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EAN : 9782916207810
52 pages
Editions Ca et Là (25/04/2013)
3.76/5   17 notes
Résumé :
La coiffe de naissance est le récit de l’enfance de Alan Moore, l’une des ses rares – sinon unique – incursions dans le domaine de l’autobiographie, brillamment mise en image par Eddie Campbell. Alan Moore commence son récit par la mort de sa mère, quelques mois avant le spectacle. Il retrouve dans les affaires de la défunte un « birth caul », ou coiffe de naissance, morceau de membrane de la poche des eaux recouvrant parfois la tête des nouveaux nés. Impressionné p... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Ce tome comprend un récit complet indépendant de tout autre, initialement paru en 1999, sous forme d'une bande dessinée de 49 pages. À la base, il s'agit d'une performance unique d'Alan Moore (réalisée le 18 novembre 1995), récitant un texte de sa composition, accompagné de musique, devant un auditoire. Ayant écouté l'enregistrement sur CD, Eddie Campbell lui a proposé de le transposer en bande dessinée. Ils avaient précédemment travaillé ensemble de 1988 à 1998 pour réaliser From Hell. Campbell est également l'auteur d'une bande dessinée entre autobiographie et autofiction : Alec, l'intégrale (également traduit par Jean-Paul Jennequin).

L'ouvrage commence par un dessin non figuratif en double page, comprenant un poème en prose sur la coiffe de naissance, ainsi que les références de la représentation d'Alan Moore en 1995. La page suivante, la narration prend une forme plus traditionnelle à base de cases, évoquant le décès de la mère d'Alan Moore, et la découverte de la coiffe céphalique (partie de la poche des eaux qui recouvre la tête du foetus au moment de l'accouchement) de celle-ci dans ses affaires.

La narration met ensuite en scène Alan Moore dans la salle principale de l'Old Country Court à Newcastle-upon-Tyne où il effectue son discours. Il évoque alors l'histoire de cette ville dont le fait qu'elle soit située sur le tracé du Mur d'Adrien. Il est question de l'évolution de la société jusqu'à l'industrialisation, puis l'intervention revient à la coiffe de naissance, à sa symbolique multiple et aux étapes incontournables de la vie d'un homme en Angleterre urbaine, dans la deuxième moitié du vingtième siècle.

Il faut bien reconnaître que cet ouvrage est intimidant. Pour commencer, le texte d'Alan Moore (certainement adapté par endroit, mais dans une mesure qu'il n'est pas possible de déterminer) présente une forme complexe. Il s'agit le plus souvent de poésie en prose sur la base de nombreuses associations d'idées, fonctionnant sur le principe de registre lexical permettant d'altérer le sens général des mots en les employant dans un contexte inhabituel. le niveau de vocabulaire peut également représenter un défi, même pour un anglophone expérimenté. Ensuite, Eddie Campbell a également recours à un registre graphique étendu, allant de l'esquisse légère à la représentation quasi photographique, en passant par des toiles de maître, ou des photographies retouchées.

Le lecteur plonge donc dans cette narration des plus personnelles, bien content de bénéficier d'une mise en images qui va l'aider à saisir le sens de nombreux propos. le texte d'Alan Moore semble suivre des méandres discernables par lui seul. Il revient à plusieurs reprises sur l'objet que constitue la coiffe céphalique, pour y trouver à chaque fois de nouveaux sens, en tant que symbole. Ce résidu de la poche amniotique est tour à tour vu comme un morceau des entrailles de la mère, un filet, une carte génétique, un vestige de la matrice, un sac plastique (comme celui dans lequel on peut acheter un poisson rouge), ou même une preuve d'un crime commis par les parents (faire venir au monde un nouvel être humain). À partir de chaque nouvelle interprétation, l'orateur peut alors suivre un nouveau fil conducteur.

À bien y regarder, le lecteur peut quand même déceler la structure du discours. L'auteur commence par un souvenir personnel, celui du décès de sa mère (avec une étrange référence à la puanteur de Lyonesse). Il prend ensuite le soin d'évoquer le lieu où il intervient, évoquant l'évolution de la civilisation avec une très belle image, celle des logos finissant par devenir le motif uniforme de toutes les villes d'Angleterre. À partir de là, il peut constater que l'individu est prisonnier de l'instant présent Il évoque alors l'évolution du jeune adulte, les points de passage obligés de sa vie, communs à tous les jeunes adultes (mâles, parce que le point de vue est celui de l'expérience du narrateur, lui-même de sexe mâle), pour mettre en perspective la nature de la vie d'un individu.

Le lecteur constate qu'Alan Moore évoque aussi bien la rébellion adolescente que les premiers émois amoureux, ou encore la conviction d'être formaté par un système éducatif castrateur. Il faut rentrer dans le moule, et chaque individu doit faire appel à ses capacités d'adaptation pour se conformer dans une société normalisatrice. L'auteur présente chacune de ses expériences comme des points de passages imposés par la société, des rites d'intégration subis et non pas voulus. Moore réduit le cycle circadien à 2 fonctions : on travaille et on dort. Il adopte un ton factuel (s'installer chez soi, regarder la télévision avec sa douce, rentrer dans le train-train du sexe tous les vendredi soirs, se montrer poli avec tout le monde y compris ceux que l'on méprise, etc.), avec une position à la fois résignée et quelque peu condescendante. Il s'en dégage un ton oscillant entre une forme douce de mépris compatissant et une inéluctabilité affectée, flottant dans un léger cynisme, une acrimonie résignée.

Ayant constaté l'impasse d'une telle direction analytique (la mort étant certaine au bout du chemin), Alan Moore choisit alors de rebrousser chemin (à partir de la page 30 de la BD), en remontant le cours de la vie vers la naissance. Il avait déjà utilisé ce point de vue avec une grande efficacité dans l'une de ses histoires courtes écrites pour 2000 AD. L'effet est saisissant, car Moore donne vraiment l'impression que l'écoulement du temps a changé de sens et que l'individu vit sa vie pour aller vers une issue tout aussi inéluctable qu'est le néant préexistant à la naissance. En inversant ainsi la perspective, il plaque les mêmes étapes (perte de l'autonomie, diminution de la compréhension mais ré-enchantement du monde) sur le retour à l'état de nourrisson. le lecteur se retrouve à réfléchir à ces étapes de la vie, avec un point de vue totalement neuf.

Dans l'introduction, Eddie Campbell explique que lorsqu'il a entendu pour la première le CD de ce spectacle, il a été saisi par l'universalité des moment de vie évoqués par Alan Moore, et par le fait qu'il reflétait si exactement sa propre expérience personnelle. C'est la raison pour laquelle il a souhaité prolonger sa collaboration avec cet artiste hors norme de cette manière. Pour le coup, il était certainement l'homme de la situation du fait de sa proximité artistique avec ce créateur, par le biais de leur longue collaboration sur From Hell. À l'évidence, la transposition d'une performance orale dans un autre média exigeait quelques images pour pouvoir pallier l'absence d'intonations, de gestes, et de l'accompagnement musical.

À l'évidence, l'artiste n'a d'autre possibilité que de se mettre au service du texte, d'accepter d'asservir ses dessins au flux poétique. D'un point de vue technique, il s'agit de dessins en noir & blanc, avec des nuances de gris en fonction des cases. La première double page montre un fond gris parcouru de traînées blanchâtres horizontales, avec des rectangles plus foncés en arrière-plan, et des silhouettes d'hippocampes comme tracées à la craie par-dessus, soit une composition non figurative pour servir de toile de fond à un premier poème en prose. La page suivante comprend 4 cases (sans bordure), des dessins à l'encre, avec des nuances de gris. La page suivante apparaît comme des objets accolés les uns aux autres suivant une lecture de haut en bas, avec incorporation de photographies en noir & blanc (de pièces monnaie), légèrement retouchées.

Ainsi, Eddie Campbell puise dans différentes techniques pour concocter des images à l'appui des mots. Certaines sont particulièrement saisissantes : Alan Moore dans la pénombre avec des peintures aborigènes blanches sur la peau, une photographie d'une grande halle industrielle ou celle d'un open-space, une vue de la chambre du premier appartement de jeune adulte, avec une belle affiche de Magritte (Qu'est-ce que le surréalisme ?), un surprenant tsunami dont la vague va s'écraser sur une petite ville, un facsimilé d'une page du journal de David Copperfield, un facsimilé de la Vague de Katsushika Hokusai, un serpent dessiné à la manière des aborigènes… L'artiste met tout son savoir-faire en jeu pour accompagner le flux de la narration d'Alan Moore.

Eddie Campbell doit également faire face à des choix cornéliens. À quelques rares reprises, le lecteur ne peut pas s'empêcher de remarquer que l'artiste a choisi une image qui représente de manière littérale ce qui dit le texte. À d'autres moments, le lecteur se dit qu'heureusement qu'il y a une image parce que sinon le texte serait tellement hermétique qu'il en deviendrait abscons et qu'il resterait lettre morte. À d'autres moments encore, les images réduisent au contraire l'universalité du propos en devenant trop concrètes. le dosage est effectivement le fruit d'un tâtonnement, d'expérimentation, de ressenti du passeur qu'est Campbell.

Ce tome est une oeuvre exigeante qui nécessite que le lecteur prenne une part active dans la lecture, en s'adaptant à la forme, en se laissant porter par le flux du texte et son cheminement particulier, en acceptant les images évoquées par Alan Moore. Par moment, il se félicite de disposer des images dessinées par Eddie Campbell pour y voir plus clair. À d'autres moments, il regrette qu'elle restreigne les niveaux d'interprétations, et qu'elles lui imposent cette vision concrète de l'Angleterre.

Alan Moore et Eddie Campbell invitent le lecteur à regarder la vie d'un jeune adulte d'un point de vue particulier. Il y a à la fois une forme de pragmatisme condescendant, réduisant les expériences de chaque individu à des dénominateurs communs prosaïques et banals (premier appartement, premier baiser avec la langue), et à la fois une forme de lyrisme accompagnant une dimension spirituelle sans religiosité. En fonction de la sensibilité du lecteur, il peut se lasser d'un texte hermétique aux interprétations hasardeuses et aux images soit trop fonctionnelles, soit pas assez explicites, ou se laisser séduire par un point de vue personnel, porté par un talisman original (la coiffe céphalique) dans une structure à chronologique à rebours, ouvrant des perspectives inédites.
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Après s'être déjà énormément dévoilé –mais de manière indirecte- dans ses plus grandes oeuvres (La créature du marais, V pour Vendetta…), Alan Moore révèle quelques pans autobiographiques de sa personnalité. le texte de la coiffe de naissance, écrit à l'occasion d'un spectacle donné pour son 42e anniversaire, est ici repris et illustré par Eddie Campbell qui effectue un travail tout en nuances et en inspirations. Au milieu de ses propres dessins, tout de noir et blanc vêtus, se glissent Jérôme Bosch, Billy Stockman Tjapaltjarri ou Hokusai, comme de brefs appels à une communion élargie.


En se focalisant sur la coiffe de naissance –une fine membrane qui recouvre la tête du bébé à la naissance et sur laquelle sont imprimés les traits de son visage-, Alan Moore cherche à nous révéler l'importance des détails. La coiffe devient l'allégorie des masques que nous empruntons dans nos existences pour limiter la casse et renforcer l'intégration sociétale –mais à quel prix ? La mise au rebut de sa personnalité, les imitations de débuts de vie factices, la perte de son identité profondes, sont des thèmes qu'Alan Moore aborde avec une naïveté qu'on lui connait peu et sur un mode poétique désabusé, sans tragédie ni éclats. La traduction aurait-elle fait perdre de sa noblesse à Alan Moore –de cette noblesse lyrique qu'on lui connaissait dans la créature du marais ? Malgré ces défauts de style qui donnent l'impression de lire le plaidoyer mécontent d'un adolescent qu'on aurait privé de sortie, émergent parfois des vérités profondes qui réussissent à bousculer notre assurance de lecteur pour nous interroger.


Et puis le langage se déconstruit peu à peu. Alan Moore revient à ses plus jeunes âges, retranscrit les premières frayeurs et les premières blessures. A notre tour de retourner sur notre enfance et de nous souvenir des abandons et de la survenue de la mort. Serait-ce à ce moment-là que nous avons commencé à nous fuir ? Régression, régressions… nous inscrivons à nouveau notre visage à l'intérieur de la coiffe de naissance, et plus loin encore, nous remontons le long de l'échelle de l'évolution. du microscopique au macroscopique, la coiffe de naissance inscrit l'individu à la fois dans son insignifiance mais aussi dans la grandeur de son appartenance au phénomène de la vie.


Parce que ce récit est autobiographique, il se fait moins fulgurant que les pures oeuvres de fiction d'Alan Moore. Ici, il prend la pose même s'il s'en défend –peut-on éternellement se passer de sa coiffe de naissance ? Et cependant, le résultat parvient encore à nous troubler d'une manière toute personnelle. En parlant de lui, Alan Moore réussit brillamment à parler de tous…
Lien : http://colimasson.over-blog...
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Retour aux origines de la vie...

Dans la préface, Eddie Campbell écrit: « La coiffe de naissance recrée un tableau détaillé de la classe populaire anglaise du troisième quart du XXe siècle. » Mais c'est là réduire ce long texte poétique à son aspect social alors qu'il est bien plus que cela.

La coiffe de naissance fut d'abord un long poème, une performance d'Alan Moore mise en musique par David J et Tim Perkins, présentée une unique fois le 18 novembre 1995 dans un vieux tribunal de Newcastle. Quelques années plus tard, Eddie Campbell, son ami, le met en images et il est aujourd'hui traduit en français par Jean-Paul Jennequin.

Le texte est né de la découverte par l'auteur dans les papiers de sa défunte mère, de la « coiffe de naissance » de celle-ci, coiffe à laquelle beaucoup de civilisations attribuent des vertus particulières, généralement bénéfiques ; Alan Moore, quant à lui, écrit  :
« La coiffe de naissance documente une Atlantide personnelle, un temps du rêve d'avant l'apparition de la parole... »

Il procède ensuite à une remontée dans le temps, de la mort de sa mère à sa naissance et même en-deçà puisqu'il nous conduit jusqu'à l'histoire de l'humanité et même celle de l'univers avec le Big-Bang.

S'il y a bien des passages autobiographiques, de l'enfance à l'âge adulte, et des jugements sociétaux sur une époque où l'on jetait « [d]e furtifs coups d'oeil inquiets par-dessus nos épaules pour vérifier si nous avons assez de place pour reculer devant les horreurs de la société en même temps que nous les dénonçons. », ce texte est donc aussi, et peut-être avant tout une interrogation sur le sens de la vie.

Quant à Eddie Campbell, il est plus qu'un illustrateur, sa mise en page et le jeu entre des parties très dessinées et très sombres et des esquisses fait palpiter le texte d'une manière toute personnelle.

Le texte comme les images plongent le lecteur dans un univers onirique et poétique dont je suis sortie à la fois ébahie et bouleversée.


Un montage vidéo, en quatre parties, de la performance d'Alan Moore .et des images d' Eddie Campbell, dont voici le lien vers la première (les autres étant faciles à retrouver sur Youtube en cliquant sur le nom de l'auteur du post)....
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Les dessins servent fort bien le texte. Cependant, ce dernier est par moment décousu et vient perdre un peu plus le lecteur dans les méandres de la mémoire, de la poésie et des métaphores. Certains passages, comme ceux évoquant l'adolescence sont superbes, car limpides, d'autres demeurent pour moi, hélas, trop obscures pour qu'ils soient appréciés à leur juste valeur.
Une découverte en demi-teinte, peut-être à compléter par la VO
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Dans ce magnifique ouvrage, l'illustrateur Eddie Campbell apporte tout son talent au texte autobiographique de son compère Alan Moore.

Le texte avait fait l'objet d'une lecture publique en 1995 à l'occasion du 42ème anniversaire d'Alan Moore. La coiffe de naissance, ce petit résidu qui vient parfois orner la tête des nouveau-nés, objet de toutes les superstitions, fait ici office de fil conducteur du récit. Alan Moore nous expose sa vision de la vie, de la société anglaise. le texte regorge de métaphores, le style est très inventif, Moore était particulièrement bien inspiré !!! Une attention toute particulière est portée à la qualité du lettrage, notamment pour retranscrire le langage enfantin.

J'ai parfois trouvé cet album difficile à suivre, une relecture s'impose pour saisir toutes les subtilités.

Lien : http://bene31.canalblog.com/..
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critiques presse (4)
Lexpress
03 juillet 2013
Un album atypique pour une autobiographie sans complaisance. Fertile en métaphores, la Coiffe de naissance, d'Alan Moore, entraîne le lecteur entre poésie et langage enfantin.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Du9
10 juin 2013
Reste que la mise en image, dans ses errances, ses emprunts, ses clairvoyances, etc. peut en dire bien plus long sur certaines limites, voire motivations d’un auteur revenant d’un From Hell sans pour autant aller vers un paradis.
Lire la critique sur le site : Du9
BoDoi
03 juin 2013
C’est un véritable dialogue qui s’installe entre Alan Moore et lui. Si bien qu’on croirait le dessin, d’un noir et blanc lumineux, comme appliqué avec respect sur le tissu placentaire de la coiffe elle-même.
Lire la critique sur le site : BoDoi
ActuaBD
13 mai 2013
Essai introspectif en totale liberté du scénariste anglais le plus célèbre du 9e art. Où il mêle épisodes douloureux, rites de passage mais aussi ambition littéraire.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Citations et extraits (16) Voir plus Ajouter une citation
Il y a les filles dont on est amoureux et que l’on ne touche jamais et à qui l’on parle à peine, on ne fait qu’effleurer leurs pull-overs en rang pour la prière, nos passions étant trop profondes et trop graves pour jouer à se poursuivre et à s’embrasser. Même leurs noms sont faits pour être aimés, syllabes enchantées évoquant parfaitement leur présence parfaite. Dans nos pensées qui coulent comme l’eau des robinets, nous les tournons et retournons, et dans le dedans de nos bouchons, nous les murmurons. […] Nous les aimons et n’imaginons pas que quelque chose d’autre fût requis. Un jour nous espérons les sauver.
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Là, sur l’oreiller adjacent, décomplexée et démasquée par le sommeil, la figure à laquelle nous espérons nous ajuster, partenaire choisie comme pour une danse qui ne durera pas. Ce mélange de réflexe social, de circonstances et de besoin, que nous pouvons prendre pour de l’amour. Une pyrite du cœur.
Nous nous acharnons à jouer le mieux possible au papa et à la maman, et dans cette joyeuse imitation de vraies pièces et de vraies personnes, une partie de nous attend l’arrivée de nos parents venus nous ramener à la maison, qui mettront fin au jeu mais à présent, il est tard et ils ne sont toujours pas là.
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La coiffe de naissance, petit à petit déployée, est un lambeau fragile, un planisphère perdu qu’il va falloir reconstituer à partir de fines traces, lignes aussi minces et hésitantes que des veines. Cette délicate membrane dresse la carte d’un continent monstrueux et oublié, chaque vive éclaboussure de sang maternel y est un archipel. C’est une carte postale froissée, égarée par la poste, en provenance d’une nation disparue, son message rédigé dans une antique écriture difficile à déchiffrer. La coiffe de naissance documente une Atlantide personnelle, un temps du rêve d’avant l’apparition de la parole, un état chamanique naïf riche de totems abandonnés ; une danse oubliée autour du feu ; les flamboyantes signatures de démons médiévaux à demi apparentes à travers les sinuosités des graffitis à la craie sur le mur d’une cour de récréation. L’obscurité sans réconfort.
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La coiffe de naissance est un filament de spores, une piste de miettes de pain qui nous guide et nous ramène en arrière, nous fait redescendre la colline des singes vers le creux de la vallée et le marécage en contrebas.
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La coiffe de naissance est une membrane en forme de campanule qui fleurit dans le sac amniotique et marque la tête du bébé à la délivrance. Sa présence est occasionnelle. Son but est obscur.
Une chasuble signalant l’appartenance à une élite silencieuse et impénétrable, secte d’embryons trappistes rêvant d’absolu sous leurs pâles et translucides capuchons.
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