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EAN : 9782879140346
182 pages
De Septembre (10/10/1996)
3.78/5   18 notes
Résumé :
Romancier sulfureux, avec Le Journal d'une femme de chambre,
Le Jardin des supplices, ou Les vingt et un jours d'un neurasthénique (dans la même collection), dramaturge, critique,
journaliste dont la réputation de polémiste n'est plus à faire. Octave Mirbeau (1848-1917) est également un homme de théâtre. Après dix années d'écriture, Les affaires sont les affaires est monté en 1903 à la Comédie-Française. Accueillie triomphalement par la critique et le ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Romancier sulfureux de la fin du 19 ème siècle, Octave Mirbeau est un artiste dont , j'avais parlé il y a tout juste un an à l'occasion de l'adaptation au cinéma, par Benoit Jacquot, de son Journal d'une femme de chambre, réquisitoire féroce contre une classe dominante au détriment de la condition esclavagiste des gens de maison, ainsi qu'une critique caustique de l'étroitesse d'esprit de la bourgeoise provinciale.

,Mais Octave Mirbeau n'était pas qu'un écrivain polémique et un homme de théâtre qui prenait également soin de croquer la société de son époque dans ses pièces, dont la plus connue est sans doute, "Les affaires sont les affaires", un titre qui est passé dans le langage courant - il y a même une émission de feu la 5 que je connaissais avant la pièce honte sur moi- et une pièce que j'ai vu mercredi soir au théâtre Les Célestins à Lyon mis en scène par Claudia Stavisky, sa directrice, une pièce qui reste comme tous les grandes pièces du repertoire, d'une grande modernité.et qui des le tout début du 20eme siècle, va dénoncer avec férocité- et aussi avec une façon de pousser la caricature qu'il aimait particulièrement- , l'homme d'affaire, symbole du mal dominant du 20ème siècle, le capitalisme.

Cette pièce, qui est monté pour la première fois en 1903 à la Comédie-Française après dix ans d'écriture, met en scène un personnage complexe, Isidore Léchat, parvenu se disant « socialiste », férocement âpre au gain et prêt à toutes les compromissions. Se consacrant tout entier à sa passion, la conquête de l'argent et du pouvoir. Léchât reste aveugle devant l'avilissement de son fils, la révolte de sa fille — qui le méprise —, comme au malheur qu'il sème autour de lui.

Usant de son humour féroce et de son talent, Mirbeau dénonce les valeurs devenues anachroniques, comme l'honneur ou la noblesse et montre à quel point les magouilles financières asservissent les hommes, capables de toutes les turpitudes et toutes les injustices crées par ce monde où l'argent est roi.

En effet, Les affaires sont les affaires dénonce l'argent roi, l'individualisme obstiné et l'injustice sociale, et fait forcément écho à notre monde d'aujourd'hui. Les époques changent, pas l'avatisme ni la cupidité des hommes…

Et on se rend compte que les financiers d'aujourd'hui ont conservé les mêmes techniques de bases du machiavélisme et de la manipulation comme Lechat parvient tant à user.

Et on reconnait sans mal des Berlusconi ou des Tapie dans le portrait de ce self-made-man qui s'est hissé au rang des plus grandes fortunes. A la tête d'un empire industriel, commercial et médiatique, ce Lechat cynique, vulgaire, et surtout sans scrupules,est si énervant et fascinant en même temps et François Marthouret dans un contre emploi formidable lui offre toute sa démesure et son talent.

Comédie aux accents moliéresques, la pièce se transforme progressivement en tragédie, Lechat ne parvenant pas à gérer les passions humaines aussi bien que les affaires….

Manifeste plutot amoral contre le pouvoir absolu du fric fou et des hommes d'argent. "Les Affaires sont les affaires" s'avère etre un portrait au vitriol intemporel qui frappe par son acuité plus d'un siècle après avoir été écrite.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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"Les affaires sont les affaires" est une pièce de théâtre d'Octave Mirbeau.
Elle a été représentée pour la première fois, sur la scène de la Comédie-Française, le 20 avril 1903.
C'est une comédie en trois actes.
Une comédie ?
Sous la plume d'Octave Mirbeau rien n'est jamais vraiment Comédie !
"Quand il y a quelque part un homme trop riche ... Il y a par cela même, autour de lui, des gens trop pauvres".
Dès les premières répliques, le ton est donné, la charge est lancée.
La Comédie tourne au Drame ... à la Tragédie !
Les trois actes de la pièce se passent, de nos jours, au château de Vauperdu, domaine historique et propriété d'Isidore Lechat.
Isidore Lechat est un homme impitoyable et sans scrupules.
Il possède cinquante millions et veut devenir député.
Pour cela, il ne recule devant rien ... coups de bourse, chantages et escroqueries qu'il décore du nom d'affaires.
Sa femme lui est un soutien fidèle.
Sa fille, Germaine, est profondément malheureuse.
Elle est amoureuse de Lucien Garraud, l'ingénieur employé à la distillerie.
Elle a des idées généreuses ...
La satyre est impitoyable.
Les dialogues sont tendus, les réparties sont cruelles et sarcastiques.
Octave Mirbeau nous offre là un drame bourgeois dans lequel il dissèque la pauvre âme humaine avec ses appétits, ses intérêts, ses passions destructives et ses incohérences. Mais aussi garnie de la lourde fatalité de sa misère, et de la pitié qu'elle engendre ...
Le morceau de scène est superbe.
C'est une accablante analyse de la haute société d'un 19ème siècle finissant où la collusion du Politique, de l'Église et de l'Armée semble cimentée par l'argent et l'injustice.
C'est une pièce intemporelle et moderne qui ne semble pas vieillir ...

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Cette pièce commence comme un vaudeville : tandis que Madame ne pense qu'à l'organisation de son dîne, Mademoiselle est amoureuse en secret, et Monsieur est ami avec tout le monde pour gagner les élections. Mais ce n'est qu'une apparence : Madame n'a pas de volonté, Monsieur est un débauché, voleur et manipulateur, qui traite tout le monde avec cynisme, ne pensant qu'à son profit. Ce parvenu, nouveau-riche, n'a de convictions qu'apparentes, s'il est anti-clérical ce n'est que par intérêt électoral. C'est Mademoiselle qui est la plus intéressante, dommage qu'on ne voit pas plus Germaine, et que son militantisme socialisme ne soit pas affiché comme tel mais comme de la charité, ou que son désir de révolte et d'émancipation doive passer par une figure masculine.
C'est féroce, cruel, une satire des débuts de la Troisième République où les positions sociales sont bouleversées.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
MADAME LECHAT
Oui… et cela va nous coûter en engrais, en expériences inutiles et ridicules… des mille francs et des dix mille francs ?…


LUCIEN
Je le crains…


MADAME LECHAT
Eh bien, merci… Sa nouvelle méthode de culture… et les élections dans deux mois… ah ! nous allons avoir une jolie année…


LUCIEN, très doucement.
Rappelez-vous, madame, que le mois dernier, pour la fête du pays, M. Lechat voulut faire peindre en tricolore… tous les troncs des vieux et admirables ormes de la grande avenue… Vous l’en avez dissuadé, heureusement… Peut-être réussirez-vous — et je le souhaite — à le détourner de sa grande révolution agronomique…


MADAME LECHAT, pensive et s’arrêtant de tricoter.
En tricolore… nos beaux ormes !… C’est vrai, pourtant… On ne peut pas être tranquille une minute avec un pareil homme… (Un petit silence.) Mais enfin… vous qui êtes, paraît-il, très savant, monsieur Garraud… à quoi attribuez-vous ces manières bizarres qu’il a, maintenant ?… Car enfin, Isidore est très intelligent… très fort même… Il a la réputation… méritée, d’être un homme d’affaires remarquable… le premier de Paris…


LUCIEN
Incontestablement…


MADAME LECHAT
Et en dehors de ses affaires… il ne dit et fait que des bêtises… (Protestations de Lucien.) Si… si… des bêtises…


LUCIEN, réservé.
Mon Dieu ! madame… il m’est fort difficile de répondre… Le cas de M. Lechat est, du reste, assez fréquent chez les gros remueurs d’affaires… Une extrême confiance en soi-même… l’habitude de la domination et du succès… le besoin de créer toujours quelque chose de nouveau… la joie grisante de l’obstacle à franchir… je ne sais pas… (Timidement.)… Un peu trop d’orgueil aussi… un besoin d’idéal… peut-être.

Il fait un geste vague.
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Scène première

Mme LECHAT, GERMAINE, puis UN VALET DE PIED


MADAME LECHAT, sans lever les yeux de son ouvrage.
Germaine !…

GERMAINE
Eh bien ?…

MADAME LECHAT
Pourquoi ne parles-tu pas ?…

GERMAINE
C’est sans doute que je n’ai rien à dire.

MADAME LECHAT
Tu as assez lu…

GERMAINE
Je ne lis pas.

MADAME LECHAT
Tu rêves ?

GERMAINE
Je ne rêve pas…

MADAME LECHAT
Alors… qu’est-ce que tu fais ?…

GERMAINE
Rien… je m’ennuie…

MADAME LECHAT, haussant les épaules.
Oui… oui… je connais ça… Eh bien… écoute-moi… Cela te distraira… Quelle heure est-il ?

GERMAINE
Six heures…

MADAME LECHAT
Six heures… déjà… Comme le temps passe !… (Un valet de pied sort du vestibule, descend le perron, portant une dépêche sur un plateau.)… Qu’est-ce que c’est ?

LE VALET DE PIED
Une dépêche, madame.

MADAME LECHAT, cessant de tricoter
Une dépêche ?… Qui peut m’envoyer une dépêche ?… (Troublée.) C’est drôle… je ne puis recevoir une dépêche sans que cela me donne un coup dans l’estomac… (Elle prend la dépêche, l’ouvre… le valet de pied veut se retirer.) Attendez… (Regardant la dépêche.) D’Ostende… C’est de ton frère… (Lisant.)… « Viendrai déjeuner demain à Vauperdu… Xavier… » (Au valet de pied.) Qu’est-ce que vous faites là, vous ?… C’est bien… (Le valet de pied se retire.)… Demain… jour de courses… Xavier ?… (Elle tourne et retourne la dépêche dans ses mains, un pli au front.)… Ça n’est pas naturel. (Hochant la tête.)… Il y a encore, là-dessous, quelque chose qui n’est pas bon… (Un temps.) En tout cas… ce n’est pas la tendresse qui l’étouffe… Et je parie qu’il n’a pas payé l’exprès… (Elle consulte la dépêche.)… Parbleu !… J’en étais sûre… (Rangeant la dépêche sur la table et soupirant.)… Enfin !… (Reprenant son tricot.) Quelle heure est-il ?
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Au lever du rideau, Mme Lechat est assise, emmitouflée de dentelles, dans un grand fauteuil d'osier, bourré de coussins ... Elle tricote, de larges lunettes rondes sur les yeux ... Près d'elle, à portée de sa main, une table sur laquelle repose sa corbeille à ouvrage ... Grosse femme, figure blanchâtre, molle et vulgaire, en toilette trop riche.
A sa gauche, sa fille Germaine est étendue sur une sorte de chaise longue de jardin, un livre ouvert sur les genoux ... Elle songe, le regard au delà des jardins, vers la campagne ... Vingt-cinq ans, le corps souple, des yeux tristes et ardents. Très jolie, dans une toilette très simple, presque négligée ...
Ça et là, tables et sièges de jardin ...
Fin d'une belle journée de septembre ...
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Mais oui, monsieur le marquis ... c'est comme ça !
L’Église est dans le mouvement moderne, elle ... loin d'y résister, elle le dirige ... et elle le draine à travers le monde ... elle a une puissance d'expansion, de transformation, d'adaptation, qui est admirable ... une force de domination qui est justifiée, parce qu'elle travaille sans relâche ... qu'elle remue les hommes ... l'argent ... les idées ... les terres vierges ...
Elle est partout ... aujourd'hui ... elle fait de tout ... elle est tout ...
Elle n'a pas que des autels, où elle vend de la foi ... des sources miraculeuses où elle met de la superstition en bouteilles ... des confessionnaux où elle débite de l'illusion en toc et du bonheur en faux ... elle a des boutiques qui regorgent de marchandises ... des banques pleines d'or ... des comptoirs ... des usines ... des journaux ... et des gouvernements, dont elle a su faire jusqu'ici ses agents dociles et ses courtiers humiliés ...
Vous voyez que je sais lui rendre justice ...
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- Je ne pouvais plus ... Je n'étais plus maîtresse de moi ... Ces scènes me font trop mal ... Cette vie me tue ... J'étouffe de honte ... de colère, de révolte dans cette maison où chaque jour, chaque minute se comptent par une injustice et par un malheur, quand ce n'est pas par un véritable crime ...
Je ne peux plus ... Je ne peux plus ...
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Videos de Octave Mirbeau (13) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Octave Mirbeau
Le livre est disponibles sur editions-harmattan.fr : https://www.editions-harmattan.fr/livre-les_ecrivains_decadents_et_l_anarchisme_une_tentation_fin_de_siecle_alexandre_lecroart-9782336410142-78065.html ___________________________________________________________________________
La fin du XIXe siècle est marquée par une série d'attentats anarchistes. Ces actes récoltent le soutien d'écrivains d'avant-garde comme Paul Adam, Octave Mirbeau et Rémy de Gourmont. Ces affinités avec l'anarchisme étonnent, venant d'écrivains résignés et élitistes qui rejettent la politique au profit de la littérature. Cet ouvrage examine l'influence qu'a exercée l'imaginaire de la décadence sur ces écrivains. Véritable mythe de la fin du siècle, la décadence donne naissance à une esthétique littéraire : le décadentisme. Mais elle agit également sur les anarchistes, qui y voient l'occasion de faire émerger une société nouvelle. Cette analyse jette ainsi un regard nouveau sur les liens entre politique et littérature. La bombe et le livre se superposent, l'utopie anarchiste et l'imaginaire décadent se télescopent. Ce cocktail détonnant laisse entrevoir une intense période de création littéraire et d'ébullition politique. Il questionne les représentations du progrès et de l'histoire, et signale l'émergence de l'artiste d'avant-garde, révolutionnaire en art et en politique.
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Bonnes lectures !
Crédit : Rudy Matile, la prise de son, d'image et montage vidéo
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