Le poème
Paris d'
Hope Mirrlees est aussi une histoire d'éditions.
La première en 1920 aux éditions Hogarth Press. Un travail de publication méticuleux où les dernières corrections sont réalisées à la main par
Virginia Woolf dans les cent soixante exemplaires de
Paris.
Celle du livre que j'ai entre les mains, de 2021, imprimé par les éditions Les
Belles Lettres dans la collection Poésie Magique. Une collection qui pare ses textes d'une couverture végétale en relief. C'est la yellow lady's slipper de l'Herbarium d'
Emily Dickinson qui illustre ce poème.
C'est un très bel objet. La lecture de ce poème n'aurait pas été aussi agréable sans la préface, les photographies ou les notes en fin de livre. La mise en contexte permet de lire ce court texte parfois obscur avec plus de plaisir. L'esprit de 1919, culturel, publicitaire et politique, y est très bien décrit. J'ai ressenti la force de ce premier mai d'après guerre, rempli d'espérance et d'échauffourées, où deux manifestants ont perdu la vie.
J'y ai lu une très belle histoire d'amour entre
Hope Mirrlees et l'universitaire Jane Harrison. La relation entre ces deux amantes qui habitent
Paris, qui traduisent des contes russes et qui prennent l'ours pour symbole amoureux m'a passionnée. Si je suis tout à fait sincère, je dois admettre que la lecture de la préface de
Louise Moaty m'a plu au-delà du poème lui-même.
Il n'en reste pas moins que le poème
Paris d'
Hope Mirrlees propose une très belle langue hybride, bilingue. C'est une promenade dans les parcs et les grands boulevards. Une déambulation qui regarde autant les panneaux publicitaires que les tableaux du Louvre. Avec la liberté qui suit parfois les grands drames, le poème décrit le silence des cadavres et la musique syncopée des soldats afro-américains restés en France.
La Seine rêve aussi. "Ce sont les fantômes bleus de martin-pêcheurs".
Une poésie libre parsemée de fantômes.
Je remercie les éditions les
Belles Lettres ainsi que l'opération masse critique de Babelio pour l'envoi de ce très beau livre.