AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782385530242
204 pages
La manufacture de livres (12/10/2023)
3.33/5   26 notes
Résumé :
Février 1945. Dans les petites villes autour de Sigmaringen, les Français partisans du régime nazi se rassemblent. Miliciens en déroute, collabos en exil, chacun essaie de faire les bonnes alliances pour tirer son épingle du jeu et éviter les tribunaux militaires.
Sur une route de campagne, Jacques Doriot, un des chefs collaborationnistes réfugiés en Allemagne, est tué dans le mitraillage de sa voiture par un avion non identifié. La présence sur les lieux du... >Voir plus
Que lire après Lorsque tous trahirontVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Bonne surprise que ce livre choisi pour une lecture détente après un essai éprouvant sur une affreuse actualité.
Je ne connaissais ni l'auteur ni le prix qu'il a remporté. Alors appréhension...
Le début du roman est abrupt. Une quantité impressionnante de personnages qui se croisent autour de l'île de Mainau sur le lac de Constance, ou plutôt sur l'Obersee... Une galaxie de personnages allant des collaborationnistes français de la seconde guerre mondiale aux anciens de la "Légion des Volontaires Français contre le bolchévisme", souvent abrégée en LVF, ayant combattus au sein de la Wehrmacht sur le front de l'Est. Et leurs commanditaires : SS, SD etc...
Tout ce petit monde se retrouve en exil sur le lac de Mainau où se constitue une petite société française des perdants de la guerre et qui espèrent encore, un peu du moins, un retournement de situation. Autour de ce Lac, vers Meßkirch, Menningen, va se jouer un épisode mal connu de la guerre : Un certain Jacques Doriot est tué comme dans la grande histoire. Exclu en 1936 du Parti communiste, et ayant fondé le Parti populaire français (PPF) contre le Front populaire, il est à l'origine de la création de la LVF décrite plus haut et il combat d'ailleurs lui-même contre les soviétiques en tant que lieutenant sous l'uniforme allemand sur le front de l'Est. Il organisait dans cet arrière poste sa résistance française alors que les alliés avançaient inexorablement.
C'est la force de ce roman. Il se place de manière très fine dans un contexte historique, y trouve une niche originale et l'exploite au mieux. On alterne une narration à la première personne, celle du héros, à une narration à la troisième personne omnisciente. Au fil du récit, c'est la première qui prend le dessus, dirigeant ce récit vers l'introspection.
Nous suivons donc ce lieutenant des LVF qui cherche à finir sa guerre au mieux, avec cette interrogation : qu'est-ce que « au mieux » peut bien vouloir dire dans ce cas ?
C'est bien écrit, c'est prenant, c'est historiquement très documenté. Un très bon bouquin pas uniquement distrayant.
Remarque : je regrette juste l'exergue : « le personnage principal de ce livre est un ultra de la collaboration, un fasciste. Les opinions exprimées par celui-ci dans ce roman sont les siennes, et non pas celles de l'auteur »
On en est donc arrivé là ? Il y a donc des risques à simplement publier un roman, car c'en est clairement un même si le fond historique est très prégnant. C'est vraiment triste.
Commenter  J’apprécie          351
Février 1945. Les collaborationnistes et les membres de la LVF (Légion des Volontaires Français contre le bolchévisme) se retrouvent dans l'île de Mainau sur le lac de Constance, entourés de leurs amis allemands nazis. C'est la déroute allemande et chacun essaie d'asseoir le peu de pouvoir qui lui reste tout en espérant sauver sa peau. C'est dans ce contexte que Jacques Doriot, le chef du PPF (Parti Populaire Français, pronazi) est retrouvé criblé de balles ; sa voiture a été mitraillée par un avion possiblement anglais. Mais la présence sur place d'un officier des renseignements allemand introduit un élément de doute : et s'il s'agissait d'un complot ? ● Il est rare que je trouve qu'un roman est trop court ; d'habitude c'est plutôt l'inverse. Or j'ai trouvé celui-ci beaucoup trop dense et trop bref. Il est difficile d'identifier et de se rappeler tous les personnages tant ils sont nombreux. le texte est tellement documenté historiquement que le côté romanesque et fictionnel est délaissé, ce qui obère le plaisir de lecture, qui, pour moi a été bien faible.
Commenter  J’apprécie          398
Début février 1945, les derniers représentants de la collaboration avec le nazisme se sont regroupés sur un bout de terre dans le sud de l'Allemagne près du lac de Constance devenu enclave française. A Sigmaringen se terrent Laval et Pétain . Les villages alentour hébergent tout ce qui reste de la France collabo, lambeaux de partis politiques fascisants, paramilitaires de la Milice, survivants de la LVF ayant combattu jusqu'aux portes de Moscou. Pierre Olivier réussit très bien à restituer l'ambiance surréaliste qui règne dans ce qui n'est qu'une étape d'une débâcle générale et inéluctable et signe d'une défaite évidente. Sigmaringen c'est un gouvernement provisoire qui ne dirige rien, un journal que personne ne lit, une radio pour la propagande que plus personne n'écoute et des intellectuels insouciants. Plus étonnant encore il y a ceux qui préparent un nouveau combat, clandestin pour résister au nouvel occupant de la France.

Le chef est mort. le 22 février 1945 Jacques Doriot chef du PPF a été tué lors d'une attaque aérienne alors qu'il se rendait en voiture à une réunion avec Marcel Déat. A Sigmaringen, il y a un flic qui se pose des questions, un flic qui trouve plein de choses bizarres dans ce qui a précédé la mort du chef. Ce flic, c'est un ancien des RG, Brigade Spéciale n°2, spécialisée dans la traque des communistes. Un lieutenant de la LVF, uniforme boche sur le dos, l'accompagne. C'est le narrateur. Pierre Olivier dresse des portraits sans concession, le plus souvent de gens ordinaires qui auraient pu rester dans l'anonymat et qui ont fait le choix de trahir pour gagner de l'importance. le lieutenant a combattu contre l'Allemagne en 14-18, il a revêtu l'uniforme de l'ancien ennemi pour combattre le bolchevisme, à aucun moment il n'a pensé qu'il reniait son pays.

Le lecteur suit ce lieutenant dans deux enquêtes. La première concerne ce qu'il pense être l'assassinat de Doriot. le lieutenant agit par conviction, par respect pour le chef. Son autre mission lui a été confiée par le Hauptsturmführer SS Nosek qui souhaite identifier des agents français travaillant pour les américains. A l'origine ces agents travaillaient pour les nazis en fournissant de fausses informations aux alliés. Cela s'appelle de l'intoxication. Mais ces agents ont été retournés par les américains qui veulent avoir accès à des renseignements fournis par les traîtres allemands. La trahison règne au quotidien au sein de la communauté française de Sigmaringen. Poursuivre le combat contre les alliés n'est qu'une façade pour les exaltés, tous les collabos n'ont qu'une idée en tête, trouver un échappatoire au jugement et aux peines qui se profilent. Certains s'emploient à se forger un passé de résistant, même tardif. D'autres veulent fuir, la Suisse, l'Italie ou l'Autriche sont proches de Sigmaringen. Les militaires allemands aussi trahissent ou fuient, pour sauver leur peau.

Le lieutenant est le dernier à vouloir mener à bien ses missions. Un salaud jusqu'au bout. Pierre Olivier n'a pas choisi un héros facile mais il réussit très bien à restituer une ambiance où personne ne veut plus tenir son rôle. « Lorsque tous trahiront » est un titre qui convient parfaitement aux situations décrites et à la psychologie de personnages voulant à tout prix échapper à la justice des hommes alors que les véhicules des militaires alliés se profilent à l'horizon. Ces militaires alliés ne sont pas totalement opposés à revoir leur attitude face à l'ennemi d'aujourd'hui qui ne sera pas forcément celui de demain. Une ambiance surréaliste et machiavélique.

Cet excellent roman ( mélange de polar et d'espionnage, avec un lien fort avec l'Histoire, c'est également un roman noir ) m'a fait repenser au récit d'Émile Brami intitulé «En collaboration » et qui explore avec autant de véracité la communauté française de Sigmaringen.

Pierre OLIVIER - Lorsque tous trahiront . Parution le 12 octobre 2023, Éditions La manufacture de livres en coédition avec les Éditions Konfident . ISBN 978-2-3855-3024-2 .

Pour ce roman, Pierre Olivier a été le premier lauréat du Prix du roman d'Espionnage décerné par l'Amicale des anciens des services spéciaux .
Lien : http://mille-et-une-feuilles..
Commenter  J’apprécie          20
Les journées sont longues sur notre petite île, bout de terre allemande à la frontière Suisse. Alors assister à un cours de Jean Bouton sur la clandestinité n'est pas inutile. C'est notre lot à tous, nous les collabos. le cours que je dois donner ensuite sur l'orientation avec une carte et une boussole n'aura jamais lieu. Quelqu'un est entré et a crié: "Le chef est mort !".

Le chef c'est Jacques Doriot, leader du PPF Parti Populaire Français, créateur de la LVF ligue de volontaires français contre le bolchévisme, collabo radical....
On est le 22 février 1945, sur l'île de la Mainau sur le lac de Constance. Les collabos ont fui, une débâcle à l"envers... Et le chef vient de se faire mitrailler par des avions alliés... à moins que ce ne soit un complot.

Pierre Olivier réussit un coup de maître avec ce premier roman dont la grande force est de proposer un narrateur fasciste, collabo, qui raconte les événements de l'intérieur, à la première personne. C'est troublant mais ça fonctionne terriblement bien dans cette intrigue basée sur des faits historiques et des personnages réels.

Ce court roman, très documenté, est vif et piquant. Il y a la gêne de se retrouver malgré soi dans la peau de cet anonyme peu ragoutant et l'envie de comprendre et de résoudre l'enquête avec lui. Il a reçu le premier prix du roman d'espionnage et c'est mérité !
Commenter  J’apprécie          40
Pour ce premier roman, Pierre Olivier choisit un sujet rarement traité dans la littérature (je n'ai pas tout lu sur ce sujet aussi je suis sans doute passé à côté de titres...) : celui des derniers jours de la collaboration française en 1945.
Alors que l'heure de la défaite est arrivée, les collaborationnistes français se tournent vers Sigmaringen et l'Île de Mainau sur le lac de Constance. Exsangues, tous les protagonistes cherchent à s'allier aux bons chevaux pour sortir vivant de cette débâcle.
On suit l'enquête d'un lieutenant français (dont on ignore l'identité, le passé et la motivation) concernant l'assassinat de Jacques Doriot, apôtre collaborationniste et fondateur du PPF par un avion militaire non identifié.

Je suis dubitatif sur les tenants et les aboutissants de ce court roman. L'auteur, parfaitement documenté (quel boulot) fait passer l'intrigue et le romanesque au second plan. La profusion des personnages (entre les Allemands et les Francais) et le choix de concentrer le roman sur quelques jours rend la lecture pas fluide du tout.
Du narrateur, nous ne connaissons rien : pas de passé, pourquoi est-il là ? Quelles sont ses motivations ? S'il semble fidèle à ses convictions de traite à la Nation tout au long du roman, il manque d'épaisseur.

L'idée de se concentrer sur le double jeu, le triple jeu, l'espionnage, le contre espionnage fait qu'on s'y perd dans qui veut quoi, qui fait quoi ...

Le roman est un peu trop court et aurait mérité d'être plus ample pour m'emporter totalement.

Son mérite principal est donc de traiter un sujet compliqué et méconnu de la fin de la Seconde Guerre Mondiale. Et tout ça est très intéressant.

Je n'ai pas non plus compris l'avertissement de l'auteur qui prévient le lecteur que les propos tenus par le narrateur ne reflètent pas son opinion personelle ... n'est-ce pas justement la liberté de l'auteur de se mettre dans la peau de personnages abjectes et de laisser filer sa plume ? D'ailleurs n'ai rien noté de réellement révoltant dans les propos du narrateur qui mériterait cet avertissement.

J'attends tout de même le deuxième roman de l'auteur qui semble être un passionné d'histoire.
Commenter  J’apprécie          00

Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Une odeur de sang et de poudre flotte dans le salon. L’ancien de la LVF me regarde d’une drôle de façon.
– Eh bien, mon lieutenant, je ne vous en croyais pas capable…
– La guerre nous a changés, sans doute.
– Oh non, la guerre a simplement fait que nous devenions ce que nous sommes.
Je découvre alors que mon camarade est une sorte de M. Jourdain, qui fait du Nietzsche sans probablement le savoir.
Commenter  J’apprécie          70

autres livres classés : sigmaringenVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (44) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3184 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..