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Jacques Guiod (Traducteur)
EAN : 9782207249079
217 pages
Denoël (14/03/2000)
4.05/5   22 notes
Résumé :
Joseph Farber rencontra pour la première fois Liraun Jé Genawen - l'étrangère - pendant la cérémonie de l'alàntene, la Pâque du solstice d'hiver, l'Ouverture-des-Portes-de-Dûn... quand les morts hantent les vagues qui se brisent sur les rivages de la planète Lisle. Pour avoir le droit d'aimer cette femme non humaine, il accepta l'inacceptable : que la science indigène modifie son corps. Et alors qu'il aurait dû être comblé, à travers sa vie quotidienne avec Liraun, ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Les personnages:

Farber est un terrien comme un autre. Ni plus ni moins qu'un humain, avec ses failles et sa naïveté. Et pourtant, par amour, il va révolutionner le monde extraterrestre, et un peu celui de la Terre, par cette douce histoire…Il n'a rien de parfait, mais grâce à son courage, il fait bouger, à sa petite échelle, les mentalités.

Liraun…Elle garde son charme, et tous ses mystères…

Ce que j'ai ressenti:…Une belle ode à l'amour…

Il y a des romans comme ça qui vous « parle » plus que d'autres, qui ont une formidable résonance dans nos vies, nos quotidiens…Celui ci en sera assurément, car j'ai eu une connivence avec ce personnage de Farber. Je nous ai trouvé la même force de combat face à l'intolérance, le bonheur de vivre un amour inconditionnel avec l'être aimé , la petite victoire à la guerre des préjugés…C'était non seulement une jolie histoire, mais j'ai trouvé aussi que c'était un bel engagement de l'auteur contre toutes les formes de condamnations à la différence. C'est un beau reflet tout en métaphore, des combats quotidiens que les terriens doivent encore mener pour l'harmonie planétaire, et peut être, sur d'autres planètes, qui sait?…Une main tendue vers l'Autre, vers L'étrangère

C'est une histoire d'amour, oui, mais pas mielleuse ou romantique, une histoire d'amour qui transcende les genres, les clichés, les difficultés. Une histoire d'amour qui aurait pu être banale, simple, ordinaire, mais non, on est en SF, et chaque choix entraîne son lot de conséquences, elle en devient donc extraordinaire, compliquée, intemporelle…Rien ne sera facile, ni évident dans cette union, les malentendus seront pléthores, et pourtant, ils s'aiment, c'est indéniable…

« Parce que moi aussi, j'ai toujours été seule parmi mon peuple, et j'ai pensé: Comme moi, il n'a qu'une moitié d'âme, et j'ai pensé aussi : Réunissons les, ses deux moitiés. »

Imaginez donc un homme, un terrien, tombant amoureux d'une Cian, une extraterrestre. Ca aurait pu être une passade, mais non, en Amour, il faut sans cesse combattre: Farber aura cette folle énergie, car avant même la certitude de ses sentiments, il va affronter la Haine. Ce livre est donc un formidable plaidoyer en faveur de l'amour, mais surtout de la découverte de l'autre: le choix et la liberté d'aimer une personne, quelles que soient ses différences, quitte à y perdre un peu de soi même, pour devenir quelqu'un de plus fort.

C'était une haine épuisante contre laquelle on ne pouvait rien, d'autant plus sombre qu'elle ne menait à rien.

Ce texte prend son temps, mais a, une folle poésie. On se perd avec délice sur cette planète inconnue, on voudrait percer le mystère de ses habitants, on se laisse conter le nouveau ciel…C'est toute une ambiance glaciale qui nous entoure, entre le chant télépathique des Cians et la douce lumière de la Femme de Feu qui vient vous envelopper, on ressent une atmosphère particulière, étrange , hypnotique.

Les étoiles étalaient leurs armées blanches et froides et, à leur contact, Farber se sentit pratiquement trop grand pour la nuit, pour les pierres du chemin qu'il foulait.

Je pense que toute la beauté de ce texte prend tout son sens, sur la fin. On a enfin l'éclairage de la pensée dissimulée de cette culture extraterrestre. Nous nous apercevons que la lenteur du récit était nécessaire à la compréhension de la fatale tragédie, on appréhende la menace… Et, du coup, la force de cet amour, malgré les innombrables non-dits et incompréhensions, est d'autant plus magnifique, plus poignante aussi… Elle fait aussi mal que ce qu'elle est belle…Le mystère qui entoure l'apparente évolution des Cians, laisse une note amère en bouche, mais aussi un joli coup de coeur inattendu pour moi…


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« Nous avons compris depuis le début que le langage cian joue beaucoup, comme le chinois, sur les différences de ton et d'inflexion. Il semble maintenant que des mots et des expressions prononcées de la même façon peuvent avoir des significations complètement différentes selon la structure sociale du moment où ils sont émis. Il faut peut-être aussi tenir compte de gestes et de mouvements infimes, même si cela est difficile à prouver. Seigneur, je m'étonne que nous ayons réussi à comprendre quoi que ce soit à ce que ces gens nous ont dit !
- Qu'est-ce qui vous dit que nous les avons compris ? » dit Farber.

Ce roman de SF paru en 1978 a gardé toute son étrangeté et sa noirceur, sur un thème pas si souvent abordé sérieusement : l'amour physique d'un couple mixte sur une planète étrangère, ici composé de Joseph Farber, un terrien et de Liraun Jé Genawen, une autochtone.
On sent bien dès le départ que les choses sont mal engagées entre terriens, commerçants, et les Cian, peuple fier et ancien, mais qui possède des technologies de pointe sans en faire étalage. A commencer par le nom de cette planète que les terriens, installés dans une sorte d'enclave un peu à l'extérieur de la ville d'Aei, appellent « Lisle », du nom du « découvreur » terrien et que les locaux appellent « Weinunach ».

Des malentendus, des non-dits, des tabous inimaginables mais gravissimes seront la cause de drames dans ce couple, qui dérange aussi bien les autres terriens que les Cians.

On n'est plus ici dans la SF américaine des années 1950 (et 1960) sûre de la supériorité de sa civilisation et de son mode de vie à exporter comme modèle. Gardner Dozois est beaucoup plus nuancé, et c'est la grande qualité de ce roman. Il nous démontre, s'il en était besoin, que les certitudes que nous pouvons avoir sur les autres sont destinées à être battues en brèche un jour ou l'autre… Une leçon toujours d'actualité.
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"L'étrangère" de Gardner Dozois est pour le moins un roman de science-fiction atypique. Si l'auteur m'était complètement inconnu jusqu'alors (j'ai depuis revu son nom au côté de celui de George R. R. Martin), force est de constater que son travail est intéressant. ActuSF nous fait donc le charmant plaisir de découvrir ce texte, initialement publié fin des années 70, et nous faisant découvrir un récit étonnant et très particulier.

Je ne vais pas revenir sur l'histoire du roman en précision, mais seulement sur certains points que j'ai trouvés intéressants et pour lesquels j'étais visiblement en désaccord avec certaines critiques. Tout d'abord, l'"histoire d'amour". Si certains lecteurs l'ont ressenti comme centrale et transcendant les différents thèmes du livre, ce fut loin d'être mon cas.
En effet, ce couple est novateur et permet au roman d'interroger le lecteur sur des sujets extrêmement divers et dérangeants (cela traverse par exemple les champs de l'humanité, la société et le rapport à l'autre, globalement). Mais si les deux personnages, Liraun et Farber, sont intéressants, ils ne nourrissent rien de "passionné". La réalité est même la suivante: seule leur rencontre au début et la fin du roman sont palpitantes et vont lorgner du côté de récits réellement tragiques, très lyriques. Mais tout le roman en lui-même n'est absolument pas "passionné", et j'y reviendrai car c'est là la quasi-seule et pourtant très accusatrice critique que je porte à l'encontre du roman. Alors oui, d'accord, j'accepte que l'on décrive Liraun et Farber comme "amoureux", c'est quasiment évident et bien explicité dans le livre. Et si le questionnement de "qu'est-ce que l'amour?" peut également intervenir au cours du roman, il n'empêche que la relation entre Farber et Liraun est franchement monotone. L'incompréhension et l'incommunicabilité, sujets majeurs du livre, sont évidemment au coeur de leur relation, ce qui interroge évidemment mais tue une bonne fois pour toute l'intérêt qu'on aurait pu nourrir pour cette relation définitivement plate.
Farber est pourtant à de nombreuses reprises touchant, tant dans ses réactions si vraies car si humaines que dans ses actions, réfléchies comme complètement survoltées. Mais cette non-communication avec Liraun, personnage pourtant mystérieux, si elle nourrit belle et bien la nuée d'interrogation que le livre veut soulever, est au fond délétère. Parce que oui, d'accord, ça fait réfléchir et ça permet une fin grandiose, mais en attendant on se fait chier la majeure partie du bouquin et cela mue l'intérêt en lassitude.
Alors je ne comprends vraiment pas les critiques qui y ont vu une "histoire d'amour sublime", j'ai l'impression de ne pas avoir lu le même roman. Celui que j'ai lu présentait un couple certes intéressant mais terriblement fade, malgré l'originalité qui le fonde pourtant. Cet étranger qu'ils sont l'un à l'autre aurait pu permettre d'aboutir à cette question "laisse-t-il l'amour, l'ardeur des sentiments possible et véritable?". Mais le récit, finalement, propose à son insu une réponse: la narration est quasiment inerte.

Parlons-en, de cette narration. Gardner Dozois a à coup sûr du talent. Son récit est effectivement un délice pour le lecteur: c'est bien écrit, c'est beau, c'est fluide et ça chante. Mais par contre, bon dieu, je l'ai trouvé chiant. Extrêmement descriptive, l'écriture de Dozois a en fait participé à cet ennui véritable qui m'a gagné sur ce court roman. Dozois passe beaucoup de temps à décrire Lisle, les traditions, les paysages, les odeurs, les couleurs, les quartiers, les dialectes... Ce qui, pour le coup, fait de "L'étrangère" un roman sociologique extrêmement réussi et intéressant. Mais honnêtement, c'est chiant. A moins d'être véritablement "happé" par l'histoire d'amour (ce qui ne fut pas mon cas), j'ai beaucoup de mal à concevoir ce livre comme quelque chose de dynamique, d'accrocheur. S'il y a parfois un aspect "paisible" et "serein" des livres très descriptifs, j'ai trouvé dans "L'étrangère" un simple aspect somnolent.

En conclusion, que dire? "L'étrangère" n'est pour moi pas un échec, au sens où le récit, tant dans la description sociologique De Lisle ou le couple qui nous est présenté, pose un tas de question. Les thèmes abordés sont multiples, et posent nécessairement des questions essentielles, auxquelles le lecteur se fera un plaisir de réfléchir. Mais pour aboutir à cette richesse de questionnement, il a d'après moi fallu empiéter sur l'intérêt du récit, son côté "divertissant". On en arrive donc à ce récit peu rythmé, lent, bizarrement peu flamboyant pour une histoire mettant en scène des thèmes aussi explosifs que peu rationnels comme l'amour et la mort. Je me suis donc terriblement ennuyé. Echappe à cet avis le début du récit et la fin du livre qui est, pour le coup, grandiose.
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L'étrangère est un roman de science -fiction qui raconte l'histoire d'amour improbable entre un terrien expatrié et une extra-terrestre Cian. Une très belle romance qui ne ressemble à aucune autre. A travers celle – ci de nombreuses thématiques et sujets sont abordés ; la place de la femme, les différences culturelles, la tolérance, les croyances, l'évolution des technologies…, elle ouvre à une réflexion profonde et c'est tellement bien amené, malgré la description de la quatrième de couverture qui laisse présager une fin tragique, jusqu'à la fin, on y croit, on espère une fin tout autre.

Joseph Farber est un terrien vivant sur la planète De Lisle où vivent les Cians, des êtres humanoïdes mais qui présentent quelques différences avec les hommes. Un jour, alors que l'Alantene bat son plein sur la planète et que les Cians mènent de drôles de chorégraphies et chants, il rencontre Liraun Jé Genawen. Une Cian un peu plus grande que les autres, plus énigmatique, plus attractive. Un regard, quelques mots échangés, et Farber et Liraun débutent une relation, d'abord physique, puis peu à peu plus émotionnelle. Cependant, la relation n'est pas acceptée de tous, entre les terriens dégoûtés et les Cians outrés, Farber n'hésitera pas à aller très loin pour vivre son amour.

Farber est humain, un personnage avec une force de caractère indéniable, il ne s'embarrasse pas des difficultés ; brave la génétique pour vivre son histoire, défie les idées préconçues, accepte de vivre loin des siens, tente de s'intégrer à une culture qui n'est pas la sienne et toujours par amour pour sa Cian, pour Liraun. le personnage est assez extraordinaire, tout en étant d'une simplicité extrême, humain tout simplement, homme épris d'un noble sentiment qu'est l'amour, homme prêt à tout pour vivre avec celle qu'il aime, homme courageux, mais aussi perdu dans ce qu'il ne comprend pas, n'accepte pas…

« Elle le fascinait – au sens ancien du mot fascinare, ensorceler – et le paralysait comme un oiseau qu'on charme. »

Liraun, est un personnage mystique, un peu comme une déesse, imprenable et lointaine. Elle est aussi d'une tristesse et d'un charme incroyable, comme une aura mystérieuse, un personnage qui ne se révèle pas vraiment jusqu'à ce qu'il ne soit trop tard… Liraun à l'image de son peuple, s'exprime en paroles philosophiques, très imagées, parfois difficiles à comprendre pour le terrien qu'est Farber, est effacée, difficile à cerner, lunatique aussi.

» tu marchais seul et personne ne te touchait, et moi seule ai vu cela, moi seule l'ai vu. Parce que moi aussi j'ai toujours été seule parmi mon propre peuple et j'ai pensé : Comme moi, il n'a qu'une moitié d'âme, et j'ai pensé aussi ; Réunissons-les, ces deux moitiés. »

Tous deux évoluent dans une atmosphère bien particulière et particulièrement bien décrite et amenée par l'auteur, un côté un peu chatoyant lors de leur rencontre, la pâque du solstice d'hiver où les commémorations sont emplis de couleurs, de musiques transcendantes, de chants enivrants, de costumes flamboyants, de danses hypnotiques, cela va avec leur coup de foudre réciproque. Et puis, peu à peu l'hiver s'installe, le froid s'empare de la Vieille ville, le récit ralenti comme un compte à rebord qui voudrait s'étioler, on approche du moment fatidique, avec désarroi, avec angoisse aussi, et cette question : pourquoi ?

On l'aura compris, l'auteur manie une plume très poétique, très élégante, très imagée aussi, on s'imagine aisément la planète De Lisle dans laquelle le lecteur sera bien malgré lui emporté, le peuple Cian à la vie simple et primitive bien éloignée de leurs avancés technologiques et génétiques, les terriens qui y vivent, à part, qui a contrario adore la technologie et ses excès. L'auteur dresse une peinture métaphorique ; le choc culturel, les Cians et les Terriens ne s'appréciant guère, l'intolérance vis à vis de leur différence, l'incompréhension des us et coutumes, les Cians sont intellectuels et philosophiques dans leur discours, l'homme plus terre à terre. Il y a aussi la place de la femme ; Liraun représente à elle seule, une grande métaphore de la femme, de son devoir vis à vis de sa famille, de son mari, de sa place limitée dans la société. (Rappelons que le roman a été écrit 1978…)

L'auteur fait une ôde à l'amour inconditionnel, celui qui dépasse les différences, les incompréhensions, les êtres eux – mêmes. Un roman de science-fiction qui se lit avec beaucoup d'aisance, l'auteur maniant le genre sans en faire de trop, c'est assez sédentaire au final, on y voit surtout Farber évoluer face aux siens, face aux Cians, face à cette femme différente des terriennes mais pour laquelle il ressent quelque chose de vraiment spécial.

En bref, un roman qui a su une nouvelle fois me faire aimer la science – fiction, l'univers est superbe, plein de poésie, l'histoire d'amour est intemporelle, sans fioriture, juste simple et efficace. Une lecture à conseiller !

Je remercie Louve du forum Mort Sure et son partenaire ActuSF pour m'avoir permis découvrir ce très beau roman.
Lien : https://songesdunewalkyrie.w..
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L'étrangère est un curieux et atypique roman de SF. Joseph Farber, l'un des rares hommes à avoir la chance de se déplacer dans l'espace, se retrouve sur la planète Lisle peuplée par les humanoïdes Cians. Appréciant peu ses confrères humains, cantonnés comme lui dans une Enclave à l'écart des extra-terrestres autochtones, il déambule dans la cité proche et observe ces aliens si proches et à la fois si différents des humains. Il fait alors la rencontre d'une créature qui le trouble et dont il tombe amoureux. Et la réciproque est vraie, au point qu'un mariage a lieu et que Joseph va subir les interventions qui vont le rapprocher génétiquement des Cians afin de pouvoir enfanter. Mais les différences de culture compliquent singulièrement les choses. Les non-dits sont nombreux et l'incompréhension règne vite, malgré l'amour existant, montré ou caché.

Bien sûr, outre l'aspect contact et découverte de la culture alien, on peut voir ce roman sensible et délicat comme une allégorie de l'amour entre deux êtres humains, qui parait parfois si absolu mais si difficile à faire durer. Connait-on vraiment l'autre ? Peut-on vraiment le satisfaire et lui donner ce qu'il recherche ? Les apparences, l'éducation, la culture sont des choses tellement compliquées que les liens peuvent se distendre alors que tout laisse à croire que les choses pourraient bien se passer. Et malgré les efforts, les sacrifices, tout reste compliqué.

Un livre qui n'est pas destiné aux amateurs de space opera pétaradant mais plutôt aux fans de le Guin ou de Léourier, avec des questions profondes, un rythme lent mais prenant, sensible et émouvant.

Plus d'informations sur mon blog
Lien : https://bibliosff.wordpress...
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Les étoiles étalaient leurs armées blanches et froides et, à leur contact, Farber se sentit pratiquement trop grand pour la nuit, pour les pierres du chemin qu'il foulait.
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Chaque jour, je les vois jouer davantage leur rôle d’agents de la Compagnie des Indes orientales, comme si les Cian n’étaient qu’une horde d’indigènes hirsutes ! Je n’ai pas raison ? Ils les traitent de “bougnoules”, même ceux qui n’appelleraient jamais ainsi un Noir. Et même les Noirs les appellent comme ça ! Seigneur, c’est du colonialisme, voilà ce que c’est ! Nous sommes en plein fantasme, nous nous disons que la Terre est une puissance coloniale et que les Cian sont des sauvages arriérés à qui nous apportons les bienfaits de la civilisation. Mais les Cian ne sont pas un peuple arriéré, malgré leurs charrettes, leurs artisans et toute leur splendeur barbare – ils appartenaient à l’Alliance commerciale un millier d’années avant que nous ne montrions le bout de notre nez, et les Enye, en tout cas, pensent plus de bien d’eux que de nous. Malgré cela, nous traitons avec eux comme s’il s’agissait d’indigènes indiens ou africains du XIXe siècle et nous les qualifions de “bougnoules”. Tout cela parce que nous croyons les connaître, mais nous ne savons rien d’eux. Je ne sais rien d’eux. Et vous ne savez rien d’eux.
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C'était une haine épuisante contre laquelle on ne pouvait rien, d'autant plus sombre qu'elle ne menait à rien.
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Surprise, elle fronça les sourcils. « Ils ne peuvent donc pas voir les choses par eux-mêmes ?
- Si, ils le peuvent, mais la plupart ne viendront jamais sur Lisle pour voir cela et je dois donc voir à leur place.
- Et ils sont d’accord ? Ils acceptent de voir par tes yeux ? » Elle parlait avec un certain dégoût. « Ils se permettent de voir le monde à travers le regard d’un autre ? Mais pourquoi font-ils cela ? »
Sa véhémence étonna Farber. « Eh bien, s’ils ne le faisaient pas, ils ne verraient rien de ceci : la Vieille Ville, le pont, la crevasse…- Dans ce cas, qu’ils viennent ici, s’ils veulent les voir ! Mieux vaut ne rien voir du tout que de voir un mensonge. Comment peuvent-ils connaître le monde, ou eux-mêmes, ou les chemins de la vie s’ils sont assez stupides pour laisser d’autres personnes voir à leur place ?
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"Parce que moi aussi, j'ai toujours été seule parmi mon peuple, et j'ai pensé: Comme moi, il n'a qu'une moitié d'âme, et j'ai pensé aussi : Réunissons les, ses deux moitiés."
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