A Caracas, au Venezuela, Ariana âgée de huit ans, aime jouer « les espionnes » et fouiller dans la maison quand les adultes ont le dos tourné. Un jour, elle entend un cousin dire que son père a caché « une boite », dans son bureau. Pendant que celui-ci est absent, elle entre, fouille et finit par trouver la boite en question, remplie de photos, de souvenirs semble-t-il au fond de laquelle elle trouve un passeport avec une photo de son père jeune et un nom qu'elle ne connaît pas.
Cette découverte l'étonne et l'inquiète et lorsqu'elle interroge son père, il se met en colère, refuse de lui expliquer et la boite disparait. Pendant des années la petite fille va chercher à savoir, à entrer dans le passé de son père et se heurter à un mur. Elle sent bien que des choses graves se sont passées autrefois mais l'omerta est imposée à toute la famille.
Elle voit bien qu'il y a des absents dans la famille : quid des grands-parents paternels ? par exemple…
Un jour, elle finit par retomber sur la fameuse boite, qui entretemps s'est quelque peu enrichie d'autres souvenirs, notamment des lettres en tchèque, de la jeunesse d'Hans Neumann à Prague et peu à peu, elle va faire des recherches, frapper à la porte des cousins vivant aux USA, de son oncle Lothar qui lui confient d'autres documents, trouver une interprète pour traduire les lettres…
Ariana s'est lancée dans une enquête approfondie, sur des années pour retrouver sa famille, ses racines juives, et reconstituer la vie des Neumann à Prague où le père Otto a fondé Montana une société de peinture. Avec sa femme, Ella, ils ont une petite maison à la campagne.
On plonge ainsi dans la montée de l'antisémitisme en Tchécoslovaquie, avec les persécutions qui commencent quand Hitler envahit le pays, les déportations…
J'ai lu pas mal d'ouvrages sur le ghetto de Varsovie, mais je connaissais peu ce qui se passait à Prague, et Ariana Neuman nous décrit très bien les évènements, l'atmosphère qui régnait dans le pays à cette époque, avec notamment une description du camp de Terezin, Therezienstadt en allemand
Elle aborde aussi de fort belle manière, comment on peut survivre après avoir vécu la barbarie, soit faire table rase du passé comme son père, soit être rattrapé par lui comme son oncle Lothar, mais s'investir pour les survivants. Elle explique aussi comment elle a ressenti la découverte de son ascendance juive qu'elle ignorait totalement et toutes les questions qu'elle a pu se poser sur ce qui constitue notre identité.
« Provenais-je d'une famille juive ? Mon père était-il juif ? L'étais-je moi-même ? Qu'est-ce que cela signifiait ? Notre identité était-elle déterminée par notre ascendance ou avions-nous le droit de choisir qui nous étions ? »
Ariana Neuman présente son livre comme un « roman d'espionnage » comme disent les critiques mais surtout une enquête approfondie rigoureuse, avec photographies des personnages à l'époque, ou des documents administratifs en tous genre pur étayer ses dires.
Parmi, tous les éléments qui m'ont frappée, je retiens l'émotion d'Ariana lorsqu'elle ouvre un paquet qu'une cousine lui a envoyé : il contient des étoiles jaunes prêtes à découper que les juifs devaient porter le cynisme des nazis était sans pareil : ils ne pouvaient pas toucher d'argent, pour leur travail s'ils en avaient un mais chacun devait payer l'étoile !
J'aime beaucoup le titre également «
Ombres portées » très bien choisi et riche de significations.
Ce livre, le premier de l'auteure, est passionnant, bien écrit, bien documenté, très agréable à lire malgré les horreurs. J'aime beaucoup lire des récits de familles ayant survécu à l'Holocauste et celui-ci va rester longtemps présent dans ma mémoire. Très prometteur, donc auteure à suivre.
Un grand merci à NetGalley et aux éditions Les escales qui m'ont permis de découvrir ce roman et son auteure.
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Ombresportées #NetGalleyFrance
Sortie prévue : 02/09/2021
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