J'ai adoré ce roman graphique. Mais genre, adoré-adoré. Un petit bouquin qui est dans mon top 5, à vie.
Je l'ai pris au pif, sur un coup de tête, à cause de la couverture toute mignonne. J'ai cru que ça allait être une petite histoire mignonnette.
Je l'ai à peine feuilleté et heureusement : si j'avais vu qu'on avait les pensées du chien, je l'aurais sans doute reposé car c'est un truc que généralement je n'apprécie pas trop (le fait de faire parler des animaux dans un univers réaliste, de leur coller des pensées et réactions vues par le prisme de l'homme, mais présentées comme les leurs... je trouve ça souvent mal fait et trop anthropomorphique).
Au final, je ne m'attendais pas du tout à ce sur quoi je suis réellement tombée.
Un peu comme dans "Je ne suis pas mort" (Motomiya Hiroshi ),"
le chien gardien d'étoiles" a pour toile de fond un sujet social japonais. le "changement" de mentalité et d'habitudes, qui crée le décalage entre celui qui se sacrifie pour le groupe - et trouve ça normal car c'est ainsi qu'il a été éduqué - et celui qui décide que y en a marre et qui veut vivre sa vie quitte à pourrir celle des autres. le décalage entre celui qui ne s'exprime pas, et celui qui décide de dire ce qu'il pense.
Et avec, là encore, la présentation de la "femme" (aigrie par un mariage arrangé ?) en antagoniste pas cool ("Je te laisse dans ta merde et je me casse avec notre enfant") et l'homme brave qui va devoir s'en sortir dans une vie qui n'était pas du tout celle qu'il avait prévue, ni à laquelle il était préparé.
Mais ce n'est que le contexte, ce qui est au coeur de l'histoire c'est la très touchante relation entre l'homme et le chien, de l'arrivée du petit chiot à leur road-trip pour "le sud". Car le héros c'est aussi ce gars qui, dans cette famille, est le seul qui ait assumé du début à la fin ce chien imposé par sa fille (ça rappelle en cela un peu Hachiko, le 1er film).
Et maintenant, SPOILERS :
J'ai trouvé le rythme de l'histoire parfait, et la narration "par le chien" nickel. Ok, d'habitude ça m'énerve quand on fait penser ou parler les animaux mais là, c'était des paroles tellement simples, naïves et mesurées, que ça passait tout seul.
On n'en a pas trop, juste ce qu'il faut, et un jeu se crée entre les "pensées" du chien qu'on peut lire, et l'image qu'elles illustrent (et qui est souvent une réalité que le chien ne comprend pas ou de travers). le lecteur est actif et peut sourire de ce décalage, comme il peut chialer sa mère en voyant le toutou ne pas comprendre la mort de son maître et apporter, tout heureux, à son cadavre pourrissant, enfin de la nourriture après les longs mois d'hiver... bordel T_T. Bref.
Le personnage principal, le "papa", est ce bonhomme un peu bourru au grand coeur qui ne tombe pas dans le cliché grâce à ses petits défauts et détails qui le caractérisent. le dessin, plutôt comique, est parfait pour rajouter un côté naïf et bordel-sa-mère-super-triste-finalement à l'histoire qu'il illustre. C'est d'ailleurs le dessin du chien content, heureux de rien, et qui ne comprend pas ce qui se passe, qui rend d'autant plus dure et touchante la vie de malheurs - toute en nuances - du maître.
A ce propos, il suffit de jeter un oeil à la couverture une fois la lecture finie, pour pleurer à nouveau devant ce p'tit chien qui sourit dans son grand champs de tournesols, totalement inconscient de ce que cette situation réelle signifie (leur abandon, leur MORT). Bordel T_T...
Et j'en veux au sale gamin qui a piqué le portefeuille du "papa" et qui a aidé ainsi son sauveur à mourir un peu plus vite...
Bref, une lecture qui sur moi a très bien fonctionné.
La petite histoire qui suit la principale permet de ne pas trop rester sur sa fin, même si on est triste (décidément) que l'assistant social n'ait pas découvert qui était le maître du chien (ça aurait fait culpabiliser sa famille, mais bref... non, décidément, cette histoire m'a bien impliquée).