Edition bilingue espagnol chilien/français par Pablo Urquiza.
Livre lu après un voyage à Cuba en 01/2020.
Pablo Neruda signe ici un recueil de poésie engagée. Il évoque l'oppression des peuples d'Amérique du Sud notamment par le gouvernement américain.
Il incite les peuples des Caraïbes à défendre leurs droits, à lutter vaillamment contre l'ennemi qui en veut à leurs terres et à leurs ressources, au détriment des populations.
Véritable plaidoyer pour la révolution, en particulier pour la révolution cubaine qui vient d'avoir lieu, le poète chilien ne mâche pas ses mots, et donne de l'espoir.
Superbe recueil, qui permet de plus d'en apprendre davantage sur l'histoire des pays sud-américains.
Il évoque :
- Cuba, sa Sierra Maestra (chaîne de montagne) et ses héros José Martí, fondateur du parti révolutionnaire cubain, et Fidel Castro, révolutionnaire devenu ensuite premier ministre cubain.
- le héros du Nicaragua, Augusto Sandino, qui mena une guérilla contre le gouvernement du pays, alors allié des marines américains.
- le Salvador, meurtri par son ancien président Maximiliano Hernandez Martinez qui fit exécuter les opposants à son régime,
- le Vénézuela de Rómulo Betancourt, ancien président qui fit adopter d'importantes réformes démocratiques
- le Panama
- L'Argentine
- Le Guatemala
- Le Paraguay
- La Bolivie
- L’Équateur
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ma poésie descend jusqu'aux prisons
pour converser avec celui qui m'attendait,
[...]
les récifs de la mer ne m'arrêtent pas :
les mitrailleuses ne me refrènent pas :
[...]
si on me salue dans les ports lointains
ou dans les infernales mines souterraines
c'est parce que par là est passée ma poésie
avec sa roue d'amour et de vengeance
pour établir la clarté du monde
et donner la lumière à ceux qui l'attendaient
et amener la victoire à ceux qui luttent
et rendre la terre à ceux qui la labourent.
Et puis ainsi, sur les hauteurs de ces monts,
loin du Chili et de ses cordillères
je reçois mon passé dans une coupe
et je la lève à la terre entière,
et quoique ma patrie circule dans mon sang
sans que jamais ne s'éteigne sa course,
à cette heure-ci ma raison nocturne
signale que le drapeau commun
de l'hémisphère obscur qui attendait
enfin une vraie victoire, est à Cuba.
Je le laisse protégé sur ce sommet,
en haut, ondoyant sur les prairies,
indiquant aux peuples exténués
la dignité née dans le combat :
Cuba est un mât éclairé qu'ils divisent
à travers l'espace et les ténèbres,
c'est comme un arbre qui est né au milieu
de la mer des Caraïbes et de ses peines anciennes :
son feuillage se voit de partout
et ses semences vont sous la terre,
élevant sur l'Amérique sombre
l'édifice du printemps.
voici la coupe, prends-la, Fidel.
Elle est remplie de tant d'espoirs
qu'en la buvant tu sauras que ta victoire
est comme le vieux vin de ma patrie :
ce n'est pas un homme qui le fait mais plusieurs
et non pas un raisin mais de nombreux plants :
ce n'est pas une goutte mais de nombreux fleuves :
pas un capitaine mais de nombreuses batailles.
Et ils sont avec toi car tu représentes
tout l'honneur de notre longue lutte
et si Cuba tombait nous tomberions,
et nous viendrions la relever,
et si elle fleurissait avec toutes ses fleurs
elle fleurirait avec notre propre sève.
Et s'ils osaient toucher le front
de Cuba libérée par tes mains
ils trouveraient les poings des peuples,
nous sortirions les armes enterrées :
le sang et l'orgueil viendront
défendre notre Cuba bien-aimée.
Le livre a grandi plus tard grâce aux évènements magnifiques de Cuba et s'est développé dans le milieu des Caraïbes.
Je le dédie donc aux libérateurs de Cuba : Fidel Castro, ses camarades et le peuple cubain.
Je le dédie à tous ceux qui, à Puerto Rico et dans tout le monde éclatant des Caraïbes, ont combattu pour la liberté et la vérité toujours menacée par les États-Unis d'Amérique.
Et pour cela je raconte et je chante
Et pour tous les hommes je regarde et je vis :
C’est mon devoir de raconter ce que tu ignores
Et ce que tu connais je le chanterai avec toi
« […]
« La poésie est parole dans le temps », Machado (1875-1939) n'a pas cessé de l'affirmer. Encore fallait-il que le temps ne se résumât pas à la pression immobile du passé sur la circonstance, ni la parole au simple ressassement de l'irrémédiable. Certes Machado […] a éprouvé une manière d'attirance étrange devant la négativité et la noirceur du destin de l'Espagne. Il ne s'y est point abandonné. Ou plutôt, avec une véhémence souvent proche du désespoir, une tendresse mêlée de répulsion et de haine, il a tenté, longuement, d'en sonder les abîmes. […] La poésie - Machado, seul de sa génération, s'en persuade - n'a plus pour tâche de répertorier pieusement les ruines ; elle se doit d'inventer le futur, cette dimension héroïque de la durée que les Espagnols ont désappris dans leur coeur, dans leur chair, dans leur langue depuis les siècles révolus de la Reconquête. […]
[…] Nostalgique de l'Inaltérable, à la poursuite du mouvant… Par son inachèvement même, dans son échec à s'identifier à l'Autre, la poésie d'Antonio Machado atteste, et plus fortement que certaines oeuvres mieux accomplies, la permanence et la précarité d'un chemin. Hantée par le néant, elle se refuse au constat de l'accord impossible. Prisonnière du doute et de la dispersion, elle prononce les mots d'une reconnaissance. Elle déclare la tâche indéfinie de l'homme, la même soif à partager. » (Claude Esteban.)
« […] “À combien estimez-vous ce que vous offrez en échange de notre sympathie et de nos éloges ? » Je répondrai brièvement. En valeur absolue, mon oeuvre doit en avoir bien peu, en admettant qu'elle en ait ; mais je crois - et c'est en cela que consiste sa valeur relative - avoir contribué avec elle, et en même temps que d'autres poètes de ma génération, à l'émondage de branches superflues dans l'arbre de la lyrique espagnole, et avoir travaillé avec un amour sincère pour de futurs et plus robustes printemps. » (Antonio Machado, Pour « Pages choisies », Baeza, 20 avril 1917.)
« Mystérieux, silencieux,
sans cesse il allait et venait.
Son regard était si profond
qu'on le pouvait à peine voir.
Quand il parlait, il avait
un accent timide et hautain.
Et l'on voyait presque toujours
brûler le feu de ses pensées.
Il était lumineux, profond,
car il était de bonne foi.
Il aurait pu être berger
de mille lions et d'agneaux à la fois.
Il eût gouverné les tempêtes
ou porté un rayon de miel.
Il chantait en des vers profonds,
dont il possédait le secret,
les merveilles de la vie
ou de l'amour ou du plaisir.
Monté sur un Pégase étrange
il partit un jour en quête d'impossible.
Je prie mes dieux pour Antonio,
qu'ils le gardent toujours. Amen. » (Rubén Darío, Oraison pour Antonio Machado)
0:00 - Titre
0:06 - Solitudes, VI
3:52 - du chemin, XXII
4:38 - Chanson, XLI
5:39 - Humour, fantaisies, notes, LIX
7:06 - Galeries, LXXVIII
7:54 - Varia, XCV, Couplets mondains
9:38 - Champs de Castille, CXXXVI, Proverbes et chansons, XXIX
10:14 - Champs de Castille, idem, XLIII
10:29 - Prologues. Art poétique. Pour « Champs de Castille »
12:17 - Générique
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AUTEURS DU MONDE (K-O) : https://www.youtube.com/playlist?list=PLQQhGn9_3w8rlQry823Dg4KwOTjaFeZ3e
LA TERRE-VEINE : https://youtu.be/2¤££¤102
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