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EAN : 9781022601666
Editions Métailié (20/08/2015)
3.76/5   34 notes
Résumé :
Une source d’eau douce, ou une fuite intarissable, s’est ouverte au premier étage d’un vieil immeuble du centre de Luanda. Les habitants s’y retrouvent pour un moment de conversation et de repos. Ce sont des gens simples qui partagent leurs vies et leurs souvenirs, ce sont des personnages surprenants et complexes qui ont des désirs, des rêves, des peines. Ils racontent leurs histoires, la guerre, et pensent à l’avenir. Il y a Odonato qui a la nostalgie de la Luanda ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (14) Voir plus Ajouter une critique
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Avec Les Transparents, Ondjaki nous emmène à Luanda, capitale de l'Angola. On y rencontre les habitants d'un immeuble populaire ensorceleur, au premier étage duquel l'eau immaîtrisable jaillit en continu des canalisations, offrant une source refuge bienfaitrices aux habités, un labyrinthe semé d'embûches aux non-invités. le plus représentatif de ces habitants est Ondato que le système finit par rendre transparent au sens propre, notamment à force de ne pas pouvoir se nourrir correctement mais surtout comme une matérialisation magiquement symbolique du sens figuré ; son fils, pour qui il se sacrifie, finira pourtant de magouilles en mauvais plans par mal tourner, tandis que sa fille s'amourache d'un marchant de coquillages qui enjolive la vie de tous de différentes manières ; celui-ci prend sous son aile l'Aveugle, qui voit beaucoup mieux avec son coeur que d'autres avec leurs yeux. Devenus habitués de l'immeuble, ils fréquentent Edu et son énooooorme paquet, Joa et son cinéma porno en terrasse, un gamin orphelin de la guerre adopté par les habitants, ou encore Paulo, un journaliste. Celui-ci est préoccupé par les dernières annonces présidentielles selon lesquelles Luanda allait être transformée en gruyère pour extraire le pétrole qu'on y aurait décelé… Paulo sait en effet à quel point dans ce pays l'argent gouverne le bon sens et ferait faire n'importe quoi aux dirigeants. Interviewant des scientifiques de renoms appelés sur le projet, il verra la catastrophe arriver avant tout le monde mais personne ne l'écoute, car ici seuls ceux qui ont l'argent ont le pouvoir, les autres sont… transparents.


Dans ce joli conte africain, dont la mise en forme en paragraphes presque sans point ni majuscule nous fait renouer avec la tradition de la transmission orale, l'auteur nous fait toucher du doigt les problèmes du pays, les défauts structurels d'un pouvoir gangréné par la corruption, le népotisme, les abus de pouvoirs et j'en passe. Un gouvernement de l'opportunité immédiate qui peine à assurer la sécurité et la survie de citoyens qu'il ne considère plus, du haut de sa tour d'ivoire élitiste. le traducteur parvient à conserver les nuances de l'écrivain lusophone qui, de son côté, restitue à merveille le sens de la débrouille, de la négociation et de l'entourloupe nécessaires à la survie dans un pays qui se remet mal des guerres, des privations, et de la modernisation rapide qui l'a assailli. Si les puissants sont insupportables de suffisance, Ondjaki nous rend attachante sa population d'invisibles qui essuie les coups de leur incompétence, laquelle semble tous les mener droit à leur perte… le côté conte, parfois à la limite du magique, apporte un vent de légèreté sur une réalité plombante. Une satire réussie, aussi truculente que désespérante mais dont l'ironie mordante permet de ne pas sombrer.
Cette touche de magie, et la légèreté émanant notamment de ce papillonnement incessant d'un des nombreux personnages à l'autre, lui ôte peut-être un peu de réalisme de terrain ou d'approfondissement que j'affectionne habituellement dans mes lectures, et crée une sorte de décalage entre le lecteur, à qui l'auteur offre l'opportunité de sourire ou s'émerveiller de la situation, et les personnages qui ont certainement moins envie de rire - même s'ils font preuve d'une grande résilience, celle de l'habitude de prendre la vie comme elle vient par manque de choix. Et finalement, c'est certainement ce que cherche à nous faire ressentir l'auteur en le racontant ainsi. Aussi tout en souriant, j'ai bel et bien reconnu la nonchalance, la capacité d'adaptation des populations, l'aveuglement des puissants et les liens unissant la communauté… Pour une première approche ce fut donc malgré tout une lecture rassasiante, pleine de jolis moments et dont la structure semble vouloir s'imprimer dans la mémoire. Merci Bookycooky pour cet agréable conseil de lecture !
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Luanda, ville phare d'Angola et véritable personnage principal de ce livre, s'étend dans ce récit comme une pieuvre qui nous étourdirait en tournant autours de nous pour mieux nous attraper et nous attirer vers le fond avec elle...
Luanda, c'est un coeur qui bat. Celui d'une ville emblématique de ce pays d'Afrique, aussi convoité que décrié, dont les habitants s'accommodent, sans colère ni apitoiement, de sa corruption, de sa violence et de son développement anarchique.
Ondjaki nous relate la vie des locataires d'un immeuble de Luanda d'où jaillit du 1er étage, une source d'eau bienfaitrice, lieu de rassemblement et source d'apaisement pour ses habitants et leurs hôtes. Est-ce qu'on peut vraiment parler de destins ? Non. Simplement des vies qui s'entrecroisent, dans cette nécessité vitale de survivre, à soi et aux autres.
On ne peut parler réellement, non plus d'histoire, mais plus d'une galerie de portraits et d'évènements qui nous permettent d'apercevoir la réalité de ce pays, à peine sorti de la guerre civile et déjà intégré dans cette course folle du capitalisme, mais qui serait l'affaire de tous : chacun essayant de prendre la meilleure part du gâteau ou tout du moins d'y goûter, avant qu'il ne lui passe sous le nez... dans l'intelligence de l'à propos et de la débrouille, entre égoïsme et solidarité.

L'écriture d'Ondjaki est belle et surprenante : Il y a certaines envolées de pure poésie que j'ai adorées lire et relire. Dans le style, certes. Mais pas que. Certains de ses personnages ont l'air tout droit sortis d'un conte, et leurs parts de merveilleux, d'extra-ordinaire s'entremêlent à la réalité dure et sans concession de ce pays :
« nous ne sommes pas transparents parce que nous ne mangeons pas... nous sommes transparents parce que nous sommes pauvres. »
Quantités négligeables dans cette course aux profits individuels.

Son absence de point et ses retours à la ligne donnent le rythme à la lecture, comme si Ondjaki nous donnait le tempo et nous indiquait quand reprendre notre souffle : traces fugaces d'une oralité des récits restée reine dans ce pays.

J'ai eu beaucoup de mal à savoir noter ce livre, 3 ou 4 étoiles ? C'est là que je me dis que les demies auraient leur utilité... Ce qui m'a manqué ? J'aurai souhaité évoluer tout du long du récit dans cette poésie des mots et des images. J'aurai souhaité un peu plus de développement à certains moments du récit, même si je comprends que cela correspond à ce que l'auteur a voulu donner comme impression : celle d'un monde et d'un lieu où rien n'a vraiment d'importance, où chaque chose se vaut, l'amour comme la haine, la vie comme la mort... sans regret, tristesse, ni colère. Parfois certains essaient de s'extraire de ce flot continu d'eau ou de feu, mais c'est souvent peine perdue !
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"–dis-moi quelle est la couleur de ce feu…
l’Aveugle parlait la tête tournée vers la main du garçon qui le soutenait..."
première page,premier paragraphe du livre...oups,ai-je sauté une page??
eh non, Ondjaki dés les premières phrases, sans majuscules, ni points et une mise en
page déroutante, nous emporte dans le tourbillon de la vie des habitants d'un vieil immeuble
du centre de Luanda
un immeuble à sept étages, avec un énorme trou au rez-de-chaussée , un premier étage
envahi par une eau mystérieuse et fraîche, des habitants, hauts en couleurs, aux noms étranges, le MarchandDeCoquillages, MariaComForca, leCamaradeMuet, l'Aveugle, Odonato,le transparent....
un IMMEUBLE , métaphore d'un pays, l'Angola, tiraillé entre modernité et tradition ,en pleine
mutation, essayant de sortir des décombres de 14 ans de guerre d'indépendance contre le
Portugal et 25 années de guerre civile
personnages solidaires et débrouillards, aux histoires individuelles tragiques
politiciens,buzinesmen,policiers...violents et corrompus jusqu'à la moelle
quête du pétrole au profit d'une poignée de puissants et au détriment des pauvres.....
et la réponse du garçon à l'Aveugle ,"rouge tout doucement", magnifique
poésie et ironie pour qualifier ce très beau roman intéressant,différent,attachant


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L'eau, le feu. La première s'écoule, rafraîchissante et salvatrice, tout au long du récit, jaillissant inexplicablement d'une source invisible située au premier étage d'un immeuble délabré de Luanda, Angola. Le second ouvre et clôt ce même récit, de sorte qu'on pressent dès le début que celui-ci se terminera dans un feu d'artifice d'apocalypse.
Entre les deux (le début et la fin, l'eau et le feu), il y a le quotidien des habitants et des familiers de cet immeuble de sept étages du centre-ville, dans un quartier où l'électricité et l'eau sont aléatoires, ne serait-ce cette fuite intarissable du premier étage. Au détour d'un escalier aux marches branlantes (l'ascenseur est en panne, bien sûr), on y croise des hommes, des femmes, en couple ou célibataires, jeunes ou anciens, qui font bouillir leur marmite tant bien que mal, honnêtement à la sueur de leur front ou à coup de magouilles plus ou moins illégales. Des vendeuses de poisson grillé, un Facteur, un journaliste, un scientifique, un MarchandDeCoquillages, un Aveugle et un orphelin, une jeune fille et une GrandMère, un « entrepreneur culturel » qui lance sur le toit de l'immeuble un cinéma en plein air, ce qui ne manquera pas d'attiser la convoitise de deux « contrôleurs » très corruptibles, et même la curiosité d'une journaliste de la BBC. Tout ce petit monde, pour qui la solidarité n'est pas un vain mot, vivote dans ce quartier pauvre de Luanda, ville en pleine mutation, capitale d'un pays dévasté par 25 ans de guerre civile, et qui, après des années de marxisme à l'africaine, fonce tête baissée dans les tentacules de la pieuvre Capitalisme.
La découverte de pétrole dans le sous-sol de Luanda ouvre les appétits des dirigeants locaux, soudainement atteints de folie des grandeurs et de « dollarite » aiguë. La ville n'est désormais plus qu'un fouillis de chantiers encombrés d'excavatrices, de galeries et de tranchées creusées au mépris du sommeil des habitants et de la stabilité des immeubles des quartiers déshérités. Mais Luanda prépare sa vengeance...
Les habitants de l'immeuble de la Maianga observent ce cirque du libéralisme à tout crin et de la corruption à tous les étages avec un sentiment de fatalité et d'impuissance, plus rarement de révolte – le journaliste – ou de nostalgie – Odonato. Ce dernier, regrettant les temps pas si anciens où on manquait de tout sauf du bonheur d'être en famille au bord de l'océan ou entre amis autour d'un repas de fête, devient – littéralement – de plus en plus transparent et léger au fil du récit, finissant par s'envoler, à l'image d'un passé définitivement révolu, qui laisserait la place à un présent dans lequel les jeunes n'auraient d'autre avenir que des balles plus ou moins perdues dans leurs dos.

Ma chronique est la première de ce livre sur Babelio, et j'espère de tout coeur qu'elle donnera envie à d'autres de découvrir cette oeuvre et cet auteur.
Ce livre, teinté de réalisme magique, est une perle de cocasserie et d'émotions, de poésie et d'ironie, une source intarissable de tendresse envers ses personnages pauvres – les transparents (« nous ne sommes pas transparents parce que nous ne mangeons pas... nous sommes transparents parce que nous sommes pauvres. ») et un puits (de pétrole) de critique acerbe des politiciens et des autorités, corrompus à tous les échelons de la hiérarchie. Dans une langue imaginative (chapeau bas à la traductrice) et drôle, se jouant de la ponctuation, l'auteur dépeint l'Angola actuel, pays en transition, où les souvenirs de la guerre sont encore à fleur de mémoire.

Un tout grand merci à Masse Critique de Babelio et aux éditions Métailié pour cette épatante découverte !
Lien : http://www.voyagesaufildespa..
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GrandMèreDixNeuf et le Secret du Soviétique m'ayant fait forte impression en janvier dernier, j'ai eu envie de découvrir le roman qui lui précédait. Bien m'en a pris, puisque j'ai préféré celui-ci.

Nous faisons la rencontre des habitants d'un immeuble en état de délabrement avancé de Luanda, qui a la particularité d'avoir une fuite d'eau s'écoulant sans cesse au premier étage.

L'histoire de chacun, étage par étage, nous est contée au fil de l'eau qui s'écoule du premier, histoires souvent douces-amères, empreintes dans tous les cas d'une poésie tragi-comique, alors que la guerre vient de se terminer en Angola, qu'elle a justement laissé des traces sur sa population, et que le gouvernement veut profiter de cette nouvelle paix pour "reconstruire" le pays en allant forer dans les sources pétrolifères de la capitale sans se préoccuper des risques encourus et des processus de sécurité à prendre en compte pour ce faire. Nous est ainsi également contée la corruption qui, en ces temps meilleurs qui devraient permettre au pays de respirer enfin, gangrène la vie politique, et aura, finalement, des conséquences directes sur notre immeuble et ses habitants.

Habitants, personnages de la vie politique, tout ce petit monde se croise, se parle, donnant parfois lieu à des conversations tout bonnement absurdes, donnant en tout cas lieu à la description de personnages hauts en couleur, d'un réalisme le plus banal ou d'un onirisme enchanteur, parfois hallucinatoire, selon les scènes et les évènements.

Ces croisements incessants, parfois sans queue ni tête, sont de plus parfaitement retranscrits par la plume d'Ondjaki, qui fait l'économie de la ponctuation forte et des majuscules pour mettre davantage au centre la virgule, dynamisant et rythmant, de manière tout aussi poétique, la vie de l'immeuble, dans d'amples périodes qui se scandent à certains instants comme des vers - ce que met également en évidence la construction même des paragraphes -.

Un roman que j'ai en somme adoré, d'une plume rafraîchissante, qui sert parfaitement le propos, beaucoup plus grave qu'il n'y paraît de prime abord, dans un paradoxe maîtrisé.
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critiques presse (1)
Liberation
30 octobre 2015
L’Angolais Ondjaki signe une première œuvre chorale, ode à la débrouillardise dans un immeuble inondé par des appétits pétroliers.
Lire la critique sur le site : Liberation
Citations et extraits (35) Voir plus Ajouter une citation
l'Immeuble avait sept étages et respirait comme un être vivant
il fallait connaître ses secrets, les particularités utiles ou désagréables de ses courants d'air, le fonctionnement de ses vieilles canalisations, les marches d'escaliers et les portes qui ne donnaient sur rien. de nombreux malfaiteurs avaient expérimenté dans leur chair les effets de ce maudit labyrinthe avec ses passages secrets qui avaient leur propre autonomie, et tous ses habitants avaient à cœur de respecter chaque recoin, chaque mur et chaque dessous d'escalier
au premier étage, les canalisations défoncées et une obscurité terrible décourageaient les distraits et les intrus
l'eau coulait en abondance, incessante, et servait à beaucoup de choses, l'eau était utilisée par tout l'immeuble, on la vendait dans des bidons, on lavait son linge et les voitures
GrandMèreKunjikise faisait partie des quelques personnes qui traversaient l'étendue d'eau sans se mouiller les pieds et sans jamais avoir même failli glisser
- c'est un fleuve - disait-elle toujours en umbundu - il ne manque que les poissons et les crocodiles
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- un des plus grands problèmes de l'humanité - commença Davide - à part les autres, évidemment... c'est que les hommes ne veulent pas donner à l'imagination la place qui lui est due... de nos jours, dans notre quotidien. ils veulent de l'argent, oui, mais avec cet argent ils ne sont pas foutus de chercher à acquérir du plaisir, du savoir... et laisser libre cours à l'imagination ne coûte rien...tu comprends ce que je veux dire?
- à peu près
- imaginer, imaginer...faire usage de cette faculté qui nous sépare des autres êtres. la pierre n'imagine pas, elle attend. la fleur n'imagine pas, elle fleurit. l'oiseau migre, la baleine nage, le cheval galope. avant de migrer nous imaginons, nous sommes capables d'imaginer tout en nageant et nous pouvons découvrir de nouvelles et innombrables façons de courir, en imaginant. même pour dominer le cheval et le faire galoper pour nous, nous avons dû l'imaginer auparavant. et cela fait partie de notre condition, belle, d'humains, fait partie de notre condition d'êtres libres, prisonniers, reclus, malheureux, et jusqu'aux derniers instants de nos jours, nous imaginons... et c'est de cela que la science et l'humanité ont besoin: de l'imagination
[NB: l'oubli des majuscules en début de phrases est voulu par l'auteur]
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- je crois que je souffre de la maladie du mal-être national - dit-il à sa femme, avec un petit sourire
- que veux-tu dire? - demanda Xilisbaba sans regarder son mari
- le pays me fait mal... la guerre, les désaccords politiques, tous nos désaccords, ceux de l'intérieur et ceux provoqués par ceux du dehors...
ses yeux et son corps ressentaient la nostalgie profonde des promenades du dimanche en famille, au bord de la mer (...)
Luanda était alors, comparée à l'actualité, un presque désert urbain où la nourriture manquait, où les vêtements et les médicaments manquaient, où il n'y avait ni eau ni électricité, où on était très souvent à court de bière ou de vin, les repas se limitaient au fameux poisson frit au riz avec une presque sauce tomate, il n'y avait pas de conserves mais il y avait les fruits venus du Sud et de l'intérieur, il n'y avait pas de whisky mais il y avait le poisson séché, il n'y avait pas de lignes téléphoniques stables mais les conversations étaient bénies par la brise du petit matin, les chaussures étaient éculées mais les jambes dansaient heureuses dans le bonheur d'infatigables nuits de kizomba, il y avait le couvre-feu et pour cette raison même les fêtes se remplissaient, pleines de sourires et d'animation, jusqu'à cinq heures du matin, il n'y avait pas de cédés ni d'ème-pé-trois mais les tourne-disques transpiraient et les amplificateurs étaient rafraîchis par les ventilateurs pour ne pas compromettre la bonne humeur musicale, on ne connaissait pas les maladies sexuellement transmissibles et encore moins l'habitude récente de se couvrir le membre avec des bouts de plastique, mais les plages, les buissons et les vieilles voitures brinquebalantes savaient tout des corps repus par l'acte festif de l'amour, des enfants naissaient, des enfants mouraient, d'autres enfants naissaient, les pauvres organisaient des fêtes plus pour revoir les amis, les parents et les voisins, que pour manger ou commettre des exhibitionnismes de nouveaurichisme, la mer était généreuse en poisson
et même les gens étaient plus doux,
[à nouveau, ponctuation respectée]
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les nuages lointains, le soleil absent, les mères appelaient leurs enfants à grands cris et les enfants aveugles ne voyaient pas la lumière éphémère de cette ville qui transpirait sous son manteau incandescent, se préparant à la tombée d'une nuit profonde et noire -- comme seul le feu peut en générer
les langues et les flammes de cet enfer tendu dans une marche viscérale d'animal forcé, trapu et résolu, fuyant le chasseur dans la volonté implacable d'aller plus loin, de brûler plus, de souffler sur la fournaise, puis, épuisé, chercher à dévorer des corps ayant perdu leur rythme humain, harmonie respirée, mains caressant des cheveux et des crânes joyeux dans une ville où, pendant des siècles, l'amour avait découvert, entre brumes de brutalité
çà et là, un coeur à habiter p 14 (L'auteur ne met ni point, ni majuscule)
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c’était un immeuble, peut-être un monde, pour qu’un monde soit, il suffit qu’il y ait des êtres humains et des émotions. les émotions, pleurant à l’intérieur des cœurs, débouchent sur des rêves. nous ne sommes peut-être rien d’autre que des rêves ambulants d’émotions diluées dans le sang circulant sous la peau de nos corps si humains. on peut donner à ce monde le nom de “vie”.
.......
nous sommes la continuité de ce qu’il nous est donné d’être. l’espèce avance, tue, progresse, désenchante, reste. l’humanité est laide –d’aspect souffreteux et d’odeur fétide, mais elle est bien là parce qu’elle a un bon fond.
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Video de Ondjaki (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de  Ondjaki
Entrevue en portugais à la bibliothèque d'Algès en décembre 2008.
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