Campagne d'Italie (1796-1797)

Alors que l'on s'apprête cette année à célébrer le bicentenaire de la mort de Napoléon Bonaparte, je me suis penché sur ses débuts, en particulier sur sa toute première campagne menée en Italie en 1796 et 1797.

Le livre de Michel Molières nous offre un récit chronologique extrêmement détaillé de la campagne. L'ouvrage se scinde en trois parties couvrant chacune une des zones d'opérations stratégiques de l'Armée d'Italie.
En premier celle de l'Ouest dans laquelle Bonaparte mènera la fulgurante et brillante campagne de Montenotte au cours de laquelle il sépare les armées autrichienne et piémontaise et écrase cette dernière. Cela entrainera la signature de l'armistice de Cherasco forçant le Piedmont à signer la paix. Et tout cela en à peine un mois !

Poursuivant les autrichiens qui, paniqués par la "furia francese" déclenchée par Bonaparte, reculent sans pouvoir rien faire et finissent par se retirer au nord, tandis qu'une partie de leurs forces se barricade dans la forteresse de Mantoue. Nous arrivons ici dans le zone d'opérations stratégique centre. Cette partie est la plus longue du livre et voit Bonaparte assiéger Mantoue, repousser les offensives autrichiennes visant à lever le siège et administrer les provinces d'Italie conquises, réprimant les révoltes.

Une fois Mantoue tombée, le "Petit Caporal" peut reprendre sa route et continuer sa marche sur Vienne. Dans la zone d'opérations stratégique Est, il se mesure alors au meilleur des généraux autrichiens: l'Archiduc Charles, frère de l'Empereur d'Autriche (ou plutôt du Saint-Empire-Romain-Germanique, pour l'instant...). Renouvelant ses exploits du début de la campagne il ne lui faut qu'un mois pour acculer l'Archiduc et forcer Vienne à demander un armistice qui débouchera sur la Paix de Campo Formio, mettant un terme à la Guerre de la Première Coalition.

Pour raconter la campagne, Michel Molières détaille chaque journée avec précision, donnant l'emplacement du quartier-général et décrivant les ordres donnés par Bonaparte. On suit l'armée en campagne manoeuvre après manoeuvre. Les décisions prises par l'un ou l'autre des commandants adverses sont disséquées et commentées autant par l'auteur que par les contemporains de la campagne à travers des extraits de lettres, mémoires et autres textes d'époque. On croise donc au détour des pages les voix de Clausewitz, Jomini, Marmont, Masséna et bien entendu de Napoléon en personne.

Le souci est que tous ces mouvements sont bien souvent compliquées à se représenter, les cartes fournies avec le livre sont en effet trop imprécises et pas assez nombreuses (alors qu'il y en a tout de même plus d'une quarantaine !).

Le suivi des mouvements à l'échelle tactique (pendant les batailles) est, en revanche, beaucoup plus réussi. On peut la, véritablement observer le déplacement des divisions, demi-brigades et bataillons sur les champs de bataille d'Italie. A l'instar du reste, elles sont décrites avec minutie, parfois heure par heure, à grand renforts de rapports des unités engagées et de souvenirs des soldats et officiers y ayant participé.

Certes on pourrait regretter l'absence de point de vue autrichien mais dès les première pages, l'auteur explique clairement que le livre sera exclusivement dédié à Bonaparte. On râlera un peu devant la conclusion réduite à deux pages la ou on aurait pu s'attendre à une analyse plus développée. On pourrait aussi râler sur le fait qu'a de très nombreuses reprises l'auteur nous rappelle a quel point Bonaparte est un général exceptionnel. On pourrait...si ce n'était pas de Napoléon dont on parlait. D'autant plus que il n'est pas qu'encensé et que l'auteur prend le soin de montrer ses moments de faiblesses et d'hésitation.

On peut enfin se jeter dans les nombreuses annexes présentes en fin d'ouvrage. Ordres de bataille, demandes de redditions et autres plans de campagne y sont rassemblés afin de donner au lecteur tous les détails de la Première campagne d'Italie.

En conclusion, on peut dire que livre de Michel Molières réussit son pari de nous offrir une, très volumineuse, autopsie et analyse de cette première campagne de Bonaparte.