Ce petit livre m'a fait peur au début, avec ses paragraphes denses et compacts. Mais finalement, je me suis plongée dedans avec plaisir, et la fin est arrivée beaucoup trop vite ! J'ai adoré le style d'Emer O'Toole. Elle parle avec fluidité et évoque des situations auxquelles il est très facile de s'identifier : on est toutes passées par là.
Le ton est humoristique, un peu comme un one-woman show. Mais ce n'est pas étonnant d'avoir ce ressenti puisqu'Emer O'Toole maîtresse de conférences en théâtre. D'ailleurs, son essai entier est construit autour de la thématique du théâtre, avec des chapitres et un progression qui contribuent à la métaphore filée. C'est réussi, ça colle parfaitement à son raisonnement féministe.
Sous son humour se cachent des vérités un peu moins drôles. L'autrice dénonce le sexisme et les attentes stéréotypées de la société pour les femmes.
J'ai été surprise de pouvoir autant m'identifier à Emer O'Toole. Tout comme elle, je ne suis pas née féministe, mais je le suis devenue au fur et à mesure de mes prises de conscience. L'autrice se livre sans fards sur son parcours, ce qui la rend d'autant plus crédible.
Je me rends compte, de plus en plus, en lisant des essais comme celui-ci, que le féminisme est un travail de fond pour beaucoup d'entre nous. Il s'agit de faire de l'introspection, de se questionner sur son attitude et ses pratiques… de déconstruire, en quelque sorte, ce qu'on a toujours pris pour acquis, afin d'avoir le recul nécessaire sur la situation des femmes aujourd'hui.
Dans son essai, Emer O'Toole parle, entre autres, de la poitrine et de sa sexualisation, de son rapports aux poils, à son corps, à sa nudité. Elle explique qu'il est difficile de trouver un équilibre entre sa conscience féministe et sa féminité.
Elle consacre beaucoup de temps à parler du genre, ce que j'ai trouvé extrêmement intéressant. Je commence tout doucement à m'y pencher, Emer O'Toole donne, en quelque sorte, une introduction à ce vaste sujet.
Sous couvert de son ton humoristique, l'autrice est extrêmement bien documentée. Chacun de ses arguments est étayé par les propos de philosophes, sociologues ou théoricien.ne.s sur la question du féminisme et du genre. Elle cite, entre autres, Naomi Wolf (The Beauty Myth),
Judith Butler (Trouble dans le genre),
Cordelia Fine (Delusions of gender),
Pierre Bourdieu (avec qui elle a un échange épistolaire des plus drôles !)…
En bref, j'ai beaucoup beaucoup aimé
Girls will be girls. Il fait partie des meilleurs essais féministes que j'ai pu lire.
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