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EAN : 9782234088252
250 pages
Stock (29/01/2020)
4.36/5   14 notes
Résumé :
« Les gens de Raqqa m'ont choisie pour que je leur rende une vie, la parole, une démocratie, pas pour que j'ajoute mes larmes au torrent des leurs. ».

Le 17 avril 2017, Leïla Mustapha est désignée maire de l'ancienne capitale de Daech, le théâtre de l'opération " Colère de l'Euphrate " menée par les Forces démocratiques Syriennes et la coalition. Elle est l'unique femme dans une assemblée de 130 hommes.
Qui mieux qu'elle, l'enfant de Raqqa, i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
"On demande aux fleurs, pourquoi êtes-vous si belles ? A cause de mes amis et aussi de mes ennemis." Proverbe Kurde.

Leila Mustapha est la mairesse de Raqqa (ville libérée du joug des djaddistes, en 2017)
Elle était bonne élève, avait des amis et un "Dieu dont la miséricorde éclairait ma tête et mes yeux"

Elle croit que même dans la pierre la plus dure, il y a des fissures, et que la lumière peut la traverser.
"Il ne s'agit pas d'espoir ou d'espérance." Répète Leila. Mais de réalité !

Ça fait 4 ans maintenant... La sincérité de Leila est désarmante.
" Dans la salle du Conseil, Leila est la seule femme (diplômée et Kurde, sans voile), devant 30/40 hommes surtout arabes"... mais c'est elle qui dirige les débats."

En 4 ans, Raqqa a reconstruit 17 hôpitaux, 224 pharmacies et 1 centre du sang...
Aujourd'hui dans Raqqa, on joue au foot (haram sous le Califat) et l'eau coule aux fontaines.

"Très peu d'hommes et de femmes existent par eux-mêmes, ont le courage de dire oui ou non, par eux-mêmes." Marguerite Yourcenar.
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La guerre en Syrie est probablement pour le moment la "guerre civile" la plus terrible du XXI éme siècle. Une guerre qui est allée outre les enjeux intérieurs. La Russie, l'Iran, les États-Unis, et La Turquie faisant office de balle de ping-pong entre Russie et États Unis, y ayant ajouté leurs propres enjeux. Des enjeux aux buts troubles, dont la lourde facture est payée par la population civile.
Ce livre est non seulement un témoignage de première main d'une femme qui a vécut et vit encore cet enfer, mais c'est aussi son histoire, une histoire comme on aimerait en lire plus souvent dans ce monde qui me désespère de plus en plus.
Leila Mustapha est jeune, éduquée, intelligente, honnête et avant tout a une conscience humaine. Elle est idéaliste et veut pacifiquement lutter en but d'une Syrie libre, multiconfessionnelle et multicommunautaire. Vu le capharnaüm où est plongé le pays, coincé entre le Daesh et autres groupuscules islamistes et le système dictatorial d'Assad, elle ne sait où et comment initier son combat. Sa rencontre en 2015 avec Omar Allouche, avocat et homme d'affaires originaire de Kobané, va lui en donner l'occasion. Je laisse ici la parole à Leila :
"Pour la première fois depuis des mois, je n'étais plus seule. J'avais trouvé un ami, un guide, un éclaireur. Je voulais m'engager, bâtir, ne pas mourir, je ne savais pas comment, par où commencer, avec qui ; Omar allait me le dire. Il n'en savait pas plus que moi et que nous tous mais il croyait que vivre, ici, maintenant, avait un sens, et qu'il n'était ni trop tôt ni trop tard. Il croyait que cette vie n'irait plus sans grands pardons, petites amnésies et forte volonté. Il croyait que la réalité ne naissait que dans les rêves et que les rêves résistaient à la mort. Il croyait que l'aventure la plus prodigieuse était notre propre vie et que cette vie était à notre taille. Il croyait que chacun de nous pouvait changer les choses, que chaque action, même insignifiante, faite avec respect et intelligence, faisait la grandeur d'un homme. Et il croyait en moi, petite Leïla."

C'est une vraie histoire qui donne espoir et réchauffe le coeur, et elle est très bien écrite. Je ne sais à qui en revient le mérite, à Marine de Tilly ou à Leila. Mais je suppose les paroles de Mustapha sont les siennes et elles sont vraiment intelligentes, sincères et émouvantes. Elle rétablie aussi la fausse image de l'islam sunnite affichée par le Daesh, et utilisée par conséquent comme vraie en Occident. Et en dernier Mustapha à quelques reprises laisse insinuer son doute, que Assad aurait éventuellement soutenu le Daesh , terrible ! « L'université de l'Euphrate, « mon » université, à l'entrée de laquelle était inscrit « centre de stockage du butin de guerre » et où, détail étrange, nous avions retrouvé, accrochés aux murs à côté des inscriptions et des drapeaux habituels de l'organisation, des portraits de Bachar al-Assad… ».
Je vous conseille absolument de la lire et remercie infiniment Kirzy , dont le billet m'a donnée l'occasion de rencontrer Leila Mustapha.

“La sincérité est une arme fatale.”
“L'oeil pour l'oeil n'a jamais fait que des aveugles.”
“Tant de moyens pour faire la guerre, et si peu pour faire la paix, je ne comprenais pas.”
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« Les gens de Raqqa m'ont choisie pour que je leur rende une vie, la parole, une démocratie, pas pour que j'ajouter mes larmes au torrent des leurs. »
Leïla Mustapha.

Ce récit est une autobiographie écrite à quatre mains. Et là, ce genre littéraire prend là tout son sens, tant Leïla Mustapha force l'admiration par sa dignité, sa stature et sa hauteur de vue.

Depuis octobre 2017 et la libération de Raqqa des mains de Daesh elle a été choisie pour co-diriger la ville. Tâche immense que de reconstruire cette ville martyre de 300.000 habitants, ancienne capitale de l'Etat islamique, détruite à plus de 80% comme atomisée.

Leïla Mustapha est une personne extraordinaire, au sens strict du terme, un hold-up de la modernité sur le passéisme :
une femme jeune ultra diplômée ( ingénieure en génie civil ) dans un monde dominée par les hommes
une kurde dans une Syrie qui les discrimine
une femme en cheveux et jean slim, musulmane sunnite attachée à la laïcité dans une société rongée par l'intolérance religieuse et le sectarisme

En fait, ce qui dessine au fil de cette lecture, c'est un portrait d'une femme lumineuse qui redonne foi en l'être humain, assoiffée de liberté, d'égalité, de fraternité, travailleuse acharnée et altruiste. Elle propose un rêve d'Orient échappée du cauchemar, où le multiethnicisme l'emporte sur le nationalisme, où la laïcité l'emporte sur le confessionnalisme, le féminin sur le patriarcat, la démocratie sur la tyrannie.

Elle se raconte avec beaucoup de simplicité, de modestie et de sensibilité, sans langue de bois, à la grand reporter Marine de Tilly qui apporte beaucoup au récit grâce à sa plume alerte et soignée. Les chapitres s'avalent avec fluidité et clarté. Même si on n'est pas un spécialiste de la géopolitique syrienne ou moyen-orientale, on s'y retrouve parfaitement grâce au prologue très pédagogique qui présente le contexte historique, ainsi qu'au lexique de fin.

Lu suite à un concours remporté sur Lecteurs.com
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« Jin, Jiyan, Azadi » « La femme, la vie, la liberté »

Plus qu'un slogan, plus qu'une devise. Un cri de vie pour la brigade féminine (YPJ) lorsqu'elle a rejoint l'Union de protection du peuple (YPG), la branche armée du PYD, le Parti de l'union démocratique créé en septembre 2003 en Syrie. Cette unité est devenue après la bataille de Kobané le mouvement incontournable dans la lutte contre le terrorisme.

Leïla Mustapha n'est pas une combattante, du moins pas avec des armes. Ses munitions sont sa foi, ses convictions, son souhait de voir toutes les communautés syriennes vivre en paix, son courage, sa détermination. Elle fait partie de ces personnes qui continuent à voir la lumière dans l'obscurité, à croire en la vie dans un ossuaire, à espérer à travers les pleurs, à s'imaginer chanter l'allégresse après avoir crié son désespoir. Leïla Mustapha garde la tête haute même quand les bras lui tombent, elle reste femme et fière de l'être quand on lui impose de force le niqab. Kurde, native de Raqqa, elle va voir sa ville anéantie, sera obligée de fuir et, contre toute attente, après la défaite de Daesh, elle deviendra maire. C'est cette histoire qu'a décidé de raconter la reporter Marine de Tilly en apportant le témoignage direct d'une femme qui n'a jamais cessé de clamer sa liberté dans la clanique et totalitaire Syrie. Tel le roseau, la gazelle n'a pas plié devant le « lion de Damas » ni devant les hyènes au drapeau noir.

Sans chercher à tire les larmes, sans tomber dans le pathos – pas besoin d'en faire plus dans ce pandémonium syrien – Leïla Mustapha raconte son enfance heureuse, puis la frénésie de voir dans son pays souffler un vent de liberté lorsque les premières manifestations en mars 2011 apparaissent à Deraa. Mais très vite, les espoirs tombent, les étincelles d'un renouveau vont être allumées par des groupes terroristes avec la passivité étrange du régime. Raqqa se transforme en arène de la mort. L'horreur dans toute son abomination. Puis, des nouveaux combattants préparent une alternative, notamment les Kurdes avec dans ses troupes des femmes qui se surpassent lors des affrontements. Dans les ruines, les cendres d'une Raqqa libérée – mais encore terrifiante – Leïla, plus déterminée que jamais, va progressivement intensifier son combat humain : celui de rassembler et de préparer un nouveau chemin vers la liberté.

La préface et la postface de Marine de Tilly apportent une plus-value sur le plan géopolitique, décortiquant le rôle ambigu de Bachar el Assad et les stratégies machiavéliques de Poutine et Erdogan. Quant à Leïla Mustapha elle incarne la fraternité dans sa plus belle définition : le sens des valeurs, sachant garder une place dans son coeur pour les disparus, n'oubliant pas mais sans laisser une haine vengeresse, prônant la tolérance – elle cite aussi bien des vers du Coran qu'une phrase de Jean-Paul II – et laissant derrière elle les peines pour tenter de réparer les vivants. Cette jeune femme est l'exemple même de ces êtres lumineux qui vous redonnent foi en l'humanité et nous apprennent combien l'humilité est à construire chez les gens heureux.

Avec les remerciements à « lecteurs.com » de la Fondation Orange pour cette lecture.

Lien : https://squirelito.blogspot...
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Un livre difficile à lire car rempli des horreurs de la guerre. Les civils sont particulièrement touchés. L'auteur, Leila Mustapha, la nouvelle maire de Raqqa, nous explique bien l'enchaînement des évènements et les différentes forces qui s'opposent. Elle ne nous épargne pas les exactions cruelles et sauvages des soldats de Daech. Mais sa voix est porteuse d'espoir et de paix, cette femme est exceptionnelle. Ce livre a du coeur, ce n'est pas un livre d'histoire aride, on entend la détresse et les espoirs de cette femme, syrienne, mais de minorité Kurde, très ouverte et ingénieure en génie civil. J'ai bien aimé le regard qu'elle porte sur ce qu'ont vécu les femmes pendant la guerre, son témoignage est important. Chez les Kurdes, les femmes se battent, et elles ont l'esprit ouvert. Elle décrit bien l'oppression qu'impose Daech dans la vie des femmes au quotidien (plus d'études possibles, le voile intégrale, les gants, les coups et la flagellation au moindre manquement...). Après la défaite de Daech, pour construire la paix, Leila Mustapha participe à la création de comités regroupant des représentants de chaque communauté. A force de dialogue, les gens y croient. Nous aussi, on y croit, jusqu'au dernier chapitre. Mais dans l'épilogue, écrit par Marine de Tilly en 2019, alors que le livre est prêt pour l'impression, tout s'effondre à nouveau, Erdogan a envahi la zone frontière côté Kurdes et ceux-ci doivent faire appel à Bachar El-Assad pour sauver leurs villes. Ils sortaient enfin de la guerre, ils avaient combattus Daech sur le terrain et rêvaient d'une coalition démocratique, mais les voilà qui retombent sous le joug d'un régime qui n'est pas favorable aux minorités Kurdes.
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Citations et extraits (51) Voir plus Ajouter une citation
.....il nous restait la foi. Daesh ne l’avait pas. Pratiquer n’est pas croire. « L’âne peut aller à La Mecque, il n’en reviendra pas pèlerin », comme dit mon frère. Il ne suffit pas de faire les cinq prières par jour, il faut penser aux enfants, aux humains. Ces gens-là n’ont pas lu le Coran, ils le citent hors contexte pour l’utiliser à leurs fins, mais comprennent-ils seulement ce qu’ils disent ? Ils se croient maîtres de nos consciences mais ils n’en ont pas......S’ils avaient lu le Coran, ils ne verraient que liberté et réconciliation là où ils ne cherchent que condamnations et punitions. S’ils avaient lu le Coran, ils ne sèmeraient pas le désordre sur la terre, ils ne prospéreraient pas sur nos cadavres, ils n’allumeraient pas le feu de la guerre. S’ils avaient lu le Coran, ils sauraient aussi que ce feu, Allah l’éteindrait. Non, nous ne serions pas condamnés pour leurs actes imbéciles. Daesh n’était qu’une éclipse comme il y en a eu tant dans l’histoire des hommes. Et aucune éclipse ne peut éradiquer la lumière du soleil.
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Pour finir, qu’est-ce qui vous pousse à continuer malgré les difficultés ? » m’avait demandé une journaliste américaine. Ma liste était longue.........La foi, l’instinct, l’amour de mon peuple et de mon pays, les femmes, toutes les femmes, le combat pour la liberté et la démocratie, la confiance que les habitants m’avaient donnée, et surtout, les enfants, tous ces enfants foudroyés qui n’auraient jamais dû voir une exécution publique ou un cadavre, et que je voulais voir grandir dans une Raqqa en paix.
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Je crois que le monde que captait mon regard d'enfant n'avait rien d'une rêverie ou d'une niaiserie, il avait tout à voir avec la réalité. Il ressemble à celui que je tente de rebâtir aujourd'hui. Ce monde c'était Raqqa, et Raqqa était un havre, un secret, un sanctuaire où j'ai longtemps refusé de laisser entrer les mauvais génies. Mes parents ne me punissaient pas, mes frères et sœurs étaient d'incomparables alliés, j'étais une bonne élève, mes voisins étaient chaleureux, j'avais de bons amis et un Dieu dont la Miséricorde éclairait ma tête et mes yeux: la paix m'habitait et j'habitais la paix.
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Je m'appelle Leïla Mustapha et je suis née l'année du «digma». 1988, une année mythique dise les gens d'ici. Celle où des pluies diluviennes s'étaient renversées sur la steppe syrienne. Celle où Dieu avait voulu que Raqqa éclate de joie. Cette année-là, les récoltes étaient si abondantes qu'on ne savait plus où engranger les tonnes de blé que les moissons avaient des données. Les surfaces cultivées avaient été multipliées pardeux, les commerçants s'enrichissaient et bénéficiaient des réserves en prévision des mauvaises ventes ou d'un effondrement des prix, les hommes prenaient de nouvelles femmes, sur se mariait, sur chantait, sur rendait grâce, sur exultait, et moi je poussais mon premier cri. Je suis le neuvième enfant d'une famille de onze et je suis souvent demandé si, plus que les autres, à cause du digma, j'aurais un destin particulier; si moi aussi j'abonderais, de bonheur, de chance, de faveurs.
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Les chacals avaient la force, le pouvoir et des armes, le peuple gémissait, les balles sifflaient, les corps souffraient ou périssaient, mais il nous restait la foi. Daesh ne l'avait pas. Pratiquer n'est pas croire."L'âne peut aller à la Mecque, il n'en reviendra pas pélerin.", comme dit mon frère. Il ne suffit pas de faire les cinq prières par jour, il faut penser aux enfants, aux humains. Ces gens-là n'ont pas lu le Coran, ils le citent hors contexte pour l'utiliser à leurs fins, mais comprennent-ils seulement ce qu'ils disent ? Ils se croient maîtres de nos consciences mais ils n'en ont pas. Quand ils gueulent en faisant la police à chaque carrefour, ils ressemblent à des veaux. S'ils avaient lu le Coran, ils ne verraient que liberté et réconciliation là où ils ne cherchent que condamnations et punitions. S'ils avaient lu le Coran, ils ne sèmeraient pas le désordre sur la terre, ils ne prospèreraient pas sur nos cadavres, ils n'allumeraient pas le feu de la guerre. S'ils avaient lu le Coran, ils sauraient aussi que ce feu, Allah l'éteindrait.
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Reconstruire Raqqa.
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