Le Monde d'Edena, tome 5 : Sra

Moebius conclut le cycle du Monde d'Edena avec brio : son graphisme est toujours aussi délirant, les décors grandioses, le trait juste, fin, l'imagination débordante, l'onirisme est à son comble, les rêvent s'imbriquent les uns dans les autres pour parvenir à en tirer une conclusion. On sent que Moebius s'est fait plaisir, et il parvient pleinement à nous le faire partager.

L'histoire va se résoudre. Ne vous en faites pas même si vous n'y comprenez rien. Simplement avant ça, Moebius compte bien profiter jusqu'au bout de son concept de rêves à différents niveaux, dans un tome picaresque jusqu'à la mise en abyme finale qui tombe comme un couperet.
L'effet pervers de ce choix, c'est que ça part trop en sucette. On s'enfonce dans des rêves toujours plus profonds et dénués de sens, avec au menu une Liliputt en carton-pâte, des araignées géantes et deux-trois femmes nues décapitées. Edena, dans tout ça ? Pouf ! Disparue !
On ne sait pas ce qui arrivera aux clones, ni à Atana. Mais bon, de toute façon, ils n'existaient pas, hein ? Quoique... Bref, on a droit à une jolie fin ouverte, mais qui laisse un net goût d'inachevé.
Un mot sur le dessin aussi : Moebius a essayé d'épurer au maximum son trait, ce qui ne donne plus leur profusion de détails ni leur (sur)réalisme auquel on s'était habitués et qu'on avait fini par aimer. Dommage, car innovant. "Arzak l'arpenteur" est bien meilleur dans ce style.
Au final, Edena n'est peut-être pas la meilleure série de BD de Moebius. Un peu trop simple par moments, un peu trop complexe à d'autres, elle aura toujours eu le mérite de nous faire faire un beau voyage.

Un dernier tome étonnant qui part dans une direction complètement différente et laisse libre court à la folie magique de Moebius. la rupture reste brutale. trop, peut-être, et s'achève avec un sentiment confus. Mais il reste quelque chose de séminal dans les mondes d'Edena. C'est un récit de renaissance de l'humanité, c'est aussi un vaste récapitulatif de l'oeuvre de Moebius. On y trouve des passages poétiques à la Arzach (culminant avec la Planète Encore, reprise dans le Hors Série), un héros, Stel, qui rappelle le Difool de l'Incal, des déserts, lieux si essentiels à la mythologie de moebius, que ce soit pour leur capacité de susciter les méditations oniriques que pour leur représentation de l'ultime frontière des westerns.
Moebius y explore cette frontière floue entre rêve et réalité, ce moment où le rêve devient réalité, à moins que ce ne soit l'inverse. Rêves initiatiques, quête philosophale... Sans doute l'oeuvre la plus personnelle de Moebius.

Une oeuvre onirique ode à l'amour et à la primauté de la nature sur la technologie.

une référence de la Bande Dessinée! A découvrir ou à re-découvrir !