Devilman - Back Box 3

"Devilman", le manga culte de Go Nagai vient d'être réédité à tirage limité par les éditions Black Box (des gens sympas et passionnés qu'on se le dise, pas comme ces grosses boîtes littéraires qui ne répondent jamais aux questions qu'on leur pose : voilà, c'est dit !) : à mon humble avis, les différences voire les divergences entre les deux versions qu'on peut difficilement les associer ! (cela serait même hautement hasardeux de le faire…)

Nouvelle traduction, nouvelle pagination (qui respecte le sens de lecture originel), nouveau format (on passe du poche au A5), remasterisation des planches (qui respecte les onomatopées originelles), colorisation de toutes les pages d'introduction (et mine de rien un paquet !), et plus on avance dans l'histoire plus les remaniements à la Hergé se multiplient sans parler d'au moins 200 pages inédites ! Go Nagai très jaloux de l'oeuvre qui l'a sauvé des affres du désespoir dans lesquels il avait été plongé par la fatwa lancée par le Japon bien-pensant, la fait évoluer à chacune de ses multiples rééditions… Cette version française essaye, si c'est possible, de compiler tous les changements effectués par le mangaka, du coup on se retrouve avec se qui ressemble furieusement à une perfect edition ! Et ça, c'est cool !!!


J'ai déjà dit tout le bien que je pensais de ce tome 3 :
http://www.babelio.com/livres/Nagai-Devil-Man-T03/652845/critiques/755215

Sauf qu'ici, c'est aux ¾ de l'inédit ! Entre "Doctor Who" et "La Caméra explore le temps", Akira et Ryô doivent combattre les démons à différents moments de l'histoire (hallucinations ? course à travers le temps ? plan divin à la "Code Quantum" ? nous n'en sauront jamais rien, le mangaka nous laissant nous-mêmes choisir la réponse à cette question) :
- dans le 1er chapitre, intitulé « le tribunal des enfers », Akira et Ryô sont envoyés à la fin du Moyen-Âge délivrer une jeune paysanne lorraine d'un juge démoniaque et ses comparses qui l'accusent de crime contre l'humanité pour avoir osé déclarer la guerre à la guerre…
- dans le 2e chapitre, intitulé « Derniers jours du printemps, à Vienne » (réalisé en collaboration avec Masaki Tsuji), Akira et Ryô sont envoyés en 1915 dans la capitale de l'Empire austro-hongrois pour déjouer les plans du démon Schultz qui nourri de grandes ambitions envers un jeune peintre prénommé Adolf…
- dans le 3e chapitre, intitulé « Niké de Samothrace, la sublime déesse de la guerre » (réalisé en collaboration avec Hiroshi Kôenji), Akira et Ryô sont envoyés dans l'antiquité grecque déjouer les plans de la démone Niké qui arme les hoplites avec de kalachnikovs pour semer la mort et la désolation (mais quelle idée géniale !!!)… Niké, ancienne amante d'Amon arborant le visage le Miki, essaye d'attirer un Akira en pleine crise d'identité du Côté Obscur…. Mais Ryô veille au grain et dans une planche très réussie délivre Akira de l'illusion et massacre la démone en lui donnant la forme que les amateurs de sculpture connaissent déjà ! (Mais pourquoi Go Nagai qui adore l'Antiquité n'a jamais dessiné de peplum ? sniff)
- dans le 4e chapitre, intitulé « la sinistre reine de Versailles », Akira et Ryô sont envoyés à la fin du XVIIIe siècle délivrer Marie Antoinette du démon incube qui projette de transformer la France et l'Europe en bain de sang dédié à la haine et la violence, au mépris et à l'indifférence… Triste fin pour Marie-Antoinette qui recouvre son âme et donc sa liberté que pour se faite guillotiner. Les amateurs auront reconnu l'hommage à "La Rose de Versailles" de Riyoko Ikeda, contemporain de "Devilman", mais aussi que la possession démoniaque de la reine de France ressemble étrangement à la possession démonique de Saga dans Saint Seiya… (Et ce n'est aucunement une surprise vu que Masami Kurumada est un grand fan de Go Nagai auquel il emprunte tout ou presque)
- dans le 5e chapitre, intitulé « le démons de Little Big Horn », Akira et Ryô sont envoyés au Far West où ils sont accueillis avec une chaleureuse hospitalité par une tribu cheyenne… Les deux compères trouvent une paix à laquelle ne croyait plus, Ryô apaisant même son âme tourmentée dans l'affection que lui porte une belle amérindienne… Sauf que pendant une chevauchée de nos deux héros, toute la tribu est violemment, vilement et sauvagement massacrée par les hommes du général Custer. Et s'en est trop pour Akira qui part en chasse des meurtriers de ses nouveaux amis ! le lendemain matin la coalition menée par Sitting Bull et Crazy Horse n'a qu'un immense champ de cadavres à se mettre sous dent pour apaiser sa soif de vengeance… (Mais pourquoi Go Nagai qui adore le Far West n'a jamais dessiné de western ? sniff)
Je ne vous cache pas que j'ai kiffé toutes ces histoires courtes et simples, mais bien fichues, proposant presque une anthologie de ce que pouvait propose le manga dans les années 1970. Par contre je ne vous cache pas que l'auteur ayant réalisé ces chapitres après avoir rencontré un succès planétaire, ici il n'y plus rien à foutre des censeurs donc il se lâche niveau violence et nudité, développant volontiers une tension érotique voire homoérotique (les amateurs de yaoi vont se délecter de certaines planches ! ^^).

Retour au présent avec le 6e chapitre, intitulé « l'araignée des ténèbres ». Dans la version d'origine il lançait la période chasseurs de démons alors qu'ici il la conclue. le dénouement, agrémenté de nouvelles planches, présente une nouvelle fin, une belle fin d'ailleurs, le démon Razba remplaçant le général Zan.
L'ancienne version présentait l'ultimatum en mondiovison de Zénon comme un cliffhanger de ouf. Ici le tome se termine de manière intimiste avec un Akira en tenue d'Adam ramenant à la maison dans ses bras une Miki inconsciente en tenue d'Eve… le message final est clairement différent !

Je suis encore une fois surpris et conquis par ce troisième volume de Devilman.

Pour l'essentiel, l'auteur emprunte une nouvelle voie. Il donne à Ryô le pouvoir de voyager dans le temps pour repérer les démons qui dans le passé ont manipulé l'humanité afin de favoriser sa destruction. Devilman l'accompagne et se charge de nettoyer la zone.

Ainsi on voyage d'époque en époque comme un membre de la Patrouille du Temps afin de neutraliser les démons qui ont tenté – et parfois réussi – d'infléchir la destinée de personnages clé de l'Histoire occidentale (Europe + USA oui, rien en Asie. C'est un peu surprenant je trouve. On dirait qu'il ne s'adresse pas au public japonais). Les histoires sont courtes. Elles proposent une explication démoniaque du comportement de Custer, d'Adolf Hitler ou de Marie Antoinette. Pour certains, le démon est enfoui en eux, les contrôlant, et cela m'a fortement fait penser au plus tardif Age de la Déraison de Greg Keyes.

Bien sûr il ne faut pas être naïf. L'humanité n'a pas besoin d'inventer une race maléfique pour expliquer ses comportements violents et cruels. Ce serait s'en tirer à trop bon compte, comme l'absolution par la confession. L'humanité, c'est aussi la cruauté.

L'auteur ne manque pas d'imagination pour construire le design de ses démons, comme si les appendices et les organes de toutes les espèces de la Terre étaient des Lego que l'on peut assembler à sa guise. Certains dessins sont extraordinaires, comme celui ou Devilman apparaît devant le 7eme régiment de cavalerie.

Un excellent volume d'un excellent manga. Il me reste deux tomes ; j'imagine que l'action va atteindre son point d'inflexion.

Un troisième tome qui fait un peu "ovni" après le 1 et le 2, je trouve.
Ces petites histoires de voyages dans le temps (des "nouvelles", en quelque sorte) pour aller combattre les démons qui ont intégré des personnages de l'Histoire, j'ai trouvé ça amusant. Remarquez que cela fait un intermède bienvenu dans la noirceur globale de l'ensemble.
A la fin du tome on revient aux horreurs de l'époque "actuelle" d'Akira et Ryo, et là, brrrrr, on retombe dans l'ambiance qu'on connait bien maintenant !
Un bon tome, pas mal colorisé en plus, cependant un peu "étrange", à mon sens...
Si je ne savais pas que la suite revient au sujet de base grâce à Alfaric et Relax, je me serais vraiment posé la question "mais où va ce manga" ? Muarf ! D'ailleurs j'ai mis un peu plus de temps pour le lire que les deux précédents, car ici il n'y a pas "d'urgence" à le finir...