Irène, la mère de Lola, est partie un jour en claquant la porte, son mari ne ramenait pas assez d'argent à la maison - ce n'est pas avec le chiffre d'affaires minable de la petite épicerie Favelas que madame pouvait satisfaire ses goûts de luxe...
Bon débarras ? Sans doute, si on se fie aux souvenirs de Lola : Irène était égoïste, hystérique, mauvaise mère, épouse volage et cruelle. Mais visiblement, son départ a chamboulé le mari et la fille. Tom, l'époux abandonné, semble toujours amoureux, et dans son chagrin, après quelques bières, arrive-t-il encore à distinguer la mère et la fille ? Lola brouille les pistes, involontairement sans doute (et pour elle-même en premier lieu), elle ressuscite la disparue, s'identifie à elle, s'appropriant les vêtements, le maquillage et le parfum d'Irène, s'habillant devant son père, et jouant à la petite épouse du haut de ses quatorze ans :
« - On fera semblant d'être mari et femme, s'excitait Lola... oh non, mieux que ça... fiancés... oui, fiancés... tu me tiendras la main, je poserai ma tête sur ton épaule, les gens nous envieront et...
- Calme-toi ! avait dit Tom. Ce n'est jamais qu'une fête foraine. Je te signale que toute la ville ou presque me connaît, alors ton scénario... Bon, on essaiera une minute ou deux, puisque ça t'amuse, mais... ».
Et, curieusement, le père ne met pas de barrières à ce jeu trouble de séduction que Lola prolonge au collège, avec des garçons de son âge. En profite-t-il, ce papa ? On a plutôt l'impression qu'il est dépassé, démuni, sa compagne est partie, une autre femme est là - sa propre fille devenue adolescente, en l'occurrence...
J'ai découvert Jean-Paul Nozière récemment, j'aime beaucoup son écriture, ses idées, ses thématiques. Mais ce roman m'a dérangée. J'ai éprouvé le même genre de malaise qu'à la lecture de 'Janis est folle' (Olivier Ka), le même genre de questionnement désagréable qu'en écoutant/regardant 'Lemon Incest' (Serge Gainsbourg et sa fille Charlotte de 13 ans). Parce que l'adulte n'est pas à sa place, ne remplit pas son rôle, il ne sait plus guider, conseiller, parce que l'adolescent n'a pas les limites dont il a besoin. Parce que le duo parent-enfant est devenu délétère...
Lecture décevante, qui met d'autant plus mal à l'aise qu'il subsiste pas mal de zones d'ombre - quid de la fin, par exemple, ou de l'identité de la femme sur les photos de la fête ?
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J'avoue avoir été choquée de trouver cela écrit le plus simplement du monde dans un livre destiné aux lecteurs à partir de 12ans. Certes les enfants de nos jours grandissent vite, mais est-ce une raison pour leur laisser entendre que ce genre de pratique peut être normale ? Que fait-on du respect de son corps et du corps de l'autre ? C'est déjà une forme de prostitution. La pointe de culpabilité que ressent Lola n'est pas suffisante pour faire comprendre à de jeunes adolescents que ce genre "de solution" n'en est pas une, et qu'il faut se protéger et protéger son intégrité ! Ici, cela apparait simplement comme de l'argent facile, vite gagné et comme un mauvais moment à passer.
Pour moi ce livre n'est pas un livre à mettre entre les mains de jeunes lecteurs. C'est un livre de mise en garde pour les parents.
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Elle s'assit par terre, le dos appuyé à un radiateur. Pendant la récréation de 13 heures, on pouvait s'asseoir n'importe où. Elle avait pris sur un rayon un roman de Steinbeck, A l'est d’Éden. Elle le prenait chaque jour, n'en lisait pas une ligne. Le titre l'attirait.
Jean Paul Nozière : Bye bye Betty
Depuis le
café le Rostand, à Paris,
Olivier BARROT présente le livre de
Jean-Paul NOZIERE "
Bye-bye betty". Un
roman publié aux éditions Gallimard dans la collection Scripto.Photo de
Jean Paul NOZIERE.