien construit avec une double histoire dont on sent bien qu'elles se rejoindront à un moment où à un autre...Et évidemment cela se passe comme cela...mais au delà de cette trajectoire prévisible, la tension monte petit à petit et on suit à la fois les 2 inspecteurs dans leurs quêtes laborieuses vers la vérité et le héros principal dans sa mission .
Tout y est y compris le dénouement final dont je ne vous dirai rien!
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Un très bon polar, très agréable à lire.
Des petites impressions à la fin de lecture.
Pas le meilleur Déon Meyer pour moi, la palme revenant à « L'année du lion » roman postapocalyptique dont la fin nous tient en haleine et nous fait espérer une suite.
On retrouve avec plaisir les personnages récurrents Benny Griessel et Vaughn Cupido de la brigade des Hawks.
L'intrigue est composée de deux brins entrelacés (comme le fameux scoubidou d'Hervé le Tellier), un en France à Bordeaux, l'autre en Afrique du Sud au Cap. Pour moi, il y a même trois énigmes qui ne composeront plus qu'un seul brin narratif qu'à la toute fin du roman.
Une belle déclaration d'amour à la ville de Bordeaux, ce qui n'est pas pour déplaire à un ancien bordelais.
Un cri de colère politique également pour Déon Meyer, contre de l'ex-président Jacob Zuma (à la tête du pays jusqu'en 2018, date de parution du roman), contre la Chine, contre les trois frères Gupta et leur captation de l'état mais également contre de la Russie mafieuse de Poutine. L'auteur imagine une fin radicale à ce président corrompu dont je ne vous dirai rien pour ne pas spolier le roman …
Un petit bémol : la demande en mariage comparée à l'Armageddon ; un peu ridicule et qui n'apporte pas grand-chose au personnage de Benny Griessel qui perd un peu en crédibilité avec ce thème récurrent fort évitable…
A lire donc ce roman à double lecture dont on tourne les pages d'autant plus rapidement que la fin se rapproche !
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Bordeaux, une nuit caniculaire d'août, Daniel Darret est sorti se rafraîchir. Il surprend une femme en train de se faire agresser pas cinq individus. Son intervention musclée permet à l'inconnue d'en sortir sauve mais il craint d'avoir attiré l'attention des autorités et d'un passé sulfureux qu'il a fui…
A des milliers de kilomètres de là, en Afrique du Sud, les capitaines Benny Griessel et Vaughn Cupido se voient confiés un « docket » par le colonel des Hawk, Mbali Kaleni. Ce dossier renferme les éléments d'une enquête bâclée par la police locale, portant sur la découverte d'un corps sur une voix ferrées. D'après les constatations faites à l'époque, il s'agirait d'un suicide. Mais les premières investigations vont dévoiler la présence dans le train de deux vieillards à la fausse identités et par la suite un complot visant à éliminer « La Proie »…
Les deux histoires vont rapidement n'en faire plus qu'une.
Un récit limpide, un tempo infernal, Deon Meyer entraine le lecteur dans une aventure politico-policière rocambolesque.
Un très bon moment de lecture.
Traduction de l'afrikaans de Georges Lory.
Editions Gallimard, collection série noire, 563 pages.
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Année après année, mois après mois, lecture après lecture, je tente - sans jamais y arriver - de combler le tonneau des Danaïdes de mes lacunes littéraires. Et Deon Meyer en est une, n'ayant jamais succombé à cet « auteur de polar préféré des Français », bien que voyant régulièrement passer des chroniques louangeuses sur ses livres. Bref, c'est chose rattrapée avec La Proie, traduit par Georges Lory. Et c'était plutôt pas mal !

Dans un montage classique mais maîtrisé où deux intrigues parallèles vont se rejoindre – la première sur la mort d'un ancien flic jeté par la fenêtre d'un train de nuit en Afrique du Sud ; la seconde sur le retour aux armes le temps d'un contrat, d'un ancien sniper rangé des assassinats – Meyer réussit à accrocher son lecteur grâce à deux atouts majeurs.

La mise en situation politique tout d'abord, avec un livre qui aborde en toile de fond l'incroyable gaspillage de l'héritage des années Mandela, par ceux de son camp qui lui ont succédé au pouvoir. Madiba n'a plus qu'à se retourner dans sa tombe : l'appât du gain et la corruption ont vite remplacé l'esprit de réconciliation nationale.

Le travail des personnages ensuite, avec deux flics récurrents de la brigade des Hawks, travaillés depuis plusieurs opus. Benny Griessel comme Vaughn Cupido, si flamboyants, proactifs et dynamiques dans leur facette professionnelle, apparaissent ici tellement vulnérables dans leur vie privée : l'un au moment de demander la main de sa compagne et l'autre tentant de se faire accepter par le fils de la sienne.

Chapitres courts et dialogues dynamiques : La Proie a tout du bon pageturner efficace, qui donne envie de pousser un peu plus loin dans l'oeuvre passée de Deon Meyer.
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Ce polar double canon tisse brillamment deux histoires apparemment très indépendantes : au Cap en Afrique du Sud, une enquête menée par la brigade des Hawks ( département de police criminelle sud-africain ) autour de la mort mystérieuse d'un ancien flic devenu garde du corps ( accident, suicide, assassinat ? ) avec une hiérarchie qui fait tout pour enterrer l'affaire ; en France, sur les traces d'un ex-combattant de la branche militaire de l'ANC qui se voit confier une dernière mission.

Deon Meyer prend le temps de poser ses deux arcs narratifs en blocs autonomes proposés à tour de rôle. Puis, à mesure que le récit avance, l'alternance s'accélère en chapitres de plus en plus courts, presque saccadée. La précision millimétrée de la construction est admirable, riche en rebondissements et révélations qui relancent l'action de façon très pertinente. L'auteur parvient à maintenir la tension dans les deux intrigues et à les amener à un paroxysme simultané jusqu'à une connexion inattendu et pleinement réussie.

C'est brillant de maîtrise. Mais ce qui m'a frappé dans ce roman, c'est à quel point l'auteur fait entendre sa voix, celle d'un homme en colère contre les dérives politiques que connait son pays. Deon Meyer se fait presque historien du contemporain en s'emparant de la période 2009-2018 de la présidence de Jacob Zuma. Jamais nommé mais il ne parle que de lui , comment cette figure de la lutte anti-Apartheid a trahi ses idéaux et bafoué l'héritage de Nelson Mandela pour faire sombrer l'Afrique du Sud dans la corruption la plus crasse.

Toute ressemblance avec la réalité est tout à fait volontaire. Avec un oeil à l'acuité aguisée et sans concession, La Proie met à nu la kleptocratie du système mafieux du State Capture qui a mis à genoux l'économie du pays et fragilisé la jeune démocratie sud-africaine : pots-de-vin, blanchiment d'argent, racket, Russie de Poutine à l'affut, infiltration de tous les rouages publics par la famille Gupta qui détournent des fonds à son profit, tout cela avec la complicité de Jacob Zuma et de ses sbires.

Cet arrière-plan politique omniprésent donne beaucoup d'épaisseur à l'intrigue. J'ai cependant regretté le duo d'enquêteurs très lisse et au final pas très intéressant ( déjà vu, déjà lu ). En fait, le personnage passionnant, c'est Daniel Barret qui leur vole la vedette. C'est par lui qu'arrive la complexité psychologique, lui, le soldat de l'ANC qui a raccroché après la victoire de Mandela et qui se voit contraint par les circonstances à reprendre du service dans une tentative quasi désespérée de sauver son pays.
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Après l'atypique et flamboyant "année du lion", Deon Meyer est revenu aux affaires courantes. Sa solution de facilité se nomme Benny Griessel, son policier recurrent, du moins pendant sept de ses romans. Benny est également un personnage très spécial. L'antithèse du héros ordinaire : alcoolique, divorcé, pas toujours en accord avec ses enfants, guitariste à ses heures perdues, et en ménage avec une ancienne chanteuse possédant le même vice que lui. Cette liaison est, malgrè leurs défauts, harmonieuse et fait partie intégrante du nouvel opus de l'auteur sud-africain. Un fil rouge comme la disparition (crime) d'un ancien policier devenu "escort man" dans le train le plus luxueux du monde, le "Rovos". En parrallèle, un ancien combattant, franc-tireur et espion de l'ANC formé au ex-KGB et Stasi, vivant clandestinement, avec un métier qui lui plaît, en France à Bordeaux est contacté par un ancien camarade de combat pour l'inciter à reprendre la lutte armée en tuant, ni plus ni moins, le président en place de l'Afrique du Sud, lors d'un déplacement à Paris. Nous suivons Benny Griessel, son partenaire Vaughn Cupido, les Hawks du Cap autour de leur chef, la Colonele MBali Kaleni dans une enquête noyautée par les services de sécurité de l'état. Daniel Darret, l'anien sniper de l'ANC dans sa préparation de l'attentat à Paris, Benny et Vaughn dans leurs amours perturbés, l'un par une demande en mariage, l'autre par l'enfant de sa concubine.
Ce roman porte bien les stigmates du talent de Meyer, un scenario bien construit avec plusieurs affaires se chevauchant, un suspense permanent, une empathie pour les anti-héros (le futur tueur en est un), une dernière partie s'accélérant et un final surprenant. Enfin des rappels à l'apartheid dont il se sert avec bonheur. Cette fois-ci, il condamne fermement l'héritage de Mandela, surtout l'avant-dernier gouvernement corrompu de Jacob Zuma, dévoyé, soudoyé, au mains de nombreuses firmes ou états étrangers.
Une oeuvre donc à lire comme tous les précédents Meyer avec un bémol toutefois et c'est bien pour cela que j'ai parlé en début de texte de solution de facilité. Il m'a semblé qu'il s'est un peu épuisé dans la recherche de l'excellence de son scenario. Au point d'y installer quelques invraisemblances du moins je le prends comme tel. Un exemple : comment la douille de l'arme d'un suicidé peut-elle atterrir - par hasard - dans la poche d'une personne présente ?
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C'est visiblement un Deon Meyer en colère, excédé par la kleptocratie sud-africaine (le mot est écrit à plusieurs reprises), celle du président Zuma, pour ne pas le nommer, qui a signé La proie, l'un de ses meilleurs livres à ce jour, tout autant polar survitaminé que brulot politique. le roman est bâti autour de 2 intrigues qui ne se croiseront que vers le dénouement, avec une grande maîtrise narrative. Entre Bordeaux et le Cap, en passant par Amsterdam et Paris, l'auteur plante longuement et successivement le décor de ses deux histoires, avant de les alterner rageusement, plus le livre et l'action progressent, comme un coeur qui battrait de plus en plus vite. La manière est remarquable, le fond ne l'est pas moins, détaillant comment fonctionne une "démocratie" corrompue et sous influence, héritage putride des années Mandela. Les personnages sont toujours aussi attachants, à commencer par son duo familier d'enquêteurs Griessel et Cupido, aux prises avec des problèmes personnels, sentimentaux, entre autres, qui viennent alléger les trames policière et politique du récit. Deon Meyer n'oublie jamais d'humaniser ses protagonistes, à la façon d'un Mankell ou d'un Indridason, et c'est encore plus vrai avec le dénommé Daniel Derrien, réfugié en France, qui va reprendre du service comme au temps de l'apartheid, puisque la période est presque aussi désastreuse. A noter que les pages consacrées à ses déambulations dans Bordeaux sont d'une précision redoutable, témoignant d'un amour non dissimulé pour la capitale girondine. Malgré un final un peu précipité, La proie est un millésime de haute volée de Deon Meyer, un écrivain qui semble incapable d'écrire un mauvais livre. Les plus curieux auront remarqué que son roman précédent, Die vrou in die blou mantel, n'a toujours pas été traduit en français. Serait-il moins brillant que les autres ? le mystère ne devrait pas tarder à être levé, espérons-le, si Gallimard le veut bien.
Lien : https://cin-phile-m-----tait..
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