Mais d'aventure en mésaventure
D'affre en affre , de gerbe en gerbe
Jamais encore, je te le jure
Je n'ai pu oublier ton corps
Mais d'aventure en mésaventure
D'avanie en avanie , de mépris en mépris
Je n'ai pu fermer ma blessure !
Oui, je m'autorise à remanier du
Serge Lama, c'est de circonstance pour ces quatre pauvres journalistes poisseux considérés comme des pisse-copies miséreux voire pamphlétaires miteux aux yeux du vieux nobelisé Pretextat Tach lors d'entrevues quelque peu raccourcies, version boucherie verbale.
Et qu'on se le dise, les tripes et les rognons n'ont pas mes faveurs, cependant, le gras-double imaginé par
Amélie Nothomb présente une cervelle des plus attrayantes, certes, légèrement inquiétante, un poil sardonique et délicieusement cinglante mais ce sont bien ces ingrédients qui ont rendu dès le commencement ma lecture addictive.
De l'amertume d'un condamné se déverse une sentence dépouillée de censure : une bile hostile envers les hommes et un portrait au vitriol de la laideur consternante des femmes. le misanthrope ne s'interdit rien, la mauvaise foi, il l'exècre tout en la pratiquant et s'exerce habilement à égratigner au passage ses acolytes, littérairement parlant,
Sartre en fait les frais tandis que Celine, seul rescapé, prend figure de maître à penser.
Tout ça, c'était sans compter sur l'arrivée de la cinquième journaliste.
S'instaure un duel dans l'échange qui désormais donne naissance à une rivalité éclatante ; du peloton d'exécution verbale nul n'est en capacité de savoir lequel des deux verra sa joute déchue.
Le combat intellectuel fait rage, Nothomb accélère sans cesse la cadence avec une maîtrise du dialogue impressionnante doublée d'une stylistique des plus esthétiques rendant ce tête à tête fascinant puis, émerge un récit, ce récit de l'
hygiène de l'assassin à la beauté Baudelairienne, profonde aspiration de la perfection sépulcrale contrant toute l'abjection du monde.
Ainsi, Nothomb nous offre la quintessence de la perversion et de l'effroyable délivrés par une poésie aussi lugubre que féerique.
Bluffée !
Je n'en ai donc pas fini avec Amélie , loin de là, certains de ses livres m'ont bien moins marquée sans pour autant dire qu'ils étaient dénués d'intérêt, mais, "
Hygiène de l'assassin", en revanche, déclasse d'un rang "
Stupeur et tremblements" qui, jusque là, trônait sur le podium Nothomb.
Un roman foudroyant d'une férocité exquise.
“Ce qu'il y a d'ennuyeux dans l'amour, c'est que c'est un crime où l'on ne peut pas se passer d'un complice.” [
Baudelaire]