Comment ? la première vertu de l'exécution serait-elle vraiment, comme les musiciens exécutants paraissent le croire de nos jours, d’atteindre, à tout prix, un haut-relief qui ne puisse plus être surpassé ? Cette théorie, appliquée par exemple à Mozart, n'est-elle pas un véritable péché contre l’esprit de Mozart, contre le génie gai, enthousiaste, tendre et amoureux de Mozart, qui, par bonheur, n’était pas allemand, et dont le sérieux était un sérieux bienveillant et doré et nullement le sérieux d’un bon bourgeois allemand… pour ne rien dire du sérieux du « convive pierre »…
n devrait avoir plus de respect de la pudeur, refuge de la nature qui se tient cachée derrière des énigmes et de multiples incertitudes. Peut-être la vérité est-elle femme, et a-t-elle des raisons pour ne pas laisser voir ses raisons ?… Peut-être son nom, pour parler grec, est-il Baubo ?… Ô ces Grecs ! ils s’y entendaient à vivre ! Pour cela il est nécessaire de s’arrêter vaillamment à la surface, au repli, à l’épiderme, d’adorer l’apparence, de croire aux formes aux sons, aux mots, à tout l’Olympe des apparences ! Ces Grecs étaient superficiels — par profondeur…
Je m'accorde une petite détente. Si, dans ces pages, je vante Bizet au détriment de Wagner, ce n'est pas, uniquement, malice de ma part. Parmi force boutades et badineries, je présente une cause avec laquelle on ne badine pas. Tourner le dos à Wagner, ce fut pour moi un dur destin. Plus tard, reprendre goût à quoi que ce soit, une vraie victoire. Nul peut-être ne fut, plus que moi, dangereusement empêtré dans la wagnéromanie, nul n'a dû s'en défendre avec plus d'acharnement, nul ne s'est davantage réjoui d'en être enfin débarrassé.
(avant-propos)
De même j’interprétai la musique de Wagner comme l’expression d’une puissance dionysienne de l’âme ; en elle je croyais surprendre le grondement souterrain d’une force primordiale comprimée depuis des siècles et qui enfin se fait jour, indifférente d’ailleurs en face de l’idée que tout ce qui s’appelle aujourd’hui culture pourrait être ébranlé. On voit ce que j’ai mal interprété, on voit également de quoi j’ai enrichi Wagner et Schopenhauer — de moi-même…
Le but que poursuit la musique moderne dans ce que l’on appelle aujourd’hui, avec un terme très fort, mais obscur, la « mélodie infinie » peut s’exprimer ainsi : on entre dans la mer, on perd pied peu à peu jusqu’à ce que l’on s’abandonne à la merci de l’élément : il faut nager. Dans la cadence légère, solennelle et ardente de la musique ancienne, dans son mouvement tour à tour vif et lent, il fallait chercher tout autre chose — il fallait danser.
Fabrice Midal vous présente "La théorie du bourgeon", son nouveau livre, disponible en livre audio !
Résumé :
Le découragement est le problème majeur de notre temps. Là où nous pourrions avancer, nous baissons les bras. Là où nous pourrions être victorieux, nous partons perdants. On nous a fait croire que nous devions être dans le contrôle permanent, dans l'efficacité absolue. Mais la vie ne se contrôle pas, elle ne se gère pas. Comment inverser le mouvement ? Comment retrouver l'élan pour sortir de la paralysie qui nous guette, pour rejoindre enfin le monde et essayer de le réparer ? Se fondant sur les enseignements de philosophes qui, comme Nietzsche, Bergson ou Hannah Arendt, ont affronté ce péril majeur avec lucidité, Fabrice Midal nous amène à reprendre confiance en nous et en l'humanité. Avec La théorie du bourgeon, il nous apprend à cultiver la vie dans son surgissement, ce bourgeon qui réside en nous et qui ne demande qu'à croître pour donner des fleurs, pour donner des fruits. C'est ce remède anti-découragement que je vous invite à découvrir.
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