D'abord la grande Histoire.
1940. Saigon. Indochine. L'Indochine c'est la France. La France qui colonise. La France qui collabore.
« La France vous a donné les moyens de vous former le corps et l'esprit dans de saines conditions d'hygiène et de détente. Témoignez-lui votre reconnaissance. »
L'Indochine française ou plutôt la France en Indochine, comme la France de la métropole, idolâtre le lointain Pétain et pactise avec le voisin Japon.
1945, l'Indochine est libérée. « Depuis la capitulation japonaise, il a eu un grand vide. Ce grand vide, le Viet-Minh l'a occupé. »
1954. Dien Bien Phu. La victoire des communistes marque la fin de l'hégémonie française en Indochine. 57 jours de siège. 57 jours de débâcle pour l'armée française qui perd 13 000 soldats.
Le Vietnam est divisé en deux. le nord communiste d'Ho Chi Minh. le sud républicain soutenu par les États-Unis.
1960. C'est la guerre du Vietnam qui durera 13 ans.
Voilà pour la grande Histoire.
Et puis, pour la petite histoire, celle racontée par
Jacques de Miribel.
Celle de ce commissaire de la police française, gaulliste de la première heure, marié à Clara.
Il va vivre l'Histoire de plein fouet. Aide au débarquement allié, protection dissimulée de nationalistes vietnamiens.
Mais dans les faubourgs de Saigon, Gia Dinh et Binh Thai, le Saigon des petits ateliers, des échoppes couve la fronde anticolonialiste.
Saigon la Rouge.
De ce décor de décombres, d'arrestations, d'humiliations, de tortures, va éclore une histoire d'amour impossible entre Phung la belle rebelle et le commissaire colon.
Phung, la nationaliste trotskiste aux « lèvres veloutées ». Phung l'insaisissable. Phung la mystérieuse.
Alors vont se décider deux destins : celui d'une passion condamnée et celui d'un pays qui se réveille dans la douleur.
Ce roman d'aventures se lit à bout de souffle. Agrippé aux pages, aux premières loges de l'accouchement sanglant d'une nation, le lecteur chancelle dans la tourmente des passions et des trahisons, des courages et des lâchetés.