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EAN : 9782070127863
868 pages
Gallimard (01/04/2010)
4.17/5   45 notes
Résumé :

Ce volume contient :Le lutin ; Natacha ; Le mot ; Ici on parle russe ; Bruits ; Un coup d'aile ; Les dieux ; Jeu de hasard ; Le port ; La vengeance ; Bonté ; Détails d'un coucher de soleil ; L'orage ; La Vénitienne ; Bachmann ; Le dragon ; Noël ; Une lettre qui n'atteignit jamais la Russie ; Pluie de Pâques ; La bagarre ; Le retour de Tchorb ; Guide de Berlin ; Conte de ma mère l'oie ; Terreur ; Le rasoir ; Le voyageur ; La s... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Les nouvelles de Nabokov est tout simplement mon livre de chevet. C'est le meilleur livre que je connais. D'ailleurs je le lis en continue et ne veux pas le finir. Nabokov c'est : le plus beau style, la plus belle langue. Une imagination qui part dans toutes les directions mais contenue dans un cadre unique. Si je n'en gardais qu'un ce serait celui-là.
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NABOKOV disait de lui-même en 1964 « Je suis un écrivain américain, né en Russie et formé en Angleterre où j'ai étudié la littérature française avant de passer quinze ans en Allemagne. Je suis venu en Amérique en 1940 et j'ai décidé de devenir citoyen et de faire de ce pays mon foyer ».

L'intégrale des nouvelles de NABOKOV (1899-1977) est ici publiée (en 2010), pas moins de 68, présentées par ordre chronologique, écrites entre 1921 et 1958. Ce qui retient l'attention, et en écho à la phrase d'introduction de cette chronique, ce sont les diverses influences de style de l'auteur : on y sent comme un vent russe, une brise allemande, un souffle français et bien sûr une légère bourrasque états-unienne, le tout souvent proche des romans classiques du XIXe siècle pour l'atmosphère générale.

Les premières nouvelles s'avèrent peut-être un poil maladroites ou hésitantes, mais très vite la plume se met en place. Curieusement, c'est pourtant dans ses premières nouvelles que l'on peut ressentir la plus grosse influence outre-Atlantique alors que l'auteur vit en Europe. On voyage comme des forcenés (l'écrivain a énormément déménagé dans sa vie) dans des récits qui souvent se déroulent dans un train ou autre moyen de transport, jusqu'à la période où NABOKOV ira justement habiter aux U.S.A. À ce stade, elles se feront plus sédentaires (mais pas toujours).

Il est beaucoup question d'exilés russes établis à Berlin (comme NABOKOV), leurs vicissitudes du quotidien, avec parfois une grande introspection. Et les femmes, très présentes, pour des amours boiteuses, déchirantes, sans suite. La ville, longuement dépeinte, fait figure d'héroïne centrale. D'ailleurs NABOKOV écrivait comme on peint, en maniaque du sens de la description, établissant de grands tableaux épiques constellés de détails ajoutés parcimonieusement en touches sombres.

Étonnamment, c'est une fois implanté aux Etats-Unis que NABOKOV écrit le plus longuement sur la Russie devenue l'U.R.S.S., celle qu'il a pourtant quitté vingt ans plus tôt. Plus on avance dans ces nouvelles, plus le passé semble ressurgir, enserré dans une langue poétique, maniérée et exigeante.

À de nombreux égards, NABOKOV ne peut pas être taxé d'écrivain politique, même si elle est là, en fond, comme une ombre, mais rarement elle prend le dessus sur la tranche de vie contée. NABOKOV a fait de l'écriture un art. le reproche majeur consiste toutefois peut-être dans le fait que NABOKOV raconte la classe aisée, l'aristocratie (dont il était issue), ce qui peut engendrer une certaine lassitude. L'ouvrier, le prolétariat, la misère sociale sont à peu près absents de cet épais recueil. Il n'empêche qu'il renferme de petits chefs d'oeuvre, je pense à des nouvelles époustouflantes comme « L'extermination des tyrans » (peut-être la plus politique) « Un poète oublié » ou encore « le temps et le reflux ».

Cette intégrale de plus de 850 pages ne se lit pas d'une traite bien sûr, elle demande réflexion, digestion, notamment sur les nombreuses influences littéraires évoquées ci-dessus, rendant de fait NABOKOV inclassable. En début de volume, une biographie détaillée de l'auteur ainsi que de nombreuses photographies, le recueil est complet et visuellement plaisant. Il permet de mieux appréhender un auteur dont jusqu'ici je ne savais somme toute pas grand-chose. le mal est réparé, tout ceci grâce à un ami proche, l'un des plus fidèles, des plus attentifs, des plus à l'écoute, donc des plus précieux, qui a su me faire aller au-delà de ma zone de confort (même si la Russie est souvent évoquée…), qui m'instille patiemment son goût de la littérature vue comme art majeur pour l'un de ces pavés envoyés comme un témoignage de la littérature du XXe siècle. Grâce lui soit rendu ici.

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C'est fait, 852 pages et 68 nouvelles plus tard, je m'étais donné comme objectif de finir ce recueil. Vous l'avez compris, je l'écris sans grand enthousiasme. Nabokov a une plume extraordinaire, mais son style narratif ne plaira pas à tout le monde, il décrit tout, et quand je dis tout, c'est TOUT dans un tel détail, qu'il m'a fallu à de nombreuses reprises relire et relire encore pour ne pas perdre le cours de la lecture. Je dirais que ce recueil vise un auditoire littéraire averti et aguerri (je n'en fais pas partie). En ce qui me concerne, l'écriture m'a séduit, mais pas les nouvelles, elles sont d'un autre temps, d'un autre lieu, reflétant souvent un fait biographique et toujours cette nostalgie d'une Russie qui imprègne l'auteur expatrié, sans vraiment jamais me rejoindre. Il ne raconte pas la Russie, mais plutôt son vécu au travers de nombreux personnages. Finalement, ce que j'ai préféré du recueil, c'est la formidable introduction biographique, pour le reste, il m'est difficile de dire ce que je retiens, probablement un style unique et une écriture érudite comme il ne s'en fait plus.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Ecoute : je suis parfaitement heureux. Mon bonheur est une sorte de défi. Tandis que je flâne le long des rues, des places et sur les quais près du canal, sentant distraitement les lèvres de l'humidité à travers mes semelles usées, je porte fièrement mon bonheur indicible. Les siècles peuvent défiler, et les écoliers bâiller sur l'histoire de nos cataclysmes; tout passera, mais mon bonheur, ma très chère, mon bonheur restera, dans le reflet mouillé d'un lampadaire, dans la courbure prudente des marches en pierre qui descendent dans les eaux noires du canal, dans les sourires d'un couple qui danse, dans tout ce dont Dieu entoure si généreusement la solitude humaine. (Titre de la nouvelle : Lettre qui n'atteignit jamais la Russie)
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» Cette pensée, cette flamme nue de la souffrance, était une pensée sur ma patrie terrestre : pieds nus et misérable, au bord de cette route de montagne, j’attendais les habitants des cieux, charitables et radieux, et le vent, tel un pressentiment du miracle, jouait dans mes cheveux, emplissait les ravins d’une vibration cristalline, agitait les soies fabuleuses des arbres fleurissant entre les rochers le long de la route ; de longues herbes s’entortillaient autour de leurs troncs, telles des langues de feu ; de grosses fleurs se détachaient gracieusement des rameaux étincelants et, comme des calices volants, gorgées de soleil à ras bord, elles glissaient dans l’air en gonflant leurs pétales transparents et bombés ; leur parfum, humide et sucré, me rappelait tout ce que j’avais connu de plus beau dans ma vie. »

de la nouvelle : Le Mot

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Lolita, lumière de ma vie, feu de mes reins. Mon péché, mon âme. Lo-lii-ta : le bout de la langue fait trois petits pas le long du palais pour taper, à trois reprises, contre les dents. Lo. Lii. Ta.
Le matin, elle était Lo, simplement Lo, avec son mètre quarante-six et son unique chaussette. Elle était Lola en pantalon. Elle était Dolly à l'école. Elle était Dolorès sur les pointillés. Mais dans mes bras, elle était toujours Lolita

de la nouvelle : Lolita
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Ici on parle russe

Pétia avait choisi un marteau doré de coquelicots et orné d'une légende adéquate pour un marteau soviétique. L'employé avait demandé à Pétia s'il désirait acheter quelque chose d'autre. Pétia avait dit : "Oui, certainement", et il avait hoché la tête en direction d'un petit buste en plâtre de M. Oulianov. Pour le buste et le marteau, il avait payé quinze marks et immédiatement après, sans dire un mot, il avait cassé avec l'aide de ce marteau la buste sur le comptoir, de sorte que M. Oulianov s'était retrouvé en miettes.
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Bonté

Je sentis alors la tendresse du monde, la profonde bonté de tout ce qui m'entourait, le lien voluptueux entre moi et tout ce qui existe, et je compris que la joie que je cherchais en toi n'était pas seulement celée en toi, mais flottait partout autour de moi, dans les bruits fugitifs qui s'envolaient dans la rue, dans la jupe remontant bizarrement, dans le grondement métallique et tendre du vent dans les nuages d'automne débordant de pluie. Je compris que le monde n'était pas du tout une lutte, n'était pas des successions de hasards rapaces, mais une joie papillotante, une émotion de félicité, un cadeau que nous apprécions pas (P.175).
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