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EAN : 9782080679116
222 pages
Flammarion (20/04/2000)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :

Le " politiquement correct ", la " nouvelle économie ", la " société civile ", la " dictature du marché " : tout le monde en parle, tandis que les fonctionnaires descendent dans la rue pour s'opposer aux réformes. Comment s'y retrouver ?La France est un pays où les discours brillants tiennent lieu d'action, et plaisent même s'ils sont en décalage avec la réalité. D'un côté, certains s'enflamment ... >Voir plus
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La mondialisation était à la fin des années 90 dans tous les discours. En témoignait l'étonnant succès du pamphlet de Viviane Forrester "L'horreur économique". C'est à une salvatrice entreprise de démystification que nous conviait Thierry de Montbrial dans cet ouvrage publié en 2000.

Alors qu'il était devenu de bon ton de dénoncer la “ pensée unique ” ultrabilérale, Montbrial montrait avec force que son double, “ l'idéologie dirigiste, néo-marxiste et néo-keynésienne ” constituait, à sa façon, une autre pensée unique qu'il était d'autant plus urgent de combattre qu'elle était profondément ancrée dans l'imaginaire français. Pour ce faire, il partait d'un constat : la mondialisation est une “ révolution numérique ” qui rapproche les “ unités actives ” (pour reprendre une notion introduite par François Perroux en 1975), et d'un principe : elle peut être comprise par le recours aux instruments économiques. C'est ainsi par un raisonnement économique simple qu'il dénonçait l'idée fallacieuse selon laquelle la mondialisation augmenterait le chômage. On sait en effet, depuis Ricardo, que le commerce international est globalement bénéfique, même s'il fragilise les secteurs les moins concurrentiels.

C'est précisément la protection des secteurs exposés qui justifie que la mondialisation soit régulée. Il n'était pas dans l'esprit de Thierry de Montbrial de défendre un ultra-libéralisme sans règles, sans limites. “ le libéralisme n'est pas nécessairement ultra ” martèle-t-il (p.47). le marché doit être régulé. Mais pas n'importe comment. Trop souvent, dénonçait Thierry de Montbrial, la notion de régulation est pervertie. Les grèves de l'automne 1995 en auraient fourni l'exemple : pour défendre leurs intérêts corporatistes, les fonctionnaires se sont érigés en “ remparts contre la déshumanisation de la société ” (p.46). Pierre Bourdieu n'évoquait-il pas à l'époque avec une inutile emphase “ la destruction d'une civilisation associée à l'existence du service public? ”.

Cette mission régulatrice, c'est bien sûr à l'Etat qu'elle incombe. Mais l'Etat est aujourd'hui concurrencé. En dehors de lui émerge une société civile (le concept a été forgé par Hegel) qui revendique, non sans légitimité, la défense de l'intérêt général. le pouvoir n'est plus l'apanage du gouvernement ; il dépend désormais de la “ gouvernance ”, c'est à dire des modalités “ horizontales ” d'organisations des collectivités humaines (Etats, entreprises, associations, Eglises, mafias, ONG...). du coup, le rôle de l'Etat doit être réévalué. Après “ l'euphorie des glorieuses décennies du Welfare State marquées par l'omniprésence des pouvoirs publics ” (p.91), les Etats sont désormais obligés, à la fois de changer leurs pratiques et de se concentrer sur leurs missions primordiales. Ils doivent se débarrasser des activités que le secteur privé est prêt à prendre en charge : la nationalisation de l'énergie, des transports, des télécommunications, de la banque, si elle avait sa raison d'être dans l'immédiat après-guerre, l'a perdu depuis longtemps.

Pour autant, l'Etat n'est pas destiné à disparaître. Il doit demeurer un facilitateur, en permettant par exemple grâce à un service public de l'éducation et de la formation digne de ce nom, d'aider les citoyens à s'adapter à leur environnement. Ou en encourageant l'innovation grâce à une fiscalité non dissuasive, une politique de brevets protectrice, des aides ciblées aux entreprises.

Dans la société internationale (Thierry de Montbrial récuse l'expression de “ communauté internationale ” qui suppose des liens profonds, affectifs) les Etats sont encore les acteurs fondamentaux.

L'Union Européenne prédestine-t-elle leur avenir ? Thierry de Montbrial ne le pensait pas. Sans minimiser le bilan de la construction européenne, il considère qu'elle n'a pas encore abouti à une communauté, sans laquelle il n'est pas d'unité de destin possible. L'Union européenne n'est pas non plus un Etat, mais un élément toujours plus important de la gouvernance en Europe. Elle nous oblige à repenser nos confortables schémas politiques stato-centrés sans pour autant, comme on l'avait trop vite annoncé, les frapper d'obsolescence. C'est sous le signe de ce conservatisme intelligent que se concluait la réflexion de Thierry de Montbrial.
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