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3,99

sur 1977 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
un univers dans lequel j'ai plongé dont j'ai aimé suivre les personnages avec entrain...
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Que dire ? Fantastique à tous niveaux. J'ai dévoré ce roman des dizaines de fois quand j'avais quinze ans. Les personnages y sont parfaitement ciselés, le style est cru, nu... Et les sentiments sont dépeints avec une précision d'horloger. Un must-read pour adolescents !
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L'enchanteur Mourlevat nous entraîne avec ce roman du côté de la dystopie pour un incroyable voyage dans un monde où les Terriens sont des êtres méprisables, vils et dégoûtants. Pensez donc : ils respirent !! Ils rient (ce qui est très inconvenant, dans ce monde-ci on cliquette), ils pleurent, ils toussent, ils tombent malades, ils mangent de la quiche lorraine, ils mettent au monde des enfants (le comble de l'horreur apparemment) … Enfin bref, toutes ces choses qui ne risquent pas d'arriver dans le monde aseptisé qui nous est présenté ici. Mais quand même, certains hauts dignitaires de là-bas n'aiment rien tant qu'une petite captive humaine pour leurs longues soirées d'hiver (enfin façon de parler, parce que là-bas il n'y a ni vent, ni pluie, ni neige, ni saisons … ni rien). Alors pour tromper l'ennui, ils envoient des chasseurs ramener une blonde, une brune, une rousse, selon l'envie du moment. C'est ainsi qu'a disparu la rousse Gabrielle Collodi. Sa soeur Anne, après avoir cru l'entendre à la radio, part à sa recherche et découvre ce monde parallèle. Commence alors une incroyable odyssée qui va la mener de Campagne à Estrellas, la ville où l'on meurt, en passant par Lorfalen où sa soeur est retenue captive. Sur sa route on croise Etienne Virgile, un vieil écrivain en panne d'inspiration, Mme Stormiwell, passionnée par tout ce qui est terrien, qui initie Anne aux particularités ce monde. On croise également Bran et Torkensen, deux hybrides (nés d'une captive humaine et d'un habitant du monde parallèle) qui vont aider Anne à retrouver Gabrielle (Bran l'aide même tellement bien qu'ils finissent par tomber amoureux).
L'histoire est incroyable, la narration exigeante (succession de chapitres du point de vue des différents personnages, et pas tout le temps à la même personne). La construction est ici résolument fantastique, puisque que le roman s'ouvre sur un décor particulièrement réaliste (avec force évocation de villes de Loire).
On progresse dans une société sans saveur, sans odeur, sans couleur, où l'on meurt littéralement d'ennui un jour, où tout est décidé à l'avance (votre métier, votre “compatible”), où tout est sous contrôle jusqu'à votre mort, un “Meilleur des mondes”. Et puis un jour, on monte dans un train, encadré par des soldats, et on va gentiment se faire cramer à Estrellas, ville recouverte d'un couvercle de cendres. Difficile de ne pas y voir une allusion aux fours crématoires. J'aime beaucoup les dystopies, ce qu'elle nous révèle de notre monde tout en le mettant à distance.
C'est la seconde fois que je lis ce roman, et je le redécouvre encore une fois avec émerveillement. La magie Mourlevat a encore une fois opéré.
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J'ai découvert Jean-Claude Mourlevat avec L'enfant Océan, pour la jeunesse puis avec un roman pour adultes Et je danse, aussi (que je n'ai toujours pas chroniqué!). J'ai donc tout naturellement tenté le roman pour ados.

Pendant des années j'ai brandi un "non je ne lis pas de science-fiction" avec une mine presque dégoûtée. Et puis un jour, j'ai voulu essayer. J'ai lu Les âmes vagabondes de Stephenie Meyer (c'est une chronique sur mon ancien blog) et j'ai adoré. Depuis, je ne suis plus aussi réticente au fantastique (et je regarde même des séries).

"Tout commence sur une route de campagne...". Un vieil homme, Monsieur Virgil, prend une jeune fille en stop. Anne Collodi c'est son nom, lui demande de la déposer à Campagne. Elle recherche sa soeur qui a disparu. Jusque là rien d'anormal. Virgil prend Anne en stop par deux fois, le même jour, un Vendredi. Et puis plus rien... Jusqu'à ce qu'il découvre que Campagne n'existe pas...

...n'existe pas dans notre monde! Mais Anne a trouvé le chemin qui la mène à Campagne, une simple route qui l'emmène dans un monde étrange où les personnes ne respirent pas, ne rient pas, ne vomissent pas, bref, une vie de robots.

Elle apprend que sa soeur est retenue chez les "hauts fonctionnaires" de ce monde et là, ça se complique. Comment va-t-elle faire pour pouvoir l'atteindre?

Dans ce monde parallèle, tout peut sembler parfait: les habitants ne sont jamais malades, ils ont tous un toit, des vêtements (uniques!) et peuvent manger à leur faim. Oui, parce que rien n'est payant. On peut rentrer dans un magasin, un restaurant, un hôtel...et prendre tout ce qu'on veut. Imaginez que l'on vive comme cela...les premiers temps, les gens seraient fous, ils iraient tout dévalisé! À terme, je pense que la surconsommation baisserait finalement (quand on peut avoir tout ce qu'on veut, les objets deviennent moins attrayants n'est-ce pas?).

Oui mais...ce monde est blanc, aseptisé. Les belles couleurs de nos saisons? Nope! Rien sur quoi poser nos yeux et s'émerveiller. de toute manière, les gens de là-bas n'ont pas d'émotions, ils ne rient ni ne pleurent...jamais. Au mieux, ils cliquètent! À l'heure où la gestion des émotions devient un phénomène "en vogue" chez nous... Ce monde permet de nous faire réfléchir à ce qu'on a, de voir tout ce dont notre monde regorge et finalement de mieux l'apprécier.

Ce roman, c'est aussi une aventure. Celle d'Anne et de Virgil (qui va l'aider dans sa quête). Oui, un peu d'action et de suspens ne fait pas de mal. On pourrait croire de un roman pour ados, tout est bien qui finit bien. Alors, oui et non! Mais bien sûr, je ne vais rien dévoiler.

Le roman interroge également l'amour et l'amitié entre deux personnes opposées. Peut-on aimer quelqu'un qui n'est pas de notre monde. Il interroge les difficultés de l'union "mixte".

J'ai passé un excellent moment avec ce roman qui a remporté le prix ados d'Ille-et-Vilaine.
Lien : http://chipandthebooks.over-..
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J'ai vraiment adoré cette lecture. Je n'arrivais plus à lacher ce livre que j'ai lu en 3 jours. Les aventures de Anne Collodi m'ont fait penser à celle de Miss Peregrine et les enfants particuliers. Bref je ne sais quoi vous dire de plus ! Lisez cette merveille !
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Et encore une lecture de cet été dont je ressentais le besoin impérieux de faire une critique sur le blog. En effet,-ma saison estivale a été comblée par de belles lectures, enrichissantes, intenses, surprenantes, épatantes, folles, rafraîchissantes. Celle-ci, je la dois à la citronnée Lemon June et à son talent pour vous mettre l'eau à la bouche : ici. Déjà que ce livre de Jean-Claude MourIevat m'attirait parce-que... ben, c'est Jean-Claude Mourlevat quoi, l'auteur de mon livre doudou de quand j'avais sept ans (mon premier emprunt à la bibliothèque municipale ♥), le jeune loup qui n'avait pas de nom, et aussi du génial, fabuleux et saisissant Combat d'Hiver. Mais là, impossible de résister quand la belle et ingénieuse Booktubeuse nous parle si savamment de ses dernières lectures, on ne peut que se jeter à l'eau. Celle de Terrienne vous paraîtra froide, amère, peu engageante et presque provenant d'une autre planète, mais cette cure de jouvence signée Jean-Claude Mourlevat, dont les récits ont vraiment un certain charme et une poésie propre à lui, une patte emplie de douceur et somptuese qui nous emmène dans divers mondes parallèles plus à couper le souffle (dans le sens "coeur qui frôle l'arrêt cardiaque à chaque seconde") les uns que les autres, vous remettra en mémoire ce que c'est d'être humain, d'être vivant, qui plus est sur une Terre aussi belle et propice à nous offrir les merveilleuses joies quotidiennes de l'existence. La couverture ne paye pas de mine pour beaucoup de monde mais au contraire, je la trouve particulièrement appropriée, de par son côté très épuré, voir très aseptisé. Elle se fait douce et discrète mais cette abondance de blanc, comme un halo autour du personnage principal complètement déboussolé, dégage aussi une certaine lumière qui nous éblouit. Ce roman est telle l'ampoule vacillante dans une obscurité poisseuse, opaque et dangereuse pour la sanité de l'esprit humain. Attention, vous entrez en territoire inconnu, un terrain miné dont vous ne sortirez pas indemne. Mais je vous assure, c'est pour votre bien. Je sais, c'est bizarre ce que je dis, mais vous allez comprendre.

Nous suivons grâce à ce livre l'aventure improbable d'Anne Collodi, jeune femme on-ne-peut-plus normale, presque banale dans un premier temps, qui ressemblerait presque à un mauvais récit de mafia dans les grandes lignes :-le jour de son mariage avec le beau et mystérieux (voir hermétique) Jens, la grande soeur bien-aimée d'Anne, Gabrielle, se fait kidnapper par ce dernier et ses témoins. Un rêve éveillé qui tourne en cauchemar qui va s'étendre sur une année environ pour la famille Collodi, jusqu'à ce qu'Anne arrive miraculeusement à recevoir un appel à l'aide de sa soeur à la radio, sur la fréquence entre NRJ et France Culture. En passant par France Inter, bien sûr. Oui, ça claque. C'est dingue, hein ? Et ce n'est que le début des événements improbables... Anne a désormais une piste à laquelle se raccrocher : CAMPAGNE. Non, pas comme le pâté (c'est la morfale qui parle). Vous pourriez me dire aussi que, la campagne française, c'est vaste. TROP vaste. Sauf que, non loin de la ville d'Anne (dont je ne me rappelle absolument pas le nom), il existe véritablement un lieu-dit du nom de CAMPAGNE (ouais, avec lettres en majuscules, s'il vous plaît). Ça semble facile, mais autrement il n'y aurait pas d'histoire. Et quelle histoire mes amis !

J'ai beaucoup admiré le courage d'Anne, sa détermination sans failles à ramener sa soeur à la maison,-auprès de leurs parents dévastés, même si pour cela, elle doit se rendre en enfers. Elle pourra vous sembler un peu paumée sur les bords dans un premier temps, avec ces questions existentielles et métaphysiques somme toutes absolument farfelues, mais en réalité, j'avais la sensation qu'Anne pouvait voir au-delà de notre simple monde physique. Et en effet, c'est toute une question de croyances, de foi inébranlable, d'imagination et d'ouverture d'esprit dans ce récit. Afin de se rendre à CAMPAGNE et de voir ce fameux panneau sur le bord de la nationale [ajoutez ici un numéro], il faut avoir une véritable raison et volonté de s'y rendre. Cet endroit ne semble destiné qu'aux personnes ayant un besoin désespéré d'y accéder. Pour Anne, la question ne se pose même pas : elle doit retrouver sa soeur Gabrielle à tout prix, cette situation insoutenable de séparation et de tourmente n'a duré que trop longtemps. Anne se raccroche à ce mince espoir qu'est la voix aphone de Gabrielle, si faible écho de la magnifique femme pleine de vie qu'elle était dans sa vie d'avant, résonnant sourdement dans sa tête, tel un mantra de solitude et de survie, comme à la dernière branche la reliant à l'envie de vivre. Plus rien ne semble avoir de saveur ou de sens sans sa grande soeur chérie, dont Anne est si proche, si attachée à elle. On pourrait presque croire qu'elles sont soeurs jumelles tant leurs âmes le sont, ne faisant qu'un. le récit est ponctué de petits flashbacks dans lesquels la tendresse, l'amour, l'affection et la complicité entre les deux frangines explose de partout. de quoi nous mettre le coeur au bord des lèvres. La famille Collodi est constitué de deux parents charmants, dévoués à leurs enfants, les chérissant de tout leur être, compréhensifs et profondément bons. Quant aux filles, l'une est le petit rayon de soleil de la maisonnée, pétillante, spontanée, éclatante de santé, de joie et de malice ; l'autre est plus la lune, astre réfléchi, sérieux, plus pragmatique et la tête sur les épaules. Plus en retrait aussi, dans l'ombre de la grande soeur éblouissante de beauté et d'envie de croquer la vie à pleines dents. Point de jalousie cependant. Anne est la première à ne pas tarir d'éloges concernant celle qui est bien plus qu'une soeur : une meilleure amie, une confidente, quelqu'un qui ne vous laissera jamais tomber et fait tout pour ensoleiller vos jours. C'est une relation que j'ai trouvé profondément bouleversante et qui donne au récit une véritable intensité émotionnelle. Notre héroïne aurait même franchement tendance à se dévaloriser injustement en repoussoir pour bien montrer que sa soeur est un spécimen unique et qu'elle, la petite et innocente Anne, mérite bien d'être dans l'ombre de son irradiante lumière (ça mériterait des baffes, ça). Pourtant, Anne va dépasser ses limites concernant les doutes qu'elle nourrit envers elle-même et c'est avec un coeur rempli d'effroi à l'idée de ce qui l'attend et de ce que Gabrielle a pu endurer pendant 365 jours mais aussi vaillant qu'elle n'hésitera pas à se rendre à CAMPAGNE plusieurs fois afin de de se montrer vigilante et de tâter le terrain. Ingénieuse notre Anne, et elle ne se laisse pas démonter ! Vous l'aurez compris, elle m'a sacrément impressionnée et je dis chapeau pour son courage, car honnêtement, même pour quelqu'un que j'aime de tout mon coeur, je ne saurais imaginer ce que je serais prête à faire afin de le sortir des flammes de l'Enfer dans lesquelles il est emprisonnée (c'était la révélation honte du jour...). J'en suis béate d'admiration, oui.

Heureusement, Anne ne sera pas seule pour son plan évasion grande soeur (yep', j'invente des noms d'opérations comme Henry Mills dans OUAT), qui sera loin d'être de tout repos. Tout d'abord, elle passera des instants d'auto-stop inoubliables avec Etienne Virgil, un retraité célèbre écrivain, en panne d'inspiration. Ou plutôt, il est en son coeur convaincu que tout ce qu'il a écrit ces derniers temps, notamment son roman à paraitre, ne vaut rien du tout. Alors qu'il a perdu foi en lui-même et en son imagination, pouvoir extraordinaire et inconditionnel des hommes, ce vieux monsieur respectable, serviable, gentil et extrêmement attachant va se retrouver embarqué dans la galère de la mission quasi suicide d'Anne malgré lui. Très vite, une relation toute particulière va s'instaurer entre personnages qui sortent du lot, de la masse informe de la société, qui se retrouvent en marge de cette dernière car ils remettent leur existence et le but de leur vie en question. de plus, j'ai trouvé cela très intelligent de la part de Mourlevat de nous apporter le point de vue de différentes tranches d'âges au niveau des personnages : Anne est l'adolescente qui est en train de devenir une jeune femme, de voler de ses propres ailes. Elle est au seuil de sa vie et en est alors au stade où on se pose beaucoup de questions sur le monde qui nous entoure et la place qu'on peut y avoir. Etienne, quant à lui, est arrivé au bout du chemin. Pourtant, il ne se sent pas accompli dans son être, il a la sensation que son talent d'écrivain a été gâché afin de plaire à la masse coagulée de lecteurs et afin de s'assurer une retraite paisible. Mais comment cela est-il donc possible dans l'âme torturée de cet homme bouillonne de ne pas exprimer sa vraie vision des choses sous forme de lettres distinctes, de mots intelligibles ? C'est que Monsieur Virgil n'avait pas encore vécu l'Aventure de sa vie, celle qui va le conduire à suivre Anne dans cette quête insensée à chercher une aiguille, ici sa soeur, dans une botte de foin, l'austère CAMPAGNE donc. Et à cette aventure abracadabrantesque de bout en bout, Monsieur Virgil va s'y dévouer corps et âme. Alors qu'il n'avait rien demandé, il va risquer sa vie et sa raison pour sa jeune amie, il va être un soutien incontestable pour elle et je pense qu'Anne n'aurait pas pu aller bien loin sans la maturité et l'expérience de la vie de Monsieur Virgil, sans ses valeurs nobles et bonnes intuitions. La vie est constituée d'épreuves, d'embûches auxquelles il faut faire face, mais rien ne dit qu'on doive le faire seul. Il est humain de se faire aider par des âmes soeurs, des âmes qui nous comprennent et répondent à nos attentes et à notre empathie. Cette humanité solidaire est d'une beauté sans pareille.

Avec toute mon effusion de sentiments coulants concernant notre duo d'apparence dépareillé mais aux coeurs qui battent à l'unisson telle une évidence, j'en ai oublié de vous décrire la singulière CAMPAGNE qui jouxte notre monde ! Quelle négligence ! Alors, je vous le dis d'entrée de jeu : oubliez les vaches dans le pré, les bottes de foin (pourtant, j'ai mentionné ce mot plus haut, désolée...), la représentation pastorale de la campagne baignée de soleil et aux verts pâturages parce-que, cette CAMPAGNE-là... est fade de chez fade. Je me l'imaginais de prime abord comme sur la couverture : d'un blanc immaculé, presque l'image qu'on se ferait du paradis (blaaaaaanc... pardon...), ou de l'atmosphère d'une chambre d'hôpital. Puis des immeubles de verre à la modernité esthétique se dessinent, tous en rang d'oignon. C'est le seul élément tangible à l'entrée de CAMPAGNE, car sinon : pas de climat ; ni tempéré, ni aride, ni pluvieux, NADA ; pas de reliefs à des kilomètres à la ronde... Cela rappelle l'héritage que le livre jeunesse incontournable de la Dystopie, le passeur de l'incroyable Loïs Lowry, a laissé : la notion de SAMENESS, tout se ressemble ; pas d'individualisme, tout appartient et est régulé par la communauté. Les naissances, les études, les emplois, la vie conjugale... même la Nature, tiens ! Or, là, c'est pire car c'est VIDE sur une large étendue. Et quand ce n'est pas vide, c'est stérile et cela présente un paysage désolant. Merveilleux ! *ironieeeee, mon amieeeee* Ca a de quoi vous glacer le sang ! Quand je vous le clame haut et fort qu'Anne et Etienne sont des champions ! Et le pire de tout, c'est que les habitants de CAMPAGNE : ne respirent pas, ne rient pas, ne pleurent pas, ne tombent jamais malades, ne meurent pas vraiment car ils n'ont pas la même constitution que nous, osseuse et autre, sont froids COMME DES PICS A GLACES !! (au propre et au figuré. Surtout au figuré en fait) Bienvenue dans cet endroit où il fait bon vivre ! *rire nerveux* Allez, cela vous donne bien envie d'aller rencontrer ces gens si accueillants (hum), pleins de vie (humhum), si compatissants (HUMHUM)... En clair, des parangons du sentiment humain (HUMHUMHUM). Cette confrontation glaçante entre des personnages comme Anne et Monsieur Virgil, biens de chez nous, et les gens de là-bas, a vite fait de nous remettre en mémoire à quel point il est bon d'être humain, de ressentir les choses, heureuses comme malheureuses, de pouvoir pleurer tout notre soul afin de faire sortir la peine, de pouvoir rire aux éclats afin d'apporter un peu de chaleur dans nos coeurs érodés par le temps qui les entaille, de pouvoir se faire dorloter par maman quand on a un vilain rhume et de squatter le lit, emmitouflés sous une armada de couvertures douillettes et d'amour sans conditions, de pouvoir RESPIRER enfin. A chaque fois qu'Anne devait retenir sa respiration afin de ne pas se faire repérer par ce peuple qui ne supporte pas l'étrangeté, j'en avais mal à mes poumons, j'avais l'impression qu'on les broyait avec des étaux. Je n'ai jamais été aussi fière et soulagée d'être humaine, terrienne, à ce moment-là. Même si le plaisir assumé des autorités de CAMPAGNE à défenestrer les personnes qui sont dissidentes, différentes, rappelle avec la saveur amère d'un lait caillé les opérations nazies qui sont une réalité avérée, oui, j'ai le coeur gonflé amour sans bornes pour notre monde. Celui des âmes charitables comme Monsieur Virgil, de la Terre qui nous offre ses trésors, ses mystères (les vrais reconnaitront cette chanson ♪ ♥), de ce bonheur qui ici bas n'a pas de prix (oui, je continue !).

J'ai été frappée d'effroi en découvrant que le monde de science-fiction totalement impromptu que nous décrivait Jean-Claude Mourlevat était le nôtre à ses heures les plus sombres. Un monde qui s'arrête de respirer et de ressentir quoique ce soit face à tant d'horreurs perpétrées, de kidnappings et d'assassinats d'âmes innocentes, d'une jeunesse asservie à une cause raciste, xénophobe et profondément arriérée et inhumaine, un monde tellement dégoûté de ce qui se passe en son sein qu'il ferme les yeux, devient passif et collaborateur, et laisse les quelques grains dans la machine patauger, voir se noyer dans tant de folie meurtrière et incontrôlable, d'une démesure qui laisse pantois, abasourdis. Heureusement que les quelques grains de sable en question ne vont pas suivre le troupeau abruti et renoncer à leur conviction que quelque chose cloche au coeur de ce système aux racines foncièrement mauvaises. le personnage de Bran, figure masculine principale de l'intrigue, pourrait vous laisser sceptique et difficilement tolérants. Après tout, il a participé à l'enlèvement de Gabrielle sans protestation. Ca commence bien, comme première approche... Cependant, Mourlevat nous "impose" son point de vue au même niveau que celui d'Anne. Ce qui nous "force" à le regarder de façon plus sympathique, à ne pas le juger trop vite sur un acte qu'il sait impardonnable, malin (sens étymologique du terme) et qui l'empêche de se regarder en face dans le miroir sans que sa culpabilité ne le frappe de plein fouet. Bran est un garçon métisse mi-terrien mi-de campagne (comment voulez-vous le dire autrement ?) éprouvé par la vie, qu'il a toujours vécu servile et confinée, avec pour seule kindred spirit Torkensen, un grand gaillard un peu simplet sur les bords mais au coeur d'or tendre de nounours qui lui fait honneur. Il est la gentillesse incarnée. de quoi vous faire fondre le coeur. Bref, j'ai appris à pardonner à Bran, à le connaître, à le comprendre et à l'aimer, tout comme Anne a su le faire en reposant sur lui. C'est un garçon qui va de l'avant, qui sait montrer sa valeur par ses actions et qui a su apprendre à devenir très droit, bon et honnête malgré le monde empli de mystères et de non-dits étouffés qui l'entoure. Je pense que sa nourrice y est pour quelque chose. Sous son masque de froideur se cache une femme au grand coeur, qui a aimé tous les petits métisses qu'elle a allaités et élevés convenablement en comblant ce vide abyssal et affectif de la mère biologique écartée par Dieu seul sait de quelle façon... Elle a inculqué à Bran des valeurs pures et lui a insufflé la force de se battre pour ce qu'il croit être juste. Et je n'oublie pas Mme Stormiwell ! Cette femme est juste merveilleuse. Ses apparences d'employée et de femme docile et paisible (qui aime de tout son coeur son mari, si cela peut vous rassurer) cachent une personnalité exaltée par tout ce qui fait l'être humain : ses rires cristallins et chaleureux, ses gouttes de pluie au coin des yeux, sa peau hâlée ou parfaitement laiteuse, ses petits inconvénients du style se moucher ou tousser, son sourire jusqu'aux oreilles, et par-dessus tout... le souffle et le bruit de l'humain qui respire, qui emplit tout l'espace et ce silence de mort, solitaire et désarmant. A chaque fois que Mme Stormiwell se trouvait dans les parages, je me sentais toute chose. Elle me remettait en mémoire toute la splendeur d'être un habitant de la Terre, la joie immense d'aimer, d'être aimé, de donner, d'apprendre, de s'exprimer. Ce qui m'a laissé sans voix et m'a redonné espoir, c'est le fait qu'Anne va être constamment accompagnée et soutenue par des personnes de ce monde-là, pourtant à l'origine des enlèvements de Terriennes. Chacun va apporter sa part à l'édifice pour qu'Anne puisse enfin serrer sa soeur dans ses bras et lui affirmer que tout ira mieux dès lors. le chemin a été difficile à arpenter mais chacun s'est donné du mal, malgré les menaces planant telle une épée de Damoclès au-dessus de leur tête, au nom d'une humanité qui appartient à tous in fine, au-delà des différences.

Pour conclure, je dirais que Jean-Claude Mourlevat a frappé fort avec ce titre qui a su m'ébranler des pieds à la tête. L'écriture nous transporte, malgré quelques répétitions qui m'ont fait grincer des dents (qu'est-ce qu'on a pu me morigéner à propos de ça !) mais rien de bien méchant cependant. Cela n'enlève pas à l'auteur la magie de sa plume, fluide, limpide comme de l'eau de roche, qui scintille de minuscules éclats telle une fée. Oui, cette plume, je la vois bien comme une fée qui saupoudre ses univers et ses rebondissements haletants de poussière qui nous fait nous envoler. Pas le temps de souffler, le train est en marche et une personne nous attend pour un sauvetage qui ne s'est que trop fait attendre ! Il va falloir affronter les autorités en instance, faire preuve d'un sang-froid inégalable, tout en mettant son torse à plat, aucun signe de respiration ne doit transparaître pour passer incognito. le risque de se faire tuer balancé par la fenêtre est très élevé mais pas de panique ! Les amis sont là pour ça, leur aide ne souffre aucun obstacle. Celle d'un très beau et charmant jeune homme au coeur paumé sur ses origines et au coeur repentant et celle d'un vieil homme esseulé par la course effrénée de sa vie qui a célébré l'Amour à chaque instant avec sa radieuse femme de l'auto-route et désormais avec sa choyée petite fille, si attentive, attendrissante et vivace, ne seront pas de trop ! Si l'armée n'est pas à nos trousses, l'angoisse omniprésente que l'être aimé soit déjà mort et u
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Après les remarquables Combat d'hiver et le Chagrin du roi mort, le roman Terrienne s'inscrit dans la même réussite.
Dans cette histoire, le lecteur découvre un monde bien étrange et effrayant où les hommes et femmes ne respirent pas, où les saveurs n'existent pas et où tout semble silencieux : ni musique, ni affiches, ni cinéma, ni émotions (ou si peu...).
Anne Collodi pénètre par le biais d'un passage dans cet univers particulier, à la recherche de sa soeur Gabrielle qui est devenue une « capturée », c'est-à-dire une femme terrienne ramenée dans ce monde, pour le plaisir des hommes puissants. Anne n'est pas seule dans son entreprise, plusieurs personnages l'aident : Mr Virgil, Mme Stormiwell, Bran... Terriens ou habitants de ce monde vide, ils vont risquer leur vie pour aider la jeune fille dans sa recherche.
Jean-Claude Mourlevat mêle à la recherche de Gabrielle, une histoire d'amour impossible entre Anne et Bran. Ce dernier est le fruit d'une relation entre un haut dirigeant et une capturée. Il se sent plus terrien que habitant de ce monde froid et terrifiant. Au contact d'Anne, il s'affirmera totalement comme terrien et mettra sa vie en péril pour vivre cet amour.
Terrienne est une histoire qui tient le lecteur en haleine tout au long du roman. Celui-ci se lit aisément, rapidement et les cent cinquante dernières pages se dévorent. le rythme est bien mené et les personnages sont attachants. Jean-Claude Mourlevat alterne les points de vue et les focalisations, nous permettant de suivre différents personnages dans ce monde si particulier que nous découvrons au fur et à mesure de la lecture. Comme le signale la quatrième de couverture, Jean-Claude Mourlevat avec son roman Terrienne, va vous donner envie de « respirer » !
Une lecture intéressante sur la beauté de la vie humaine. Amoureux des plaisirs simples de la vie, vous ne pourrez qu'approuver les derniers mots d'Anne, que je vous laisse découvrir par vous même...
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Moi qui au toujours été traumatisée par la mort depuis toute petite, je ressors de cette lecture un peu apaisée à ce sujet mais ce n'est pas l'essentiel de ce roman...quoique ! Qu'est-ce que vivre si il n'y a pas la mort par la suite ? Mais bref, commençons pas le commencement :

Anne Collodi ne voyait pas d'un très bon oeil le mariage de sa soeur Gabrielle, non pas parce qu'elle n'était pas heureuse pour elle mais parce qu'elle trouvait bizarre celui qui allait devenir son époux, et encore bizarre est un mot trop faible pour qualifier ce dernier. Comme Anne aurait voulue se tromper mais suite à la disparition des nouveaux époux et de tous les amis du marié le lendemain du mariage peut laisser penser que quelque chose de dramatique s'est produit et c'est bel et bien le cas. Aussi, lorsque notre héroïne entend à la radio un appel à l'aide hachée de sa soeur aînée, elle sait qu'elle ne s'était pas trompée et qu'il lui revient, à elle et à elle seule, de la retrouver. C'est en faisant de l'auto-stop qu'Anne rencontrera Etienne Virgil, un auteur d'un certain âge à qui elle demandera toujours de la laisser non pas là où elle voudra se rendre mais à 3,5 kms exactement de l'endroit indiqué. Pourquoi ? Tout simplement parce que ce dernier n'aurait pas pu s'y rendre...car pour cela, il faut être conscient du danger et accepter de passer "de l'autre côté" ? L'autre côté de quoi ? Mystère mais toujours est-il qu'à cet endroit-là, les choses n'existent pas ou du moins existent-elles en partie mais n'ont pas du tout la même signification qu'ici. Il y est interdit par exemple pour une personne comme Anne de chanter, de crier, de courir, de pleurer, d'être triste ou joyeuse...et même de respirer !

Un ouvrage captivant qui me faisait de l'oeil depuis un certain temps à la bibliothèque et que je vais restituer à regret...mais me restera ce souvenir angoissant mais absolument bouleversant et attirant de cette prodigieuse lecture . Bref, vous l'aurez compris : un ouvrage que je ne peux que vous recommander !
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résumé :
on suit l'aventure d'Anne, une jeune fille de dix-sept ans, de taille moyenne avec une silhouette fine, un joli visage et des cheveux châtains foncés mi longs, qui ne porte que du noir. Elle a une force de caractère qui la pousse à aller au bout des choses, elle se pose les questions seulement après avoir agis. On se retrouve dans un monde totalement aseptisé avec des hybrides ressemblant à des humains sauf qu'ils ne respirent pas. Tout cela dans une époque non définie.
Anne essaye de retrouver sa soeur Gabrielle qui a disparu lors de son mariage, il y a de cela un an.
La jeune fille va passer dans un autre monde ( parallèle).Elle va rencontrer de personnes qui vont l'aider, et son chemin sera parsemé d'obstacles. Elle sera accompagnée par son nouvel ami qui va l'aider dans son périple
Anne va-elle retrouver sa soeur disparu
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Ce livre m'a plu parce qu'il est palpitant, captivant, avec des rebondissements, il est mouvementé, animé, surprenant. L'histoire de cette jeune fille qui veut sauver sa soeur au péril de sa vie est très émouvante. le seul "inconvénient" je dirais qu'à certains moments, l'histoire est un peu trop lente. Mais sinon, je pense que ce livre est un roman qu'il faut lire si on aime la science-fiction.
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