Je ne vous cache pas que lorsque j'ai vu la magnifique couverture de ce roman dans ma librairie, mon intérêt s'est porté irrésistiblement vers lui. On y voit une photo en noir et blanc d'un magnifique lion qui vous transperce de son regard emprunt de fierté et de majesté.
Mais une couverture ne fait pas tout. Plusieurs raisons m'ont poussée à lire ce roman : une partie de l'histoire se passe dans les Pyrénées dont je suis originaire, il est question de cause animale et de nombreux babéliotes l'ont apprécié et recommandé.
Je suis ravie de ma lecture, j'ai passé un excellent moment et c'est donc à mon tour de vous conseiller ce très bon thriller.
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«
Entre fauves » est un roman fictif, mais
Colin Niel encre son roman dans la réalité en s'appuyant sur des faits divers comme la mort de l'ourse Cannelle ou les inquiétudes des éleveurs pour l'avenir de leur profession suite aux attaques de fauves en France.
Que faire pour cohabiter avec ces grands carnivores ?
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La chasse.
Un débat très actuel et polémique entre chasseurs et écologistes ou militants anti-chasse. Ce roman ne défend pas une des deux idées, mais il interroge le lecteur sur notre rôle dans la protection de la nature, la nécessité de sauvegarder la biodiversité, la place de la faune sauvage dans notre environnement, mais il met aussi l'accent sur la réalité des hommes qui vivent au quotidien avec ces grands prédateurs.
Il donne ainsi la parole aux éleveurs namibiens qui voient leurs troupeaux attaqués par ces fauves affamés, à la recherche de nourriture facile, faute au manque de gibier devenu trop rare à cause de la sécheresse.
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Martin est un des gardes du parc national des Pyrénées. Très investi dans la cause animale, défenseur des ours, il recherche Cannelito, fils de Cannelle, dernier plantigrade pyrénéen. Militant pour une association qui agit pour la préservation des espèces, il traque sur internet les chasseurs qui exposent fièrement leur trophée en ligne. Afin de faire réagir l'opinion publique, il publie sur les réseaux sociaux leurs photos accompagnées de leur identité.
Lorsqu'il découvre sur la toile la photo d'une jeune femme tenant un arc à la main devant la dépouille d'un splendide lion du désert, il est déterminé à retrouver son identité et à la jeter en pâture à l'opinion publique.
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L'intrigue est passionnante, nous faisant voyager dans deux régions très différentes mais aussi très semblables, la vallée d'Aspe dans les Pyrénées et les terres arides de la Namibie, mélangeant passé et présent pour mieux tenir le lecteur en haleine.
A cela s'ajoute l'alternance des différents points de vue des quatre protagonistes principaux de cette histoire. Martin, résolu à retrouver la chasseuse. Apolline, passionnée de montagne et de chasse. Kondjima, un jeune éleveur namibien décidé à affronter le lion, tueur de bétail, pour montrer sa vaillance et gagner le respect de sa tribu. Enfin, la parole est donnée à Charles, le vieux lion solitaire cause de tout, qui, témoin de la sécheresse, doit s'approcher des hommes et de leurs troupeaux pour survivre.
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Ce titre «
Entre fauves » interroge car il joue sur l'ambiguïté. Qui sont vraiment les fauves dans cette histoire ? Les bêtes sauvages, ici le lion et l'ours ? Les chasseurs de trophées ? Les militants anti-chasse radicaux ?
L'intrigue s'accélère les cent dernières pages.
Dans la nature, les animaux sont à la fois proies et prédateurs. Alors quand les proies deviennent prédateurs et inversement, difficile de savoir comment cette histoire va s'achever.
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Un roman choral très original, une intrigue prenante et addictive, des personnages à la personnalité très marquée, une belle réflexion sur notre relation à la nature, notre instinct de survie face à une menace, et le danger de prendre position sans connaître les tenants et les aboutissants.
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« A la mémoire des fauves perdus, victimes des antiques hécatombes et à ceux qui survivent tapis au fond de nos tripes. »