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4,07

sur 1045 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  

Un garde d'un parc naturel dans les Pyrénées qui hait les chasseurs. Il anime secrètement sur les réseaux sociaux un groupe qui fait de la (mauvaise) publicité aux chasseurs des grands mammifères en Afrique et il est obsédé par la disparition des derniers ours dans sa région.

Une jeune fille championne de tir à l'arc qui grandit dans une famille très aisée près de Pau. Une famille de chasseurs qui a les moyens d'aller en Afrique à la poursuite des grands fauves.

Un jeune éleveur de chèvres en Namibie dont le troupeau a été décimé par un vieux lion solitaire. Il veut se venger du lion et épater son amoureuse.

Un vieux lion écarté de son groupe qui souffre de la solitude et de la sécheresse en Namibie et s'attaque à des troupeaux domestiques.

La boucle est bouclée, voici les 4 narrateurs de ce récit dont les destins vont s'entrecroiser tragiquement.

Bon l'auteur aurait pu s'abstenir de faire parler le lion car c'est vrai que l'anthropomorphisme donne à ces quelques chapitres un effet un peu mièvre et peu réaliste. Mais pour le surplus, son roman est bien mené, la lecture est facile, on ne le lâche pas jusqu'au dernier chapitre et les thèmes abordés sont vraiment intéressants : controverses entre chasse de régulation et chasse « plaisir », opposition entre éleveurs et écolos militant pour la réintroduction des grands prédateurs, tourisme de luxe en Afrique, 6ème extinction de masse qui se profile etc…Colin Niel a su éviter la simplification et le manichéisme et il pointe avec subtilité les excès de chacun. Son style est simple mais efficace.

Première fois que je lis cet auteur. J'avais été appâtée par la critique d'Onee et par le sujet et je suis contente d'avoir succombé parce que c'était une lecture parfaite pour les vacances !
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Ça vous dirait pour votre anniversaire un lion à abattre en Namibie ? Voyage , personnel et matériel compris évidemment ! Et bien c'est ce qu'Apolline va recevoir pour ses 20 vingt ans par son papa qui n'a d'yeux que pour elle.
Dans ce roman chorale le premier et le dernier à prendre la parole est Charles,le lion. de là à penser que Colin Niel lui donne la primauté sur les humains chacun se fera son opinion ! Les autres voix de ce roman sont, Apolline bien sûr,la chasseuse qui n'a pas attendu le nombre des années pour exceller au tir à l'arc, Martin garde dans le parc national des Pyrénées dont la colère semble être le moteur de son existence, et Kondjina,le jeune himba qui voudrait lui aussi tuer ce lion mais pour des raisons bien différentes d'Apolline.
Si mon coeur était clairement du côté de Martin ou même de Kondjina, j'ai apprécié qu'Apolline ne soit pas une simple caricature de la chasseuse sans scrupule ni cervelle. En souvenir du lion inoubliable de J.Kessel 'que j'avais tant aimé enfant, j'ai été au côté de Charles du début à la fin !
Colin Niel n'est pas qu'un formidable écrivain,il m'a fait partager son immense connaissance de la nature et j'ai même découvert beaucoup d'animaux que je ne connaissais pas, qu'ils soient de Namibie ou des Pyrénées.
L'affrontement entre l'homme et l'animal, la traque, m'a fait penser à ce qui se déroule dans la corrida entre horreur et fascination.
Un roman sur un sujet original qui est traité avec brio.
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Le hasard : le 7 décembre, en voiture, j'ai écouté sur France Inter une des « Affaires sensibles » de Fabrice Drouelle, consacrée ce jour-là à l'ourse Cannelle. Comme je venais de finir Entre Fauves, j'ai bien sûr été particulièrement attentive à l'émission qui reprenait certains des éléments développés dans le roman. Je ne vivais pas en France en 2004 et je n'avais aucune idée du retentissement de cet événement. Colin Niel s'est visiblement beaucoup documenté pour parler des ours des Pyrénées, de Cannelle, de son fils, Cannellito, et de la chasse au gros gibier tant en France qu'en Afrique.
***
En plus du prologue et de l'épilogue, le roman est divisé en 5 parties portant chacune un titre explicite dont on se rend compte après coup qu'il peut faire habilement allusion à chacun des personnages : Identifier sa proie, L'approche, La traque, La mise à mort, le rituel. Chaque chapitre est daté et on trouve en italique le nom du personnage qui raconte à la première personne (sauf Charles), et qui change parfois dans le même chapitre. Colin Niel nous propose de suivre plusieurs personnages : Charles, le lion, que l'on voit s'effondrer dès le prologue ; Martin, un des gardes du parc national des Pyrénées ; Kondjima, jeune Namibien qui a vu le troupeau de son père massacré par un lion ; Apolline, riche jeune femme passionnée de tir à l'arc, à laquelle son père offre une chasse au lion pour ses vingt ans… S'ajoutent à eux quelques personnages secondaires d'assez peu d'épaisseur, sinon physiquement en ce qui concerne Lutz, le guide de chasse … Il y a un léger décalage temporel entre ce que vit Martin (en avril) et les autres personnages (en mars). On comprend petit à petit que Martin n'est pas un homme conciliant, mais tout d'une pièce, et qu'il accorde bien peu de crédit à l'avis d'autrui (à la vie d'autrui ?).
***
Ce roman m'a intéressée à plusieurs titres : le plaidoyer écolo, la présentation de diverses « chasses » et de leurs motifs (de la dénonciation sur Facebook à la traque d'animaux sauvages), la volonté de prendre en compte plusieurs points de vue sur des sujets brûlants, entre autres choses, et la pertinence du titre qui prend toute sa saveur dans la dernière partie du livre. Cependant, je me suis parfois ennuyée, par exemple pendant les interminables préparations au tir, les descriptions des armes, la traque répétitive dans la neige, etc., ce qui a tempéré mon intérêt.
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Charles, lion des sables habitué aux rudes conditions du désert de Namibie
Martin, garde au Parc National des Pyrénées déprimant d'avoir perdu la trace du dernier ours de souche
Apolline, petite fille gâtée d'un riche papa dont elle a adoptée la passion, la chasse
Kondjima, jeune homme Himba souhaitant échapper à sa condition précaire d'éleveur de chèvres et au fatalisme de son père
La chasse, aimée, rêvée, honnie, crainte, va faire s'entrecroiser au fil du roman les destins de ces 4 personnages.

J'ai été happée dès les premières pages de ce roman choral magistralement écrit avec la scène d'ouverture décrivant la traque du lion Charles et son combat inégal contre ces hommes qui le harcèlent. Cette scène d'ouverture bouleversante et violente est immédiatement suivie du portrait de Martin, jeune garde désabusé et désespéré par les méfaits de l'homme face à la faune, craignant pour la vie du dernier ours de souche pyrénéenne dont les chasseurs pourraient bien avoir eu la peau. Et quand on enchaîne avec les chasseurs posant fièrement à côté de leurs trophées du jour, animaux protégés et menacés, pour le plaisir de publier des photos sur Internet et de gagner quelques likes, on ne peut que partager la révolte de Martin et se dire que ce roman va décidément être un grand coup de poing (et sans doute un grand coup de coeur).

Malheureusement ce n'a pas été vraiment le cas. Rien à dire concernant l'intrigue, la forme du roman choral est efficace, les liens entre les personnages se tissent rapidement et les pages se tournent toutes seules, l'auteur sachant entretenir le suspens et ayant un vrai talent pour nous faire vivre les événements les plus dramatiques. le propos n'est pas aussi manichéen que le début pourrait le laisser croire, le personnage d'Apolline est particulièrement réussi puisqu'il fait osciller le lecteur entre rejet de cette jeune fille prenant plaisir à tuer des animaux juste pour l'exploit et compassion pour cette gamine qui a voulu faire plaisir à son père en adoptant sa passion, la chasse, et a été conditionnée pour cela dès son plus jeune âge. Par contre, j'ai eu plus de mal avec les chapitres concernant Kondjima, le jeune éleveur de Namibie. Même si l'auteur semble bien connaître son sujet et ce coin de l'Afrique, j'ai trouvé que cette partie du récit ne sonnait pas très juste, on a du mal à croire vraiment à ce personnage et à s'y intéresser et les scènes où les Blancs visitent le village flirtent un peu trop avec les clichés sur l'Afrique et les riches touristes.

Si ce n'était que ces quelques petits défauts, ce roman aurait pu malgré tout rester un coup de coeur mais plus on approchait de la fin plus j'ai eu du mal avec les choix scénaristiques faits par l'auteur. Alors que pour moi ce roman avait pour principale force son réalisme, sa subtilité dans les portraits des personnages (personne n'est tout blanc ni tout noir, chasseurs comme écologistes étant renvoyés à leurs défauts), le récit prend au fil des pages un tour complètement improbable et irréaliste, fait de coïncidences impossibles et de miracles qui n'en sont pas. J'ai eu l'impression que l'on basculait dans le registre de la fable ou de l'allégorie, chaque scène étant conçue pour signifier ce vers quoi l'auteur voulait nous mener, pour être hautement symbolique et amener le lecteur à s'interroger et à réfléchir, le tout au mépris de la vraisemblance et de la cohérence narrative. C'est là que l'auteur m'a définitivement perdue et que je me suis dit que j'allais finalement refermer ce roman bien déçue : Colin Niel semble abandonner toute la subtilité qui faisait la force du roman pour basculer dans la démonstration simpliste affaiblissant ainsi complètement son propos.

Même si le roman est très agréable à lire et si j'ai globalement passé un bon moment (si on peut dire pour un livre qui est particulièrement révoltant et bouleversant), je reste malheureusement sur une impression très déçue, ayant eu le sentiment d'avoir été manipulée et trompée sur la marchandise. Dommage !
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Quoi de mieux, pour aborder le thème de la chasse, que de faire parler une personne pro-chasse, une anti-chasse, et une ne voyant dans la chasse qu'un moyen utile pour mieux vivre. N'en déplaise à certains, ces trois personnages ont un énorme dénominateur commun : une connaissance parfaite de la nature qui les entoure.
De la vallée d'Aspe dans les Pyrénées au Kaokoland en Namibie, dans ce bouquin, on croise énormément de faune, de flore, d'armes, et des interprétations différentes de la forme que doit désormais prendre notre instinct de chasseur résiduel.
Alors ici, on se demande pourquoi le plus beau trophée pour certains est une tête de lion qu'ils auront tué, alors que la plupart se contente de collectionner des trophées sur des applications pour smartphones, ou parfois de chasser des personnes sur les réseaux sociaux.
Trois points de vue qui interrogent.
Et comme c'est Colin Niel, on se fait aussi surprendre par la tournure que prend l'histoire alors qu'on croyait avoir tout compris.
Et puis, cette couverture ! Vous le voyez, le regard impitoyable du roi des chasseurs ? Un regard proche de l'humain, en fait.
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Un roman choral entre fauves en effet, où tout le monde traque tout le monde et le chasseur devient la proie : le garde forestier pyrénéen défenseur de la nature, le vieux lion, le berger namibien, la jeune fille en safari, chacun est destiné à voir avec les yeux de l'autre.
La tension monte avec une efficacité redoutable dans ce thriller qui ne dit pas son nom, où l'on apprend beaucoup sur la chasse et sur la montagne, ou le ton du manifeste engagé pour la biodiversité et contre l'hégémonie mortifère de l'homme laisse aussi la place à l'autre point de vue, de l'autre côté de l'arme tenue par le chasseur.
Un roman haletant et instructif.
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Autant j'avais aimé Seules les bêtes et Ce qui reste en forêt , autant je suis peu emballée par ce nouveau roman , ayant même ressenti un malaise vis à vis des personnages principaux .

Martin est garde dans le magnifique Parc national des Pyrénées , en particulier en Vallée d'Aspe, il suit attentivement les ours et s'inquiète de ne pas avoir vu le dernier ours à posséder encore quelques gênes pyrénéens , Cannellito, cela tourne à l'obsession . Par ailleurs il fait partie d'une association anti-chasse plutôt active sur les réseaux sociaux et vient de repérer la photo d'une jeune femme chassant à l'arc devant le cadavre d'un lion. Un autre style de traque débute alors à la recherche de l'identité de la chasseresse pour la livrer en pâture aux commentaires anonymes ...

En Namibie , la sécheresse oblige les éleveurs à trouver des paturages loin des villages et beaucoup subissent des attaques de lions, c'est le cas du père de Kondjima, un Himba dont les chèvres ont été décimé par Charles, un vieux mâle solitaire .

Tout va s'imbriquer , avec des chapitres sur chacun , des retours en arrière mais sans réelle surprise pour ma part.

Le personnage de Martin , défenseur de la nature , celui qu'on aimerait aimer parce son combat est essentiel , est particulièrement désagréable et sectaire qu'il en devient caricatural .

Les nuances apportées par l'auteur quant à la chasse aux prédateurs , ceux qui nuisent trop à la population constituent un débat actuel et ubiquitaire, comme en France la présence du loup et de l'ours quand ce sont eux qui "prélèvent" ... Faut-il laisser faire, réguler ? Les pressions sont énormes de chaque coté des lobbys, éleveurs, écolos, politiques et les autres citoyens .

Colin Niel y répond à sa façon mais d'une drôle de façon en montrant les extrêmes de chaque bord . Ça fait réfléchir , ça me fait réfléchir , sans doute le but aussi de l'écrivain .Allez , je rajoute finalement un bout d' étoile comme quoi, en écrivant cela éclaircit les choses !

J'ai tout de même vérifié si Cannellito était bien vivant et sillonnait toujours ses montagnes à la recherche de jolies ourses et jusqu'à preuve du contraire, il parcoure toujours nos belles Pyrénées ...
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Avec Colin Niel on n'est jamais loin de la nature. Qu'elle se caractérise par le vert (presque)infini de l'Amazonie, par la savane aride de l'Afrique ou par des pulsions animales aux conséquences souvent incontrôlables. On ne sera pas dépaysé avec ce dernier roman qui mêle personnages humains et un lion. Trois humains aux aspirations totalement opposées : Marc est garde dans le parc national des Pyrénées et chasse les fans de trophée qui posent fièrement devant l'animal qu'il viennent de tuer, zèbre, antilope ou des fauves beaucoup plus féroces. Marc les traque sans merci sur les réseaux sociaux et, à défaut de pouvoir les capturer physiquement il partage leurs photos sur internet pour partager la monstruosité de leurs actes. Apolline fait partie d'une des cibles de Marc. Une jeune fille dont le père fortuné lui permet d'assouvir sa passion en lui proposant des safaris sur mesure pour exercer son art de la chasse à l'arc et ramener de beaux spécimens. Pour son anniversaire son père lui offre un voyage de chasse en Namibie. Une opportunité exceptionnelle de ramener un trophée de rêve pour elle : un lion du désert. Charles est ce lion affamé qui à défaut de pouvoir assouvir son appétit sur son gibier sauvage habituel s'en prend aux cheptels des éleveurs locaux. Il vient d'ailleurs de faire une razzia sur un lot de chèvres appartenant au père de Kondjima, ce jeune Himba, coincé entre les coutumes ancestrales de son peuple et l'attrait du progrès technologique, habité dorénavant par la vengeance et la volonté de montrer à son amoureuse son courage d'affronter ce lion seul. Entre ces différentes chasses, la proie n'est peut être pas celle que l'on croit.

Comme tout bon livre il y a bien longtemps que j'aurai dû exhumer ce roman de ma PAL. Qu'importe c'est chose faite et j'ai eu beaucoup de plaisir à retrouver «la patte» de Colin Niel que je suis le tout début de son aventure littéraire. Il nous démontre à travers cette galerie de personnages, à travers les épreuves qu'ils traversent, que rien n'est totalement blanc ou noir. Une photo peut cacher la réalité des faits survenus dans cette brousse africaine, comme c'est le cas avec cet instantané d'Apolline. Un gentil défenseur de la nature peut lui aussi tomber dans une forme de radicalité extrême dans laquelle toute raison a disparu. Un jeune homme peut également se tromper de combat en oubliant l'essentiel. Et finalement le personnage de cette jeune chasseresse n'est-elle pas celle qui ressort quelque peut grandi de ce récit aux nombreux rebondissement? C'est sans doute là une des clefs de ce scénario qui nous conte les événements avec un léger décalage temporel entre ceux s'étant déroulés en Namibie puis dans les Pyrénées. Outre cette construction qui sait nous proposer de beaux effets dramatiques, on ne peut que saluer cette galerie de portraits tout en finesse des quatre protagonistes principaux. Leur psychologie est creusée à nu afin qu'aucun de leurs traits de caractères ne nous échappent, même si certains se découvrent progressivement.
Même si l'émotion est un peu mise de côté dans ce récit, ce roman reste une belle peinture naturaliste qui confronte l'être humain au monde animal dont il est issu et dont il conserve certains instincts primaire. Un livre qui sait aussi évoquer quelques sujets fondamentaux comme la préservation de la biodiversité ( comme en écho au congrès qui vient de démarrer à Marseille) enjeu essentiel de notre siècle comme celui du climat. Mais ne sont-ils pas tous les deux liés ?

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Je ne vous cache pas que lorsque j'ai vu la magnifique couverture de ce roman dans ma librairie, mon intérêt s'est porté irrésistiblement vers lui. On y voit une photo en noir et blanc d'un magnifique lion qui vous transperce de son regard emprunt de fierté et de majesté.
Mais une couverture ne fait pas tout. Plusieurs raisons m'ont poussée à lire ce roman : une partie de l'histoire se passe dans les Pyrénées dont je suis originaire, il est question de cause animale et de nombreux babéliotes l'ont apprécié et recommandé.

Je suis ravie de ma lecture, j'ai passé un excellent moment et c'est donc à mon tour de vous conseiller ce très bon thriller.

*
« Entre fauves » est un roman fictif, mais Colin Niel encre son roman dans la réalité en s'appuyant sur des faits divers comme la mort de l'ourse Cannelle ou les inquiétudes des éleveurs pour l'avenir de leur profession suite aux attaques de fauves en France.

Que faire pour cohabiter avec ces grands carnivores ?

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La chasse.
Un débat très actuel et polémique entre chasseurs et écologistes ou militants anti-chasse. Ce roman ne défend pas une des deux idées, mais il interroge le lecteur sur notre rôle dans la protection de la nature, la nécessité de sauvegarder la biodiversité, la place de la faune sauvage dans notre environnement, mais il met aussi l'accent sur la réalité des hommes qui vivent au quotidien avec ces grands prédateurs.
Il donne ainsi la parole aux éleveurs namibiens qui voient leurs troupeaux attaqués par ces fauves affamés, à la recherche de nourriture facile, faute au manque de gibier devenu trop rare à cause de la sécheresse.

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Martin est un des gardes du parc national des Pyrénées. Très investi dans la cause animale, défenseur des ours, il recherche Cannelito, fils de Cannelle, dernier plantigrade pyrénéen. Militant pour une association qui agit pour la préservation des espèces, il traque sur internet les chasseurs qui exposent fièrement leur trophée en ligne. Afin de faire réagir l'opinion publique, il publie sur les réseaux sociaux leurs photos accompagnées de leur identité.
Lorsqu'il découvre sur la toile la photo d'une jeune femme tenant un arc à la main devant la dépouille d'un splendide lion du désert, il est déterminé à retrouver son identité et à la jeter en pâture à l'opinion publique.

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L'intrigue est passionnante, nous faisant voyager dans deux régions très différentes mais aussi très semblables, la vallée d'Aspe dans les Pyrénées et les terres arides de la Namibie, mélangeant passé et présent pour mieux tenir le lecteur en haleine.
A cela s'ajoute l'alternance des différents points de vue des quatre protagonistes principaux de cette histoire. Martin, résolu à retrouver la chasseuse. Apolline, passionnée de montagne et de chasse. Kondjima, un jeune éleveur namibien décidé à affronter le lion, tueur de bétail, pour montrer sa vaillance et gagner le respect de sa tribu. Enfin, la parole est donnée à Charles, le vieux lion solitaire cause de tout, qui, témoin de la sécheresse, doit s'approcher des hommes et de leurs troupeaux pour survivre.

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Ce titre « Entre fauves » interroge car il joue sur l'ambiguïté. Qui sont vraiment les fauves dans cette histoire ? Les bêtes sauvages, ici le lion et l'ours ? Les chasseurs de trophées ? Les militants anti-chasse radicaux ?
L'intrigue s'accélère les cent dernières pages.

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Un roman choral très original, une intrigue prenante et addictive, des personnages à la personnalité très marquée, une belle réflexion sur notre relation à la nature, notre instinct de survie face à une menace, et le danger de prendre position sans connaître les tenants et les aboutissants.

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« A la mémoire des fauves perdus, victimes des antiques hécatombes et à ceux qui survivent tapis au fond de nos tripes. »
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Colin NIEL. Entre fauves.

Sur le présentoir, un livre attire mon attention : sur la couverture, une pastille rouge : Prix des lecteurs. Sélection 2022. Un gage de qualité !

Aussitôt, j'entame cette lecture. Je vais naviguer entre deux continents, l'Europe et l'Afrique, entre deux régions complètement opposées, un parc national des Pyrénées enneigées et un immense désert, le Kaokoland en Namibie. Quel dépaysement !

Martin est garde forestier dans le parc des Pyrénées. C'est un bon élément : il accomplit avec beaucoup de sérieux sa tache. C'est un opposant aux chasseurs, virulent. Il est actuellement à la recherche de Cannellito, le fils de Cannelle, une ourse sauvagement abattue par des chasseurs – soi-disant en état de légitime défense – en 2005 ; ce dernier n'a pas réapparu depuis plus d'une année. Martin appartient à un groupe de défenseurs de la nature, faune et flore confondues, également puissants anti-chasseurs, le No hunting. Ce réseau est très actif sur la toile et comme chacun le sait, les nouvelles, bonnes ou mauvaises, réelles ou fictives, vraies ou fake news circulent à la vitesse de la lumière !

Sur cette toile, la photographie d'une jeune fille blonde, posant devant la dépouille royale du roi de la jungle interpelle Martin. Et cette photo, visionnée des centaines et des centaines de fois stimule la colère de cet homme. Elle est légendée des milliers de fois. Les critiques sont sévères ; certains désirent faire subir la même peine à cette jeune femme. Martin, grâce à sa perspicacité va l'identifier. C'est une jeune française, Apolline Laffourcade, étudiante en droit à Pau. Il va la suivre… Ce trophée, auprès duquel elle pose est un prédateur qui sévit en Namibie, tuant et mangeant les chèvres, les vaches des pauvres habitants de cette zone aride. Il s'agit de Charles qui sème la terreur dans cette zone, brisant les clôtures des kraals pour se sustenter. Komuti, l'amoureux transi de la belle Kariungurua veut lui aussi tuer ce vieux mâle afin d'obtenir la main de sa chérie. Qui l'emportera ?

Nous assistons à deux chasses, l'une dans la vallée d'Aspe, l'autre dans le Kaokoland. Les prédateurs, qu'ils soient à deux ou quatre pattes vont se croiser, se poursuivre, l'un, l'autre. le prédateur devient la proie de l'autre et inversement. c'est la lutte pour la survie, le pistage, la surveillance… Il en va de la vie, de la survie, de l'existence de chacun. Il faut à tout prix sauver sa peau.

Quelle traque, un jeu de piste où, à tout instant la vie peut basculer, la proie cherchant à tuer son prédateur, le prédateur désirant rapporter son trophée pour afficher sa supériorité… Une lutte sans merci entre le chasseur ou ici la chasseuse et sa proie. Mais un véritable guet-apens se dresse face à ses êtres ! Qui l'emportera ? Suspense !

Ce récit à double entrée me rappelle la lecture du roman de Sandrine COLLETTE : « Animal » dont je me permets de vous recommander la lecture. Chasseurs, amoureux de la nature, des grands espaces, plongez dans cette lecture. Vous survolerez les grands espaces arides de l'Afrique où les nantis se livrent sans pitié à la défaunation sauvage de ce milieu naturel. Vous parcourez le massif des Pyrénées, à pied, a ski, encombré par le splendide arc Avail, un modèle haut de gamme et à la disposition des riches comme le père d'Apolline notre chasseuse. Faites bien attention, ne vous écartez pas trop des pistes, des sentiers, un faux pas et vous basculez dans le ravin ! Un très bon thriller. Bonne lecture et très bonne journée à tous. ( 31/01/2023 ) .

Lien : https://lucette.dutour@orang..
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